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PLAN B
Article : Un monde en héritage : invitation à voyager dans l’Histoire !
B comme BREIZH
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29 mars 2023

Un monde en héritage : invitation à voyager dans l’Histoire !

Qui n’a pas en tête de grandes épopées, le destin funeste d’explorateurs partis à la recherche de connaissances ou de conquêtes loin de leur foyer ? Qui n’a pas rêvé un jour de mettre les voiles pour tracer sa route vers des horizons inconnus ? Aujourd’hui encore, de jeunes migrants ballotés dans des filières peu recommandables s’identifient à la figure multi-millénaire de l’aventurier. Même si le sort de ces femmes, de ces hommes, de leurs enfants n’a rien d’enviable. La Bretagne est une terre de voyageurs, de voyageuses, par sa géographie comme par son histoire particulière aux portes de l’Europe face à l’Atlantique. Mais vous ne rêvez pas, c’est bien à l’intérieur de nos terres hospitalières que je vous invite sur Plan B à un sympathique voyage dans l’Histoire… du voyage ! A défaut de drakkar, goélette, galère, yawl et autres barquettes – petites barques. Ne pas confondre avec de délicieux gâteaux d’un ancien grand port breton, Nantes.

J’ai parfois du mal à comprendre pourquoi cette ouverture/aventure à l’autre semble encore poser problème pour certains dans une époque si connectée, si mondialisée. Comme si des siècles de voyages et de flux migratoires ne nous avaient rien appris de la vie, de nos différences, de nos ressemblances, de nos victoires, de nos souffrances, des bienfaits de la paix pour l’éducation, la culture, le commerce, le progrès de l’Humanité.

C’est avec d’autant plus de plaisir que j’accueille avec enthousiasme l’invitation lancée ce week-end par la Ville de Pontivy, belle cité médiévale et napoléonienne où j’ai pu vivre l’expérience de deux mandats d’élue locale avec passion et détermination. L’inauguration de la Biennale du livre d’Histoire a lieu ce soir. J’y serai.

Mais avant de nous embarquer, un petit clin d’œil musical a toute sa place ici, car le temps nous prend toujours trop de temps ! Merci Julien Clerc !

Si vous voulez connaître l’histoire de ce grand succès, voilà de quoi vous offrir un premier voyage de 5′ dans l’Histoire de la variété française grâce au podcast « Ces chansons qui font l’actu ».

Chanson de Julien Clerc en Live dans l’émission Champs Elysées du 25 septembre 1982 – INA

On a toujours un bateau dans le coeur

Dans ce Centre-Bretagne qui m’est cher, l’Argoat (forêt), par opposition à l’Armor (mer), je participe en effet en tant que bénévole à un beau salon littéraire sur le stand de Timilin et sur le plateau Média de Radio Bro Gwened. Le thème de ces journées de rencontre entre en résonance directe avec mes centres d’intérêt variés, mon engagement pour la diversité, les paysages, le partage de savoirs, la liberté d’agir.

Je vous en livre ici quelques aperçus. « Partir, partir, on a tous un bateau dans le coeur » …

L’essentiel à retenir de ce billet, c’est que où que vous soyez, quelques soient vos empêchements, le point de départ du voyage n’est jamais plus loin qu’à l’endroit du cosmos, où votre imaginaire décide de s’emparer de la première occasion pour s’évader et construire ses propres divagations.

Mon admiration va à Erwan Seure-Le Bihan, dessinateur breton qui nous offre le plaisir de pouvoir associer cette édition 2023 à un magnifique visuel. Je salue aussi la performance de Jérôme Nédélec, auteur de romans historiques, recruté par la municipalité pour gérer l’événement avec une feuille de route à appliquer en quelques mois, là où deux années de travail et de réunions étaient la règle.

C’est toujours un progrès quand la Culture relève de choix collectifs soutenus par une volonté politique qui osent s’aventurer loin des sentiers battus.

Une Biennale pas banale

« Voyages dans l’Histoire » est le thème de la dixième édition organisée par la Ville de Pontivy du 31 mars au 2 avril. Auteurs, dessinateurs, scientifiques sont invités à venir échanger avec un public familial dans une ambiance favorisant la proximité, la discussion.

Juillet 2022, invité d’honneur du Festival « Paysages » pour les 20 ans de l’association Timilin, Jérôme Nédélec fait un voyage dans l’Histoire en découvrant Motten Morvan, une forteresse du 8è-10è siècle à Saint-Aignan (Morbihan) – Crédit
Françoise Ramel

J’aime la dimension internationale que prend d’emblée ce rendez-vous rien qu’en lisant le programme de conférences et les animations proposées. J’aime aussi la façon dont les cadres sont posés, les liens tissés entre histoire du monde et notre propre histoire en tant que bretonnes et bretons.

J’apprécie que les femmes soient bien représentées dans le panel d’intervenants et pas sollicitées à la marge pour faire de la figuration, comme trop souvent encore sur certains événements, même si cela semble carrément anachronique.

Parmi les auteures de renom présentes, Irène Frain. J’ai son dernier roman sur ma table de chevet, après avoir lu les précédents, « Un crime sans importance », « Marie Curie prend un amant ». Mais il y a aussi Lucie Azéma, Blanche El Gammal, Laurence Moal …

Si vous voulez écouter Irène Frain parler de son travail d’écrivain, je vous invite à la retrouver dans mon émission Femmes de caractères. Je me souviens soudain que la toute première invitée de cette riche aventure radiophonique, créée justement pour la Biennale du Livre d’histoire en janvier 2020, quelques mois avant la fin de mon mandat, avait intitulé son recueil de poésie, Voyage en Celtie. Merci Pascale Nouaille-Degorce.

Je ne sais pas où est exactement la prochaine invitée de Femmes de caractères en ce moment, mais je sais qu’elle est sur le pont d’un vieux gréement suédois, sur lequel elle s’est embarquée cette semaine à Sète en tant que photographe.

Il s’agit d’Aurore Vinot , je vous invite vivement à suivre son travail sur son compte insta.

Irène Frain a été la première femme inspirante citée dans Femmes de caractères. Écrivaine, elle compte à son actif de nombreux romans et prix littéraires. Au micro de Françoise Ramel, Irène Frain partage son quotidien et son expérience. Elle aborde le rapport vital qu’elle entretient avec l’écriture et les vies sur lesquelles elle se documente pour construire un récit. Elle s’insurge contre une vision sacralisée de l’écrivain et nous invite dans les coulisses de sa propre vie de femme, fortement attachée à sa région d’origine : la Bretagne.

Radio Bro Gwened, texte du podcast Femmes de caractères (extrait)

Vous reprendrez bien un peu de Napoléon !

Des figures historiques dont Napoléon III et Eugénie s’invitent dans le décor de la Biennale. Le couple impérial défraye la chronique grâce à la sortie d’un ouvrage collectif au Presse Universitaire de Rennes.

Pas moins de 320 pages sont consacrées dans « La Bretagne de Napoléon III » à un voyage de quinze jours à travers lequel les spécialistes peuvent décrypter les mutations d’une société, rendre compte d’un contexte politique.

Entre relecture du passé et fantasmes, l’Histoire sert aussi d’approche révélatrice, à travers les objets qu’elle permet de mettre en lumière, des obsessions et cadres de références de notre époque contemporaine, dont le sujet traité, les faits historiques, les mentalités d’alors, sont par nature très éloignés.

Je ne suis pas de celles qui rêvent de crinolines, de poitrines pulpeuses jaillissant de torses compressés dans des corsets. Je ne suis pas non plus de celles qui applaudissent les revirements opportunistes au gré des changements de régimes à Paris.

Pontivy s’est appelée Napoléonville à plusieurs reprises et a failli s’appeler Bourbonville, après l’abdication de Napoléon 1er. De la vertu de la constance dans l’allégeance au pouvoir en place.

Mais le degré de délicatesse qui sied à la figure du neveu de Napoléon 1er pour parader en calèche au milieu de miséreux culs-terreux bretons avec d’aussi fines moustaches à de quoi capter le regard.

Ouvrage collectif sorti en 2023 présenté à la Biennale du livre d’Histoire, Pontivy

Où que vous soyez, quelques soient vos empêchements, le point de départ du voyage n’est jamais plus loin qu’à l’endroit du cosmos où votre imaginaire décide de s’emparer de la première occasion pour s’évader et construire ses propres divagations.

Françoise Ramel

Voyager dans le temps, oui mais dans quelle Histoire ?

La Bretagne dessinée par un géographe arabe né en 1100, Charif Al Idrissi. J’ai pris ce cliché au Musée des Confluences de Marrakech en décembre 2017

Parmi les conférences que j’ai envie de suivre, celle qui retient le plus mon attention est celle proposée par Jean-Charles Ducene, directeur d’études à Bruxelles, au sein de l’Ecole pratique de Hautes Etudes. Pour trois raisons simples :

  • il sera question de géographie et de Moyen-Âge
  • il sera question de la Bretagne
  • il sera question de savoirs produits dans le monde arabe

C’est exactement pour remettre en perspective connaissances et représentations qu’une Biennale comme celle proposée par la Ville de Pontivy est un moment trop rare et d’une grande valeur.

