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Voix du Sahara, flashback sur une programmation engagée

Du 18 novembre au 4 décembre a eu lieu l’édition 2022 du Festival des Solidarités auquel je participe grâce à Mondoblog-RFI depuis 2014. En tant que citoyenne ou élue, rien ne me permettait en Centre-Bretagne de m’associer à une initiative existante. Toutes les animations proposées se déroulaient à Rennes, Nantes ou sur des villes du littoral breton. Ce serait un peu moins vrai aujourd’hui me dit-on dans l’oreillette, mais mobiliser reste difficile. Alors quoi faire et comment ? Je ne réponds pas vraiment à cette question dans ce billet qui montre au contraire l’échec relatif d’une idée qui n’a pas rencontré son public. Pourtant si c’était à refaire, je le referais.

Nous avons rarement dépassé les 50 entrées pour nos soirées « Voix du Sahara, un film, un débat », dans lesquelles j’invite à chaque fois un ou plusieurs témoins bénévoles. Je me réjouis de chaque rencontre qui a pu avoir lieu avec la complicité précieuse de Benoît Roué, propriétaire du Cinéma Rex à Pontivy, comme de l’impact médiatique, même très local, que chaque proposition permet de générer. Ce temps d’écriture que je n’ai jamais pris pour partager l’expérience de Voix du Sahara est l’occasion d’archiver sur Plan B l’intérêt d’une aventure 100% bénévole, coopérative et solidaire.

Pour situer cet engagement militant et la raison d’être de ce concept exporté en avril 2018 à Niamey grâce à la possibilité de proposer une programmation dans une salle Canal Olympia mise à ma disposition dans le cadre de l’organisation du forum Mond’Afrique, autre concept né à Pontivy dans mon salon, je vous propose de découvrir en 2’38 la façon dont un professionnel basé à Paris parle du cinéma à impact social. Il s’appelle Gilles Dufraisse. Nous ne nous serions jamais rencontrés sans Voix du Sahara.

Pour lui, « Être un producteur à impact social, c’est ajouter un objectif à ceux qu’on a traditionnellement dans la production d’un film. » Il explique, « Habituellement on est contents si un film fait de l’audience, remporte des prix en festival, a des bonnes critiques, génère des revenus. Là, on ajoute un objectif politique et citoyen. Nous on est contents si le film a réussi à faire changer des choses, à changer les conceptions des citoyens, à faire bouger les lignes en politique.« 

Gilles Dufraisse, producteur engagé, Infocus Production

Pourquoi Voix du Sahara ?

Ce qu’il faut savoir, outre le fait que je trouve essentiel d’accompagner en zone rurale le rôle majeur des images et la création cinématographique, c’est que je n’envisageais pas une seconde de partir au désert quand je me suis lancée dans ce projet.

Voix du Sahara était une simple invitation à voyager sans quitter Pontivy, à mieux s’informer, à s’ouvrir à d’autres cultures sans autre ambition militante que le droit de croire encore à la portée des valeurs humanistes au XXIè siècle.

L’objectif, sur fond de terrorisme et d’amalgame en tout genre, était de réfléchir par nous-mêmes et d’échanger librement sur notre propre quotidien à partir de celui de nomades confrontés à une autre réalité. Faire simple, et surtout léger, comme l’auraient fait nos amis et amies du désert, parce que la beauté d’une idée est liée au voyage, aux rencontres, pas au poids du bagage.

L’idée de départ était une programmation unique en Bretagne, échelonnée sur l’année à raison de six projections par an, en accord avec le cinéma partenaire de l’association culturelle Timilin, moudre nos idées ensemble. Timilin porte cette animation dans le cadre du Festisol et du Mois de l’Economie Sociale et Solidaire, avec une interruption liée à la pandémie en novembre 2020. J’associe d’autres associations selon l’édition, le contexte et le thème du film retenu.

La Ville de Pontivy a refusé en 2014 de participer avec la modique aide de 600 euros que je sollicitais pour rembourser des frais de déplacement aux réalisatrices/réalisateurs ou aux témoins eux aussi bénéloves. Oui, vous avez bien lu ! Bénélove. Car il en faut de l’amour pour venir par exemple un soir de novembre à Pontivy quand on habite à plus de deux heures de route et qu’on a commencé son travail à 5h du mat.

Ce témoin était malien, bambara, je ne le connaissais pas. Il avait été guide dans le Nord du Mali. Je ne l’ai jamais revu. Son geste généreux reste un moment fort de l’histoire de Voix du Sahara. C’est une association du département voisin du mien, la Loire-Atlantique, Farafina Ton, qui nous avait mis en relation.

La beauté d’une idée est liée au voyage, aux rencontres, pas au poids du bagage.

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Du désir à l’acte citoyen, des rencontres marquantes

Pourquoi Voix du Sahara ? Parce que j’ai eu beaucoup de chance, parce que j’ai osé faire des choix à l’opposé de ce qu’était mon quotidien. Petit passage introspectif pour Plan B, et surtout pour mieux comprendre.

Il y a d’abord la rencontre l’été 2013 pendant mon mandat d’élue Culture au Pays de Pontivy, avec les jeunes musiciens du groupe Tadalat venus de Kidal. Je les côtoie pendant trois mois et je décide de les rejoindre dans les Alpes à l’occasion d’un tout nouveau festival avec mon fils Maëlan, âgé de 14 ans. Il y avait vraiment longtemps que je n’avais pas programmé un tel périple ! Alors vous imaginez, loin de moi l’idée de projeter un voyage à l’étranger. Le cinéma, c’est parfait, les fauteuils sont confortables ! En plus je suis une vraie fan du son. J’ai d’ailleurs rêvé d’organiser à Pontivy un festival de musiques de film.

Dans les Alpes, je rencontre Manny Ansar, créateur du Festival au désert à Tombouctou, à qui nous devons d’avoir pu recevoir Tadalat à Pontivy. Nous n’avons pas échangé plus que quelques banalités d’usage. Mais un bref échange à l’occasion d’un débat a scellé nos regards sans qu’il soit besoin d’en dire plus. C’est ce que j’apprécie particulièrement, cela intervient rarement.

Je suis aux Houches, dans un paysage splendide de hauts sommets, ambiance vacances avec mon fiston qui retrouve Attaher Cissé, un forgeron que j’accueillerai par la suite plusieurs années dans notre maison à Pontivy. Le festival « La croisée des chemins » a programmé un film d’une photographe allemande Désirée von Trotha, dont je n’ai alors jamais entendu parler. Je mesure mon inculture. Ce film s’appelle « Woodstock in Timbuktu », c’est possiblement là, pendant la projection, que prend forme dans ma tête le désir qui deviendra « Voix du Sahara ».

Quand la salle obscure se rallume, deux jeunes Kel Tamasheq s’expriment dans un français frôlant la perfection et répondent posément aux questions très nombreuses des spectateurs. Illili Ag Elmehdi a fait le choix de rester vivre au Mali, l’ami qui l’accompagne a opté pour l’exil et s’est installé à Paris. Il fait carrière dans une grande société française.

Grâce à ce souvenir chargé d’émotion, je découvre pour écrire ce billet un reportage télévisé de janvier 2014. Il neige à Berlin. Le Sahara s’invite dans les imaginaires sur fond de guerre au Mali. Désirée von Trotha, décédée l’an dernier, y témoigne en allemand, Manny Ansar en français. Je crois reconnaître sur les dernières images un visage familier, celui d’un très jeune musicien de Tadalat.

Je repense à Mohamed, épicier de son état, à peine 18 ans. Son sourire franc, son tempérament doux et réservé, ne laissent pas deviner les violences dont Kidal ou Tombouctou sont le théâtre. Mohamed ne parle que quelques mots de français, je ne saurai jamais rien de ce jeune homme, sinon la chance improbable qu’il a eu de pouvoir se produire en Europe, aux frontières de plus en plus hermétiques.

Janvier 2014, dans un cinéma à Berlin, la réaction de spectateurs atteste le manque de connaissance sur le Mali et l’envie de mieux s’informer que le documentaire de Désirée von Trotha suscite, aussi bien sur le plan culturel que politique, selon les centres d’intérêt.

Ce qui est important pour moi, c’est de faire entendre non pas la voix d’une étrangère au Sahara, mais celle des acteurs et actrices de la société civile. Respect, tolérance, la culture des Kel tamasheq se caractérise par des valeurs humanistes.

Désirée von Trotha, Berlin, janvier 2014, Festval au désert en exil

Grâce à Youtube, il est possible de retrouver quelques rares vidéos de la tournée de Tadalat en Bretagne, dont cette répétition dans une longère mise à disposition gratuitement près de Guern par un habitant pour trois mois. Celle-ci montre les artistes en répétition avant de se rendre à Florence dans un cadre superbe, celle-là, donne une excellente idée de l’ambiance dans un village en rase campagne, quand des nomades débarquent.

Inutile de rappeler que la musique a été interdite au Nord du Mali pendant suffisamment d’années depuis la dernière édition du Festival au désert en 2012 pour ne pas mesurer l’importance et la valeur de cette énergie qui s’est invitée chez moi. Comment aurais-je pu juste fermer la parenthèse d’un été fabuleux ? Et ne pas trouver le chemin d’apporter un geste utile, même insignifiant au regard des enjeux ?

J’aurais voulu partager ici un reportage de France 3 réalisé au festival Mondialfolk de Plozévet pendant cette tournée, mais il n’est pas archivé sur le site de l’INA et le lien dans les bonus de Plan B conduit désormais au site web de France Télévision et Culturebox ! Mondial Folk : Tadalat défend la cause Touareg devant le public breton.

Quand l’imprévu s’invite au programme

Dès 2014, je programme dans ma petite ville de 15 000 habitants, « Woodstock in Timbuktu », en présence d’un musicien de Kidal, Zeidi Ag Baba, accueilli avec l’espoir de le voir intégrer le conservatoire grâce à France Volontaires via le programme Réciprocité. J’ai monté ce dossier en tant qu’élue pendant plusieurs mois après le départ de Tadalat, avec l’appui d’un bassiste breton, Etienne Callac, et deux structures culturelles au Mali, Acte 7 et le Festival au désert.

Cet espoir sera déçu, toujours à cause de l’absence de vision d’élus locaux qui viennent d’arriver après les élections municipales. Le nouveau président de la commission intercommunale en charge de valider le recrutement de ce jeune volontaire malien en service civique sans avoir à engager de financement au niveau local est pourtant musicien. Il me faudra du temps pour digérer ce gâchis et ce déni de démocratie.

Je programme dans la foulée « Timbuktu » dont les espoirs ont été déçus à Cannes. Cette proposition plus grand public n’a pas plus de succès au Cinema Rex que Woodstock in Timbuktu. Je ne comprends pas ce manque d’intérêt ni pour le sujet, ni pour un si grand film dont tous les médias parlent à l’occasion de sa sortie nationale.

Le soir de la cérémonie des Césars quelques mois plus tard, je suis devant mon poste de télévision. Ce n’est pas pour voir où en est le cinéma français, mais bien pour savoir si un film africain boudé à Cannes va enfin être mis en lumière. Pino, l’acteur principal de Timbuktu, musicien kel tamasheq qui a grandi avec Zeidi Ag Baba, est en smocking au milieu du gratin parisien endimanché réuni pour la remise de ces prix aussi prestigieux que les Oscars. Je veux partager ce moment d’émotion intense, y puiser de la motivation, de l’ambition.

Moment inoubliable dans la longue liste des éditions des Cesars. Outre le Cesar du meilleur film, Timbuktu remporte six autres statuettes et toute l’équipe présente est invitée sur scène. Fatimata Diawara fait une prestation incroyable pendant la cérémonie.

En 2015, 2016 et 2017, je choisis de ne pas m’obstiner, vu l’absence totale d’intérêt suscité par Voix du Sahara. J’oeuvre autrement jusqu’au jour où ma meilleure amie m’appelle un soir pour me féliciter. Mais de quoi ?

Je n’étais pas au courant que j’avais retrouvé mon siège d’élue à la municipalité, dans l’opposition cette fois. Un comble tout de même. Mais puisque le journal semblait affirmer la chose, c’est que cela devait être vrai.

Mes valises étaient bouclées pour un nouveau séjour au Sahara. Je me souviens avoir dit dans un sourire toute à ma joie du départ que mon retour en politique pouvait bien attendre que je sois rentrée de cette escapade hivernale. Je venais d’être retenue lors d’une sélection par Music in Africa. Je crois que j’avais de vraies envies de journalisme suite à l’expérience réussie du tournage de mon tout premier (et unique) documentaire, cette année-là au printemps, « M’hamid el Ghizlane », produit par Télé Maroc et réalisé par Laila Lahlou.

Ce n’est donc pas surprenant si Voix du Sahara revient dans le paysage culturel breton en novembre 2018, toujours dans le cadre du Festival des solidarités. Pour faire simple, je choisis d’emmener le public au Maroc avec le documentaire « Une oasis d’espoir », de Nicolas Van Ingen, produit par Infocus Production.

En juin 2018, j’étais allée à Deauville pour représenter Tahar El Ammari au Green Awards Festival et assister à la remise du prix du Meilleur documentaire à Gilles Dufraisse et Cyril Tassart.

Survivre au désert ou…

En 2019, profitant de la présence à Pontivy d’un jeune demandeur d’asile somalien d’accord pour témoigner de sa traversée du Sahara pendant neuf jours, je programme « Mirages », un premier film tourné au Niger dans les années 2000 signé Olivier Dury. J’avais eu la chance de voir ce film dans un festival breton, « Les passeurs de lumière » et d’échanger avec ce réalisateur.

Je vous recommande la lecture de cet article publié par le rédacteur en chef d’un hebdomadaire local. Pontivy : soirée ciné-débat sur les migrants africains | Pontivy Journal (actu.fr)

Ce jeune chamelier survivant de l’enfer arrivé en fin de course d’exil par le pur produit d’une multitude de hasards dans ma rue sera à l’image grâce à TV5 Monde et à une maison de production parisienne, en février 2023.

…Marcher sur l’eau

L’an dernier, c’est à nouveau un film grand public en sortie nationale qui nous laissait espérer une meilleure fréquentation, un film sauvé des cartons où il dormait par une réalisatrice, « Marcher sur l’eau », d’Aïssa Maïga. Peine perdue, nous n’étions encore qu’une vingtaine de spectateurs dans la salle.

Mais quel film ! Et quelle joie d’avoir dans l’audience des représentants de la diaspora touarègue bretonne.

