Buskers, ma toute première fois à Morges

Buskers, ma toute première fois à Morges

C’est bien connu, la Bretagne est une terre de festivals. Parmi ces grands événements qui ont repris place dans notre paysage culturel, il y a le festival de cinéma de Douarnenez, avec une jolie pointe d’humour dans l’édition 2022 consacrée à la Suisse. Ambiance Helvètes underground. Je n’y serai pas, je veux goûter à l’original. Les vaches violettes, les coquelicots, les abris anti-nucléaires, un peuple abonné aux votations citoyennes et tout et tout. Je vais vivre les coulisses d’un Buskers.

Buskers scène de rue
Des griots sénégalais m’invitent à danser sur leur rythme rituel Sabar. Dans la fulgurance de l’instant, je redécouvre à quel point j’aime la danse africaine. Vivre cette complicité amicale, regard dans regard, dit mieux que les mots ce qu’est la confiance.
Crédit Gennaro Scotti

B comme Buskers et Blablaboost

La voix off : 2022 ? Mais nous sommes en 2023 Fanchon !

Fanchon : Oui, oui, oui, mais ma première fois à Morges, c’était l’an dernier !

Ce billet, je ne l’ai jamais mis en ligne. Il est temps de l’actualiser et de le partager avant de retraverser les Alpes pour la deuxième édition qui se tient du 17 au 20 août. C’est aussi l’occasion d’archiver sur Plan B le lien vers l’audioblog dédié au concept que j’ai créé pour apporter ma contribution à l’initiative. Blablaboost, saison 1, c’est douze interviews d’artistes réalisées dans l’ambiance spécifique des backstages au moment du repas.

Ces petits moments de bonheur en barre ont été diffusés dans leur format Live, sans montage, chaque vendredi sur Radio Festnoz pendant trois mois. Vous avez bien lu « Fest noz ». C’est du breton, mais cette radio locale est 100% suisse et basée à Morges.

J’adore ce visuel détonnant d’un festival incontournable en BretagneSynchronicité – Crédit Festival de Douarnenez

Nous invitons des peuples différents à dialoguer via leur filmographie, leur littérature, leur musique… avec l’ici. La question sous-jacente à ce dialogue est « comment habiter la terre » ? Pour ce faire, nous restons à l’écoute des voix minorisées. La Suisse, pays façonné par des minorités, présente une filmographie rebelle et critique sur la société. Pays multilingue, à l’opposé du modèle centralisateur français. Cela ne peut que nous interroger.

Présentation de la 44ème édition du festival de cinéma de Douarnenez

Si un vent alpin souffle sur le Finistère avec l’arrivée des premières gouttes de pluie depuis des semaines, une douce brise d’Armorique teintée de parfums africains me pousse à rejoindre une équipe bénévole pour vivre « une toute première fois ».

La rue est à nous

A Morges, ancien carrefour commercial et port du XVIIème niché sur les rives du Lac Léman, je vais découvrir ce qu’est un « Buskers ». Un festival de rue si vous préférez, où les artistes se produisent face à un public et font tourner le chapeau. Hier encore, je ne savais même pas que ce mot « Busker » existait.

Maintenant je sais que j’ai déjà voyagé avec un busker. C’était au Niger. Il est marocain. Dans son pays, un musicien de rue peut se retrouver facilement derrière les barreaux d’une prison royale. Hasard ou pas, j’ai repris contact récemment avec cet artiste exilé depuis en Allemagne où il développe d’autres talents, notamment la photographie…de rue ! Je vous parlerai un jour du travail de Toufiq En Nouri, mais pour l’heure, je boucle les valises. Je vous emmène avec moi à Morges.

Carte trouvée sur un site qui recense tous les festivals Buskers, impressionnant ! Comment ai-je pu passer à côté ?
A ma gauche, Mélanie Wyss, syndique de Morges, équivalent de maire, à ma droite Laye Serrere, danseur Sabar du Sénégal. Cette photo prise à l’issue du vin d’honneur offert par la Ville montre la diversité mise en avant par la créatrice, Sylvie Pasche, professionnelle du spectacle vivant, à droite sur la photo aux côtés de Georges Grillon, créateur du Buskers de Neuchâtel.
Crédit Buskers à Morge

Comme chaque être vivant sur cette planète, un festival a un ADN propre. Impossible à cloner parce qu’il relève d’une construction complexe : mélange de système de valeurs, de trajectoires individuelles, d’organisation collective, de construction d’un récit, de mise en partage d’espaces, d’imaginaires, de temporalités, de relations, de sensations, d’émotions qui naissent et disparaissent dans l’espace public entre le montage et le démontage de l’événement.

Françoise Ramel, Plan B

2023, nous y voilà !

Le festival Buskers à Morges remet le couvert avec une nouvelle programmation tout aussi éclectique que l’an dernier. Mais revenons en vidéo sur ces rencontres incroyables qui font que j’y retourne cette année.

Crédit Esteban Sandoz, Journal de Morges

Dans le reportage réalisé dans la rue par Esteban Sandoz vous entendrez Sylvie Pasche, la créatrice du festival, un musicien breton et une conteuse cubaine parler de ce qui fait la difficulté de cette proposition, mais aussi sa valeur exceptionnelle.