À moins de considérer que le monde va si bien qu’il est vraiment inutile de vouloir ne serait-ce que requestionner un regard autocentré depuis des siècles au service d’une certaine vision de l’Histoire, soumise à des enjeux liés à des rapports de domination économique, culturelle, politique.

Napoléon à Pontivy, Anne de Bretagne à Blois

La Ville de Pontivy n’a pas souhaité mettre de moyens pour créer un site web dédié pour l’événement malgré ce dixième anniversaire. A l’heure des réseaux sociaux, c’est quasi une contre-performance et très surprenant, d’autant que cette Biennale est le premier rayonnement culturel notoire au calendrier depuis que la cité peut se prévaloir du label Pays d’Art et d’Histoire.

Comme je disais plus haut, peut-être de façon erronée, maladroite : l’Histoire sert aussi d’approche révélatrice, à travers les objets qu’elle permet de mettre en lumière, des obsessions et cadres de références d’une époque contemporaine, dont le sujet traité, les faits historiques, les mentalités d’alors, sont de fait éloignés.

Les célèbres Rendez-vous de l’Histoire fêtent leurs 25 ans en octobre 2023. Avec une Biennale comme celle de ce week-end, seul rendez-vous de référence dans ce domaine à l’Ouest de l’hexagone, nous avons une chance énorme. D’autant que les auteurs ne se font pas priés pour répondre à l’invitation. Ils et elles adorent la Bretagne !

Il faut bien reconnaître que les moyens alloués à son grand salon littéraire par Blois, ville royale, sont sans commune mesure avec les moyens limités d’une sous-préfecture de 15 000 habitants, seule ville de Bretagne à pouvoir s’honorer d’avoir hérité dans son plan urbain d’une ville médiévale et d’une ville nouvelle au siècle des Lumières.

Pour vous qui aimez les escapades culturelles, voici un blog au nom évocateur, Envies d’ailleurs, géré par Anne-Laure Faubert, créatrice à Paris de Bulles de Culture. Vous y trouverez un article évoquant les projets de Napoléon pour « sa » ville. Un plan choisi pour illustrer le propos porte le nom de Napoléonville.

Une de mes réussites en tant qu’élue locale a été de faire inscrire dans l’Agenda 21 de la Ville de Pontivy une bourse de recherche pour les étudiants qui voudraient œuvrer à la sauvegarde du patrimoine. A ma connaissance, je crois que ce principe d’aider au développement de la connaissance n’a jamais été activé et valorisé. C’est le sens même de la notion de « choix politiques ».

Mais demain deux étudiants en Master 2 « Médiation du patrimoine », Emma Nouvel et Arthur Ruaux, seront bénévolement présents sur le stand de Timilin.

Arthur, Emma, Candice, Erwan. J’ai adoré travailler avec ces jeunes de 20 à 23 ans depuis notre rencontre à l’Université de Rennes pour un projet tutoré. Lundi débute leur stage professionnel en tant que médiateurs du patrimoine. Ils sont prêts.
Crédit Françoise Ramel

Garder intact l’attrait pour le savoir et l’inconnu

Du siècle qui a connu une révolution et la Déclaration universelles des Droits de l’Homme et du citoyen, ainsi que la loi du 16 pluviôse an II actant en théorie l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies françaises, il reste des trésors conservés précieusement à Pontivy, dont un exemplaire original de la série complète de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Bien avant que les outils d’intelligence artificielle produisent à la demande des précipités visuels d’Histoire de l’Humanité ou d’Histoire des Arts, des savants consignaient des connaissances qui relèvent du bien commun dans des ouvrages exceptionnels.

N’est-ce pas troublant de penser qu’une certaine forme d’urgence et de nécessité a commandé la réalisation d’un tel travail de collectage, de documentation et d’archivage de la connaissance ?

J’ai eu la chance de voir cette collection impressionnante après deux mandats d’élue locale, parce que j’ai voulu que naisse à Pontivy une bande dessinée qui retrace un voyage, un très long voyage, celui d’un jeune chamelier somalien.

A ma manière, j’ai ressenti l’urgence et la nécessité d’archiver un savoir utile et précieux pour mon époque. Paradoxalement, le savoir qui a voyagé jusqu’à Pontivy avec l’exil involontaire de Liban Doualé ne s’est jamais écrit ailleurs que dans une chaîne de transmission orale, et pendant dix siècles.

Il aura fallu cette forme de voyage contemporain, cet arrachement, pour qu’il s’imprime, sinon dans nos esprits, au moins sur du papier.

Mais au moins, l’Histoire se souviendra…

Brendan, de Pontivy au grand large

Et si pour finir ce billet, nous embarquions ensemble pour de vrai dans un voyage ? Celui d’un jeune pontivyen qui décide de monter un équipage dans une école d’ingénieur à Strasbourg pour prendre la mer à bord d’un catamaran en cale sèche ! Cela vous tente ?

Premier jeune breton interviewé pour le podcast « Ma parole ! », Brendan Gau est de Pontivy. J’ignorais en janvier que le thème de la Biennale serait en phase avec cette envie de voyage ! L’histoire qu’il partage est celle d’une très belle aventure collective

Rien de plus simple, sortez vos cirés jaunes, vos marinières et vos plus belles lunettes de soleil. Un casque sur les oreilles, je vous laisse le choix de la météo, mer calme ou grand vent, et c’est parti ! Cap sur l’Audioblog d’Arte Radio, Ma parole ! avec Brendan Gau.

Où il est question d’avoir un bateau dans le coeur, sur mer … et à vendre.

B comme bonus

Si l’envie vous prend de prolonger ce voyage dans l’Histoire, au gré du vent et de vos courants, voici quelques ressources. A vous de définir un cap et de choisir vos escales !

La pression régionale en parle

Les Rendez-vous de l’histoire (rdv-histoire.com)

Biennale du Livre d’Histoire 2023 – Ville de Pontivy (ville-pontivy.bzh)

SEURE-LE BIHAN Erwan (Illustrateur,Illustrateur,scénariste,scénariste,coloriste,coloriste) | soleil (editions-soleil.fr)

Représentations et cartes du monde/Histoire de la carte — Wikiversité (wikiversity.org)

Lexique : termes les types de bateaux – Chasse Marée (chasse-maree.com)

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Article : De Plan B à TV5 Monde, Liban Doualé, un bel exemple de persévérance
B comme balises à babord pour moins baliser
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12 mars 2023

De Plan B à TV5 Monde, Liban Doualé, un bel exemple de persévérance

Grâce à la création de la bande dessinée « Qalbi jab », projet labellisé Saison Africa 2020 et BD 2020 de l’association Timilin, une équipe TV de Paris a souhaité rencontrer Liban Doualé, jeune chamelier dont j’ai dressé le portrait il y a quatre ans sur Plan B.

Magloire ému aux larmes face à un jeune réfugié

Magloire en tournage en Bretagne pour Rassemlance, teaser Crédit Mémento Production
Magloire est une star du petit écran depuis Morning Live aux côtés de Mickaël Youn. En juin 2022, il pose dans un décor typiquement breton pour « Rassemblance », une série originale dont il a eu l’idée. Crédit Memento Production

Le tournage a eu lieu à Pontivy les 20 et 21 juin 2022, par un temps magnifique. Magloire en garde certainement le souvenir, tant l’histoire dramatique que lui a partagée Liban Doualé ne peut laisser personne indifférent.

C’est pour que Liban puisse partager avec le monde entier cette histoire que je me suis engagée à ses côtés dans sa procédure de demande d’asile en tant qu’élue locale.

Pour le préparer à ce type de tournage, j’ai multiplié les opportunités depuis 2018 pour qu’il ne soit pas bloqué par la barrière de la langue dans son apprentissage de la liberté d’expression.

Pire que la barrière des mots, d’autres freins légitimes, compréhensibles, limitent l’envie même de prendre la parole. Retrouver une forme de pouvoir d’agir sur sa propre vie semble vouer à l’échec tant que votre statut vous lie à une décision administrative arbitraire.

Les années que Liban a passé en Allemagne puis en France l’ont conditionné et condamné à la morosité, à l’ennui malsain d’une salle d’attente surpeuplée.

« Dudun aboor baa dhisa » (nous valons bien des termites)

Liban a conscience de n’être personne dans une société dont il ignore tous les codes. Son dossier en souffrance va mettre trois longues années à voyager dans les méandres opaques de l’administration française. Le précieux titre de séjour et l’asile politique ne lui seront accordés que fin 2020.

Vous vous imaginez, vous, sans avoir le droit de rien, trois longues années durant ? Vous n’êtes qu’un assisté dans un environnement urbain construit sur la surconsommation, où votre couleur de peau suffit à vous mettre déjà en situation de discrimination.

Au sein de votre communauté d’origine, en pleine brousse, dans un pays en prise à la guerre civile depuis votre naissance, vous étiez respecté et apprécié à votre juste valeur. Cherchez l’erreur.

Liban parle très bien de cette aberration dans un article publié par Guiti News avec ce dicton somalien, « Dudun aboor baa dhisa« , nous valons bien des termites.