Parmi les films que j’aurais aimé programmer au Cinéma Rex de Pontivy sans que cela puisse se faire, il y a « Les pieds dans le sable » de Jade Mietton, jeune réalisatrice lyonnaise, « Caravan to the future » de la journaliste franco-japonaise Alissa Descotes-Toyosaki, invitée dernièrement dans mon émission Femmes de caractères. Le documentaire « M’hamid el Ghizlane » bien sûr que j’ai voulu réaliser en darija, mais dont il était prévu que la production prévoit sa version sous-titrée pour que je puisse au moins le diffuser en festival.

Il y aurait aussi « They will have to kill us first » de l’américaine Johanna Schwartz.

Si ce sujet vous intéresse, vous pourriez apprécier cet article écrit pour Music in Africa.

Fadimata Walett Oumar : « Si on ne joue pas notre musique, c’est la fin pour nous » | Music In Africa

Si vous connaissez des films tournés au Sahara qui vous ont marqués, ou si vous avez eu la chance de voir un des films dont je parle ici, merci de partager votre expérience dans les commentaires. Voix du Sahara, c’est aussi l’idée de ne pas se limiter à un seul lieu, un seul rendez-vous. Il y a tant de façon de s’intéresser à la façon de mieux sensibiliser au devenir des cultures nomades et de mutualiser nos énergies.

Le résultat est toujours époustouflant. Régalez-vous avec ces images de la caravane de sel au Niger, que nous devons à la passion d’Alissa Descotes-Toyosaki pour le Sahara.


Tout ce qu’il faut savoir sur le Prix RFI Découvertes

C’est une femme engagée, fière de ses racines et de son identité, qui succède à Lokua Kanza à la tête du jury du Prix Découvertes RFI. Elle est nigériane et pleine de peps. Yemi Alade est à 33 ans une des voix qui renouvelle l’afro-pop à l’heure de l’industrie musicale mondiale en prise avec l’impact des réseaux sociaux. 

Le jury présidé par Yemi Alade réunit des animateurs des programmes musicaux de RFI et des professionnels de la filière. La gagnante ou le gagnant vivra un tournant de sa carrière ce vendredi 18 novembre. C’est dire si ça met la pression dans les entourages depuis l’annonce du cru 2022.

D’autant que ce jury n’est pas le seul à peser dans la balance. Le vote du public compte aussi au moment du sprint final. Au départ de cette aventure enthousiasmante pour arriver au sommet, soixante lauréats potentiels ont été pré-sélectionnés.

La pression monte

Dix finalistes se rêvent sur le podium et bénéficient déjà d’une visibilité internationale qui leur fait souvent défaut selon leur environnement. Comme les opportunités de se produire hors du continent africain pour conquérir de nouvelles audiences. 

L’enjeu est un prix de 10 000 €, un concert à Paris et une tournée. De quoi croire en son destin.

Combien de jeunes artistes aimeraient qu’on leur accorde au moins la chance de prouver qu’ils ou elles ont l’étoffe de héros des temps post-modernes ?

Vous pouvez soutenir l’un ou l’une de ces artistes, si ce n’est déjà fait, en votant sur le site de RFI avant le 16 novembre. Des bios sont à votre disposition et rien n’empêche de faire de petites recherches pour mieux connaître la personnalité singulière qui caractérise chacun de ces dix talents.

Vous êtes plutôt rap, variété ou dancehall ?

Masterland vient du Burundi, où il a créé son propre label « Master Muzik Records ». Dans son premier album, EGO, sa musique mêle les afrobeats, le zouk et l’amapiano.

Magdaline Mytil est à Haïti. Ses références ? De très grandes voix féminines bien sûr, à commencer par Céline Dion et Mariah Carey.

Queen Rima est à Conakry. Et si son titre Boss up était juste une géniale prémonition ?

Cette danseuse hip hop s’est érigée à 25 ans en star du dancehall en Guinée. Elle n’a pas son pareil pour enflammer un stade bondé. Music in Africa avait salué la sortie de son EP « Température ».

Queen Rima a enregistré son premier album à Bamako en octobre. Ce Prix RFI Découvertes pourrait changer sa vie si elle devient la lauréate de cette édition 2022. Par son travail et sa détermination, elle le mérite amplement. Son manager, Lamine Zoti, aussi.

Garçin Lagaçant évolue dans le rap au Gabon. Egalement rapeur, Tripa Gninnin est ivoirien et s’en sort plutôt bien. Niino MD s’adonne au flow en wolof au Sénégal. 

La RDC n’est pas en reste avec Lukas Luna. Avec ses clips accrocheurs, le chanteur basé à Lumumbashi est bien déterminé à se faire une place sur la scène congolaise.

Black AD est malienne et mérite bien elle aussi de se frayer un chemin pour faire un aussi beau parcours que ses grandes sœurs, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, Fatoumata Diawara, à moins qu’elle ne s’inspire des Amazones d’Afrique. Si elle ramène ce Prix au Mali, elle ramènera un peu de paix et de joie dans les cœurs.

Les mélodies d’Ayam nous conduisent dans l’océan indien à Madagascar. Difficile de se tromper, il y a dans son univers musical, sa voix, les émotions qu’elle partage, toutes les clés d’un succès assuré.

Greg Burkimbila s’est fait un nom au Burkina Faso avec déjà 4 albums. Le dernier est un hommage à l’estime de soi, à la foi, à son pays, et à ses aïeux. 

Créé en 1981, le prix RFI Découverte a déjà récompensé des artistes aussi divers que Tiken Jah FakolyMav CacharelRokia TraoréDidier AwadiAmadou et MariamCanjo Amissi ou Maurice Kirya.

Qui va entrer dans cette lignée d’artistes ?

Parmi ces dix finalistes, lequel ou laquelle aura le prestigieux privilège d’ajouter son nom à ce long palmarès de lauréats et lauréates du Prix RFI Découvertes ?

Patience, nous le saurons le 18 novembre à l’occasion d’un événement retransmis sur les réseaux.

S’il est fini le temps d’avant internet, où le Prix RFI Découvertes était remis par un Manu Dibango, tous les espoirs restent permis pour l’avenir de l’industrie des musiques actuelles sur le continent africain.

Tant qu’il y aura des artistes pour oser et persévérer, des publics pour apprécier leur travail et les encourager à percer, des scènes et des festivals pour faciliter leur mobilité, des médias et des journalistes pour promouvoir les arts et la culture.

Prix RFI Découvertes
Festival des Vieilles charrues, Bretagne, le miracle de la musique dans une ville de moins de 10 000 habitants



B comme bonus

Flashback sur 40 années avec les artistes et titres qui ont remporté ce concours

Température, le made in Conakry dernier cri signé Queen Rima | Music In Africa

Vote Prix découvertes – RFI Musique



Médias en ligne, médias non alignés, vers la mobilisation collective !

Les 29 et 30 septembre 2022 se tient à Yaoundé une importante manifestation sur le thème « Médias en lignes, médias non alignés ». Elle vise et intéresse nombre de producteurs de contenus en ligne, professionnels ou amateurs, comme je le suis grâce à Plan B et à l’ouverture au monde que m’a apportée la possibilité d’échanger avec une infinie diversité d’acteurs et actrices du changement. Sans réduire mon univers, mes questionnements, à mon seul environnement immédiat, au seul impact de mes engagements citoyens en Bretagne. Cette première édition d’envergure internationale est organisée par l’Association des blogueurs du Cameroun (ABC), présidée par Dania Ebongué.

Déclaration officielle d’ouverture du colloque international par le Directeur général du Ministère de la Communication après une allocution très intéressante – Crédit photo Françoise Ramel

Au nom de la liberté d’expression, dire peut détruire

La séance d’ouverture s’est faite en présence de représentants d’institutions qui confortent par leurs interventions la nécessité de la réflexion engagée, soulignant la pertinence et l’urgence de regarder droit dans les yeux les périls civilisationnels liés à la puissance des réseaux sociaux.

La multiplicité des usages de ces espaces visuels, virtuels, à la fois domestiques et publics, génère des contenus qu’il n’est plus possible de qualifier simplement de non vertueux, anodins, insignifiants. C’est une première dans l’histoire de l’Humanité. Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme.

Au nom de la liberté d’expression, nous en sommes arrivés à ne pas pouvoir nous protéger, préserver notre sérénité et celle de nos enfants. Poussé à l’extrême violence du harcèlement ou de l’atteinte à la vie privée, nous sommes de fait confrontés à la sidération et à l’impuissance quand des vies humaines sont fauchées par l’effet dévastateur de propos, ou d’images, que propagent les réseaux sociaux.

Une des illustrations de ce phénomène mondial, touchant tous les groupes sociaux ayant accès à internet, indépendamment de leur poids dans une société donnée, est peut-être ce terme propre au XXIè siècle : « viral ». Aujourd’hui, l’information produite par « les réseaux », comme si ces réseaux étaient un organe pensant, organisé, structuré, maîtrisé, contamine les médias conventionnels : presse écrite, radio, télévision.

La viralité n’est pas un phénomène sociotechnique menaçant : créant un « buzz » positif ou négatif, ce sont les retombées plus ou moins intentionnelles qui s’avèrent favorables ou néfastes.

Isabelle Féroc-Dumez, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Université de Poitiers
Une première édition qui fera date et donne un cap

Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme

Ce qui peut être vu comme la dérive de pratiques boulimiques liées à la vulgarisation d’accessoires de haute définition technologique échappe non seulement à tout contrôle, mais renforce des travers déjà installés par la prolifération de l’information et la mondialisation.

Au service de logiques du non-essentiel, source de gros profits, la surenchère permanente, la mise en scène de nos quotidiens, nous entraîne dans un flot perpétuel avec cette différence de taille. Là où la caricature et le théâtre se présentent comme une création, dans un décor, un espace-temps faisant appel à notre imaginaire, à notre émotion, à notre compréhension, à nos codes culturels, l’actualité se présente sous les traits de la réalité.

Le professeur Thomas Atenga invité à la tribune du colloque retransmis en direct de Yaoundé dans le monde entier évoque en des termes précis les conséquences de cette dérive : aliénation, spectarisation, marchandisation. Je vous invite à retrouver son intervention éclairante sur la façon dont la Recherche s’est intéressée depuis vingt-cinq ans à ces phénomènes grâce à un audioblog sur la plateforme Arte Radio.

55 000 ouvrages et articles témoignent de l’importance accordée aux réseaux sociaux, à ce qu’ils expriment de nouvelles temporalités, de nouveaux paradigmes. Si l’approche dominante a été jusqu’à présent d’observer, d’analyser, de tenter de comprendre ce que les médias sociaux font de nous, aujourd’hui les travaux de recherche formulent la question avec d’autres regards ouvrant des perspectives : que faisons-nous des réseaux sociaux ?

Professeur Thomas Atenga, président du comité scientifique du colloque « Medias en lignes, medias non alignés », Universite de Douala, 29/09/2022

S’emparer de notre responsabilité avec clairvoyance

Dania Ebongué interviewé par Steven Jambot dans l’Atelier des médias exprime en termes simples l’enjeu qu’est la responsabilisation individuelle et collective en réponse aux constats posés, sur la base du bon sens et de l’engagement citoyen. Le secrétaire général du Ministère de la Communication du Cameroun salue cette volonté portée par ABC en rappelant qu’il n’y a pas d’alternative à l’autorégulation, sinon la répression, impensable si l’on se refuse à toucher à la liberté d’expression, à la liberté d’entreprendre, à la liberté de se former et de choisir de travailler dans la communication.

La réflexion poussée autour d’une charte qui sera discutée pendant la rencontre à Yaoundé atteste du sérieux de l’initiative et du professionnalisme à l’œuvre. Rien ne saurait être plus efficace que l’invitation faite pendant ces deux journées à mutualiser et à outiller une ambition collective, soutenue par des Etats et tout un tissu économique confrontés à un réel dilemme.

Les échanges qui ont lieu en ce moment même sont diffusés en direct Live. Ils entrent en résonance avec les questionnements légitimes d’une vaste communauté d’auteurs et d’autrices, dont la plume peut choisir de servir l’intérêt général et le bien commun, ou se perdre à jamais dans un magma informe, difforme, qui nous malmène question « moral », question « morale ».

Un triptyque infernal : fatigue, addiction, défiance généralisée

Oui, le flux d’information omniprésent joue sur notre fatigue mentale et physique, c’est prouvé scientifiquement. Quand ce flux charrie dans son torrent de boue le gros des scories d’une pollution visuelle et industrielle de l’information, avec la puissance d’une centrale nucléaire lancée à pleine vapeur au bord de l’implosion, ça peut vraiment faire du dégât.

Quand c’est un journaliste expérimenté (et pas aligné) de télévision française qui partage en direct sur une radio à grande écoute un repli possible et compréhensible pour ne pas se frotter au pire de ce que produit l’évolution de nos sociétés consommatrices de tout – de tout, tout de suite -, avec les répercussions évidentes que cela entraîne en matière de dérives pernicieuses, cela mérite de s’arrêter pour reprendre son pouls, son souffle, ses esprits.

Comment (s)informer sans nous lobotomiser ?

De quelle maîtrise ou non maîtrise de ce flux, de cette pollution bien réelle déguisée en information, ma vie personnelle est-elle le produit, au carrefour de tant d’expressions et sons de cloche qui ne permettent plus d’identifier un cap, un phare, une pensée en mouvement ?

Quand des heures durant vous coupez tous les tuyaux pour ne pas tomber sur l’unique actualité qui vaille la peine d’informer la terre entière soi-disant, la mort d’une vieille reine en Ecosse, cela produit un vide délicieux, un aparté, un pas de côté, et surtout la possibilité de faire rire tout le monde dans une manifestation à Vannes le 5 septembre pour exiger un accès plus juste et plus équitable au logement. « Quoi, la reine est morte ? ». J’en ris encore.

Les médias sont devenus des collecteurs de rêves usés

Vers quel état d’inhibition ou de défiance, d’agressivité ou de colère larvée, de stress et d’incapacité à gérer ce trop-plein de pensées négatives accompagnées forcément de certitudes et dogmes divers censés nous sauver du désastre nous conditionnent nos propres comportements vis-à-vis de nos environnements numériques ?

Je me demande si la Reine d’Angleterre aurait pu dire, même au XXè siècle avant la révolution d’internet, « s’il y avait un moyen de faire ce métier sans être connu, je le ferais ». Impossible, hein ? Vu que le seul intérêt d’un règne, c’est d’asseoir un pouvoir même symbolique, le storytelling qui va avec, dont ne peuvent se passer les médias qui en vivent. Et vous me direz, « reine à vie », ce n’est pas un métier. Inutile de vérifier ce n’est pas indexé dans le fichier « ROME » comme on l’appelle en France.

