Journée internationale de la Paix : femmes, je vous aime

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Journée internationale de la Paix : femmes, je vous aime

En 2001, l’Assemblée générale de l’ONU déclarait la journée du 21 septembre Journée Internationale de la Paix. Chaque 21 septembre est dorénavant une journée consacrée au renforcement des idéaux de paix au sein des nations et des peuples, ainsi que dans leurs relations. Le 21 septembre est un moment qui permet à l’ensemble du mouvement pacifiste, mais aussi à tout citoyen, de se réunir autour d’une date pour mieux agir encore vers un monde exempt de guerres, d’inégalités et d’injustices.

C’est aujourd’hui que je choisis de publier les textes envoyés par cinq mondoblogueuses rencontrées à Dakar en décembre dernier. Nous étions très peu de femmes à avoir été lauréates de cette 4ème sélection Mondoblog-RFI. J’avais envie d’entretenir le lien, par-delà la distance, par- delà nos différences, d’âge, de culture, d’horizon, d’opinion.

14203299_10208844018395058_5400655729903242024_nC’est à ma fille que je me suis adressée pour poser les bases de cet article qui ne visait aucune urgence, sinon celle de ne pas me recentrer trop vite sur mon quotidien. Ma fille s’appelle Lucine, elle a 20 ans. Elle est formidable. C’est pour elle et pour tous les jeunes de sa génération que j’aspire à un monde capable de se projeter dans la paix et non dans la guerre, comme je l’ai voulu pour moi et ma propre génération, à son âge.

J’ai grandi avec de grandes figures militantes qui ont nourri mes prises de conscience, qui ont marqué mes lectures et mes engagements. Je n’ai pas trouvé ces références dans mon cadre familial, mais à l’école et à la bibliothèque. Mais je dois à mes parents de m’avoir rendu curieuse, exigente et tolérante, de m’avoir permis d’accéder à ce savoir. Je me demande quelles sont ces personnalités qui éclairent de leurs combats humanistes et pacifistes la jeunesse d’aujourd’hui.

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Hasard ou pas, nous sommes mercredi. Le Un, mon hebdo préféré, m’attend sur la table de la cuisine. « Les nouveaux combats des femmes », voilà un thème qui fait écho aux textes que je veux partager aujourd’hui sur Plan B parce que ce 21 septembre est la Journée internationale de la Paix. Merci à Lucine pour les trois questions qui servent de fil conducteur aux réflexions de mes amies Mondoblogueuses :

Amélie à Berlin

Grâce à N’Djaména

Carole, de l’Ile Maurice

Elsa du Cameroun

Corinne de Washington

Toutes les mondoblogueuses et leur blog sont à découvrir dans les Bonus.

A Dakar, avant de nous séparer, des envies de retrouvailles déjà plein les coeurs
A Dakar, avant de nous séparer, des envies de retrouvailles déjà plein les coeurs

Il faut que chaque enfant qui naît au monde puisse aller à l’école

Voici les réponses d’Amélie.

Est-ce que l’image et les droits de la femme peuvent s’améliorer dans un monde où les lois restent les mêmes ?

Pour moi, il s’agit avant tout justement de changer la manière de penser, d’envisager l’autre. Le respect de l’autre, le fait de voir l’autre comme son égal, vient avant les lois, c’est une question de relation humaine avant tout. L’évolution du regard et des moeurs est sans doute plus fondamentale encore que les lois, il faut changer la société en profondeur, pas que dans les textes. Et ce changement passe nécessairement par de multiples étapes, action après action, prise de position après prise de position.

Avec ce qu’on a aujourd’hui, comment peut-on quand même faire changer les choses pour plus de respect, plus de liberté et moins d’inégalité entre les hommes et les femmes ?
Par l’éducation, évidemment, et ce dès la petite enfance. Ca implique aussi de continuer à prendre la parole et à s’exprimer sur le sujet, de manière à faire entendre les voix qui doivent être entendues, c’est ainsi que l’on participe à faire changer les choses.

Quel message voudrais-tu que les Etats entendent pour que chaque enfant qui naît au monde au XXIème siècle puisse aller à l’école ?

« Il faut que chaque enfant qui naît au monde puisse aller à l’école ».