Depuis mon arrivée en France puis en Bretagne en janvier 2018, j’ai souvent eu à raconter mon histoire. D’abord dans le cadre de la demande d’asile, lors d’entretiens qui font remonter à la surface toute la douleur, alors qu’au quotidien mon énergie est mobilisée pour tenter au contraire de retrouver un équilibre malgré les chocs post-traumatiques.

Liban Doualé

La force du témoignage

Face aux journalistes qui se sont intéressés à son histoire, Liban se surpasse et sort de l’anonymat. Un jour dans une médiathèque, un autre dans un cinéma. Chaque fois, il arbore un sourire généreux, un regard lumineux.

Il est à l’aise à l’oral. Il ne recule devant aucune difficulté. Il réussit même à aligner quelques mots de français pour une émission spéciale Saison Africa 2020 dans un studio de radio.

A ses côtés, le dessinateur pontivyen qui met son récit en planches de BD apporte un vrai crédit à la parole de ce jeune survivant, victime de terrorisme.

Dans cette coopération inédite, Niko a une réelle exigence : être au plus près de la réalité vécue par Liban.

Retrouvez Liban Doualé et Niko dans cette émission de radio réalisée à Pontivy en pleine pandémie pour l’Education Nationale, afin que la saison Africa 2020 ne se limite pas aux animations programmées dans de grandes métropoles

A partir de 2021, Liban commence à raconter son histoire à un autre type de public : des jeunes, des enfants.

Moi qui ne suis pas allé à l’école, j’ai découvert ce que c’est que d’intervenir en milieu scolaire. Avec les encouragements de ma voisine qui a demandé à l’association Sitala de me former, j’ai un jour embarqué dans un bus aménagé à Theix-Noyalo pour accompagner des artistes en Normandie, où j’ai rencontré des profs et des collégiens.

Liban Douale

De palier en palier, remonter à la surface du monde

« Là j’ai eu un déclic, me racontera Liban à son retour. Je me suis rendu compte à quel point mon récit avait de l’importance à leurs yeux. Un professeur a même dit qu’il faudrait rendre ce type de rencontre obligatoire. Les jeunes avaient vraiment envie d’échanger avec moi, malgré la barrière de la langue.« 

De Plan B à TV5 Monde
Dans le bus de l’association Sitala au départ pour la Normandie – Crédit Françoise Ramel

Dans cette archive sonore de Radio Bro Gwened, j’interviewe Benoît Laurent, créateur de Sitala, juste avant le départ. Liban ne sait pas trop ce qu’il fait là. Je sais qu’il m’en veut de le pousser ainsi vers des territoires inconnus.

Comment expliquer à un jeune exilé non francophone ce qui ne se comprend que dans l’apprentissage de la rencontre, de son propre potentiel à capter ce qu’elle porte en elle de rare et d’exceptionnel ?

Confiance, persévérance, l’art de créer sa chance

De retour en Bretagne, Liban Doualé accepte d’intervenir avec Niko sur plusieurs journées dans une classe de CE2 à l’Ecole L’Armorique à Vannes, puis au lycée Joseph Loth à Pontivy devant deux classes de Seconde.

Chaque fois, Niko présente l’avancement de son travail. L’histoire de Liban devient celle du personnage que découvriront les lecteurs avec la BD « Qalbi jab ». Un gars sympathique, qui lui ressemble vraiment, dans ses expressions, ses postures.

9 mars 2021, Liban s'exprime devant une classe d'enfants migrants

Vous pouvez vivre le moment de rencontre entre Liban et son double capté sur le vif dans l’atelier de Niko en regardant cette très courte vidéo. Tout y est !

Dans cette aventure humaine, la sensibilité de Niko, son intérêt pour le soufisme, sa posture d’écoute au service du récit de Liban sont d’une grande valeur. Autant que son talent d’auteur et de dessinateur. Il s’en explique sur TV5 Monde.

Un récit unique à la portée universelle : sauver des vies

Il faut du temps pour guérir de ses blessures, apprendre à vivre avec. Faire comme si la vie était un long fleuve tranquille, alors que vous devez apprendre tous les codes d’une société aux antipodes de votre culture.

Il faut du temps pour créer les liens solides avec des bretons qui peuvent vous redonner la sensation d’avoir trouvé une famille d’adoption.

Il faut du temps pour comprendre ce que d’autres attendent de vous. Quand ils vous encouragent à ne pas garder ce poids à l’intérieur. Quand ils imaginent qu’une part du chemin vers l’autre peut vous faire entrevoir d’autres horizons, rendre votre vie meilleure.

Comment la vie de Liban pourrait-elle être meilleure, alors qu’il a perdu ce qui lui était le plus cher ? Comment peut-il seulement imaginer qu’il est un trait d’union possible entre deux mondes, deux espaces-temps que tout sépare ?

Comment trouver une vraie raison d’avoir survécu au pire, si c’est pour chaque jour se sentir inutile, seul, indésirable ?

Je suis le leader of tomorrow. J’aime les gens. Je veux sauver les gens. Je veux changer le monde.

Liban Doualé

Épilogue : ce n’est qu’un début

Si ce n’était que la distance géographique entre deux continents, entre deux océans, ce ne serait pas si sorcier de s’adapter, de reprendre des forces, de considérer que tout redevient enfin possible une fois la procédure de demande d’asile enfin terminée.

Mot de l’équipe du tournage pour Liban, mars 2023 partagé sur les réseaux sociaux Crédit Mémento Production
Liban Doualé
Dessin de Prune, élève du lycée Joseph Loth, Pontivy

Ce qui était impossible hier et qui est possible aujourd’hui sans avoir eu à quitter Pontivy, c’est de faire entendre la voix de Liban Doualé dans le monde entier grâce au portrait de 26′ réalisé par Yaelle Benaim pour Mémento Production.

La série documentaire « Rassemblance » imaginée par Magloire comporte vingt portraits. J’ai cru comprendre qu’une suite est déjà envisagée, avec d’autres rencontres partout en France, d’autres témoignages poignants. Je ne peux que vous inciter à découvrir cette belle proposition dès à présent. Les films sont disponibles en ligne jusqu’en 2025. Merci de contribuer à votre tour à faire voyager ces témoignages d’exil et à sauver des vies.

Docteur de Libye et Liban Du

Est-ce que je vous ai déjà partagé cette information ? Je crois que oui.

Je voulais voir de mes yeux la première image que ce jeune chamelier avait eu de la France à travers notre capitale en plein hiver. Liberté, Egalité, Fraternité. Les premiers migrants que j’ai croisés en arrivant à la Chapelle avec Liban l’ont reconnu d’emblée.

De Paris, Liban se souvient du gazage par les forces de police et d’une journaliste américaine qui l’a interviewé discrètement avant d’être priée de dégager.

Vous savez par quel nom ces migrants ont salué Liban ? Docteur de Libye. Tout est dit !

Pour accéder au replay sur TV5 Monde, c’est ici.

Dans le livre d'Or de Rassemblance
Pendant le tournage, Liban et moi partageons un nouveau moment de complicité, face caméra. Crédit Françoise Ramel

B comme Bonus

Voici un article et une interview radio sur une grande antenne nationale pour en savoir + et un article publié par la rédaction du site web d’un magazine d’opinion, Le Peuple breton.

A la Une d’un site web d’opinion
En vingt épisodes, l’ex-animateur Magloire retrace des parcours d’exilés. En insistant sur ce qui unit et pas sur ce qui nous divise.
«Rassemblance» sur TV5 Monde : Magloire est l’invité de Culture médias

Le jour de la diffusion du portrait de Liban, nous étions nombreux réunis à Carhaix pour manifester au nom de la liberté d’expression en soutien au Poher et à France 3, cibles de l’extrême-droite.

L’intervention de Jean-Michel Le Boulanger, président d’Etonnants voyageurs « Une balle dans la tête », a marqué les esprits.

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Article : Voix du Sahara, flashback sur une programmation engagée
B comme balises à babord pour moins baliser
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31 décembre 2022

Voix du Sahara, flashback sur une programmation engagée

Du 18 novembre au 4 décembre a eu lieu l’édition 2022 du Festival des Solidarités auquel je participe grâce à Mondoblog-RFI depuis 2014. En tant que citoyenne ou élue, rien ne me permettait en Centre-Bretagne de m’associer à une initiative existante. Toutes les animations proposées se déroulaient à Rennes, Nantes ou sur des villes du littoral breton. Ce serait un peu moins vrai aujourd’hui me dit-on dans l’oreillette, mais mobiliser reste difficile. Alors quoi faire et comment ? Je ne réponds pas vraiment à cette question dans ce billet qui montre au contraire l’échec relatif d’une idée qui n’a pas rencontré son public. Pourtant si c’était à refaire, je le referais.

Nous avons rarement dépassé les 50 entrées pour nos soirées « Voix du Sahara, un film, un débat », dans lesquelles j’invite à chaque fois un ou plusieurs témoins bénévoles. Je me réjouis de chaque rencontre qui a pu avoir lieu avec la complicité précieuse de Benoît Roué, propriétaire du Cinéma Rex à Pontivy, comme de l’impact médiatique, même très local, que chaque proposition permet de générer. Ce temps d’écriture que je n’ai jamais pris pour partager l’expérience de Voix du Sahara est l’occasion d’archiver sur Plan B l’intérêt d’une aventure 100% bénévole, coopérative et solidaire.