Les métiers, nombreux et variés, du journalisme et de l’information média sont répertoriés ainsi : E1106. Si vous êtes curieux, vous allez répérer comme moi à l’instant une autre codification : « RIASEC : Ai »

Vu que nous sommes dans l’information, allons voir ce que cela veut dire dans le langage des experts et expertes de profils métier.

Explication du code RIASEC spécifié sur une fiche métier

Alors, ça donne quoi pour vous qui vous vous sentez concernés par la riche programmation proposée par le colloque « Médias en ligne, médias non alignés »?

Reprendre la main, est-ce possible ?

En contrepoint de ce qui pousse un journaliste de radio à interroger une star du petit écran, Yann Barthès, sur sa « fatigue », ce qui remet un peu les choses à leur place, je partage ici, plus bas, un extrait de la note d’intention qui m’a permis d’être sélectionnée par l’équipe d’organisation du colloque, alors que je ne suis ni professionnelle de TV, de radio ou de presse écrite, ni une universitaire ayant produit des connaissances, ou encore une salariée dans une ONG impliquée dans la cybersécurité ou tout autre domaine d’éducation aux médias.

Quelle opportunité de m’intéresser à ce qui anime, engage et renforce les capacités de jeunes professionnels et professionnelles, « armé.e.s » de leur seul leadership et volonté d’agir pour le continent africain et le monde !

Je suis sensible à cette utilisation positive, vraiment inattendue, de ce que je tente de partager, par ma seule force de mouvement et d’action, en dehors de toute structure qui m’aurait mandatée pour porter un discours. A Yaoundé, ce qui a retenu l’attention, c’est justement ma liberté de parole, de ton, mon rapport à l’initiative personnelle, à l’autorisation que l’on s’accorde à soi-même en apprivoisant ses peurs.

En tant que bretonne, secrétaire bénévole d’un réseau d’acteurs de la coopération et de la solidarité internationale, il y a une dimension symbolique dans ma contribution à un débat qui dépasse le cercle somme toute restreint dans lequel je donne du sens à mes engagements citoyens, mes engagements de militante culturelle en zone rurale ayant opté il y a 15 ans pour l’action politique. Je veux croire que cette portée symbolique est révélatrice d’une époque où nous avons ce pouvoir de bouger les lignes, grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies.

Je mesure ma chance d’avoir accès à cette dynamique africaine déjà rodée, bien outillée, qui interroge à partir de réalités différentes des miennes la question des valeurs et de l’éthique en matière de production de contenus en ligne.

Aspirations citoyennes versus discours de haine

L’ambition exprimée par Dania Ebongue et l’association des blogueurs du Cameroun d’encourager la mise en place d’une charte de bonne conduite dit mieux que toute injonction venant d’une instance interétatique combien la jeunesse entend s’emparer d’un sujet qui conditionne directement son avenir.

Notre rôle et notre responsabilité à nous qui avons connu le monde avant l’explosion d’internet sont d’être aux côtés de ces jeunes qui créent le monde à leurs usages, à leur image. Il nous revient de faciliter le dialogue entre cette génération laborieuse confrontée à des défis gigantesques avec les instances qui peuvent contribuer activement à lever des obstacles, des incompréhensions, des empêchements. Sans remettre à demain ce qui aurait dû, pu, être fait hier. C’est le sens même de toute politique publique au sein d’une démocratie.

Ce n’est pas un hasard si sur un autre continent, d’autres journalistes se sont aussi mobilisés pour établir une charte portant sur d’autres enjeux, ceux de la prise en compte de l’urgence écologique. Steven Jambot, mentionné plus haut, a contribué à l’écriture de cette charte.

Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique – Il appartient à l’ensemble des journalistes d’être à la hauteur du défi que représente l’emballement du climat pour les générations actuelles et à venir. Face à l’urgence absolue de la situation, nous, journalistes, devons modifier notre façon de travailler pour intégrer pleinement cet enjeu dans le traitement de l’information. (chartejournalismeecologie.fr)

En Bretagne, nous avons aussi nos lanceurs et lanceuses d’alerte mobilisés en première ligne, avec par exemple la création par des journalistes indépendant.e.s du média en ligne Splann, et le tournage en cours près de chez moi du film inspiré par l’enquête d’Ines Léraud déjà publiée sous forme de BD entrainant un scandale politico-médiatique : « Algues vertes, l’histoire interdite« .

A la Une de Splann, média en ligne créé en Bretagne à l’initiative de journalistes qui partagent des enquêtes qui dérangent

Qui dit média dit information mais aussi désinformation, qui dit en ligne dit flux mais aussi flou. La créativité au service du bien commun et de l’émancipation dans une époque troublée, anxiogène, est une voie. Elle nécessite du courage, du professionnalisme et implique une réelle capacité d’écoute du monde et de l’autre.

L’affirmation de soi à travers la maîtrise de l’outil numérique peut être un levier citoyen pour favoriser l’expression des anonymes, investir notre énergie, nos savoirs, notre intelligence collective, dans le journalisme de solution, mais aussi de nouvelles formes d’action.

De l’outil média à l’engagement du local à l’international, qu’est-ce que je peux vraiment ?

L’atelier s’appuiera sur ma propre expérience de créatrice de contenus, de pédagogue et d’élue locale en charge de la Culture sur une vaste zone rurale en Bretagne, pour mieux faire entendre celle des participant.e.s.

L’atelier permettra de mutualiser, d’analyser à partir de supports concrets les fondamentaux sur lesquels les participants veulent et peuvent construire leur signature à travers leurs propres concepts innovants ou autre démarche de projet.

Françoise Ramel

Médias et démocratie

J’ai donc la responsabilité et le plaisir d’animer parmi d’autres rencontres et témoignages une masterclass sur le thème Médias et démocratie, qui donnera du grain à moudre à toutes les personnes qui voudront interagir avec moi à cette occasion. Parmi elles, j’ai déjà eu la chance d’échanger à distance avec Damaso Alonso Esono et Belgica Nvo Acaba.

Tous deux sont de Guinée équatoriale et ont participé à la création en mai dernier d’une association nationale qui réunit des producteurs et productrices de contenus.

https://lh3.googleusercontent.com/Wnbh-LcF3wZqEyDSnkIrqpM16a5C6L3hQ_R4x-uF1xl1Aa347GyoXc5g93ORQNgCJ2RdKVKHZfdysWp4bag7-sgRn67lj_bkmF-rYEwt6R4bXI0q9WtCezY6tQzv-gBrQyTTX1Z17RUlYiM_htIaGIma8EQ96NlYUrMxfDt8Gig7NgEPFV3qOJPlBvL5sf2Kh2T2jBUvOB9JILCgS2KAFV7tkxz59x21dxStzbjaAmKic5Gy-ZsvVs73rkug2GfQKndynlJeczCJ8JXpT4rRRkkagi9A86fUPLoOqeQGRet1_O-5kZ6cZxxJQ3FZdRtYMr_kYvDKzLTMObHI8IkxYM3SexaTGgpnTXWZaunvwSlZH9aI6yod0Ulw6Zzy_xkjfygUpO9YtmGn0qPzRhHdwDsED5JC9JCrqdhEJmYSF_uJDw9yFN8WTa5uQBwCrUCxKGIKm_tRzeywW6R9hMgAUh_zffpuJ7ESjLgkC9-mbqZwF2V8UBRY14hMqu7LN_ZUeNiQrAoyJFAww1vKF-oyXnV-epJEcJ2q79GqbjQBb2P5K838b4U6JTpwqhT9QJ3a0nQukQvr6lwIcUMbCKhLfvIeaduga9mrlyV0EBCNKE16GquRcyTdnmoQKblOHfLLHOWzwnFfnXbtzcvDWhZd3qJXrtlbNm32FzSN0_YBwliFo6EiRFRJJzJHJwm7WrJyScb1RQlNT_sMMf1ik_ecIB5SdGe_RvEkBzo9HpR9jHAeoSZBsxXSaRHa7s25hcbdIWiaOMUdgXp5rPmunyH5bZkDMLiWf4SWkCBxEcF65c3i7fbq98HiKLr0KqsBzYTDTqk9IcQG30GMTdGy46A-Vg-jYUTmb0lNHmM8EAp1RFOYWNs2TKUayW6jIiO6_achWSGK8NB_ok8lo40aZbEOZossiJ8tRY6nDP6ltVM=w1280-h562-no?authuser=0

Il n’y a pas plus de dix ans, le pays ne disposait que de la page institutionnelle du gouvernement comme seul publication en ligne. Aujourd’hui d’autres contenus à caractère privé existent. L’essor des médias en ligne contribue positivement à la connaissance des informations et des événements réels. Le chiffre exponentiel de lecteurs à travers le monde change considérablement l’image du pays. Nous participons à la construction d’une démocratie solide et pluraliste, capable de se situer aux courants du moment, facilitant la libre circulation des informations conformément aux lois en vigueur.

Damaso Alonso Esono, président de l’Association des journalistes blogueurs de Guinée Équatoriale (APBGE)

Et si l’espoir était permis

Le colloque sur les médias en ligne à Yaoundé se déroule pendant le 40ème anniversaire d’un texte fondateur sur les politiques culturelles, fêté du 28 au 30 septembre à Mexico par la communauté internationale. Le chantier qui s’ouvre à Yaoundé avec pour base une charte de bonne conduite élaborée à partir de l’expérience de jeunes africain.e.s ayant choisi de s’engager sur leur continent dans le champ de la production d’information permet d’espérer la reconnaissance du bienfondé de l’usage des réseaux sociaux pour faire émerger de nouvelles citoyennetés, de nouvelles solidarités.

Depuis 1982, le monde a changé en profondeur, accentuant des disparités, certes, et des fractures, des injustices.

Et si au final, c’était plutôt une bonne nouvelle pour l’Afrique et le monde, malgré les retards pris, les rendez-vous manqués, les remises en question qu’il reste à entreprendre pour ne pas être à la traîne du changement mais pionniers d’une civilisation du progrès humain et planétaire qui reste à inventer ?

B comme Bonus

Témoignage d’une jeune journaliste bretonne

Femmes de Caractères – Yuna Cojean, journaliste en breton ! – RBG | RBG

Site du sommet mondial UNESCO à Mexico

Site du colloque « Médias en ligne, médias non alignés »

Propos introductifs de Thomas Atanga

Interview de Simon Ngono, docteur en sciences de l’information et de la communication

Pour découvrir Blablaboost, un podcast à l’écoute du monde par la voix des artistes

Article Plan B sur la BD « Algues vertes, l’histoire interdite »


Avec René Nkowa, l’orpailleur 2.0, j’ai envie de podcastiner !

J’ai participé hier à distance à un rendez-vous en présentiel organisé à Douala par l’auteur des pépites de Mondoblog, d’où l’orpailleur ! Merci René Nkowa. Tu es comme une bonne étoile dans mon ciel virtuel depuis notre rencontre à Dakar en décembre 2015. De la valeur essentielle des sessions de formation ! C’est ma toute première immersion dans les coulisses du podcast.

Dans le domaine de la création sonore comme pour le blogging, je suis une autodidacte. Tout comme René. Plus que la formation en soi, c’est l’envie de me joindre à un groupe, à une dynamique émergente qui m’anime. L’émulation me pousse en avant. L’ennui est un piètre ennemi, quoique perfide. Il cède tel un barrage édifié à la hâte face à un courant trop fort : le désir.

Photo souvenir du 3 août 2022 à l’issue de la toute première session de formation à Douala. René Nkowa (T-shirt blanc) est une ressource pour qui veut se lancer dans l’aventure du bloging ou du podcast. Crédit Sydney Mbianda

Et si je podcastinais au lieu de procastiner ! T’en dis quoi René ?

Ce que je ne capte pas sur le plan purement technique ne m’empêche pas d’aller au bout de ce que je souhaite vivre et partager. Je mesure ma chance de pouvoir me sentir à l’aise avec tous ces outils algorithmiques à notre portée, sans en comprendre la grammaire ni le vocabulaire.

Ce que je comprends en revanche très bien, c’est le pouvoir de l’écoute, la force du désir, la souplesse qui se cultive avec la faculté de saisir des opportunités, d’expérimenter, d’apprendre.

Quand j’étais jeune enseignante vacataire, l’agricultrice qui m’hébergeait dans son gîte à Kerantourner sur la commune de Cléguérec avait une expression qui me faisait sourire. « Françoise est prof d’ouverture ». En fait, elle ne croyait pas si bien dire. C’est sans doute la formule qui caractérise le mieux l’endroit où je me construis, encore aujourd’hui.

L’esprit d’ouverture, c’est ce qui permet de vivre des rencontres inespérées et surtout marquantes. Ici, mes retrouvailles avec Disco, grande chanteuse du Sahara, créatrice du groupe Tartit, un 14 juillet à Scrignac en Bretagne, je ne m’y attendais pas du tout !
Crédit Françoise Ramel

Mes rêves ne sont pas à vendre

L’ouverture à l’heure du numérique est à la fois une chance énorme et un vrai défi. Car nos écrans nous enferment souvent plus qu’ils libèrent notre créativité et nos potentiels. C’est un des paradoxes de notre époque, et pas des moindres. Nous vivons à l’ère de la société des connaissances et de la communication. Cela n’engendre pas moins de guerres, d’ignorance, de laideur qu’à l’époque de l’araire et des grandes croisades .

En y regardant de plus près, on pourrait même imaginer que nous sommes les sources d’alimentation intarissables, gratuites, ultra rentables d’un immense digesteur, un méthaniseur de la taille d’une planète si vous préférez. Une aubaine pour les industries et les actionnaires qui tirent profit du système. Et que brûle cette invention tentaculaire relayée par satellite à votre avis ? Nos désirs. Pour en faire quoi ? C’est au choix du plus puissant.

Avec la fibre, j’ai un débit de connexion qui ne me fait pas oublier que pour d’autres créateurs et créatrices de contenu la gageure est d’abord de pouvoir se fournir en liaison internet, de faire face à une actualité trop souvent déprimante. J’ai chaque jour le choix de la façon d’user de ce privilège. Que je procastine ou podcastine ne changera pas la face du monde.

Mais entre l’option voyage dans un placard ou dans l’espace, autant choisir d’explorer ce qui me laisse plus de chance d’apprendre et de me laisser surprendre. Mes rêves ne sont pas à vendre.

A Agadez, le rêve devient réalité en avril 2018. J’immortalise ce moment avec une jeune nomade inconnue qui fait certainement partie du groupe de danse, les Obaz. Je ne sais pas encore que ce voyage en zone rouge avec de jeunes artistes africains de musique urbaine me donnera la force d’oser me lancer dans la réalisation de mon premier projet de podcast, « Femmes de caractères« .
Crédit Françoise Ramel

J’ai surfé sur la révolution numérique

Différence de taille avec la génération connectée et mon ami Réné, j’ai tapé mon mémoire de maîtrise à la machine. Je revis encore en y pensant la promesse de soulagement et la fatigue harassante de cette nuit, où ma mère et moi nous sommes relayées jusqu’au petit matin. Tap, tap, tap, tap tap, tap. Des heures de frappe acharnée. Zip, zap, ligne après ligne, feuille après feuille, le mouvement de va et vient se répète à l’infini jusque dans ta tête, t’hypnotise d’autant plus que tu sens tes paupières s’alourdir.

