Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?

Article : Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?
Crédit: Katty Bardouil

Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?

Quatre associations du quartier de Villejean accompagnée par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble, officialisent à Rennes le lancement d’un projet artistique participatif à l’occasion de la journée mondiale de la diversité culturelle, ce samedi 21 mai 2022. Ce serait trop long à expliquer, mais cette action inédite et originale visant la promotion des valeurs défendues par l’UNESCO n’existerait pas sans Mondoblog-RFI et sans Plan B.

La démarche innovante mise sur pied depuis janvier 2022 par des femmes bénévoles de différentes générations et nationalités s’inscrit en soutien à un projet porté depuis cinq ans par une de ces associations, « Le Bougainvillier », avec une détermination exemplaire face aux difficultés rencontrées : « le Palmier câlin ». Innover, c’est accepter de ne pas rentrer dans des cases. Dans le système français tel qu’il s’applique le plus souvent à nos réalités sociales et culturelles, c’est très compliqué !

Il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel. En France, au lieu d’encourager le développement de l’initiative, voire l’innovation sociale, les cadres imposés par certaines collectivités pour promouvoir l’éducation, la culture, la créativité, sont parfois juste de parfaits outils pour entretenir des logiques discriminatoires et des jeux de pouvoir bien établis à toutes les échelles de prise de décision. Promouvoir la diversité culturelle impose un préalable : oser regarder en face les disfonctionnements et les hypocrisies sur lesquelles se sont construites nos institutions.

Françoise Ramel

Associer les habitants et des artistes

Ce que cherche à expérimenter les femmes du quartier de Villejean en prenant en main leur destin mérite qu’on oublie – le temps d’une chance donnée à l’intelligence collective et au lien social – ces cases faites pour et par des référentiels qui n’ont rien à voir avec d’autres modes de pensée et d’action, hérités des cultures et des sociétés africaines. Oui, il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel.

Sous l’impulsion d’une chanteuse bretonne, Annaïg Ramel, le projet intitulé « Etre et renaître » associe cinq artistes du territoire qui seront présentes pour le lancement du projet ce samedi et deux artistes résidant à Bruxelles et Paris : Elisa de Angélis, dramaturge italienne de 36 ans, Tina Salimata Traoré, chanteuse malienne, jeune maman solo.

Le choix s’est porté assez spontanément sur 7 femmes artistes d’horizon divers qui ne se connaissent pas. Toutes ont adhéré d’emblée à la proposition et acceptent de se lancer dans une entreprise où l’inconnu prime sur le confort et les certitudes.

Lors d’une réunion de préparation de la Journée mondiale de l’UNESCO à la Maison de quartier de Villejean en mai, avec deux responsables d’associations partenaires et deux étudiantes. Cinq femmes, cinq nationalités, une même envie d’agir – Crédit photo Françoise Ramel

Ces créatrices se verront confier les textes écrits par les habitant.e.s d’ici le 1er juillet pour les mettre en scène à partir de leur propre vécu, leur expression singulière et croisée. Impossible de dire aujourd’hui ce qui sortira de l’alambic. C’est bien là tout l’art d’un projet participatif, collaboratif, solidaire, construit sur la confiance mutuelle a priori, le respect et l’écoute réciproque. Rien d’autre.

Ces jeunes artistes sont aussi pour certaines d’entre elles des mamans solo confrontées à des problèmes de garde de leurs enfants, tout comme les femmes du quartier de Villejean qui cherchent à développer leur potentiel, à se créer des opportunités rares dans un contexte souvent peu encourageant en matière d’expression et d’émancipation.

Liberté d’agir

Cette approche collective est volontairement autonome et autogérée, sans la tutelle d’une structure sociale ou culturelle. Notre totale liberté sur la gouvernance comme sur les modalités d’action donne toute sa force au projet. Mais il laisse la place à toutes les structures de type public qui le souhaitent d’être dans leur mission : faciliter.

Accompagner sans détruire ce qui fait l’originalité d’un propos, sa substance, sa raison d’être, au nom d’une expertise ou d’une expérience jugée supérieure à celle des premiers concernés, les habitants, n’est pas si simple. Surtout dans une époque un peu-beaucoup troublée, gonflée à bloc de surcroît par les discours de compétition, de réussite. Parce que reconnue par des diplômes ou je ne sais quel présupposé donnant autorité à celui (ou celle) qui a le pouvoir de vous empêcher d’agir s’il en a envie, quelle expertise peut se prévaloir sur une autre en matière d’innovation sociale et d’action culturelle ?

L’ambition partagée avec les femmes du quartier de Villejean se fonde non pas sur le statut, l’origine, la langue parlée, l’âge, ou tout autre critère discriminatoire dans une société française ultra-formatée, peu encline à voir une richesse dans la différence, un progrès dans la coopération. Ce qui nous interpelle et nous intéresse, ce sont des potentiels spécifiques à développer, à combiner quand c’est plus efficace, et les freins rencontrés par toute femme sur son parcours, juste parce qu’elle est née femme.

A fortiori quand elle appartient à cette catégorie de population victime d’un terme barbare inventé par les chercheurs : l’intersectionnalité.

L’ intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) ou intersectionnalisme est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.

Wikipédia

Paroles de femmes

La parole de femmes engagées sera mise en avant samedi matin afin d’évoquer leurs ambitions, leurs stratégies pour concilier responsabilité familiale et vie professionnelle, ainsi que l’apport interculturel de ces quartiers populaires, assez souvent marginalisés, voire décriés dans la métropole rennaise.

Dramatiquement, des faits renforcent parfois cette image de quartier défavorisé. C’est le cas du féminicide survenu le mois dernier à Villejean. Bien sûr, nulle d’entre nous n’avait envisagé ce cas de figure au moment de réfléchir à la façon de travailler ensemble, parce que nous en avions juste envie. Parce que nous en avions l’audace.