Pour situer cet engagement militant et la raison d’être de ce concept exporté en avril 2018 à Niamey grâce à la possibilité de proposer une programmation dans une salle Canal Olympia mise à ma disposition dans le cadre de l’organisation du forum Mond’Afrique, autre concept né à Pontivy dans mon salon, je vous propose de découvrir en 2’38 la façon dont un professionnel basé à Paris parle du cinéma à impact social. Il s’appelle Gilles Dufraisse. Nous ne nous serions jamais rencontrés sans Voix du Sahara.

Pour lui, « Être un producteur à impact social, c’est ajouter un objectif à ceux qu’on a traditionnellement dans la production d’un film. » Il explique, « Habituellement on est contents si un film fait de l’audience, remporte des prix en festival, a des bonnes critiques, génère des revenus. Là, on ajoute un objectif politique et citoyen. Nous on est contents si le film a réussi à faire changer des choses, à changer les conceptions des citoyens, à faire bouger les lignes en politique.« 

Gilles Dufraisse, producteur engagé, Infocus Production

Pourquoi Voix du Sahara ?

Ce qu’il faut savoir, outre le fait que je trouve essentiel d’accompagner en zone rurale le rôle majeur des images et la création cinématographique, c’est que je n’envisageais pas une seconde de partir au désert quand je me suis lancée dans ce projet.

Voix du Sahara était une simple invitation à voyager sans quitter Pontivy, à mieux s’informer, à s’ouvrir à d’autres cultures sans autre ambition militante que le droit de croire encore à la portée des valeurs humanistes au XXIè siècle.

L’objectif, sur fond de terrorisme et d’amalgame en tout genre, était de réfléchir par nous-mêmes et d’échanger librement sur notre propre quotidien à partir de celui de nomades confrontés à une autre réalité. Faire simple, et surtout léger, comme l’auraient fait nos amis et amies du désert, parce que la beauté d’une idée est liée au voyage, aux rencontres, pas au poids du bagage.

L’idée de départ était une programmation unique en Bretagne, échelonnée sur l’année à raison de six projections par an, en accord avec le cinéma partenaire de l’association culturelle Timilin, moudre nos idées ensemble. Timilin porte cette animation dans le cadre du Festisol et du Mois de l’Economie Sociale et Solidaire, avec une interruption liée à la pandémie en novembre 2020. J’associe d’autres associations selon l’édition, le contexte et le thème du film retenu.

La Ville de Pontivy a refusé en 2014 de participer avec la modique aide de 600 euros que je sollicitais pour rembourser des frais de déplacement aux réalisatrices/réalisateurs ou aux témoins eux aussi bénéloves. Oui, vous avez bien lu ! Bénélove. Car il en faut de l’amour pour venir par exemple un soir de novembre à Pontivy quand on habite à plus de deux heures de route et qu’on a commencé son travail à 5h du mat.

Ce témoin était malien, bambara, je ne le connaissais pas. Il avait été guide dans le Nord du Mali. Je ne l’ai jamais revu. Son geste généreux reste un moment fort de l’histoire de Voix du Sahara. C’est une association du département voisin du mien, la Loire-Atlantique, Farafina Ton, qui nous avait mis en relation.

La beauté d’une idée est liée au voyage, aux rencontres, pas au poids du bagage.

Fanchon

Du désir à l’acte citoyen, des rencontres marquantes

Pourquoi Voix du Sahara ? Parce que j’ai eu beaucoup de chance, parce que j’ai osé faire des choix à l’opposé de ce qu’était mon quotidien. Petit passage introspectif pour Plan B, et surtout pour mieux comprendre.

Il y a d’abord la rencontre l’été 2013 pendant mon mandat d’élue Culture au Pays de Pontivy, avec les jeunes musiciens du groupe Tadalat venus de Kidal. Je les côtoie pendant trois mois et je décide de les rejoindre dans les Alpes à l’occasion d’un tout nouveau festival avec mon fils Maëlan, âgé de 14 ans. Il y avait vraiment longtemps que je n’avais pas programmé un tel périple ! Alors vous imaginez, loin de moi l’idée de projeter un voyage à l’étranger. Le cinéma, c’est parfait, les fauteuils sont confortables ! En plus je suis une vraie fan du son. J’ai d’ailleurs rêvé d’organiser à Pontivy un festival de musiques de film.

Dans les Alpes, je rencontre Manny Ansar, créateur du Festival au désert à Tombouctou, à qui nous devons d’avoir pu recevoir Tadalat à Pontivy. Nous n’avons pas échangé plus que quelques banalités d’usage. Mais un bref échange à l’occasion d’un débat a scellé nos regards sans qu’il soit besoin d’en dire plus. C’est ce que j’apprécie particulièrement, cela intervient rarement.

Je suis aux Houches, dans un paysage splendide de hauts sommets, ambiance vacances avec mon fiston qui retrouve Attaher Cissé, un forgeron que j’accueillerai par la suite plusieurs années dans notre maison à Pontivy. Le festival « La croisée des chemins » a programmé un film d’une photographe allemande Désirée von Trotha, dont je n’ai alors jamais entendu parler. Je mesure mon inculture. Ce film s’appelle « Woodstock in Timbuktu », c’est possiblement là, pendant la projection, que prend forme dans ma tête le désir qui deviendra « Voix du Sahara ».

Quand la salle obscure se rallume, deux jeunes Kel Tamasheq s’expriment dans un français frôlant la perfection et répondent posément aux questions très nombreuses des spectateurs. Illili Ag Elmehdi a fait le choix de rester vivre au Mali, l’ami qui l’accompagne a opté pour l’exil et s’est installé à Paris. Il fait carrière dans une grande société française.

Grâce à ce souvenir chargé d’émotion, je découvre pour écrire ce billet un reportage télévisé de janvier 2014. Il neige à Berlin. Le Sahara s’invite dans les imaginaires sur fond de guerre au Mali. Désirée von Trotha, décédée l’an dernier, y témoigne en allemand, Manny Ansar en français. Je crois reconnaître sur les dernières images un visage familier, celui d’un très jeune musicien de Tadalat.

Je repense à Mohamed, épicier de son état, à peine 18 ans. Son sourire franc, son tempérament doux et réservé, ne laissent pas deviner les violences dont Kidal ou Tombouctou sont le théâtre. Mohamed ne parle que quelques mots de français, je ne saurai jamais rien de ce jeune homme, sinon la chance improbable qu’il a eu de pouvoir se produire en Europe, aux frontières de plus en plus hermétiques.

Janvier 2014, dans un cinéma à Berlin, la réaction de spectateurs atteste le manque de connaissance sur le Mali et l’envie de mieux s’informer que le documentaire de Désirée von Trotha suscite, aussi bien sur le plan culturel que politique, selon les centres d’intérêt.

Ce qui est important pour moi, c’est de faire entendre non pas la voix d’une étrangère au Sahara, mais celle des acteurs et actrices de la société civile. Respect, tolérance, la culture des Kel tamasheq se caractérise par des valeurs humanistes.

Désirée von Trotha, Berlin, janvier 2014, Festval au désert en exil

Grâce à Youtube, il est possible de retrouver quelques rares vidéos de la tournée de Tadalat en Bretagne, dont cette répétition dans une longère mise à disposition gratuitement près de Guern par un habitant pour trois mois. Celle-ci montre les artistes en répétition avant de se rendre à Florence dans un cadre superbe, celle-là, donne une excellente idée de l’ambiance dans un village en rase campagne, quand des nomades débarquent.

Inutile de rappeler que la musique a été interdite au Nord du Mali pendant suffisamment d’années depuis la dernière édition du Festival au désert en 2012 pour ne pas mesurer l’importance et la valeur de cette énergie qui s’est invitée chez moi. Comment aurais-je pu juste fermer la parenthèse d’un été fabuleux ? Et ne pas trouver le chemin d’apporter un geste utile, même insignifiant au regard des enjeux ?

J’aurais voulu partager ici un reportage de France 3 réalisé au festival Mondialfolk de Plozévet pendant cette tournée, mais il n’est pas archivé sur le site de l’INA et le lien dans les bonus de Plan B conduit désormais au site web de France Télévision et Culturebox ! Mondial Folk : Tadalat défend la cause Touareg devant le public breton.

Quand l’imprévu s’invite au programme

Dès 2014, je programme dans ma petite ville de 15 000 habitants, « Woodstock in Timbuktu », en présence d’un musicien de Kidal, Zeidi Ag Baba, accueilli avec l’espoir de le voir intégrer le conservatoire grâce à France Volontaires via le programme Réciprocité. J’ai monté ce dossier en tant qu’élue pendant plusieurs mois après le départ de Tadalat, avec l’appui d’un bassiste breton, Etienne Callac, et deux structures culturelles au Mali, Acte 7 et le Festival au désert.

Cet espoir sera déçu, toujours à cause de l’absence de vision d’élus locaux qui viennent d’arriver après les élections municipales. Le nouveau président de la commission intercommunale en charge de valider le recrutement de ce jeune volontaire malien en service civique sans avoir à engager de financement au niveau local est pourtant musicien. Il me faudra du temps pour digérer ce gâchis et ce déni de démocratie.