Je ne vous parle pas des années 50, joliment mises en scène dans le film à succès « Populaire » de Régis Roinsard. Comme Rose Pamphyle, je serais moi aussi devenue secrétaire grâce à des cours du soir. Comme elle, j’aurais quitté ma campagne bretonne pour accéder à de meilleures conditions de vie, mais ça c’est l’histoire d’Annick, bientôt 80 ans, ma complice nocturne pour en finir avec mes années d’université.

On ne mesure jamais assez ce que sont les mères pour leurs filles. Et les progrès de toutes sortes qui sont de vraies révolutions entre seulement deux générations !

J’ai eu un semblant d’orgasme la première fois que j’ai vu des petits dossiers jaunes s’envoler sur l’écran en apprenant la manipulation pourtant toute simple « copier-coller » avec un collègue. Ce jeune animateur informatique nourrissait des poissons virtuels, quelle idée !

Françoise Ramel

Le sentiment d’œuvrer au destin d’une communauté virtuelle, le partage de valeurs dans le respect de la diversité, les menaces qui pèsent partout sur la liberté d’information, m’ont conduite à un autre niveau de conscience qui de fait change ma réalité et ma perception de cette réalité. Un peu comme le jour où j’ai enfin compris comment déplacer un fichier numérique et que ce mouvement s’est matérialisé sous mes yeux en direct sur l’écran.

Pas besoin d’être surdouée

A 50 ans passé, je me suis renouvelée dans ma capacité à repousser mes limites, à définir de façon spontanée le rôle et les modalités de ma propre contribution au sein d’un réseau qui a changé mes perspectives et mon échelle d’action : Mondoblog.

Le préalable est on ne peut plus simple. Je n’ai qu’à me rendre de temps en temps sur la plateforme Mondoblog, y repérer des plumes inspirantes, cueillir au passage quelques idées de mise en forme, goûter le génie d’un style, l’audace d’un parti pris. M’intéresser aux profils si divers des auteur.e.s. mis à la Une est devenu la 4ème dimension de mon quotidien.

C’est aussi une forme de justification. Mon envie d’interaction se doit d’être plus forte que ce constat frustrant, surtout quand on aime voyager et rencontrer d’autres cultures. Il est difficile de se projeter avec un réel soucis de concrétisation et d’efficacité dans des échanges à distance qui nécessitent tant d’énergie et de temps passé sur un écran. Pourtant, je le vérifie chaque jour, il est possible de tisser dans la durée des relations de qualité et un réel intérêt réciproque.

Blogueur autodidacte du Cameroun, René Nkowa a rejoint Mondoblog en 2010. Cela a donné une nouvelle direction à ses choix, à sa vie. Il est aujourd’hui, avec l’équipe qui coordonne notre réseau dans les locaux de France Médias Monde, celui qui connaît le mieux ce que nous publions et la façon dont le projet global de cette plateforme francophone a évolué depuis sa création.

Billet web ou podcast, l’art de créer ses propres contenus

2020 a marqué pour René Nkowa un cap important. Celui de dix années d’exploration de centaines de blogs WordPress hébergés par RFI pour publier une infolettre à raison de deux diffusions par mois : les pépites de Mondoblog. Depuis cette date, Radio France Internationale relaye officiellement ce travail si utile. Le rythme des sélections qui s’était interrompu avec l’arrêt de la formation de lauréats a repris justement en 2020.

Trois nouvelles promotions de mondoblogueurs ont ainsi pu rejoindre le réseau, ce qui accroit considérablement la masse de billets produits sur les cinq continents. Est-ce un hasard si les candidats camerounais étaient les plus nombreux à participer au concours Mondoblog en 2021, suivi de près pas les Tchadiens et les Ivoiriens ?

Par son engagement bénévole les cinq premières années de la parution des pépites, René Nkowa a fortement contribué à nous rendre curieux, ouverts, à repérer dans le foisonnement de propositions et de sujets traités des signatures, des styles qui ont nourri notre manière d’écrire et de publier.

L’infolettre parait toujours tous les quinze jours le samedi matin. Elle est devenue une institution dans le réseau. René Nkowa est missionné depuis plusieurs années déjà pour en assurer le contenu et la mise en forme, c’est bien normal vu l’ampleur de la tâche. L’audience des pépites s’est très largement élargie avec le relais de RFI et une trouvaille que le réseau doit à une journaliste de cette radio francophone écoutée sur tous les continents : Mondoblog Audio.

Le podcast est un nouvel instrument de la boîte à outils numérique qui en plus du message permet de transmettre des émotions.

René Nkowa, Douala Stories, 3 aout 2022

René Nkowa sait créer des espaces pour progresser

René a trouvé le temps je ne sais où de contribuer avec d’autres au développement d’un réseau national de blogueurs et blogueuses dans son pays, ABC, de décrocher un Master à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, de créer sa propre entreprise, Douala Stories. Il faut bien penser à vivre de son talent. La transition numérique, le marketing éditorial, c’est aussi un business, avec de très gros enjeux.

René, en jeune leader africain qu’il est, a choisi de développer sa propre stratégie pour concilier toutes ses aspirations, en faisant profiter les autres autour de lui de ce qui le fait lui-même avancer.

En novembre 2021, René Nkowa à la tribune en tant que Président du Comité d’organisation du 3è Sommet des blogueurs du Cameroun – Crédit ABC

J’ai eu la chance de rencontrer René Nkowa lors de la 4ème formation Mondoblog, en décembre 2015, à Dakar. Je garde le souvenir d’un jeune homme posé, discret, souriant, prévenant et à l’écoute. Je n’ai ni sa patience, ni sa passion, pour l’aspect ultra-technique du blogging, mais nous avons en commun plus important : le goût des autres et une certaine propension à nous surpasser quand cela en vaut la peine.

J’ai un jour trouvé sans y être préparée ce commentaire sur Plan B dans l’une des fameuses infolettres que j’aime parcourir, pour ce que j’y trouve et parce que je suis incapable d’une telle concentration, d’une telle abnégation. Cela remonte à si loin que je ne peux plus affirmer de façon certaine que j’étais au Sahara. Mais je peux vous dire que cela m’a fait un choc, comme si je réalisais seulement que Plan B était effectivement suivi par des personnes qui apprécient ce que j’y propose.

Merci René

C’est une de mes formules préférées, « merci René » ! Ou merci le Panda, puisque fut un temps, c’est le surnom bien sympathique que nous lui connaissions. Avec cette formation lancée hier pour nous réunir régulièrement jusqu’en décembre, en présentiel et à distance, ce qui n’est pas si simple, je me sens à nouveau plus proche de ce jeune développeur camerounais et surtout je reconnais dans ses choix et son savoir-faire l’intelligence et l’impact original de son travail.

La prochaine session d’écoute aura lieu à la fin du mois dans le cadre du projet PodcastHub pour lequel René Knowa a sollicité le soutien technique de Cowork.Africa, une entreprise locale partenaire qui dispose d’un studio d’enregistrement avec à son actif, comme Douala Stories, une vraie culture de l’accompagnement de porteurs de projet.

René Nkowa, l’auteur inspiré des Pépites de Mondoblog et de la formation PodcastHub à Douala
Capture d'écran PodcastHub Douala
Crédit : Françoise Ramel


Magie d’espace-temps revisités avec le festival “Paysages” et … désolation !

Je ne suis pas toujours inspirée. Quand une idée éclate à la surface de ma conscience comme une bulle de champagne, il arrive que cela soit juste pour me challenger et me bousculer. C’est ainsi qu’en pleine pandémie, j’ai fait le choix d’organiser quelques concerts en solidarité avec les artistes et de lancer la 1ère édition d’un festival régional non thématique autour du partage de savoirs. Il me fallait un nom. J’ai choisi « Paysages ».

Je n’ai pas toujours envie d’écrire. C’est le cas en ce moment même, où je tape sur le clavier pour revenir sur un week-end encore tout brûlant d’audace début juillet 2022, celui de la 2ème édition du festival « Paysages ». Grâce à un auteur de romans historiques, Jérôme Nédelec, et quelques rencontres tombées du ciel, j’avais déjà vu plus grand, plus loin qu’en 2021.

Entre le moment où j’ai tenté sans y parvenir de partager un projet positif pensé pour être vécu plus que raconté et cette fin de journée du 20 juillet où je reprends le métier à tisser sur lequel je n’avais pas fini de tendre la trame, il s’est passé un drame en Bretagne.

Il s’est passé en quelques heures une tragédie qui nous ramène justement à l’importance et à la fragilité d’un paysage. Dans les Monts d’Arrée, plus de 1700 hectares sont partis en fumée. Arrêt sur image.

J’ai déjà partagé avec son accord bien sûr des dessins d’Alain Goutal. Voici celui qu’il vient de publier. Je ne sais pas si de son atelier, ce grand dessinateur breton, amoureux du vivant, sent l’odeur de fumée. Alain habite dans les Monts d’Arrée.

Bretonnes et bretons en état de choc

A l’occasion d’un épisode caniculaire qui a fait couler beaucoup d’encre, comme si nous ne savions rien des dangers du dérèglement climatique, plus de 300 pompiers sont mobilisés depuis lundi après-midi. Impossible de prendre de vitesse la violence et la course des flammes sur la lande.

Le Télégramme titre sur le pic de chaleur, carte à l’appui, peu après les réseaux évoquent un début d’incendie et 300 hectares ravagés
Ce même lundi 18 juillet, Alain Goutal réagit à l’actualité climatique nationale. Il ne sait pas encore que près de chez lui la fin du monde s’annonce déjà dans un lieux appelé les portes de l’enfer.

A 10h sur les landes, nous n’irons plus ma belle

Dans cette zone du Parc régional d’Armorique, l’état des chemins agricoles ne facilite pas l’accès des camions-citernes. D’autres facteurs liés à la gestion d’espaces non cultivés ont sans doute pesé sur l’immensité des dégâts comme semble l’affirmer une agricultrice qui témoigne « à chaud » du sinistre auquel elle assiste impuissante après voir mis son bétail à l’abri. Cette vidéo a été partagée plus de 1000 fois depuis hier. Je vous invite à la regarder, ainsi que les autres images commentées en direct mises en ligne depuis par cette habitante révoltée.

Du festin des flammes, il ne reste rien, qu’une chapelle perchée sur son tertre face à l’étendue noire encore fumante, là où bruyères et genêts accueillaient encore les randonneurs le week-end dernier. C’est tristement et dramatiquement spectaculaire. Sur le site de l’office du tourisme, on peut désormais lire cette indication.

Office du tourisme Brasparts
Source : site web de l’office du tourisme de Brasparts

Pour croyants et non croyants, la chapelle sauvée est un symbole

Comme beaucoup, je ne sais que dire, que faire, à la fois hébétée comme si cela ne pouvait pas être réel, et consciente que pour les personnes au front sur place les images, les odeurs liées à ces journées et nuits d’enfer resteront un traumatisme. Quasi impuissants, les efforts des pompiers ont permis cependant de protéger un bijou du patrimoine religieux breton : la chapelle.

Poussée par le besoin d’exprimer ma solidarité, j’ai tout de même publié hier un post FB accompagné par deux photos paysagères du Mont-Saint-Michel de Brasparts. L’une montre un paysage panoramique en teintes ocres et vertes dominé au loin par une chapelle. L’autre prise d’un drône provoque un effet de plongée qui accentue la scène et donne à voir ce même paysage en cendres.

La chapelle au premier plan n’en paraît que plus miraculeusement indemne, comme protégée par sa propre force et présence spirituelle en ce lieu désert.

Avant l’incendie, la beauté d’un paysage breton appelé Les portes de l’Enfer
Incendie dans les Monts d’Arrée, un paysage dévasté, calciné, vision d’Enfer – Crédit photo Vincent Michel

Vincent Michel a tourné ces images historiques montées et diffusées ce mercredi 20 juillet par Ouest-France.

Quelque part à Paris, un de mes amis, dessinateur de presse, croque à sa façon une actualité très très chaude ! Car il n’y a pas qu’en Bretagne bien sûr que ça chauffe ! J’ai lu que dans la capitale, les voitures prennent feu toute seule. Des concerts ont dû être annulés pour cause d’air irrespirable. On se croirait dans une fiction catastrophe, mais c’est la réalité.

Ce dessinateur talentueux s’appelle Mario Montolivo, il est originaire du Chili. Vous pouvez le suivre via son blog Micmac Planet (voir bonus). J’adore son coup d’œil, voir ses dessins me fait vraiment du bien.

Crédit dessin : Mario Montolivo

Quand la réalité infernale dépasse la légende

Je ne connais pas suffisamment la force des imaginaires liés à ce coin réputé de Bretagne. Mais ce serait passer complètement à côté de l’esprit des lieux que de minimiser au nom du modernisme ou de je ne sais quelle autre vision du monde réduite à sa part visible, palpable, marchande, ce qui explique l’attachement aux Monts d’Arrée et l’élan de solidarité qui s’exprime et s’organise spontanément depuis avant-hier.

Comme on ne peut comprendre ces espaces associés à l’image de l’enfer dans la tradition populaire et ces paysages sans se soucier de leur lien étroit avec une langue ancestrale transmise à travers les siècles, à travers les cinq continents où des bretons voyageurs ont écrit son histoire et la nôtre : le breton.

« La culture, ça rentre aussi par les pieds, ça passe par le coeur, ça imprègne le cerveau droit, celui de la connaissance »

« La légendothérapie peut être un moyen de se recaler d’une façon durable dans son espace de vie »

Claude Le Lann, korriganologue et légendothérapeute

Les portes de l’enfer – LE YOUDIG

Flashback sur le festival « Paysages »

Je veux finir ce billet en remerciant encore Céline Kergonnan pour l’aide si précieuse qu’elle m’a apportée ces derniers mois bénévolement pour que nous réussissions ensemble un beau pari à l’occasion des 20 ans d’une association rurale, TIMILIN, moudre nos idées ensemble, dont je suis la présidente fondatrice.

C’est à Céline que nous devons la mise en forme très sympa de la présentation de cette 2è édition.

Puisque j’évoque plus haut le pouvoir de mondes qui échappent à notre entendement, sachez que je n’avais jamais vu d’hermine de ma vie. Ce petit animal gracieux est le symbole de la Bretagne.

