Le pouvoir des villes au coeur du débat à Grenoble

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Le pouvoir des villes au coeur du débat à Grenoble

Chaque année, Grenoble devient l’épicentre d’un grand rendez-vous international, une initiative originale suivie par des milliers de gens à l’échelle du globe grâce aux nouvelles technologies : le festival de géopolitique, organisé par une école de commerce, à la pointe d’une certaine vision de la citoyenneté. Observer, anticiper, mettre en débat, les rencontres de Grenoble Ecole Management traduisent aussi la volonté de partager avec le grand public l’état de la recherche sur des sujets qui nous concernent tous, au-delà des différences de culture et de niveau de subsistance, au-delà des modèles de gouvernance des territoires où nous sommes plus que des habitants, des usagers, fort de notre capacité de travail, d’engagement, de rêve aussi.

La première leçon de ce Festival de géopolitique est sans doute celle-ci : l’avenir du monde est trop sérieux pour le laisser se penser, être décidé, par une élite restreinte, le plus souvent déconnectée de nos réalités. La géopolitique n’est pas une science d’expert réservée aux experts, ce n’est d’ailleurs pas une discipline scientifique en soi. Elle est en quelque sorte l’expression d’un droit de regard, de notre droit de regard sur l’évolution de nos sociétés.

Ce n’est que si chacun se revendique porteur d’une réflexion, d’une expertise légitime en tant que membre de la communauté planétaire, que nous pouvons aussi parler de citoyenneté, de responsabilité collective, de prise de conscience, d’actions et de possibles changements, actuels et futurs, réels, à portée de main ou à encore à inventer.

Jean-Marc Huissoud, directeur de ce festival francophone, s’était déjà prêté au jeu de mes questions pour nous présenter la thématique 2016 « Dynamiques africaines », une édition qui a dépassé toutes les espérances, par la fréquentation des lieux d’échange à Grenoble et le nombre de conférences suivies à distance, mais aussi par l’intérêt exprimé sur le continent africain pour les réflexions et les savoirs mobilisés, partagés, à cette occasion.

Il s’en faut de peu aujourd’hui pour que tout le monde pense que le Festival de géopolitique de Grenoble ne s’intéresse qu’à l’Afrique. Loin s’en faut et la thématique retenue en 2017 est là pour rappeler que c’est bien autour des interactions entre tous les continents, en prenant en considération toutes les sphères qui fondent une société, nos sociétés, que le programme de conférences se construit.

Quelle meilleure façon de s’interroger sur la complexité des logiques contemporaines que choisir pour focale la question des villes, de leur développement, de leur capacité à se transformer, de leur capacité de nuisance parfois aussi, quand elles sont au cœur de déséquilibres de plus en plus flagrants ?

Avec neuf éditions, le festival de géopolitique s’est installé dans le paysage local et international

Si le sujet est plus que stimulant, il invite à sortir des clichés et à reconnaître que jusqu’à présent le fait urbain est surtout étudié sous le prisme de monographies nationales et pas comme un phénomène mondial qui obéit à ses propres logiques, ses propres déviances, indépendamment des choix d’aménagement, des politiques publiques, des logiques d’investissement que nous savons observer et mesurer à l’intérieur des frontières.

L’automne dernier, l’ONU a mis en avant cette thématique à travers Habitat 3, mais il s’agit là d’un niveau décisionnel ou de définition de grands principes globaux qui échappe aux citoyens tout aussi concernés que les grands stratèges de ce début de siècle par une question aussi fondamentale que le pouvoir des villes.

Cette thématique a fait l’unanimité du comité scientifique après débat autour des différents sujets présentés par les uns et les autres. Avec ce choix de programmation, « Le pouvoir des villes », nous battons tous les records. Que ce soit pour les réponses à notre appel à proposition, pour la rapidité avec laquelle nous avons réussi à bâtir le programme ou par les manifestations d’intérêt qui nous arrivent de toute part, cette édition 2017 conforte la capacité d’entrainement et de rayonnement d’un festival qui suscite un élan à la fois local et international. Nous abordons des sujets pourtant complexes que nous nous efforçons de rendre audibles, accessibles, intelligibles pour toute personne qui pousse la porte de nos espaces d’échange ou se connecte à distance.
Jean-Marc HUISSOUD, directeur du Festival de Géopolitique de Grenoble

L’enjeu aujourd’hui pour l’équipe d’organisation, c’est de gérer la croissance du festival. La première édition avait rassemblé 250 personnes, c’était peu mais déjà encourageant. Avec le seuil des 1000 inscrits dépassé depuis longtemps, il s’agit de ne pas décevoir, de garder la tête froide et de préserver l’essentiel : susciter l’échange spontané entre les salles de conférence. Car le temps du festival de géopolitique, Grenoble devient le carrefour de celles et ceux qui ont envie de s’informer, de s’exprimer, sur l’évolution du monde, sur nos marges de manœuvre individuelles et collectives.

Trump tower à Panama – Crédit photo Paolo Woods

Ici, on n’oppose pas imaginaire et expérience, au contraire chacun reste libre de sa parole, de sa réflexion. Voir des têtes nouvelles, entendre des discours nouveaux, partir de cette seule injonction : accepter de changer de logiciel pour prendre le recul nécessaire, voilà ce qui fait de ce rendez-vous international francophone un espace de construction du politique, au sens le plus noble du terme.

Pour s’inscrire, rien de plus simple, connectez-vous, laissez votre contact en ligne et faites votre propre programme, que vous soyez à Grenoble ou à l’autre bout du monde. C’est gratuit.

Je suis convaincu du rôle central de l’imaginaire dans la construction du politique.
Jean-Marc Huissoud, directeur du Festival de Géopolitique de Grenoble

Le festival, c’est aussi des projections de film, des animations, des expositions, des livres. En voici qui résonne tout particulièrement avec les débats qui auront lieu du 8 au 11 mars à Grenoble.

La ville est devenue depuis quelques années le théâtre le plus fréquent des affrontements et des conflits dans le monde. Très forte croissance urbaine mondiale, émergence d’immenses agglomérations, abritant parfois plus de 10 millions d’habitants, elle est le lieu où s’exacerbent aujourd’hui les rivalités de pouvoir, même sur de petits territoires. Cette concentration spatiale et démographique rend particulièrement difficiles les analyses géopolitiques en milieu urbain, car la multiplicité des acteurs et des niveaux de pouvoir peuvent y être extrêmes. À travers quatre études de cas emblématiques – le Grand Paris, Jérusalem, Rio de Janeiro et Karachi – cet ouvrage illustre la grande diversité et la complexité géopolitique des conflits en milieu urbain. Si les rivalités de pouvoir pour le contrôle de la ville sont communes à ces quatre exemples, les facteurs à l’origine des conflits sont divers : enjeux de pouvoirs politiques, tensions économiques et sociales, rivalités ethniques et/ ou religieuses… les situations géopolitiques les plus graves combinent l’ensemble de ces facteurs.

https://www.festivalgeopolitique.com/

 https://www.festivalgeopolitique.com/programme

Dynamiques africaines, palabres citoyennes à Grenoble

Attention travaux : lieux mouvants, châteaux de sable et puis quoi encore ?

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