Je programme dans la foulée « Timbuktu » dont les espoirs ont été déçus à Cannes. Cette proposition plus grand public n’a pas plus de succès au Cinema Rex que Woodstock in Timbuktu. Je ne comprends pas ce manque d’intérêt ni pour le sujet, ni pour un si grand film dont tous les médias parlent à l’occasion de sa sortie nationale.

Le soir de la cérémonie des Césars quelques mois plus tard, je suis devant mon poste de télévision. Ce n’est pas pour voir où en est le cinéma français, mais bien pour savoir si un film africain boudé à Cannes va enfin être mis en lumière. Pino, l’acteur principal de Timbuktu, musicien kel tamasheq qui a grandi avec Zeidi Ag Baba, est en smocking au milieu du gratin parisien endimanché réuni pour la remise de ces prix aussi prestigieux que les Oscars. Je veux partager ce moment d’émotion intense, y puiser de la motivation, de l’ambition.

Moment inoubliable dans la longue liste des éditions des Cesars. Outre le Cesar du meilleur film, Timbuktu remporte six autres statuettes et toute l’équipe présente est invitée sur scène. Fatimata Diawara fait une prestation incroyable pendant la cérémonie.

En 2015, 2016 et 2017, je choisis de ne pas m’obstiner, vu l’absence totale d’intérêt suscité par Voix du Sahara. J’oeuvre autrement jusqu’au jour où ma meilleure amie m’appelle un soir pour me féliciter. Mais de quoi ?

Je n’étais pas au courant que j’avais retrouvé mon siège d’élue à la municipalité, dans l’opposition cette fois. Un comble tout de même. Mais puisque le journal semblait affirmer la chose, c’est que cela devait être vrai.

Mes valises étaient bouclées pour un nouveau séjour au Sahara. Je me souviens avoir dit dans un sourire toute à ma joie du départ que mon retour en politique pouvait bien attendre que je sois rentrée de cette escapade hivernale. Je venais d’être retenue lors d’une sélection par Music in Africa. Je crois que j’avais de vraies envies de journalisme suite à l’expérience réussie du tournage de mon tout premier (et unique) documentaire, cette année-là au printemps, « M’hamid el Ghizlane », produit par Télé Maroc et réalisé par Laila Lahlou.

Ce n’est donc pas surprenant si Voix du Sahara revient dans le paysage culturel breton en novembre 2018, toujours dans le cadre du Festival des solidarités. Pour faire simple, je choisis d’emmener le public au Maroc avec le documentaire « Une oasis d’espoir », de Nicolas Van Ingen, produit par Infocus Production.

En juin 2018, j’étais allée à Deauville pour représenter Tahar El Ammari au Green Awards Festival et assister à la remise du prix du Meilleur documentaire à Gilles Dufraisse et Cyril Tassart.

Survivre au désert ou…

En 2019, profitant de la présence à Pontivy d’un jeune demandeur d’asile somalien d’accord pour témoigner de sa traversée du Sahara pendant neuf jours, je programme « Mirages », un premier film tourné au Niger dans les années 2000 signé Olivier Dury. J’avais eu la chance de voir ce film dans un festival breton, « Les passeurs de lumière » et d’échanger avec ce réalisateur.

Je vous recommande la lecture de cet article publié par le rédacteur en chef d’un hebdomadaire local. Pontivy : soirée ciné-débat sur les migrants africains | Pontivy Journal (actu.fr)

Ce jeune chamelier survivant de l’enfer arrivé en fin de course d’exil par le pur produit d’une multitude de hasards dans ma rue sera à l’image grâce à TV5 Monde et à une maison de production parisienne, en février 2023.

…Marcher sur l’eau

L’an dernier, c’est à nouveau un film grand public en sortie nationale qui nous laissait espérer une meilleure fréquentation, un film sauvé des cartons où il dormait par une réalisatrice, « Marcher sur l’eau », d’Aïssa Maïga. Peine perdue, nous n’étions encore qu’une vingtaine de spectateurs dans la salle.

Mais quel film ! Et quelle joie d’avoir dans l’audience des représentants de la diaspora touarègue bretonne.

Parmi les films que j’aurais aimé programmer au Cinéma Rex de Pontivy sans que cela puisse se faire, il y a « Les pieds dans le sable » de Jade Mietton, jeune réalisatrice lyonnaise, « Caravan to the future » de la journaliste franco-japonaise Alissa Descotes-Toyosaki, invitée dernièrement dans mon émission Femmes de caractères. Le documentaire « M’hamid el Ghizlane » bien sûr que j’ai voulu réaliser en darija, mais dont il était prévu que la production prévoit sa version sous-titrée pour que je puisse au moins le diffuser en festival.

Il y aurait aussi « They will have to kill us first » de l’américaine Johanna Schwartz.

Si ce sujet vous intéresse, vous pourriez apprécier cet article écrit pour Music in Africa.

Fadimata Walett Oumar : « Si on ne joue pas notre musique, c’est la fin pour nous » | Music In Africa

Si vous connaissez des films tournés au Sahara qui vous ont marqués, ou si vous avez eu la chance de voir un des films dont je parle ici, merci de partager votre expérience dans les commentaires. Voix du Sahara, c’est aussi l’idée de ne pas se limiter à un seul lieu, un seul rendez-vous. Il y a tant de façon de s’intéresser à la façon de mieux sensibiliser au devenir des cultures nomades et de mutualiser nos énergies.

Le résultat est toujours époustouflant. Régalez-vous avec ces images de la caravane de sel au Niger, que nous devons à la passion d’Alissa Descotes-Toyosaki pour le Sahara.

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Article : Tout ce qu’il faut savoir sur le Prix RFI Découvertes
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10 novembre 2022

Tout ce qu’il faut savoir sur le Prix RFI Découvertes

C’est une femme engagée, fière de ses racines et de son identité, qui succède à Lokua Kanza à la tête du jury du Prix Découvertes RFI. Elle est nigériane et pleine de peps. Yemi Alade est à 33 ans une des voix qui renouvelle l’afro-pop à l’heure de l’industrie musicale mondiale en prise avec l’impact des réseaux sociaux. 

Le jury présidé par Yemi Alade réunit des animateurs des programmes musicaux de RFI et des professionnels de la filière. La gagnante ou le gagnant vivra un tournant de sa carrière ce vendredi 18 novembre. C’est dire si ça met la pression dans les entourages depuis l’annonce du cru 2022.

D’autant que ce jury n’est pas le seul à peser dans la balance. Le vote du public compte aussi au moment du sprint final. Au départ de cette aventure enthousiasmante pour arriver au sommet, soixante lauréats potentiels ont été pré-sélectionnés.

La pression monte

Dix finalistes se rêvent sur le podium et bénéficient déjà d’une visibilité internationale qui leur fait souvent défaut selon leur environnement. Comme les opportunités de se produire hors du continent africain pour conquérir de nouvelles audiences. 

L’enjeu est un prix de 10 000 €, un concert à Paris et une tournée. De quoi croire en son destin.

Combien de jeunes artistes aimeraient qu’on leur accorde au moins la chance de prouver qu’ils ou elles ont l’étoffe de héros des temps post-modernes ?

Vous pouvez soutenir l’un ou l’une de ces artistes, si ce n’est déjà fait, en votant sur le site de RFI avant le 16 novembre. Des bios sont à votre disposition et rien n’empêche de faire de petites recherches pour mieux connaître la personnalité singulière qui caractérise chacun de ces dix talents.

Vous êtes plutôt rap, variété ou dancehall ?

Masterland vient du Burundi, où il a créé son propre label « Master Muzik Records ». Dans son premier album, EGO, sa musique mêle les afrobeats, le zouk et l’amapiano.

Magdaline Mytil est à Haïti. Ses références ? De très grandes voix féminines bien sûr, à commencer par Céline Dion et Mariah Carey.

Queen Rima est à Conakry. Et si son titre Boss up était juste une géniale prémonition ?

Cette danseuse hip hop s’est érigée à 25 ans en star du dancehall en Guinée. Elle n’a pas son pareil pour enflammer un stade bondé. Music in Africa avait salué la sortie de son EP « Température ».

Queen Rima a enregistré son premier album à Bamako en octobre. Ce Prix RFI Découvertes pourrait changer sa vie si elle devient la lauréate de cette édition 2022. Par son travail et sa détermination, elle le mérite amplement. Son manager, Lamine Zoti, aussi.

Garçin Lagaçant évolue dans le rap au Gabon. Egalement rapeur, Tripa Gninnin est ivoirien et s’en sort plutôt bien. Niino MD s’adonne au flow en wolof au Sénégal. 

La RDC n’est pas en reste avec Lukas Luna. Avec ses clips accrocheurs, le chanteur basé à Lumumbashi est bien déterminé à se faire une place sur la scène congolaise.

Black AD est malienne et mérite bien elle aussi de se frayer un chemin pour faire un aussi beau parcours que ses grandes sœurs, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, Fatoumata Diawara, à moins qu’elle ne s’inspire des Amazones d’Afrique. Si elle ramène ce Prix au Mali, elle ramènera un peu de paix et de joie dans les cœurs.

Les mélodies d’Ayam nous conduisent dans l’océan indien à Madagascar. Difficile de se tromper, il y a dans son univers musical, sa voix, les émotions qu’elle partage, toutes les clés d’un succès assuré.