La voilà la blanche hermine

Croyez-le ou non, une belle petite hermine peu farouche, petit cou bien blanc, minois charmant, tête haute, s’est invitée au festival en plein bourg. C’était justement pendant une discussion animée par Céline avec Jérôme Nédelec, notre invité d’honneur et quelques élus venus partager ce moment informel à la terrasse du bar « Le Saint-Aignan ». Magique et inoubliable !

Le festival « Paysages » est une œuvre collective à géographie variable qui repose uniquement sur l’engagement des participant.e.s, chercheurs, artistes, étudiants, habitants, élus, porteurs de projet en zone rurale. Il a lieu le premier week-end de juillet à Saint-Aignan, où se situe une forteresse bretonne du 8è siècle, support de fouilles archéologiques depuis 2020. Motten Morvan est une architecture de terre qui a traversé douze siècles d’Histoire de Bretagne. De quoi nous faire réfléchir, non ?

Les paysages sont des lieux vivants et habités

Combien d’animaux ont péri depuis lundi dans les flammes de l’enfer du Mont-Saint-Michel de Brasparts ? Je trouve étrange pour ma part de mesurer l’ampleur des dégâts à une surface équivalant dixit les journaux à 1600 terrains de foot. Est-ce parce que le monde vivant ne se mesure pas comme un rectangle de pelouse synthétique qu’une catastrophe écologique peut s’étaler à la Une comme un feu de broussailles spectaculaire un peu trop gourmand ?

Il y a quelque part en Bretagne des personnes qui pensent aux animaux rescapés, assoiffés, paniqués, blessés, et qui s’organisent pour leur venir en aide.

Et d’autres vont devoir établir l’origine criminelle de ces départs de feu et identifier les responsables. L’enquête est ouverte comme l’a annoncé par un communiqué ce mercredi 20 juillet le Parquet de Quimper.

Source : Le Monde, 20/07/22

2022 s’annonçait mieux que 2021 et 2020 plombées par une pandémie mondiale. C’était sans compter la folie des hommes et de leurs gouvernements face à l’urgence.

A l’inévitable, dont nous savons pertinemment le prix à payer, s’ajoute ce qui pourrait être évité avec plus de clairvoyance, plus de responsabilité individuelle et collective.

Samedi 23 juillet 2022, épilogue ?

Les feux qu’on croyait contenus mercredi soir ont repris à l’approche du week-end. Ce soir, je serai à Brasparts avec Céline Kergonnan, ma complice du festival Paysages qui vient de vivre une semaine apocalyptique comme tous les gens autour d’elle, dont la maire de Brasparts, Anne Rolland.

Voici l’affiche du festival qui se déroule dans cette commune de 1035 habitants, avec pour décor un paysage calciné sur des kilomètres à la ronde, où la vie va reprendre certes, mais à quel prix !

Visuel du festival qui porte le nom d’un paysage emblématique breton devenu la proie des flammes lundi

Et voici l’affiche du groupe Merzhin qui nous propulse au-delà de cette actualité brûlante dans un futur pas très désirable. Marche ou crève, marche ou rêve ?

Crédit photo : Merzhin

Paysage de l’hypocrisie et science-fiction

Il semble que la scénario catastrophe avec une centrale nucléaire toujours pas démantelée, réparée à coup de pansements depuis des années, ait été évité. Enfin, c’est ce que nous raconte la presse locale par la voie d’une chargée de communication.

Un documentaire réalisé par Brigitte Chevet s’intitule « Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s’éteindre ». Ce film a reçu le prix de l’enquête scientifique au festival du journalisme d’Angers en 2008. Je le recommande vivement, même si vous êtes au bout du monde.

Etrangement, l’incendie historique qui n’en finit pas de semer le désordre et la désolation depuis lundi dans les Monts d’Arrée, zone naturelle protégée, ne veut pas s’éteindre non plus.

Source Le Télégramme, samedi 23 juillet 2022, la guerre en Ukraine sert de prétexte à l’Etat français pour relancer usines à charbon, centrales nucléaires, alors qu’il n’arrive même pas à démanteler une des1ères centrales depuis 30 ans que ce processus est en cours. Cherchez l’erreur, même pas peur !

B comme Bonus

Pour voir d’autres dessins d’Alain Goutal sur son blog hébergé par Médiapart

Pour voir d’autres dessins de Mario Montolivo sur son blog hébergé par Médiapart

Pour télécharger le programme complet du festival 2022, cliquer sur ce lien de la Région Bretagne

Voici au choix d’autres informations relayées grâce au soutien des médias.

Paysages, un festival régional en zone rurale pour changer d’échelle et de perspectives – Eco-Bretons

Saint-Aignan : des Vikings, des concerts et un grain de folie | Pontivy Journal (actu.fr)

Emission de radio réalisée par Céline Kergonnan avec Victorien Leman

Saint-Aignan (56). Paysages, rencontres poétiques Motten Morvan (unidivers.fr)


Blablazik : ma petite distillerie plaisir avec les artistes

Blablazik est une émission de radio diffusée à l’antenne et en podcast sur Radio Breizh depuis mars 2020. Mars 2020 ? Tiens donc, ça ne vous rappelle rien ? Depuis un enregistrement avec le duo Morsgaël en amont d’un concert de St-Patrick qui n’a jamais eu lieu, je reçois régulièrement en studio, ou chez eux pour certains, des artistes qui me font vibrer le temps d’un échange improvisé. De Plan B à Blablazik, il est facile de faire le lien, de comprendre un mode de fabrique et une signature. Merci à Mondoblog et à Radio Bro Gwened d’être ces espaces où tout est possible.

Le concept de Blablazik est on ne peut plus simple. Du blabla et de la zik ! Pendant 45′, les invité.e.s ont tout loisir de nous faire partager leur univers. Je tire doucement sur les fils d’une histoire que je découvre dans l’instant. Il est question d’enfance, de relations, de racines, de références, de répertoires, d’instruments, de choix, de liberté, d’amitié. Je puise dans cette intimité éphémère ce qui donne toute sa saveur à l’émission. J’improvise et j’aime ça. Chaque morceau live apporte une respiration chargée d’émotion et (m’)ouvre à d’autres niveaux de conscience.

Passer de l’ambiance backstage au studio

J’ai créé Blablazik parce que j’ai écouté ce que m’ont dit les deux musiciens de Morsgaël sur l’intérêt d’un moment qu’ils venaient de partager avec moi. Nous ne nous connaissions pas. Le Covid aidant, je me suis lancée sans autre filet que mon plaisir de vivre ces instants à part. Comme une vraie chance. Dans une bulle de confiance et de liberté totale. Avec en prime ce privilège rare de ne rien avoir à gérer sur le plan technique. Radio Bro Gwened veille aussi bien à la prise de son qu’au montage. Quand je suis « on my own », je gère la prise de son avec mon téléphone portable et jusque là, ça le fait.

Offrir à un auditoire ce rendez-vous mensuel au gré des aléas sanitaires a été une façon simple et joyeuse d’exprimer ma solidarité avec une profession mise en péril par la pandémie. J’avais pris l’habitude des ambiances backstages à pas d’heure dans la nuit pour archiver des expressions d’artistes au gré de mes envies. Il y a du bon à s’inventer des Plan B, en toute circonstance.

Magnifique cadeau d’anniversaire, merci Blablazik

Deux ans plus tard, je mesure encore mieux la chance d’avoir su créer des conditions d’écoute pour partager un geste musical, un propos, dans un espace scénique réduit à l’essentiel. Quand le hasard s’en mêle, c’est parfois jackpot. Le jour de mon anniversaire en mars dernier, j’étais face à Sadam, le leader du groupe Imarhan, de retour en Bretagne après six ans d’absence. Vous qui avez lu certains billets sur Plan B, vous savez combien je suis complètement dingue de musique du désert.

Plutôt qu’épiloguer sur ces conversations qui m’ont apporté de vrais moments de bonheur, je vous suggère de piocher au hasard parmi les 14 podcasts déjà en ligne, selon vos propres centres d’intérêt ou envie de voyage.

Parfum d’Eden dans mon jardin monde

A sa façon, chacune de ces émissions est une invitation à croire au paradis sur terre. Elle est là la magie des artistes. Cette capacité à nous transporter loin d’un monde dont le curseur se résume parfois à trouver notre polarité quelque part entre le supportable et l’insupportable, le confort et l’inconfort, la beauté et la laideur, un trop plein d’amour ou la désespérance dans l’être humain.

Quand on apprend à distiller son plaisir à l’écoute du talent, le simple don de soi devient lui aussi un art subtil. C’est ce que je vis avec Blablazik : la sensation de créer une fragrance sonore qui explore et embaume l’espace d’un instant la profondeur de nos plus intimes capteurs. Délectation !

Accéder aux podcasts Blablazik en un clic

Vous n’avez plus qu’à vous laisser guider par une envie et si le voyage vous plaît, merci de penser à partager votre expérience d’écoute dans les commentaires. Je ferai suivre vos retours aux artistes et à la radio dont le nouveau site internet vient tout juste d’être mis en ligne.

Georges Breuil, violon, Dick Malicka, chant et guitare, forment le duo de musique irlandaise Morsgael

Pinc Floyd, Ronan et Arthur Pinc, violon et guitare, père et fils story !

Adeline Haudiquet et Doniphane, le duo intensément blues d’Akene bleu

Le trio Jinji a produit Floating world grâce à une collecte de fonds

Alexandre Guilloux, piano, Armel Le Dorze, ténor, donnent vie aux Zopioks.

Créateurs de Barok, Lomig Le Lu, Gwenvaël Le Moal, potes de maternelle

Un univers à part entière avec White Oak Standing

Ils ont tout pour vous faire aimer leur trip rock underground Shannons

Mali-Bretagne avec Yohann le Ferrand et la chanteuse Tina, Yeko cartonne

Ethiopie-Bretagne, Badume’s band, c’est une longue histoire d’amour

Cette histoire unique dépasse la fiction. Kristo a tenu promesse, la promesse d’une vie

Dourgan, quand l’âme du monde celte envahit le studio et change le monde en un solo

Anniversaire génial avec Imarhan pour inconditionnelle de musique du Sahara

B comme Bonus

Pouvoir parler de la génèse d’un projet de création bien avant sa sortie officielle, c’est aussi cela Blablazik. Et nourrir des liens d’amitié !
Je ne m’explique toujours pas ce qui me lie au blues du désert, mais je sais que Blablazik comme Plan B existent grâce à ce lien puissant
La musique, surtout chez moi en Bretagne, c’est aussi une énergie folle partagée dans une ronde de danseurs et danseuses, avec un vivier de création incroyable. Personne ne te demande si tu es pro ou amateur, tu joues quoi et tu prends ton pied.


Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?

Quatre associations du quartier de Villejean accompagnée par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble, officialisent à Rennes le lancement d’un projet artistique participatif à l’occasion de la journée mondiale de la diversité culturelle, ce samedi 21 mai 2022. Ce serait trop long à expliquer, mais cette action inédite et originale visant la promotion des valeurs défendues par l’UNESCO n’existerait pas sans Mondoblog-RFI et sans Plan B.

La démarche innovante mise sur pied depuis janvier 2022 par des femmes bénévoles de différentes générations et nationalités s’inscrit en soutien à un projet porté depuis cinq ans par une de ces associations, « Le Bougainvillier », avec une détermination exemplaire face aux difficultés rencontrées : « le Palmier câlin ». Innover, c’est accepter de ne pas rentrer dans des cases. Dans le système français tel qu’il s’applique le plus souvent à nos réalités sociales et culturelles, c’est très compliqué !

Il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel. En France, au lieu d’encourager le développement de l’initiative, voire l’innovation sociale, les cadres imposés par certaines collectivités pour promouvoir l’éducation, la culture, la créativité, sont parfois juste de parfaits outils pour entretenir des logiques discriminatoires et des jeux de pouvoir bien établis à toutes les échelles de prise de décision. Promouvoir la diversité culturelle impose un préalable : oser regarder en face les disfonctionnements et les hypocrisies sur lesquelles se sont construites nos institutions.

Françoise Ramel

Associer les habitants et des artistes

Ce que cherche à expérimenter les femmes du quartier de Villejean en prenant en main leur destin mérite qu’on oublie – le temps d’une chance donnée à l’intelligence collective et au lien social – ces cases faites pour et par des référentiels qui n’ont rien à voir avec d’autres modes de pensée et d’action, hérités des cultures et des sociétés africaines. Oui, il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel.

Sous l’impulsion d’une chanteuse bretonne, Annaïg Ramel, le projet intitulé « Etre et renaître » associe cinq artistes du territoire qui seront présentes pour le lancement du projet ce samedi et deux artistes résidant à Bruxelles et Paris : Elisa de Angélis, dramaturge italienne de 36 ans, Tina Salimata Traoré, chanteuse malienne, jeune maman solo.

Le choix s’est porté assez spontanément sur 7 femmes artistes d’horizon divers qui ne se connaissent pas. Toutes ont adhéré d’emblée à la proposition et acceptent de se lancer dans une entreprise où l’inconnu prime sur le confort et les certitudes.

Lors d’une réunion de préparation de la Journée mondiale de l’UNESCO à la Maison de quartier de Villejean en mai, avec deux responsables d’associations partenaires et deux étudiantes. Cinq femmes, cinq nationalités, une même envie d’agir – Crédit photo Françoise Ramel

Ces créatrices se verront confier les textes écrits par les habitant.e.s d’ici le 1er juillet pour les mettre en scène à partir de leur propre vécu, leur expression singulière et croisée. Impossible de dire aujourd’hui ce qui sortira de l’alambic. C’est bien là tout l’art d’un projet participatif, collaboratif, solidaire, construit sur la confiance mutuelle a priori, le respect et l’écoute réciproque. Rien d’autre.

Ces jeunes artistes sont aussi pour certaines d’entre elles des mamans solo confrontées à des problèmes de garde de leurs enfants, tout comme les femmes du quartier de Villejean qui cherchent à développer leur potentiel, à se créer des opportunités rares dans un contexte souvent peu encourageant en matière d’expression et d’émancipation.

Liberté d’agir

Cette approche collective est volontairement autonome et autogérée, sans la tutelle d’une structure sociale ou culturelle. Notre totale liberté sur la gouvernance comme sur les modalités d’action donne toute sa force au projet. Mais il laisse la place à toutes les structures de type public qui le souhaitent d’être dans leur mission : faciliter.

