LES HYENES
Les rivières à sec ne chantent pas, elles saignent.
Les hyènes
Quand la fraicheur de la nuit efface ce qu’elle peut des odeurs nauséabondes semées par le jour ignorant de toute beauté, préférant offrir à la lumière crue du soleil l’incurie des bêtes déchaînées autour de la carcasse encore chaude des rêves qu’elles ont tués de leurs crocs insatiables
Quand la lune à force de pleurer demande qu’on lui donne pieds et jambes pour parcourir les dunes à la recherche des étoiles tombées une à une, ne laissant dans le ciel que la compagnie de machines, ferrailles en tout genre et autres satellites, pour mieux se fondre poussière en un soupçon d’oubli
Quand l’âme se fait chant au cœur du cimetière immense, évoquant les traces qui se croisent et se recroisent dans le sable à perte de vue, tel le ballet incessant de la proie et du prédateur, une question subsiste qui s’écrit dans le silence des tombes. Un croissant de lune, un ciel d’hiver, pour seule réponse.
Celui qui se dit proie en prédateur s’avoue mourir, qui croit chasser se sent pris à la gorge quand l’ombre de sa haine devient linceul. L’homme errant au crépuscule à la recherche des traces laissées le matin ne sait pas après quoi il court tout le jour. Il ignore tout à sa fuite que ses pas l’emmènent tôt ou tard à la croisée de sa propre route.
Toutes les traces se ressemblent, même les hyènes en ont peur, comment reconnaître la sienne quand posséder importe plus que se sentir vivant ?
Il vient toujours un moment, un carrefour, où l’angoisse d’un dialogue difficile s’invite en chemin. Les rivières à sec ne chantent pas, elles saignent.
Pour Mohamed, une étoile dans un ciel d’hiver à Kidal
Bivouac Le petit prince, M’hamid el Ghizlane, 29/12/14
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