Greg Burkimbila s’est fait un nom au Burkina Faso avec déjà 4 albums. Le dernier est un hommage à l’estime de soi, à la foi, à son pays, et à ses aïeux. 

Créé en 1981, le prix RFI Découverte a déjà récompensé des artistes aussi divers que Tiken Jah Fakoly, Mav Cacharel, Rokia Traoré, Didier Awadi, Amadou et Mariam, Canjo Amissi ou Maurice Kirya.

Qui va entrer dans cette lignée d’artistes ?

Parmi ces dix finalistes, lequel ou laquelle aura le prestigieux privilège d’ajouter son nom à ce long palmarès de lauréats et lauréates du Prix RFI Découvertes ?

Patience, nous le saurons le 18 novembre à l’occasion d’un événement retransmis sur les réseaux.

S’il est fini le temps d’avant internet, où le Prix RFI Découvertes était remis par un Manu Dibango, tous les espoirs restent permis pour l’avenir de l’industrie des musiques actuelles sur le continent africain.

Tant qu’il y aura des artistes pour oser et persévérer, des publics pour apprécier leur travail et les encourager à percer, des scènes et des festivals pour faciliter leur mobilité, des médias et des journalistes pour promouvoir les arts et la culture.

Prix RFI Découvertes
Festival des Vieilles charrues, Bretagne, le miracle de la musique dans une ville de moins de 10 000 habitants



B comme bonus

Flashback sur 40 années avec les artistes et titres qui ont remporté ce concours

Température, le made in Conakry dernier cri signé Queen Rima | Music In Africa

Vote Prix découvertes – RFI Musique


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Article : Médias en ligne, médias non alignés, vers la mobilisation collective !
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29 septembre 2022

Médias en ligne, médias non alignés, vers la mobilisation collective !

Les 29 et 30 septembre 2022 se tient à Yaoundé une importante manifestation sur le thème « Médias en lignes, médias non alignés ». Elle vise et intéresse nombre de producteurs de contenus en ligne, professionnels ou amateurs, comme je le suis grâce à Plan B et à l’ouverture au monde que m’a apportée la possibilité d’échanger avec une infinie diversité d’acteurs et actrices du changement. Sans réduire mon univers, mes questionnements, à mon seul environnement immédiat, au seul impact de mes engagements citoyens en Bretagne. Cette première édition d’envergure internationale est organisée par l’Association des blogueurs du Cameroun (ABC), présidée par Dania Ebongué.

Déclaration officielle d’ouverture du colloque international par le Directeur général du Ministère de la Communication après une allocution très intéressante – Crédit photo Françoise Ramel

Au nom de la liberté d’expression, dire peut détruire

La séance d’ouverture s’est faite en présence de représentants d’institutions qui confortent par leurs interventions la nécessité de la réflexion engagée, soulignant la pertinence et l’urgence de regarder droit dans les yeux les périls civilisationnels liés à la puissance des réseaux sociaux.

La multiplicité des usages de ces espaces visuels, virtuels, à la fois domestiques et publics, génère des contenus qu’il n’est plus possible de qualifier simplement de non vertueux, anodins, insignifiants. C’est une première dans l’histoire de l’Humanité. Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme.

Au nom de la liberté d’expression, nous en sommes arrivés à ne pas pouvoir nous protéger, préserver notre sérénité et celle de nos enfants. Poussé à l’extrême violence du harcèlement ou de l’atteinte à la vie privée, nous sommes de fait confrontés à la sidération et à l’impuissance quand des vies humaines sont fauchées par l’effet dévastateur de propos, ou d’images, que propagent les réseaux sociaux.

Une des illustrations de ce phénomène mondial, touchant tous les groupes sociaux ayant accès à internet, indépendamment de leur poids dans une société donnée, est peut-être ce terme propre au XXIè siècle : « viral ». Aujourd’hui, l’information produite par « les réseaux », comme si ces réseaux étaient un organe pensant, organisé, structuré, maîtrisé, contamine les médias conventionnels : presse écrite, radio, télévision.

La viralité n’est pas un phénomène sociotechnique menaçant : créant un « buzz » positif ou négatif, ce sont les retombées plus ou moins intentionnelles qui s’avèrent favorables ou néfastes.

Isabelle Féroc-Dumez, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Université de Poitiers
Une première édition qui fera date et donne un cap

Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme

Ce qui peut être vu comme la dérive de pratiques boulimiques liées à la vulgarisation d’accessoires de haute définition technologique échappe non seulement à tout contrôle, mais renforce des travers déjà installés par la prolifération de l’information et la mondialisation.

Au service de logiques du non-essentiel, source de gros profits, la surenchère permanente, la mise en scène de nos quotidiens, nous entraîne dans un flot perpétuel avec cette différence de taille. Là où la caricature et le théâtre se présentent comme une création, dans un décor, un espace-temps faisant appel à notre imaginaire, à notre émotion, à notre compréhension, à nos codes culturels, l’actualité se présente sous les traits de la réalité.

Le professeur Thomas Atenga invité à la tribune du colloque retransmis en direct de Yaoundé dans le monde entier évoque en des termes précis les conséquences de cette dérive : aliénation, spectarisation, marchandisation. Je vous invite à retrouver son intervention éclairante sur la façon dont la Recherche s’est intéressée depuis vingt-cinq ans à ces phénomènes grâce à un audioblog sur la plateforme Arte Radio.

55 000 ouvrages et articles témoignent de l’importance accordée aux réseaux sociaux, à ce qu’ils expriment de nouvelles temporalités, de nouveaux paradigmes. Si l’approche dominante a été jusqu’à présent d’observer, d’analyser, de tenter de comprendre ce que les médias sociaux font de nous, aujourd’hui les travaux de recherche formulent la question avec d’autres regards ouvrant des perspectives : que faisons-nous des réseaux sociaux ?

Professeur Thomas Atenga, président du comité scientifique du colloque « Medias en lignes, medias non alignés », Universite de Douala, 29/09/2022

S’emparer de notre responsabilité avec clairvoyance

Dania Ebongué interviewé par Steven Jambot dans l’Atelier des médias exprime en termes simples l’enjeu qu’est la responsabilisation individuelle et collective en réponse aux constats posés, sur la base du bon sens et de l’engagement citoyen. Le secrétaire général du Ministère de la Communication du Cameroun salue cette volonté portée par ABC en rappelant qu’il n’y a pas d’alternative à l’autorégulation, sinon la répression, impensable si l’on se refuse à toucher à la liberté d’expression, à la liberté d’entreprendre, à la liberté de se former et de choisir de travailler dans la communication.

La réflexion poussée autour d’une charte qui sera discutée pendant la rencontre à Yaoundé atteste du sérieux de l’initiative et du professionnalisme à l’œuvre. Rien ne saurait être plus efficace que l’invitation faite pendant ces deux journées à mutualiser et à outiller une ambition collective, soutenue par des Etats et tout un tissu économique confrontés à un réel dilemme.

Les échanges qui ont lieu en ce moment même sont diffusés en direct Live. Ils entrent en résonance avec les questionnements légitimes d’une vaste communauté d’auteurs et d’autrices, dont la plume peut choisir de servir l’intérêt général et le bien commun, ou se perdre à jamais dans un magma informe, difforme, qui nous malmène question « moral », question « morale ».

Un triptyque infernal : fatigue, addiction, défiance généralisée

Oui, le flux d’information omniprésent joue sur notre fatigue mentale et physique, c’est prouvé scientifiquement. Quand ce flux charrie dans son torrent de boue le gros des scories d’une pollution visuelle et industrielle de l’information, avec la puissance d’une centrale nucléaire lancée à pleine vapeur au bord de l’implosion, ça peut vraiment faire du dégât.

Quand c’est un journaliste expérimenté (et pas aligné) de télévision française qui partage en direct sur une radio à grande écoute un repli possible et compréhensible pour ne pas se frotter au pire de ce que produit l’évolution de nos sociétés consommatrices de tout – de tout, tout de suite -, avec les répercussions évidentes que cela entraîne en matière de dérives pernicieuses, cela mérite de s’arrêter pour reprendre son pouls, son souffle, ses esprits.

« S’il y avait un moyen de faire ce métier sans être connu, je le ferais ». Yann Barthès dans @OnRefaitLaTele sur @RTLFrance pic.twitter.com/51sM4hPcSQ

— Eric Dussart (@E_Dussart) September 3, 2022

Comment (s)informer sans nous lobotomiser ?

De quelle maîtrise ou non maîtrise de ce flux, de cette pollution bien réelle déguisée en information, ma vie personnelle est-elle le produit, au carrefour de tant d’expressions et sons de cloche qui ne permettent plus d’identifier un cap, un phare, une pensée en mouvement ?

Quand des heures durant vous coupez tous les tuyaux pour ne pas tomber sur l’unique actualité qui vaille la peine d’informer la terre entière soi-disant, la mort d’une vieille reine en Ecosse, cela produit un vide délicieux, un aparté, un pas de côté, et surtout la possibilité de faire rire tout le monde dans une manifestation à Vannes le 5 septembre pour exiger un accès plus juste et plus équitable au logement. « Quoi, la reine est morte ? ». J’en ris encore.