Accompagner sans détruire ce qui fait l’originalité d’un propos, sa substance, sa raison d’être, au nom d’une expertise ou d’une expérience jugée supérieure à celle des premiers concernés, les habitants, n’est pas si simple. Surtout dans une époque un peu-beaucoup troublée, gonflée à bloc de surcroît par les discours de compétition, de réussite. Parce que reconnue par des diplômes ou je ne sais quel présupposé donnant autorité à celui (ou celle) qui a le pouvoir de vous empêcher d’agir s’il en a envie, quelle expertise peut se prévaloir sur une autre en matière d’innovation sociale et d’action culturelle ?

L’ambition partagée avec les femmes du quartier de Villejean se fonde non pas sur le statut, l’origine, la langue parlée, l’âge, ou tout autre critère discriminatoire dans une société française ultra-formatée, peu encline à voir une richesse dans la différence, un progrès dans la coopération. Ce qui nous interpelle et nous intéresse, ce sont des potentiels spécifiques à développer, à combiner quand c’est plus efficace, et les freins rencontrés par toute femme sur son parcours, juste parce qu’elle est née femme.

A fortiori quand elle appartient à cette catégorie de population victime d’un terme barbare inventé par les chercheurs : l’intersectionnalité.

L’ intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) ou intersectionnalisme est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.

Wikipédia

Paroles de femmes

La parole de femmes engagées sera mise en avant samedi matin afin d’évoquer leurs ambitions, leurs stratégies pour concilier responsabilité familiale et vie professionnelle, ainsi que l’apport interculturel de ces quartiers populaires, assez souvent marginalisés, voire décriés dans la métropole rennaise.

Dramatiquement, des faits renforcent parfois cette image de quartier défavorisé. C’est le cas du féminicide survenu le mois dernier à Villejean. Bien sûr, nulle d’entre nous n’avait envisagé ce cas de figure au moment de réfléchir à la façon de travailler ensemble, parce que nous en avions juste envie. Parce que nous en avions l’audace.

Un format s’est peu ou prou dégagé de nos échanges informels, quand à partir d’une idée de départ, monter un festival de femmes, nous avons su dégager les points forts d’un vrai projet pertinent, susceptible de fédérer d’autres énergies bénévoles en plus de la nôtre. Un projet surtout plus léger dans sa mise en oeuvre que l’organisation d’un événement musical festif, aussi séduisante cette projection soit-elle.

Nous ne savions qu’une seule chose : il ne faudrait compter que sur nos énergies pour définir ce projet sorti de nulle part sinon de nos utopies, lui donner une forme attractive, la plus pro et sympa possible. Et ce, sans un centime de financement public avant d’officialiser les premiers temps forts programmés d’ici l’été.

Etre et renaître

La dynamique impulsée à travers l’appel à textes « Etre et renaître » donne carte blanche aux habitant.e.s avec un parti pris original : considérer la valeur de cette expression multiple, multiforme, multilangues, en misant sur un process de création artistique confié à des femmes qui se sentent concernées par des problématiques similaires dans leur vie personnelle et leur vie d’artiste.

Les réponses spécifiques à apporter en local aux besoins des mères en s’appuyant sur leur propre capacité collective à prendre en main leur destin, nécessitent de leur donner accès à un accompagnement adéquat, bienveillant, non condescendant ou autocentré sur des référentiels culturels déconnectés du vécu de ces quartiers cosmopolites, territoires vivants et créatifs, en interaction avec d’autres territoires du local à l’international.

L’appel à textes s’accompagne d’un appel à tissus. Les artistes sur scène après l’été pour présenter aux habitant.e.s le résultat de leur travail dans le cadre d’une résidence de création de trois jours seront habillées par les stylistes pro ou amateurs du quartier. Ce choix illustre l’esprit de créativité et la démarche proactive de valorisation des talents locaux au sein du concept innovant « Palmier câlin ».

Avant-goût de cette Journée UNESCO sous le signe de la création

Programme des tables rondes de 10h à 12h – Samedi 21 mai – Maison de quartier de Villejean

1ère partie : « Etre et renaître » un projet interculturel autogéré ancré au local, sur mesure (10h-11h)

Lancement officiel de l’appel à texte / Présentation de l’équipe projet bénévole interculturelle

Table ronde avec les artistes locales sollicitées pour travailler à partir des textes recueillis d’ici l’été

Présentation des étudiantes associées à la dynamique projet dans le cadre de leurs études ou par simple désir de participer (Lannion, Rouen, Amiens, Rennes …)

2ème partie : Journée mondiale de la diversité culturelle (11h-12h)

1/ Interview de Martine Doua, directrice de l’association Le Bougainvillier

Rappel des fondamentaux liés à ce projet porté par les habitant.e.s en réponse à leurs propres définitions de leurs besoins : lieu d’accueil, compétences d’accompagnement, stratégie de développement du potentiel de  chacun.e à travers une ambition collective, un résultat partagé et une autre approche de la parentalité

Etat d’avancement du projet « Palmier câlin » : quels progrès actés grâce à une expérimentation programmée en 2022 par le Comité de pilotage ?

2 / Questions posées par Françoise Ramel, présidente de TIMILIN, à Régine Komokoli, Collectif Kuné, et Maguy Ndjali Eteno, présidente de Solidarité partage des Savoir-faire

Quelle interculturalité citoyenne à Villejean et Beauregard ? Utopie réaliste et changement à l’œuvre

Identité visuelle du projet

Le visuel qui accompagne le lancement officiel du projet « Etre et renaître » a été réalisé à titre bénévole par une étudiante infirmière, Katty Bardouil, qui sera diplômée cette année. Katty est d’origine bretonne et béninoise. D’autres étudiantes ont rejoint comme elle, la dynamique et apportent leur savoir-faire à la réussite de cette proposition au carrefour de tant de regards, tant de langues et de cultures.

Une véritable aventure humaine, avant d’être une aventure de femmes !

Crédit graphisme : Katty Bardouil

L’appel à textes

L’association Le Bougainvillier et le Collectif Kuné invitent les habitants de Villejean-Beauregard à participer à un projet artistique en soutien au projet Le palmier câlin.

Chacun, chacune, peut s’emparer du thème avec ses propres mots.

« Être et renaître »


Vous pouvez écrire un texte à titre individuel ou collectif sous la forme et dans la langue de votre choix.

Clôture de l’appel à texte le 1er juillet 2022


Ce projet de quartier et votre participation sont le support de plusieurs rencontres.

Journée mondiale de la Diversité culturelle, UNESCO, samedi 21 mai

Journée nationale du Patrimoine de Pays et des Moulins, samedi 25 juin

Des scènes ouvertes au Parquet d’bal suivies d’une résidence avec 7 femmes artistes après l’été.

Les textes signés permettront de vous inviter à ces événements.

Vous pouvez choisir de rester anonyme.


Pour participer, c’est simple !

Vous déposez vos textes dans les « paniers câlins ».

Où ? Maison de quartier de Villejean, Arbre à palabre, Ferme de la Harpe

OU vous partagez votre production sous forme numérique.

 document (word, pdf, jpeg, png), fichier son, courte vidéo

Une seule adresse d’envoi : etreetrenaitre.villejean@gmail.com

Cette initiative a pour partenaires Solidarité et partage des savoir-faire, Educ-Ustawi, la Maison de quartier de Villejean, la Ferme de la Harpe, l’Association Trois regards.

Projet coopératif impulsé et accompagné par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble


Voix des îles, l’anthologie de poésie essentielle signée Eliphen Jean

Le rendez-vous du Printemps des poètes se termine en France aujourd’hui, lundi 28 mars, et vous savez quoi ? Je me sens redevable d’une promesse faite à un ami mondoblogueur : Eliphen Jean, le concepteur inspiré de Voix des îles, un ouvrage à mettre dans vos bagages et entre toutes les mains.

« Voix des îles, une anthologie qui rassemble 65 poètes, vivants. De vives voix à l’épaisseur de pierre. Des voix légères, capables de papillonner sur la paume des saisons. Et des voix griffonnées en archipel de sel et d’étincelles. D’autres également capables de porter le poids du monde… Les îles filent l’écume de leurs mots pour habiller la mer. Elles sont ces artistes, ces poètes, ces Êtres debout dans la tempête… en quête de courants pour chasser la brume.
Nous sommes entre le ciel et la mer, la baie du silence et de l’indicible. Et tout a lieu ici, comme une réjouissance entre amis, un feu de plage, un feu de mots entre les pages. »

Eliphen Jean

Le centre du poème est en endroit

plus seul que la respiration perceptible des vagues

une brèche pour avouer la douceur exténuée des mots

Élis Podnar, poétesse, Canada, Voix des îles

1, 2, 3, soleil !

Voici au moins trois bonnes raisons de tenir mon engagement, si j’exclue celle qui s’impose en premier de toute évidence, l’amitié.

1) Eliphen est un vrai poète

Il m’a ouvert à cet art de la plus belle façon qui soit. À partir de trois tout petits mots que j’avais lâchés dans une assemblée à Dakar lors d’une formation Mondoblog, presque par défi : FAIS MOI RÊVER. Je lui en serai pour toujours reconnaissante.

L’anthologie « Voix des Îles », notre archipel sonore, un putsch contre la fatalité! Économie en berne, émeutes meurtrières, des vies moissonnées par le fléau du Covid, des rêves brisés, des espoirs déçus. Le Courage, thème du Printemps des Poètes 2020, n’a pas été pour nous un vain mot. Et ensemble nous l’avons prouvé. Nous avons cru et prouvé aussi qu’il n’est pas de confinement pour les mots. Notre courage est salué par ces amis de partout, ces lecteurs qui rejoignent notre archipel, se procurent notre anthologie, en parlent avec gaieté de cœur. 

Eliphen Jean


2) Eliphen s’est métamorphosé sous mes yeux

Après Dakar, nous nous sommes donnés les moyens de nous revoir en Bretagne. Ça a pris plus d’une année mais ça l’a fait. Assez simplement, je dois dire. Sans avoir à sortir les forceps ou à rallonger les rames comme souvent pour ce type de projets. Nous avons cheminé ensemble sur un temps plus long que dix jours d’immersion au sein d’un formidable réseau dont je ne soupçonnais pas encore l’importance. Mondoblog m’apparaissait comme une vitrine, une chouette invitation à élargir mon horizon par la lecture de billets très variés. Si j’y apportais avec enthousiasme ma contribution, balbutiante puis plus solide l’exercice venant, ma culture était tout autre, nourrie par mon parcours de pédagogue, d’élue locale et de militante associative.

Cette expérience d’accueil et d’animation sur la durée d’une résidence d’écrivain a profondément marqué Eliphen. Des rencontres incroyables de la pointe Finistère au Salon Etonnants voyageurs à St-Malo l’ont transformé. J’en ai été témoin. Des choix majeurs dans sa vie d’artiste se sont décidés, arrimés, réfléchis, ici, en Bretagne, lors de ce premier et unique voyage en Europe.

J’ai cru – à tort – que cela n’avait rien changé pour moi. J’en étais presque déçue. L’urgence de l’écriture ne me prenait toujours pas à la gorge, au creux du ventre ou je ne sais où. Je suis une incorrigible cérébrale, alors forcément ça éloigne du point G de la création. Avais-je vraiment espéré que le talent d’Eliphen pouvait s’inoculer par simple porosité ?

3) Eliphen continue de me surprendre

Ce jeune poète de Cap Haïtien a fait un boulot de dingue, là où d’autres auraient baissé les bras, trouvé mille excuses pour ne pas charger la mule, réduit le monde à leur propre besoin d’exister un peu plus que selon la mesure d’un pâle et misérable écho au milieu de milliards de voix anonymes.

Il s’est passé presque cinq ans depuis mes retrouvailles à Douarnenez avec Eliphen. Je me souviens très bien de cette journée, il ne faisait pas bien chaud !
Ou est-ce que je croyais à une sorte de puissance supérieure qui m’aurait téléportée sous les tropiques par la magie d’une re-connaissance, qui était aussi une re-connexion à ce que j’avais laissé derrière moi au Sénégal, La seule présence d’Eliphen dans un port breton, je l’atteste, n’agit pas sur nos températures. Le froid armoricain par contre a malmené l’écrivain. J’ai oublié ses formules, dommage, elles ne manquaient ni de réalisme, ni de saveur.

Tenir le flambeau de l’écriture, de la lecture, de la littérature, de la parole, dans des conditions de survie, relève de la témérité. Ayant répondu à l’appel à textes, les poètes ont soutenu les Éditions des Îles dans ce premier grand projet : composition d’une anthologie de poésie insulaire, existentielle, insurrectionnelle !

Eliphen Jean

À quoi tiennent les miracles ?

Je me souviens que nous avions tous les deux conscience que nous retrouver là, au presque bout du monde, tenait du miracle. Nous étions deux étrangers liés par la volonté de croiser nos destinées comme dans une tragédie grecque.

Cela s’est vraiment joué à rien à Dakar.

J’avais envie de trouver sur le continent africain ce que j’étais venue y chercher sans savoir nommer ce désir. Nous allions reprendre l’avion. Je savais qu’après, ce serait définitivement trop tard pour attraper ce qui m’aurait échappé dans l’instant, par pudeur, paresse ou manque de confiance en moi.

Au milieu des embrassades, des valises attendant le départ, des “on reste en contact bien sûr”, de l’émotion sincère, palpable, aiguisée par l’intensité de la rencontre, j’ai attrapé Eliphen par le col (c’est une image).

Alors, enfermés dans notre bulle, dans l’air lourd à l’ombre de l’unique arbre de la cour de notre petit hébergement collectif, nous nous sommes offerts une sieste sonore.
Enfin, c’est comme ça que je m’étais imaginée la chose, si cet essai avait été suivi d’effet dans la foulée. Or non, la radio (car c’est de cela dont il s’agit, what else !), s’est invitée bien plus tard dans ma vie. Quatre ans plus tard pour être précise.

Je conserve précieusement ce fichier son comme une relique. Il n’a jamais été entendu par d’autres oreilles ! J’espère qu’il y a un Dieu des clés USB, car j’ai déjà perdu plus d’un musée personnel à chaque Fatal Système Error !

Et ta promesse alors ?

Je sens que vous vous impatientez.


À raison, je sais. J’essaie d’être l’archiviste de mes propres cartes mémoires, les recycler dans un nouveau billet avant qu’elles ne s’effacent ou s’usent à la lumière d’un présent trop brutal, trop médiocre, voire les deux à la fois. Je pourrais plus simplement vous présenter Voix des îles, non ? Mais ça, je ne sais pas. Et puis je dois avouer que je suis un peu frustrée et en colère. Parce que j’espérais accompagner Eliphen en France dans la préparation de sa première vraie rentrée littéraire. Cela aurait dû pouvoir se faire.