Amélie travaille dans le cinéma. Elle complète ainsi son témoignage pour apporter des réponses aux questions de Lucine.

Je reviens de la Berlinale, qui s’était donnée comme devise l’année dernière de célébrer les femmes, et accueillait cette année en tant que présidente du jury international la grande Meryl Streep, je veux croire au fait que le cinéma, entre autres, permet de faire changer, petit à petit, les mentalités, et donne à voir la femme dans ce qu’elle a de plus touchant et de plus admirable – dans sa force, comme dans sa faiblesse.
Des films comme « Much Loved », « Kollektivet », « L’avenir », « Une séparation », « 24 Wochen », tous donnent à voir un aspect du combat des femmes, et pourront, peut-être, contribuer à faire changer les choses. Ce n’est qu’une des manières de participer au tout. Mais c’en est une belle.

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Les lois sont faites par les hommes

Après Berlin, direction le Tchad avec les réponses de Grâce.

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Je ne pense pas que ce sont les lois qui puissent aider à améliorer les conditions des femmes. C’est une question de perception de la femme par les hommes et de la volonté de respecter l’être humain en général. Les lois sont faites par les hommes et ce ne sont que des textes, il faut beaucoup plus que des lois pour l’amélioration des conditions des femmes. Il faut du respect, de la volonté, de l’amour….

Le monde change et nous devons nous adapter aux nouvelles façons de combattre pour la liberté et la reconnaissance des valeurs des femmes.
Il nous faut faire front commun et savoir ce que nous voulons. Arrêtons de disperser nos énergies ou de nous comporter comme des opposants des hommes. Nous sommes complémentaires. Nous n’avons pas à prouver aux hommes que nous sommes aussi importants qu’eux. Ne pas nous accorder cette considération n’est que pire ignorance.

L’Education est un droit absolu et chaque enfant où qu’il grandisse doit être éduqué et formé. Un gouvernement normal s’appuierait sur l’Education pour développer son pays. C’est à nous citoyens qu’incombe la responsabilité de créer les conditions nécessaires pour que chaque enfant accède à une éducation de qualité.

Pourquoi vouloir enfermer la femme dans des catégories ?

Et nous voilà dans l’Océan indien avec Carole.

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Est-ce que l’image et les droits de la femme peuvent s’améliorer dans un monde où les lois restent les mêmes ? Non. Non seulement les lois doivent changer, mais aussi les mentalités et la société, qui doivent évoluer.

A mon avis, la première étape demeure dans l’éducation et/ou dans la transmission du savoir. Mais là aussi, la question est de savoir de quelle éducation et/ou de quel savoir parlons-nous. Si c’est une éducation qui apprend aux jeunes filles à être l’inférieur des hommes, certaines questions méritent d’être posées. Je suis plus pour une sorte d’empowerment et de valorisation du fait d’être de sexe féminin, car les femmes ont souvent été dénigrées et au fil des générations, certaines ont intériorisé/pris pour acquis cet état des choses…

Tout changement en vue de plus de respect, de liberté et d’égalité, passe aussi par l’image de la femme qui est véhiculée dans la société, au sens large. Je pense que le concept/la discipline de marketing a beaucoup desservi la cause des femmes. Le marketing repose sur le ciblage d’un segment d’un public, et pour cibler, il faut d’abord catégoriser, compartimenter et uniformiser. Or, il n’existe pas une ou des catégories prédéfinies de femmes. Pourquoi vouloir enfermer la femme dans des catégories ?

Pire, je viens à l’instant de jeter un œil à la couverture d’un quotidien local. En une : une publicité d’appareils électriques (cuiseur vapeur, bouilloire, grille-pain, aspirateur, sèche-cheveux et fer à lisser, entre autres) et la photo d’une jeune femme souriante. Croyez-moi, croulant sous les corvées, elle ne gardera pas ce sourire pendant longtemps… Pourquoi la photo d’une femme ici ? Pourquoi pas celle d’un homme ? Il est temps de s’affranchir d’un tel cliché.

L’avenir se trouve dans les générations futures, mais aussi dans l’éducation. Il est donc essentiel que les enfants aient accès à un système éducatif sain et de qualité, qui encourage le développement des petits et qui leur apprenne à avoir confiance en eux et à aller au-delà de leurs limites. Il en va du futur et du progrès des pays, et du monde en général.