Un format s’est peu ou prou dégagé de nos échanges informels, quand à partir d’une idée de départ, monter un festival de femmes, nous avons su dégager les points forts d’un vrai projet pertinent, susceptible de fédérer d’autres énergies bénévoles en plus de la nôtre. Un projet surtout plus léger dans sa mise en oeuvre que l’organisation d’un événement musical festif, aussi séduisante cette projection soit-elle.

Nous ne savions qu’une seule chose : il ne faudrait compter que sur nos énergies pour définir ce projet sorti de nulle part sinon de nos utopies, lui donner une forme attractive, la plus pro et sympa possible. Et ce, sans un centime de financement public avant d’officialiser les premiers temps forts programmés d’ici l’été.

Etre et renaître

La dynamique impulsée à travers l’appel à textes « Etre et renaître » donne carte blanche aux habitant.e.s avec un parti pris original : considérer la valeur de cette expression multiple, multiforme, multilangues, en misant sur un process de création artistique confié à des femmes qui se sentent concernées par des problématiques similaires dans leur vie personnelle et leur vie d’artiste.

Les réponses spécifiques à apporter en local aux besoins des mères en s’appuyant sur leur propre capacité collective à prendre en main leur destin, nécessitent de leur donner accès à un accompagnement adéquat, bienveillant, non condescendant ou autocentré sur des référentiels culturels déconnectés du vécu de ces quartiers cosmopolites, territoires vivants et créatifs, en interaction avec d’autres territoires du local à l’international.

L’appel à textes s’accompagne d’un appel à tissus. Les artistes sur scène après l’été pour présenter aux habitant.e.s le résultat de leur travail dans le cadre d’une résidence de création de trois jours seront habillées par les stylistes pro ou amateurs du quartier. Ce choix illustre l’esprit de créativité et la démarche proactive de valorisation des talents locaux au sein du concept innovant « Palmier câlin ».

Avant-goût de cette Journée UNESCO sous le signe de la création

Programme des tables rondes de 10h à 12h – Samedi 21 mai – Maison de quartier de Villejean

1ère partie : « Etre et renaître » un projet interculturel autogéré ancré au local, sur mesure (10h-11h)

Lancement officiel de l’appel à texte / Présentation de l’équipe projet bénévole interculturelle

Table ronde avec les artistes locales sollicitées pour travailler à partir des textes recueillis d’ici l’été

Présentation des étudiantes associées à la dynamique projet dans le cadre de leurs études ou par simple désir de participer (Lannion, Rouen, Amiens, Rennes …)

2ème partie : Journée mondiale de la diversité culturelle (11h-12h)

1/ Interview de Martine Doua, directrice de l’association Le Bougainvillier

Rappel des fondamentaux liés à ce projet porté par les habitant.e.s en réponse à leurs propres définitions de leurs besoins : lieu d’accueil, compétences d’accompagnement, stratégie de développement du potentiel de  chacun.e à travers une ambition collective, un résultat partagé et une autre approche de la parentalité

Etat d’avancement du projet « Palmier câlin » : quels progrès actés grâce à une expérimentation programmée en 2022 par le Comité de pilotage ?

2 / Questions posées par Françoise Ramel, présidente de TIMILIN, à Régine Komokoli, Collectif Kuné, et Maguy Ndjali Eteno, présidente de Solidarité partage des Savoir-faire

Quelle interculturalité citoyenne à Villejean et Beauregard ? Utopie réaliste et changement à l’œuvre

Identité visuelle du projet

Le visuel qui accompagne le lancement officiel du projet « Etre et renaître » a été réalisé à titre bénévole par une étudiante infirmière, Katty Bardouil, qui sera diplômée cette année. Katty est d’origine bretonne et béninoise. D’autres étudiantes ont rejoint comme elle, la dynamique et apportent leur savoir-faire à la réussite de cette proposition au carrefour de tant de regards, tant de langues et de cultures.

Une véritable aventure humaine, avant d’être une aventure de femmes !

Crédit graphisme : Katty Bardouil

L’appel à textes

L’association Le Bougainvillier et le Collectif Kuné invitent les habitants de Villejean-Beauregard à participer à un projet artistique en soutien au projet Le palmier câlin.

Chacun, chacune, peut s’emparer du thème avec ses propres mots.

« Être et renaître »


Vous pouvez écrire un texte à titre individuel ou collectif sous la forme et dans la langue de votre choix.

Clôture de l’appel à texte le 1er juillet 2022


Ce projet de quartier et votre participation sont le support de plusieurs rencontres.

Journée mondiale de la Diversité culturelle, UNESCO, samedi 21 mai

Journée nationale du Patrimoine de Pays et des Moulins, samedi 25 juin

Des scènes ouvertes au Parquet d’bal suivies d’une résidence avec 7 femmes artistes après l’été.

Les textes signés permettront de vous inviter à ces événements.

Vous pouvez choisir de rester anonyme.


Pour participer, c’est simple !

Vous déposez vos textes dans les « paniers câlins ».

Où ? Maison de quartier de Villejean, Arbre à palabre, Ferme de la Harpe

OU vous partagez votre production sous forme numérique.

 document (word, pdf, jpeg, png), fichier son, courte vidéo

Une seule adresse d’envoi : etreetrenaitre.villejean@gmail.com

Cette initiative a pour partenaires Solidarité et partage des savoir-faire, Educ-Ustawi, la Maison de quartier de Villejean, la Ferme de la Harpe, l’Association Trois regards.

Projet coopératif impulsé et accompagné par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble

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