Dans la réalité liftée au vitriol surnagent dans le formol quelques cadavres, ceux des poètes et poétesses sacrifiés à l’urgence, aux motifs impérieux – dixit Ambassade de France qui telle Sa Majesté ouvre et ferme à son gré les frontières, c’est la loterie des visas, qu’importe le travail en amont des élus et élues locales, des associations qui construisent péniblement, bénévolement, des projets de coopération culturelle.


Je ne reviendrai donc pas sur l’épisode administratif malheureux qui nous a privés en 2021 de la présence d’Eliphen Jean sur nos projets, entre autre la 1ère édition du festival « Paysages, rencontres poétiques de Motten Morvan », à St-Aignan, et un autre nouveau festival à Rohan.

Ni carte ni territoire, mais du lien pour la lutte et l’espoir

Les îles, ce sont les poètes, les artistes en quête de courants pour chasser la brume.

Eliphen Jean


2021 a été marquée par la consécration d’un jeune auteur africain Mohamed Mbougar Sarr avec le prix Goncourt attribué à son 4ème roman « La plus secrète mémoire des hommes », présenté comme un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.

En 2022, l’UNESCO vient de récompenser Elbeau Carlynx, déjà lauréat en 2021 du Concours Chansons sans frontières, comme avant lui Jeffte Saintermo en 2020. Tous deux vivent à Cap-Haïtien comme Eliphen. Vous conviendrez qu’il est difficile de croire à une coïncidence.

Quelle marque de respect régionale et internationale viendra saluer celui qui sur son rocher en prise avec le chaos, n’a eu de cesse de donner sa chance aux auteurs, autrices francophones de sa génération, à leur génie poétique ?

Eliphen est un amoureux des mots et du pouvoir de l’écriture, un pouvoir qui s’apparente pour nous qui aurions du mal avec l’invisible, l’indicible, à la force vitale d’un monde à naître, mais qui n’advient pas.

Aparthé, je joue avec vos nerfs, là ?

Cette pensée me rappelle une réplique au tout début des « Magnétiques » de Vincent Maël Cardona (César du du Meilleur 1er film), un réalisateur de chez moi au passage. Une réplique dite au micro dans le grenier qui qui sert de studio à l’équipe d’une petite radio libre rurale dans les années 80.

Eliphen Jean aurait pu être au choix l’incarnation haïtienne de notre poète ferrailleur à Lizio ou la version volcanique de “Coucou les nuages”, court métrage du même Vincent Maël Cardona sorti en 2010, l’année où Haïti a connu l’effroi et les conséquences d’un terrible tremblement de terre.

Au printemps 2017, la dernière rencontre en librairie, suivie d’échanges lors d’une lecture publique, son recueil de poèmes « Transes » sous le bras, avait eu lieu à l’île de Groix. De quoi inspirer Eliphen un nouveau rêve fou dont il a le secret pour faire tenir les continents ensemble.

Eliphen Jean
Eliphen dans le TGV Lorient-Paris, fermeture des portes. Adieu ou au revoir ? Quel cadeau ce sourire après deux mois de résidence d’écrivain !
Crédit Françoise Ramel

Nous étions à St-Malo, quelques jours plus tôt.

Au salon « Etonnants voyageurs », Eliphen avait trouvé le moyen de faire entendre sa voix en Europe. Sa rencontre avec les Editions du Bout du monde lui a offert l’opportunité d’un tournant dans sa vie d’écrivain. Dans les allées, il a aussi rencontré Jean-Michel Le Boulanger, aujourd’hui nouveau président de ce rendez-vous international majeur. Je nous vois encore assister à une soirée dans une salle bondée. Sur scène, des poètes haïtiens, des habitués du festival, déclament leur texte tour à tour. C’est très beau.

Le lendemain, pour sublimer le tout, j’immortalise la joie et la fierté d’Eliphen de se trouver aux côtés de celui qui fait figure de pionnier pour toute une génération qui lui succède dans la quête incessante d’ailleurs et de reconnaissance : l’académicien Dany Laferrière.

De retour à Haïti, Eliphen Jean redouble de courage et décide de créer sa propre maison d’édition. Je le devine à distance, il est porté par ce souffle fougueux qu’il chevauche, une expression qui revient souvent dans sa bouche face à l’adversité de son environnement, à l’absence de perspectives.

Lors de ses nombreuses interventions en milieu scolaire de Loudéac à Locminé, le jeune poète aimait rappeler qu’il a grandi avec les mots, avec la langue française, grâce à elle, dans un cheminement solitaire au milieu d’illustres auteurs, tous morts et enterrés.

Comment ne pas souscrire à cette urgence qu’exprime si bien Eliphen de faire entendre les vivants, leurs imaginaires, leurs souffles, la musicalité de leurs univers poétiques ?

Epilogue : quand la brume laisse entrevoir un rivage

Le 11 septembre 2021, date tristement symbolique, l’anthologie imprimée en temps et en heure pour la rentrée littéraire a rejoint d’autres rêves rue Quincampoix à Paris. Splendide victoire sur l’adversité !

Un peu avant Noël, la première livraison de Voix des îles est arrivée en Haïti, ultime étape d’un long processus dont le succès repose sur la seule détermination d’un jeune poète, Eliphen Jean, pour qui baisser les bras reviendrait à piétiner lui-même le rêve qui l’aide à vivre débout, à renier cet ancrage au présent qui le pousse à ne pas agir pour lui seul, mais à ouvrir la porte à tous les chevaucheurs de houle.

A Dakar, Eliphen Jean m’avait dit comme dans cette vidéo que je vous recommande de regarder, de partager : « la littérature peut faire l’affaire ».

« Tout le monde n’est pas voué à écrire des poèmes, mais tout le monde peut poser un poème comme action ». En défendant ce postulat, Eliphen Jean réaffirme ce qu’est le rôle fondamental du poète : celui d’un.e visionnaire en résonnance avec les vibrations du vivant, celui d’un.e scaphandrier.e qui plonge dans l’obscurité des abysses pour aller chercher les origines des disfonctionnements de nos sociétés et remonte à la surface avec des trésors.

B comme Bonus

Ces témoignages illustrent d’une autre manière l’importance du travail d’Eliphen et la façon dont nous essayons, modestement, de l’encourager à distance, en Bretagne.

Témoignages collectés lors de la clôture de la Saison Africa 2020 en Bretagne, Université de Vannes

Abadenn A-du pe pas : Coopérer pour une citoyenneté mondiale- Sitala (radiobreizh.bzh)

Rencontre avec Vincent Mael Cardona, originaire d’un petit village dans les terres de Bretagne, César 2022

Abadenn A-du pe pas : Less Magnétiques – Rencontre avec le réalisateur (radiobreizh.bzh)

Témoignage poignant d’une jeune auteure haïtienne, exilée en Guyane après le meurtre de son père

Abadenn A-du pe pas : Femmes de caractères : Nitza Cavalier, écrire ou mourir (radiobreizh.bzh)


Queen Rima en quelques clics et clips

Queen Rima est l’artiste que j’ai choisie d’inviter pour le 8 mars 2022 dans Femmes de caractères. Découverte au Niger, j’aime cette jeune guinéenne dont la vie n’a rien de commun avec la mienne. J’ai été biberonnée dans les années 60 et 70 avec cette bonne vieille variété française que j’écoutais en boucle sur les bandes magnétiques de mes parents. Le gros magnéto a été remisé en 1978, quand mon père tout fier a investi dans une chaîne hifi, me laissant choisir avec lui ce qui avait l’air d’être le top du high tech : une platine, un ampli Marantz, deux grosses enceintes (que j’ai toujours), un tuner avec le lecteur cassette. Je me souviens pourtant que le vendeur parlait déjà d’une innovation qui n’allait pas tarder à inonder le marché : le compact disc.

Que disent les vendeurs en 2022 ? Un truc du genre : « qui écoute encore des CD aujourd’hui » !

De la touche Marche du magnéto à la playlist en streaming

Si je pense à la façon dont les nouvelles technologies et le numérique ont révolutionné notre rapport à l’écoute, j’ai le tournis. Ce qui me subjugue plus encore, c’est ce que la jeunesse actuelle parvient à réaliser avec ces outils qui changent surtout la façon de produire du son, de le diffuser, en grande partie grâce au développement des réseaux sociaux.

La culture musicale de mes enfants est bien plus variée, plus riche que la mienne à leur âge. Je l’ai vérifié aussi au fin fond du désert en rencontrant de jeunes nomades. J’avais pourtant l’impression d’être une privilégiée, de m’intéresser à des esthétiques plus variées que ce que nous proposaient TV et radios de l’époque, dont l’offre s’est elle aussi incroyablement démultipliée.

Je n’ai pas connu Woodstock, j’avais 4 ans en mai 68. Je m’identifiais à cette vague Peace and love sur fond de révolution culturelle comme on respire l’air ambiant. L’année du bac, 1982, j’ai été profondément secouée par le film The wall de Pink Floyd. J’ai dansé des nuits entières sur Téléphone, Nina Hagen, Bob Marley, Police. J’ai eu 20 ans à l’époque bénie des années 80.

En 2021, en Hongrie, l’émotion intacte d’un titre de Pink Floyd devenu mythique.

J’aimais et j’aime toujours Dire Straits. Je me vois encore attendre dans un sous-sol d’université l’heure d’un oral en me relaxant avec Tears for fears dans l’auto-radio. Selon ce que je percevais du monde, c’était déjà d’une grande diversité. J’ai aussi traîné mon accoutrement de bretonne baba cool dans les concerts punk à Londres et dans de grands rassemblements open air en Allemagne.

Percer avec son flow ou disparaître dans le flux

J’ignorais que 30 ans plus tard, j’aurais autant de plaisir à m’intéresser à ce qui se crée aujourd’hui, à y retrouver l’énergie d’une jeunesse qui continue à inventer ses propres règles, ses propres codes.

Malgré l’offre surabondante et le matraquage médiatique des majors dominant le marché de ce qu’il convient d’appeler une industrie mondialisée, visiblement lucrative, de jeunes talents parviennent avec très peu de moyens à sortir de l’anonymat pour faire entendre leur créativité, leur différence. Un seul passeport en poche vers le succès : patience, passion, persévérance.

Comme l’explique très bien Queen Rima dans Femmes de caractères, elle n’a pas d’autre alternative que réussir. D’abord parce qu’elle a dû convaincre ses proches qui sont aujourd’hui son tout premier staff, avec une maman teinturière qui ne se prive pas de partager ses idées au stade de l’écriture, de lui donner sa bénédiction avant chaque concert. Ensuite parce qu’il n’y aucune place au découragement dans sa vie, quelques soient les obstacles à surmonter. Ce succès espéré, elle le doit d’abord et surtout à ses fans, ses « yout » comme elle dit.

En 2018, Queen Rima tourne ce clip au Niger. Le Festival Sahel Hip Hop la consacre Meilleure artiste féminine de l’année.

A 25 ans, Queen Rima est une artiste accomplie

Un seul passeport en poche vers le succès : patience, passion, persévérance. Voilà bien trois qualités dont fait preuve Queen Rima à Conakry. Avec en prime un naturel et une humilité que j’apprécie à leur juste valeur dans un milieu professionnel qui accentue les effets d’égo, la compétition : le spectacle vivant.

Je vous invite à découvrir le nouvel EP « Température », cinq titres en écoute sur toutes les plateformes depuis le 12 mars que Queen Rima offrent à ses fans en attendant de retourner en studio pour enregistrer son prochain album.

Mais depuis Niamey, la reine incontestée du dancehall en Guinée rêve encore d’avoir l’opportunité de percer à l’international. Elle met toutes ses forces dans la balance, portée par l’engouement que suscitent son style et sa personnalité dans sa génération.

Sur cette photo prise à Niamey pendant le forum que j’avais organisé en avril 2018 pour le festival Sahel Hip Hop, je ne sais pas encore que la jeune femme au chapeau à ma droite est une vraie performeuse : Queen Rima.

Je suis très impressionné par son talent. C’est fou ce qu’elle arrive à faire sur un riddim. C’est un plaisir de travailler avec Queen Rima. Elle est super pro et d’une simplicité rare. Elle sait ce qu’elle veut, n’hésite pas à proposer ses idées. J’ai eu la chance d’écouter quelques projets de morceaux qui seront sur son prochain album. C’est de la bombe, qui ne demande qu’à exploser. En Guinée, il n’y en a pas deux comme elle. Il manque juste les bonnes connexions pour que son potentiel énorme soit reconnu à l’international comme il l’est déjà chez nous.

Idyllique, réalisateur du clip « Boss up »

Tu me connais mal

Avec le premier titre de son EP, « Boss up », accompagné d’un clip coup du poing signé par Idyllique, Queen Rima parvient à se hisser dans la sélection Afro-club de RFI. Une première victoire. Car la reconnaissance pour tout artiste doit aussi venir de l’étranger. Elle enchaîne à Conakry les interviews sur les plateaux médias. Dans ce morceau, une formule simple claque en français comme une provocation : « tu me connais mal ».

Donner à Queen Rima l’opportunité de s’exprimer sur une radio bretonne en amont de la sortie de son EP est ma façon de lui redire toute mon admiration et mon profond respect pour son courage. Je suis aussi touchée par la femme et l’artiste, que par sa musique.

Je prends un vrai plaisir à me laisser portée par son sens du rythme, la musicalité de son phrasé – elle ne vient pas de la danse pour rien. J’aime me plonger dans ses textes, dont je ne comprends que des bribes. Pour l’avoir côtoyée, pour l’avoir vue haranguer et galvaniser une foule, seule sur une immense scène, je sais qu’elle n’a pas fait tout ce chemin pour raconter n’importe quoi.

L’énergie du dancehall faite femme

Vous pouvez écouter le podcast de cette entrevue exclusive de 35′ ici. C’est un aperçu riche d’enseignement sur l’opiniâtreté et l’honnêteté d’une femme qui n’entend pas renoncer à ses rêves. Elle a choisi de se mesurer aux hommes qui dans son pays sont les maîtres sans partage de la scène. Elle le fait savoir, avec fierté, humour et finesse. N’en doutez pas, elle est leur égale !

Intéressante performance visuelle qui donne une dimension juste de la singularité de Queen Rima sur la scène africaine.

Queen Rima détourne les clichés à son avantage sans jouer sur le superflu. Elle se met en scène en artiste guerrière sublimée par la beauté de corps masculins figés dans leur force et leur plastique musclée. Ici la parole est femme, la parole frappe et dégage sa propre force, au naturel. Nul besoin d’artifice ou de grimer les codes usés d’héroïnes ultra féminines, ultra formatées. Queen Rima incarne cette liberté assumée. Elle est la voix d’une génération qui peut se construire avec d’autres manières de penser son rapport à l’autre, à l’émancipation, à la création. 