J’ai vraiment plaisir à revoir ces images, à y retrouver l’émotion de tant de découvertes humaines et artistiques. Je comprends mieux pourquoi j’aspire à vivre ce type d’expérience à l’étranger, alors que je n’ai qu’à sortir de chez moi pour rencontrer et interviewer des artistes dans de superbes festivals internationaux.

Au Festival de jazz de Malguénac, Arts des villes, arts des champs, aux même dates, ou au Festival interceltique de Lorient que je couvre depuis plusieurs années avec l’équipe de Radio Bro Gwened, pendant parfois dix jours. Au fabuleux Festival des chants de marin à Paimpol qui a lieu tous les deux ans.

J’aime le son qui s’écoute en blue touches

A Morges, je vis comme un condensé de tout ce qui me plaît dans la vie, à commencer par la surprise et la liberté, mais aussi une réelle culture de l’accueil et du partage.

Comme chaque être vivant sur cette planète, un festival a un ADN propre. Impossible à cloner parce qu’il relève d’une construction complexe : mélange de système de valeurs, de trajectoires individuelles, d’organisation collective et de construction d’un récit, de mise en partage d’espaces, d’imaginaires et de relations qui naissent et disparaissent dans l’espace public entre le montage et le démontage de l’événement.

Le Buskers à Morges est en soi un exemple du genre. Un festival 100% acoustique dans la ville avec des artistes qui mouillent la chemise plusieurs fois par jour et prennent le temps de se croiser, de discuter sur la durée du festival. Cela crée une ambiance que j’affectionne particulièrement. J’aime pouvoir capter ces instants à travers mes prises de son « roots ».

C’est pourquoi je tenais à prendre part à la naissance de ce nouveau buskers dans le paysage culturel de nos amis suisses. Comme je tiens à poursuivre l’aventure avec la deuxième édition qui promet d’être tout aussi réussie que la première.

Cette ambition culturelle ancrée au local, ouverte sur le monde, est portée majoritairement par des femmes, autour de Sylvie Pasche. Je n’aurais pas fait le déplacement si cela n’avait pas été le cas. J’assume complètement ce parti pris.

Je ne cours ni après les invitations, ni après les selfies avec tel ou tel artiste, d’ailleurs je crois que je n’en ai même pas. Je ne me retrouve pas dans le zapping estival, où une foule sentimentale ressemble finalement à une autre foule sentimentale, apparemment sans soif d’idéal. Ou c’est que je n’ai rien compris du genre humain, c’est fort possible.

J’ai conscience que les festivals, peu importe leur taille, doivent pouvoir avant tout compter sur le modèle économique qui leur permet d’exister et de pouvoir renouveler l’exploit le coup d’après. Ce qui m’interroge ce sont les systèmes à l’oeuvre derrière ces mastodontes de l’industrie culturelle et la façon dont le matraquage formate nos univers.

Les Vieilles charrues ce week-end à Carhaix, 8000 habitants, les organisateurs publient cette photo sur les réseaux aujourd’hui. Les billets se vendent comme des petits pains chaque année. 7500 bénévoles participent à ce succès porté par de grosses têtes d’affiche, un budget de 23 millions d’euros, une organisation rôdée, calibrée, rigoureuse. Crédit Les Vielles charrues

De l’amour et de la magie dans l’air

Vous pourrez découvrir à partir de septembre la Saison 2 de la série Blablaboost, spécialement créée pour Buskers à Morges, avec l’envie de voir la proposition intéresser d’autres festivals bien sûr. Qui qu’en veut ?

En attendant voici de quoi goûter au souffle d’Alambaya et vous laisser captiver par le duo composé de Damien Jalasson et Marco Fonalf qui a assuré le concert d’ouverture d’une toute première fois à Morges !

Je vous laisse savourer la façon dont le silence s’installe dans la pièce jusque là bruissant de conversations et de bruits de fourchette. Attention, il y a de la magie et de l’amour dans l’air.

La Ville de Morges nous accompagne, car nous faisons le choix de l’acoustique. Nous n’avons ni personnel, ni matériel technique, ni câbles pour transformer des lieux propices à la convivialité, à l’écoute, à la détente, au rire, en salle de concert aseptisée. Le seul lieu sonorisé est celui que nous préparons pour « Blablaboost », un podcast enregistré en public chaque soir du festival avec les artistes. 

Sylvie PASCHE, Créatrice du Buskers a morges

B comme bonus

Voir l’article publié par Music in Africa, août 2022

Brise africaine sur le festival Buskers À Morges | Music In Africa

Retrouvez la programmation 2023 ici avec une mondoblogueuse en couverture

Pour écouter la playlist du Buskers à Morges à 11h10 chaque vendredi sur Radio Fest Noz et mes interviews de l’édition 2023 à partir de septembre

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Commentaires

Marina Tem
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Merci de partager en vos impressions très gaies, ce festival de rue chaleureux. Buskers est un mot que je ne connaissais pas et là je découvre qu'il définit une rencontre d'artistes joyeux et engagés qui font de jolies prestances dans l'espace extérieur qui ravissent le public ! Une ambiance bigarrée et festive qui donnent envie de s'y laisser porter pendant des heures et d'admirer ces représentations sonores et visuelles très originales! Une façon humaine de connecter avec le monde, l'autre...Beau billet ^^

fanchon
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Merci Marina Tem pour ce retour qui montre l'intérêt de partager nos expériences et la découverte de façons d'habiter l'espace public dans d'autres pays