Les médias sont devenus des collecteurs de rêves usés

Vers quel état d’inhibition ou de défiance, d’agressivité ou de colère larvée, de stress et d’incapacité à gérer ce trop-plein de pensées négatives accompagnées forcément de certitudes et dogmes divers censés nous sauver du désastre nous conditionnent nos propres comportements vis-à-vis de nos environnements numériques ?

Je me demande si la Reine d’Angleterre aurait pu dire, même au XXè siècle avant la révolution d’internet, « s’il y avait un moyen de faire ce métier sans être connu, je le ferais ». Impossible, hein ? Vu que le seul intérêt d’un règne, c’est d’asseoir un pouvoir même symbolique, le storytelling qui va avec, dont ne peuvent se passer les médias qui en vivent. Et vous me direz, « reine à vie », ce n’est pas un métier. Inutile de vérifier ce n’est pas indexé dans le fichier « ROME » comme on l’appelle en France.

Les métiers, nombreux et variés, du journalisme et de l’information média sont répertoriés ainsi : E1106. Si vous êtes curieux, vous allez répérer comme moi à l’instant une autre codification : « RIASEC : Ai »

Vu que nous sommes dans l’information, allons voir ce que cela veut dire dans le langage des experts et expertes de profils métier.

Explication du code RIASEC spécifié sur une fiche métier

Alors, ça donne quoi pour vous qui vous vous sentez concernés par la riche programmation proposée par le colloque « Médias en ligne, médias non alignés »?

Reprendre la main, est-ce possible ?

En contrepoint de ce qui pousse un journaliste de radio à interroger une star du petit écran, Yann Barthès, sur sa « fatigue », ce qui remet un peu les choses à leur place, je partage ici, plus bas, un extrait de la note d’intention qui m’a permis d’être sélectionnée par l’équipe d’organisation du colloque, alors que je ne suis ni professionnelle de TV, de radio ou de presse écrite, ni une universitaire ayant produit des connaissances, ou encore une salariée dans une ONG impliquée dans la cybersécurité ou tout autre domaine d’éducation aux médias.

Quelle opportunité de m’intéresser à ce qui anime, engage et renforce les capacités de jeunes professionnels et professionnelles, « armé.e.s » de leur seul leadership et volonté d’agir pour le continent africain et le monde !

Je suis sensible à cette utilisation positive, vraiment inattendue, de ce que je tente de partager, par ma seule force de mouvement et d’action, en dehors de toute structure qui m’aurait mandatée pour porter un discours. A Yaoundé, ce qui a retenu l’attention, c’est justement ma liberté de parole, de ton, mon rapport à l’initiative personnelle, à l’autorisation que l’on s’accorde à soi-même en apprivoisant ses peurs.

En tant que bretonne, secrétaire bénévole d’un réseau d’acteurs de la coopération et de la solidarité internationale, il y a une dimension symbolique dans ma contribution à un débat qui dépasse le cercle somme toute restreint dans lequel je donne du sens à mes engagements citoyens, mes engagements de militante culturelle en zone rurale ayant opté il y a 15 ans pour l’action politique. Je veux croire que cette portée symbolique est révélatrice d’une époque où nous avons ce pouvoir de bouger les lignes, grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies.

Je mesure ma chance d’avoir accès à cette dynamique africaine déjà rodée, bien outillée, qui interroge à partir de réalités différentes des miennes la question des valeurs et de l’éthique en matière de production de contenus en ligne.

Aspirations citoyennes versus discours de haine

L’ambition exprimée par Dania Ebongue et l’association des blogueurs du Cameroun d’encourager la mise en place d’une charte de bonne conduite dit mieux que toute injonction venant d’une instance interétatique combien la jeunesse entend s’emparer d’un sujet qui conditionne directement son avenir.

Notre rôle et notre responsabilité à nous qui avons connu le monde avant l’explosion d’internet sont d’être aux côtés de ces jeunes qui créent le monde à leurs usages, à leur image. Il nous revient de faciliter le dialogue entre cette génération laborieuse confrontée à des défis gigantesques avec les instances qui peuvent contribuer activement à lever des obstacles, des incompréhensions, des empêchements. Sans remettre à demain ce qui aurait dû, pu, être fait hier. C’est le sens même de toute politique publique au sein d’une démocratie.

Ce n’est pas un hasard si sur un autre continent, d’autres journalistes se sont aussi mobilisés pour établir une charte portant sur d’autres enjeux, ceux de la prise en compte de l’urgence écologique. Steven Jambot, mentionné plus haut, a contribué à l’écriture de cette charte.

Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique – Il appartient à l’ensemble des journalistes d’être à la hauteur du défi que représente l’emballement du climat pour les générations actuelles et à venir. Face à l’urgence absolue de la situation, nous, journalistes, devons modifier notre façon de travailler pour intégrer pleinement cet enjeu dans le traitement de l’information. (chartejournalismeecologie.fr)

En Bretagne, nous avons aussi nos lanceurs et lanceuses d’alerte mobilisés en première ligne, avec par exemple la création par des journalistes indépendant.e.s du média en ligne Splann, et le tournage en cours près de chez moi du film inspiré par l’enquête d’Ines Léraud déjà publiée sous forme de BD entrainant un scandale politico-médiatique : « Algues vertes, l’histoire interdite« .

A la Une de Splann, média en ligne créé en Bretagne à l’initiative de journalistes qui partagent des enquêtes qui dérangent

Qui dit média dit information mais aussi désinformation, qui dit en ligne dit flux mais aussi flou. La créativité au service du bien commun et de l’émancipation dans une époque troublée, anxiogène, est une voie. Elle nécessite du courage, du professionnalisme et implique une réelle capacité d’écoute du monde et de l’autre.

L’affirmation de soi à travers la maîtrise de l’outil numérique peut être un levier citoyen pour favoriser l’expression des anonymes, investir notre énergie, nos savoirs, notre intelligence collective, dans le journalisme de solution, mais aussi de nouvelles formes d’action.

De l’outil média à l’engagement du local à l’international, qu’est-ce que je peux vraiment ?

L’atelier s’appuiera sur ma propre expérience de créatrice de contenus, de pédagogue et d’élue locale en charge de la Culture sur une vaste zone rurale en Bretagne, pour mieux faire entendre celle des participant.e.s.

L’atelier permettra de mutualiser, d’analyser à partir de supports concrets les fondamentaux sur lesquels les participants veulent et peuvent construire leur signature à travers leurs propres concepts innovants ou autre démarche de projet.

Françoise Ramel

Médias et démocratie

J’ai donc la responsabilité et le plaisir d’animer parmi d’autres rencontres et témoignages une masterclass sur le thème Médias et démocratie, qui donnera du grain à moudre à toutes les personnes qui voudront interagir avec moi à cette occasion. Parmi elles, j’ai déjà eu la chance d’échanger à distance avec Damaso Alonso Esono et Belgica Nvo Acaba.

Tous deux sont de Guinée équatoriale et ont participé à la création en mai dernier d’une association nationale qui réunit des producteurs et productrices de contenus.

https://lh3.googleusercontent.com/Wnbh-LcF3wZqEyDSnkIrqpM16a5C6L3hQ_R4x-uF1xl1Aa347GyoXc5g93ORQNgCJ2RdKVKHZfdysWp4bag7-sgRn67lj_bkmF-rYEwt6R4bXI0q9WtCezY6tQzv-gBrQyTTX1Z17RUlYiM_htIaGIma8EQ96NlYUrMxfDt8Gig7NgEPFV3qOJPlBvL5sf2Kh2T2jBUvOB9JILCgS2KAFV7tkxz59x21dxStzbjaAmKic5Gy-ZsvVs73rkug2GfQKndynlJeczCJ8JXpT4rRRkkagi9A86fUPLoOqeQGRet1_O-5kZ6cZxxJQ3FZdRtYMr_kYvDKzLTMObHI8IkxYM3SexaTGgpnTXWZaunvwSlZH9aI6yod0Ulw6Zzy_xkjfygUpO9YtmGn0qPzRhHdwDsED5JC9JCrqdhEJmYSF_uJDw9yFN8WTa5uQBwCrUCxKGIKm_tRzeywW6R9hMgAUh_zffpuJ7ESjLgkC9-mbqZwF2V8UBRY14hMqu7LN_ZUeNiQrAoyJFAww1vKF-oyXnV-epJEcJ2q79GqbjQBb2P5K838b4U6JTpwqhT9QJ3a0nQukQvr6lwIcUMbCKhLfvIeaduga9mrlyV0EBCNKE16GquRcyTdnmoQKblOHfLLHOWzwnFfnXbtzcvDWhZd3qJXrtlbNm32FzSN0_YBwliFo6EiRFRJJzJHJwm7WrJyScb1RQlNT_sMMf1ik_ecIB5SdGe_RvEkBzo9HpR9jHAeoSZBsxXSaRHa7s25hcbdIWiaOMUdgXp5rPmunyH5bZkDMLiWf4SWkCBxEcF65c3i7fbq98HiKLr0KqsBzYTDTqk9IcQG30GMTdGy46A-Vg-jYUTmb0lNHmM8EAp1RFOYWNs2TKUayW6jIiO6_achWSGK8NB_ok8lo40aZbEOZossiJ8tRY6nDP6ltVM=w1280-h562-no?authuser=0

Il n’y a pas plus de dix ans, le pays ne disposait que de la page institutionnelle du gouvernement comme seul publication en ligne. Aujourd’hui d’autres contenus à caractère privé existent. L’essor des médias en ligne contribue positivement à la connaissance des informations et des événements réels. Le chiffre exponentiel de lecteurs à travers le monde change considérablement l’image du pays. Nous participons à la construction d’une démocratie solide et pluraliste, capable de se situer aux courants du moment, facilitant la libre circulation des informations conformément aux lois en vigueur.