Françoise Ramel, Music in Africa, 14 mars 2022

Good vibes

Pour voir le chemin parcouru, pour apprécier le flow intuitif et incisif de Queen Rima, voici un clip qui nous ramène cinq ans en arrière. Dans cette version brute de décoffrage, tout est déjà en place.

Je pourrais disserter sur toutes les images qui me viennent quand je pense à Conakry, je pourrais m’appesantir sur cette envie à portée de billet d’avion : changer de planète pour me convertir au dancehall. Oui, je veux danser moi aussi dans une ambiance surchauffée sur les titres de Queen Rima. Car dans ma cuisine, c’est sympa, mais ça manque cruellement de fun.

En attendant, je ne me lasse pas de mon son préféré dans l’EP « Température », même si je les aime tous. Celui-là sonne comme une invitation à ne pas remettre à plus tard ce que j’aurais pu décider depuis ma rencontre avec Queen Rima en 2018 : m’immerger dans ses good vibes !

B comme Bonus

Queen Rima | Facebook

Queen Rima – YouTube

Emission spéciale Africa 2020 du 30 mars 2021, interview de Queen Rima et sortie en avant-première mondiale du titre Who nha nadahki en langue soussou.

Abadenn A-du pe pas : De Conakry à Kismayo, l’Afrique s’invite à la radio (radiobreizh.bzh)

Sur le trajet à l’aller puis comblée par l’expérience inoubliable à Agadez, avec Queen Rima, une amitié est née dans la simplicité d’une rencontre.


Sarah, Enora, Jeannette, Sandrine, Josiane, Annaïg, Lucie, Lidwine

Toutes ont ce quelque chose en plus qui me touche, m’interpelle. Ce n’est peut-être rien d’autre qu’une bonne dose de courage. Ces femmes sont belles, fortes sans nier leur sensibilité, bien au contraire. J’ose espérer que cela s’entend. Sarah, Enora, Jeannette, Sandrine, Josianne, Annaïg, Lucie et Lidwine ne se connaissent pas. Elles sont les huit premières invitées de « Femmes de caractères » en 2022.

La 9ème n’est autre qu’une amie de coeur, reine du dancefloor dans sa capitale africaine, Conakry, en Guinée. Une artiste urbaine de 25 ans rencontrée grâce à Plan B et au festival Sahel Hip Hop en avril 2018 au Niger. Queen Rima et moi étions en enregistrement ce matin pour marquer la journée du mardi 8 mars par nos différences d’âge, de culture, de couleur, de références, et surtout de style.

Qui prétend que cette différence n’est pas le premier levain d’une étonnante complicité que rien ne vient nourrir sinon le vécu d’une brève mais intense rencontre et la conviction que nous pouvons nous apporter du bonheur mutuellement, même à distance ?

Mars, le mois des femmes

Le 1 mars, Ludwine Dakouri témoignait de son parcours de jeune ivoirienne, étudiante en master à Rouen. J’apprenais pendant notre échange enregistré que son sujet de mémoire porte sur la place des artistes africaines dans le développement des filières musicales. Je me sens tout de suite proche de Lidwine dont je ne sais rien. Je découvre surtout une très belle histoire familiale.

Là-bas, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, un papa écoute entouré de sa famille. L’âme et la jovialité de deux grands-mères disparues planent sur les ondes. L’amour d’une mère est palpable. Je pourrais dire que c’est parce que mon invitée est africaine. Mais non, d’autres invitées, Elisa de Angélis, Gene Quéré, Lorène Bihorel, devenue mère il y a peu, ont préféré évoquer ce lien qui les a construites plutôt que choisir une autre figure inspirante.

J’aime penser que je comprends mieux des espaces infimes de ce qui nous est offert par d’autres cultures, d’autres communautés, à travers ces témoignages collectés aux quatre vents, en accédant à ces espaces intimes où m’invitent à entrer des inconnues, loin des discours convenus.

Queen Rima a tourné ce clip au Niger au retour d’Agadez. L’artiste a choisi cette chanson Game over pour Femmes de caractères.
Son nouvel EP Température sera dévoilé le 13 mars, les fans s’impatientent et lui réclament un album !

Surprise et encouragée par l’aplomb de Lidwine, j’ai eu envie de solliciter Queen Rima à Conakry pour lui proposer d’être la voix du 8 mars dans Femmes de caractères. Je m’autorise à choisir une égérie, une vraie star dans son pays, pour fêter à ma manière une journée internationale tristement indispensable pour dire et redire que rien n’est jamais acquis pour les droits des femmes.

Sortir des schémas de domination

Nous perdons inutilement un temps et une énergie précieuse à cause de cette ineptie qu’est l’inégalité de traitement entre des hommes et des femmes « libres » dans des Etats démocratiques, que ces pays soient riches ou pauvres, de veilles démocraties ou de fragiles constructions à consolider en misant sur l’éducation, la culture, l’émancipation, la coopération et la protection de ressources vitales pour nos économies locales.

Si Vladimir Poutine envahit l’Ukraine au mépris de toutes les mises en garde, s’il attise les tensions au risque d’une guerre mondiale, ce n’est pas seulement parce que ça le démange depuis très. longtemps ou parce cette grande voisine est un magot trop tentant. C’est aussi parce qui l’idée même de liberté l’insupporte, parce qu’elle ne sert évidemment ni ses intérêts, ni sa conception du pouvoir.

Il n’est pas interdit de faire un parallèle concernant d’autres rapports ancestraux de domination, d’empêchement, qui n’ont pas toujours conditionné les rapports hommes-femmes dans nos sociétés.

Sortir des visions simplistes

Le mardi 8 mars en Guinée, il y aura quelques oreilles branchées sur une petite radio associative bretonne, comme c’était le cas à Abidjan cette semaine. C’est ma façon de conjurer l’angoisse et le drame humain au premier plan sur nos écrans.

C’est aussi une manière de prendre à contrepied les visions simplistes, clivantes, méprisantes, qui menacent encore et toujours les droits des femmes, formatent nos comportements, nos jugements. Queen Rima remplit des stades à Conakry. Ce n’est pas son audience qui m’intéresse, ni le buzz lié à la sortie annoncée de son nouvel EP « Température ».

Cette jeune artiste m’a touchée à Niamey et à Agadez par son engagement, sa présence scénique, sa personnalité. Ce qu’elle accomplit en exprimant son talent est à mes yeux un symbole d’espoir pour toute une génération, même si cet espoir utilise les codes d’une féminité exacerbée, provocatrice, quand ce que j’aime chez Queen Rima, comme chez ma fille, c’est sa beauté au naturel.

Je ne peux que vous inviter à vous brancher sur Radio Bro Gwened ou Radio Breizh mardi 8 mars à 12h et à 18h (heure de Pontivy) pour entendre le témoignage de cette jeune femme émancipée qui ouvre la voie à tant d’autres. Soit 11h ou 17h, heure de Conakry !

Cap sur les prochains 50 podcasts ?

Il y a deux ans déjà, je publiais un billet intitulé « 8 mars, 8 podcasts » pour la Journée internationale des Droits des femmes. J’avais décidé d’arrêter l’émission avant l’été. Idem en 2021. Après quelques confinements, j’avais dit : cette fois j’arrête. Résultat ? Femmes de caractères a passé le cap des 50 portraits mis en ligne sur Radio Breizh le 22 02 2022. En temps de paix !

Je vous propose de découvrir à travers six podcasts (bientôt huit) la diversité des parcours, des centres d’intérêt de celles qui s’invitent dans mon émission, peu importe leur âge, leur origine, leur motivation à prendre ce risque, à tout simplement me faire confiance, se faire confiance. Pour écouter le podcast de votre choix, cliquez sur le nom de l’invitée.

En bonus, vous pouvez aussi découvrir l’épisode dédié aux femmes de ma toute première série radiophonique enregistrée pendant le Festival Longueur d’ondes à Brest, fin janvier.

Sarah, Enora, Jeannette, Sandrine, Josiane, Annaïg

A vous de choisir et de faire voyager ces témoignages de femmes, de vous intéresser à d’autres initiatives prises ici et là pour que la lutte pour les droits humains et l’égalité femme-homme devienne un jour obsolète. Ce n’est pas demain la veille, puisque des logiques de destruction irresponsables héritées du XXè siècle viennent de s’imposer à la table des non-négociations réarmant de fait la haine, la violence, le défiance et … le chaos !

Sarah Schein

Sarah Schein est une énigme pour qui voudrait la décrypter avec les codes d’un monde contemporain, furtif, fuyant, pressé, oppressant, bruyant, superficiel, troublé, troublant, par certains côtés, inhumain et complètement déconnant. À 19 ans, Sarah Schein porte en elle une assurance et une clarté dans la façon de s’exprimer qui laissent perplexe. 
Non que le propos fasse douter de sa sincérité, de sa profondeur. 
Sarah Schein est juste ailleurs. Ou plus précisément, elle est juste et ailleurs. 

Sarah Schein
Crédit photo Claire Pérez

Enora de Parscau

Enora de Parscau n’a pas toujours été chanteuse professionnelle et elle aurait pu passer à côté de ce qui fait son quotidien aujourd’hui. Ultrasensible, cette grande artiste bretonnante a su trouver les ressorts pour s’affranchir des chemins tout tracés et saisir l’opportunité de riches collaborations artistiques. 
Enora de Parscau nous associe à un voyage intérieur qui nous fait traverser les frontières de l’espace et du temps, de l’enfance bercée par des chants traditionnels aux chants du monde. 

Enora de Parscau et Yolaine Delamaire forment le duo Dame Angèle
Crédit photo Françoise Ramel

Jeannette Badouel

Jeannette Badouel est ivoirienne mais aussi rennaise, ou faut-il la considérer comme une bretonne faisant partie des 13 femmes maires de Côte d’Ivoire ?  
La réduire à cette double culture serait lui faire injure, même si cela dit déjà beaucoup de celle qui a choisi de quitter sa vie confortable pour consacrer son temps à un village rural à plus de 600 kilomètres de la capitale, non loin des frontières du Mali et du Burkina Faso, dont on sait les difficultés. Au fil de la discussion se révèle une personnalité qui semble ne s’être construite sur aucun modèle existant et dont la seule préoccupation serait l’efficacité d’un engagement et la force du collectif. 

La fierté de Jeannette Badouel repose sur des réussites et des valeurs, une vision, un projet.  Son témoignage aide à concevoir comment le parcours singulier d’une femme dont l’histoire relie deux continents peut illustrer les importantes mutations à l’oeuvre dans ce siècle. 

Crédit photo Françoise Ramel

Sandrine Bihorel

Ex-élève des Beaux Arts de Rennes, l’artiste plasticienne partage dans cette émission les choix, les postures assumées qui lui ont permis de tracer un chemin très personnel. Dans ce rapport intime à l’acte de création, souvent solitaire, elle parvient à concilier valeurs, aspirations, inspirations, sans trahir son exigence, son indépendance.
Feutrière, elle nous apprend ce qui fait l’originalité de cette pratique artisanale ancestrale, le secret d’un matériau qui vit, se transforme entre ses doigts. Ses créations sont exposées dans le monde entier. Elle veut que ses œuvres soient légères et transportables. Sa recherche vise à faire appel le moins possible à des interventions mécaniques, comme si elle rêvait d’un monde cousu main, patiemment, amoureusement, humblement.

Crédit photo Lorène Bihorel

Josiane Cueff

Josiane Cueff vit à Brest, la ville qui l’a vue grandir. Elle a consacré sa vie professionnelle à défendre des valeurs humanistes, inspirée notamment par la pensée d’Edouard Glissant qu’elle a eu la chance de rencontrer. Elle ignorait alors qu’une affectation l’amènerait à assister à son enterrement, à peine arrivée sur un nouveau poste dans les Caraïbes.
L’ouverture à l’autre, le dialogue interculturel, ont été pour Josianne Cueff un tremplin pour découvrir le monde, notamment l’Amérique latine, où elle a exercé en tant qu’attachée culturelle. C’est une histoire d’engagement. S’y mêlent comme toujours ou presque, croyances, utopies, et principes de réalité.

Crédit photo Françoise Ramel

Annaïg Ramel

La place essentielle du chant dans sa vie interroge sa condition de femme, de mère, désireuse de consacrer du temps à la création, à des projets qui impliquent des collaborations avec d’autres artistes. 
Annaïg Ramel partage son cheminement personnel entre attachement à l’authenticité du chant traditionnel, à l’écriture, à la recherche de sa propre expression, contemporaine. 
L’intériorité, l’écoute de soi qu’a su développer cette artiste bretonne sont un socle solide pour assumer des choix, apprendre à respecter son rythme, se détacher des pressions diverses liées au besoin légitime de reconnaissance et de validation. 
Il est question ici d’une inspiration blottie au plus profond de l’intime, de persévérance, de courage, qui auraient pu ne jamais se dire et trouver place dans un processus de création.

Crédit photo Annaïg Ramel

Lucie Thill, 50ème invitée de Femmes de caractères !

Merci à Lucie Thill, paysanne bio dans une petite commune bretonne de la région de Pontivy, mère de quatre enfants, d’avoir été la 50ème invitée de l’émission Femmes de caractères. Elle le dit elle-même dans la vidéo, un très bon moment. Depuis, cette émission l’a aidée à trouver un logement plus proche de sa ferme, alors qu’elle n’ y croyait plus vraiment – Crédit vidéo, Françoise Ramel

Lidwine Dakouri

Lidwine Dakouri est ivoirienne. Avant de reprendre des études de Master en France, elle a voyage dans plusieurs pays africains. Au Niger, elle prend conscience en fréquentant des structures culturelles qu’elle veut faire son chemin professionnel dans ce secteur et contribuer à outiller les artistes, notamment les femmes. Elle est étudiante à Rouen et s’implique dans des projets de coopération. 

Parmi ces projets qui l’intéressent, Lidwine a souhaité suite à l’émission apporter sa contribution à un projet porté par des femmes de différents horizons et sept artistes à Villejean, un quartier multiculturel de Rennes : « Etre et renaître »

Lidwine Dakouri -Crédit Lidwine

B comme Bonus

Accéder à tous les podcasts Femmes de caractères déjà en ligne

30′ pour entendre les voix de femmes croisées à Brest grâce à Longueur d’ondes, passionnant

Abadenn A-du pe pas : Longueur d’ondes : Femmes sur les ondes (radiobreizh.bzh)

Pour entendre le 1er épisode de cette série consacré à ce festival incontournable

Abadenn A-du pe pas : Longueur d’ondes : L’esprit d’un festival unique en France ! (radiobreizh.bzh)

En savoir + sur le projet créé en 2022 à Rennes grâce à l’émission Femmes de caractères