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Elsa avec Sophie et Corinne à Dakar

Veiller à la stricte application des lois en faveur des droits de la femme

Elsa répond à Lucine du Cameroun.

J’aimerais souligner que si la situation reste préoccupante, les conditions des femmes ont connu des avancées notables qu’il ne faut pas occulter.  L’accès à l’éducation, au droit, le droit aux Ivg, le droit de travailler.  Cela dit, pour améliorer la situation de la femme, il faut  continuer les actions de sensibilisation en mettant l’accent sur l’éducation, pas seulement celle des femmes mais aussi des hommes. Encourager celles qui se battent en facilitant l’entrepreneuriat féminin, la recherche scientifique et toutes les actions concrètes des femmes, veiller à la stricte application des lois en faveur des droits de la femme.

Au Cameroun, on a coutume de dire « l’enfant c’est l’enfant ». Ce pléonasme veut tout simplement dire que quel que soit le sang qui coule dans ses veines, la couleur de sa peau, son origine, le monde dans lequel il vit, l’enfant n’est qu’un petit être qui a besoin d’amour pour se construire.  Je voudrais dire à nos dirigeants de mettre en place des mécanismes d’encadrement simples et accessibles même aux plus démunis, qui permettront de faire des enfants d’aujourd’hui des hommes justes et bons de demain.

Quant à la loi, elle traduit la volonté politique d’un gouvernement à améliorer la vie des citoyens, à donner à ces citoyens la même égalité des chances. Les révolutions et les mouvements socio-politique peuvent faire bouger des lignes, mais l’impact de ces mouvements se fait parfois difficilement sentir sur le terrain (vote de la femme, droit d’accéder à la terre, d’hériter de ses parents ou de son mari, etc).

A Lorient, Esperanz'A est un festival solidaire qui verse toutes ses recettes à enfant avenir du monde, une asso qui sauve des enfants d'une mort certaine au Nord Cameroun.
A Lorient, Esperanz’A, festival solidaire, a versé en 2015 et 2016 toutes ses recettes à l’association « Enfant avenir du monde », qui sauve des enfants d’une mort certaine au Nord Cameroun, une situation aggravée depuis l’arrivée de Boko Haram.

L’éducation est le seul moyen de sortir du cercle vicieux de la misère

C’est à Washington que ce tour d’horizon se termine, avec Corinne.

L’image de la femme a bien sûr beaucoup changé depuis les années 60,  et peut encore s’améliorer davantage, parce que les femmes ont démontré leur habilité de prendre part (et de mener) la lutte pour leur avancement. Les exemples sont multiples dans toutes les sociétés modernes de femmes pionnières. Celles qui démontrent tous les jours leur force de poigne et leur intelligence. De Hillary Clinton à Christine Lagarde, à Ellen Johnson Sirleaf, Sheryl Sandberg, Malala, etc…la liste est longue de ces femmes qui ont pris leur destin en main. Et il y a des millions d’autres femmes, inconnues, qui mènent une lutte au quotidien et arrivent à s’imposer dans un monde d’hommes, souvent hostile. Mais il y a encore énormément de progrès à faire.

Selon moi, le droit des femmes commence avec le droit des jeunes filles. Le droit à l’éducation, à l’autodétermination, au choix de vie, et seules ces jeunes filles à qui on aura inculqué les notions de bases pour qu’elles se prennent en charge pourront prendre la relève pour faire changer les lois, et faire évoluer le statut des femmes, à la maison comme sur le lieu du travail. Je suis très optimiste. On a beaucoup avancé en 50 ans et je suis sûre qu’on ira encore plus de l’avant dans le prochain demi-siècle. J’ai publié il y a un an un article sur ma situation de femme qui travaille et doit gérer sa vie de mère.  

C’est notre devoir à nous toutes de prendre la cause des femmes comme un combat personnel et non pas laisser la tâche aux femmes célèbres ou aux personnalités qui ont accès aux médias. Il faudrait toutes nous impliquer, dans notre vie quotidienne. Les petits efforts de chacune contribueront au changement des mentalités pour que les prochaines générations puissent évoluer avec de nouvelles normes. Je suis mère de deux garçons, et tous les jours je m’efforce de leur faire comprendre les choses à travers mon regard de femme, pour qu’ils comprennent qu’il faut vivre dans le respect de la femme. Les changements sociétaux ne pourront s’opérer que lorsque les individus seront convaincus du bien-fondé des efforts pour une égalité des sexes.

L’égalité des sexes ne veut pas dire que la femme doit prendre la place de l’homme ou vice versa. L’égalité des sexes selon moi signifie une égalité des chances, des choix, des droits, et des devoirs. Il faut donc élever les jeunes citoyens sur un pied d’égalité, dès leur jeune âge. C’est un travail qui revient primordialement aux femmes, d’abord, en tant que pilier du foyer dans beaucoup de sociétés. Nous devons saisir les atouts dont nous disposons pour bousculer les mentalités. Par exemple chez moi au Togo, et en Afrique, il reste beaucoup à faire pour que la société puisse s’adapter à un nouveau rôle de la femme plus indépendante, et plus éduquée. Une fois que les préjugés seront effacés, on pourra éventuellement adopter les lois qui suivront naturellement l’évolution des mentalités. Je suis une grande admiratrice de la campagne HeforShe des Nations Unies.

L’éducation est un droit humain. En ce 21e siècle, il est inconcevable qu’il y ait encore des sociétés où les enfants, pas que les filles, soient privés d’éducation par manque de moyens. Il faudrait rendre l’éducation obligatoire et accessible à tous dans tous les pays. Le problème, c’est que dans beaucoup de pays dans le monde, les soins de santé de base sont encore inexistants et les gens continuent de mourir de faim.  Il faudrait pallier ces besoins primaires pour que les peuples ne voient plus en l’éducation un luxe réservé aux plus nantis. L’éducation est le seul moyen de sortir du cercle vicieux de la misère.

B comme Bonus

Pour fêter cette journée internationale de la Paix avec Mondoblog-RFI, je vous invite à voir le monde à travers le regard lucide et salvateur des lauréates 2015 et à rejoindre le réseau par vos commentaires, vos lectures, votre force de contagion positive. Je vous invite aussi à pousser la porte du festival Esperanz’A et à aller voir le sommaire du 1 de cette semaine (N°122).

Amélie,Rima et Emmanuelle en pleine séance d'écriture pour une émission de RFI.
Amélie,Rima et Emmanuelle en pleine séance d’écriture pour une émission de RFI.

Rima, Liban

Réflexions humanistes

https://rimamoubayed.mondoblog.org/

Sophie, Madagascar

Le chemin de mes pensées

https://gasytia.mondoblog.org/

Grâce, Tchad

Tchad meilleur

https://tchadmeilleur.mondoblog.org/

Fatoumata, Guinée

Africa 224

https://africa224.mondoblog.org

Corinne, USA

Djifa au fond du coeur

https://djifa.mondoblog.org/

Dieretou, Guinée

Veillées nocturnes au coin du feu

https://devousamoi.mondoblog.org/

Emmanuella, Haïti

Les mots d’Emma

https://emma.mondoblog.org/

Lucrèce, Bénin (vit au Sénagal)

Lucrèce Online

https://magicwords.mondoblog.org/

Elsa, Cameroun

L’indignée

https://banakmroon.mondoblog.org/

Fanchon, France

Plan B

https://dernierbaiser.mondoblog.org

Carole, Ile Maurice

De l’ïle Maurice

https://zilmoris.mondoblog.org/

Emmanuelle, Sri Lanka

Trek’Ceylan

https://trekceylan.mondoblog.org

Amélie, Allemagne

Dans quel état j’erre

https://etageres.mondoblog.org/

https://www.unidivers.fr/esperanza-festival-solidaire-lorient-cameroun/

https://le1hebdo.fr/

 

 

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Commentaires

Rose Roassim
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très impressionnant ma Binome,
je me suis retrouvée entrain de repenser à Dakar, au petit déjeuner, à la marche vers espace Thialy et à tous ces bons moments passés ensemble. vous êtes toutes adorables!

Fatoumata CHERIF
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Un texte passionnant tout comme toi Françoise. Merci pour ton énergie. Bisous.
Fatoumata Chérif
Guinée(Conakry)
Africa224.mondoblog.org

Emmanuelle
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B comme Bravo... Merci Françoise!