Damaso Alonso Esono, président de l’Association des journalistes blogueurs de Guinée Équatoriale (APBGE)

Et si l’espoir était permis

Le colloque sur les médias en ligne à Yaoundé se déroule pendant le 40ème anniversaire d’un texte fondateur sur les politiques culturelles, fêté du 28 au 30 septembre à Mexico par la communauté internationale. Le chantier qui s’ouvre à Yaoundé avec pour base une charte de bonne conduite élaborée à partir de l’expérience de jeunes africain.e.s ayant choisi de s’engager sur leur continent dans le champ de la production d’information permet d’espérer la reconnaissance du bienfondé de l’usage des réseaux sociaux pour faire émerger de nouvelles citoyennetés, de nouvelles solidarités.

Depuis 1982, le monde a changé en profondeur, accentuant des disparités, certes, et des fractures, des injustices.

Et si au final, c’était plutôt une bonne nouvelle pour l’Afrique et le monde, malgré les retards pris, les rendez-vous manqués, les remises en question qu’il reste à entreprendre pour ne pas être à la traîne du changement mais pionniers d’une civilisation du progrès humain et planétaire qui reste à inventer ?

B comme Bonus

Témoignage d’une jeune journaliste bretonne

Femmes de Caractères – Yuna Cojean, journaliste en breton ! – RBG | RBG

Site du sommet mondial UNESCO à Mexico

Site du colloque « Médias en ligne, médias non alignés »

Propos introductifs de Thomas Atanga

Interview de Simon Ngono, docteur en sciences de l’information et de la communication

Pour découvrir Blablaboost, un podcast à l’écoute du monde par la voix des artistes

Article Plan B sur la BD « Algues vertes, l’histoire interdite »

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Article : Avec René Nkowa, l’orpailleur 2.0, j’ai envie de podcastiner !
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4 août 2022

Avec René Nkowa, l’orpailleur 2.0, j’ai envie de podcastiner !

J’ai participé hier à distance à un rendez-vous en présentiel organisé à Douala par l’auteur des pépites de Mondoblog, d’où l’orpailleur ! Merci René Nkowa. Tu es comme une bonne étoile dans mon ciel virtuel depuis notre rencontre à Dakar en décembre 2015. De la valeur essentielle des sessions de formation ! C’est ma toute première immersion dans les coulisses du podcast.

Dans le domaine de la création sonore comme pour le blogging, je suis une autodidacte. Tout comme René. Plus que la formation en soi, c’est l’envie de me joindre à un groupe, à une dynamique émergente qui m’anime. L’émulation me pousse en avant. L’ennui est un piètre ennemi, quoique perfide. Il cède tel un barrage édifié à la hâte face à un courant trop fort : le désir.

Photo souvenir du 3 août 2022 à l’issue de la toute première session de formation à Douala. René Nkowa (T-shirt blanc) est une ressource pour qui veut se lancer dans l’aventure du bloging ou du podcast. Crédit Sydney Mbianda

Et si je podcastinais au lieu de procastiner ! T’en dis quoi René ?

Ce que je ne capte pas sur le plan purement technique ne m’empêche pas d’aller au bout de ce que je souhaite vivre et partager. Je mesure ma chance de pouvoir me sentir à l’aise avec tous ces outils algorithmiques à notre portée, sans en comprendre la grammaire ni le vocabulaire.

Ce que je comprends en revanche très bien, c’est le pouvoir de l’écoute, la force du désir, la souplesse qui se cultive avec la faculté de saisir des opportunités, d’expérimenter, d’apprendre.

Quand j’étais jeune enseignante vacataire, l’agricultrice qui m’hébergeait dans son gîte à Kerantourner sur la commune de Cléguérec avait une expression qui me faisait sourire. « Françoise est prof d’ouverture ». En fait, elle ne croyait pas si bien dire. C’est sans doute la formule qui caractérise le mieux l’endroit où je me construis, encore aujourd’hui.

L’esprit d’ouverture, c’est ce qui permet de vivre des rencontres inespérées et surtout marquantes. Ici, mes retrouvailles avec Disco, grande chanteuse du Sahara, créatrice du groupe Tartit, un 14 juillet à Scrignac en Bretagne, je ne m’y attendais pas du tout !
Crédit Françoise Ramel

Mes rêves ne sont pas à vendre

L’ouverture à l’heure du numérique est à la fois une chance énorme et un vrai défi. Car nos écrans nous enferment souvent plus qu’ils libèrent notre créativité et nos potentiels. C’est un des paradoxes de notre époque, et pas des moindres. Nous vivons à l’ère de la société des connaissances et de la communication. Cela n’engendre pas moins de guerres, d’ignorance, de laideur qu’à l’époque de l’araire et des grandes croisades .

En y regardant de plus près, on pourrait même imaginer que nous sommes les sources d’alimentation intarissables, gratuites, ultra rentables d’un immense digesteur, un méthaniseur de la taille d’une planète si vous préférez. Une aubaine pour les industries et les actionnaires qui tirent profit du système. Et que brûle cette invention tentaculaire relayée par satellite à votre avis ? Nos désirs. Pour en faire quoi ? C’est au choix du plus puissant.

Avec la fibre, j’ai un débit de connexion qui ne me fait pas oublier que pour d’autres créateurs et créatrices de contenu la gageure est d’abord de pouvoir se fournir en liaison internet, de faire face à une actualité trop souvent déprimante. J’ai chaque jour le choix de la façon d’user de ce privilège. Que je procastine ou podcastine ne changera pas la face du monde.

Mais entre l’option voyage dans un placard ou dans l’espace, autant choisir d’explorer ce qui me laisse plus de chance d’apprendre et de me laisser surprendre. Mes rêves ne sont pas à vendre.

A Agadez, le rêve devient réalité en avril 2018. J’immortalise ce moment avec une jeune nomade inconnue qui fait certainement partie du groupe de danse, les Obaz. Je ne sais pas encore que ce voyage en zone rouge avec de jeunes artistes africains de musique urbaine me donnera la force d’oser me lancer dans la réalisation de mon premier projet de podcast, « Femmes de caractères« .
Crédit Françoise Ramel

J’ai surfé sur la révolution numérique

Différence de taille avec la génération connectée et mon ami Réné, j’ai tapé mon mémoire de maîtrise à la machine. Je revis encore en y pensant la promesse de soulagement et la fatigue harassante de cette nuit, où ma mère et moi nous sommes relayées jusqu’au petit matin. Tap, tap, tap, tap tap, tap. Des heures de frappe acharnée. Zip, zap, ligne après ligne, feuille après feuille, le mouvement de va et vient se répète à l’infini jusque dans ta tête, t’hypnotise d’autant plus que tu sens tes paupières s’alourdir.

Je ne vous parle pas des années 50, joliment mises en scène dans le film à succès « Populaire » de Régis Roinsard. Comme Rose Pamphyle, je serais moi aussi devenue secrétaire grâce à des cours du soir. Comme elle, j’aurais quitté ma campagne bretonne pour accéder à de meilleures conditions de vie, mais ça c’est l’histoire d’Annick, bientôt 80 ans, ma complice nocturne pour en finir avec mes années d’université.

On ne mesure jamais assez ce que sont les mères pour leurs filles. Et les progrès de toutes sortes qui sont de vraies révolutions entre seulement deux générations !

J’ai eu un semblant d’orgasme la première fois que j’ai vu des petits dossiers jaunes s’envoler sur l’écran en apprenant la manipulation pourtant toute simple « copier-coller » avec un collègue. Ce jeune animateur informatique nourrissait des poissons virtuels, quelle idée !

Françoise Ramel

Le sentiment d’œuvrer au destin d’une communauté virtuelle, le partage de valeurs dans le respect de la diversité, les menaces qui pèsent partout sur la liberté d’information, m’ont conduite à un autre niveau de conscience qui de fait change ma réalité et ma perception de cette réalité. Un peu comme le jour où j’ai enfin compris comment déplacer un fichier numérique et que ce mouvement s’est matérialisé sous mes yeux en direct sur l’écran.

Pas besoin d’être surdouée

A 50 ans passé, je me suis renouvelée dans ma capacité à repousser mes limites, à définir de façon spontanée le rôle et les modalités de ma propre contribution au sein d’un réseau qui a changé mes perspectives et mon échelle d’action : Mondoblog.

Le préalable est on ne peut plus simple. Je n’ai qu’à me rendre de temps en temps sur la plateforme Mondoblog, y repérer des plumes inspirantes, cueillir au passage quelques idées de mise en forme, goûter le génie d’un style, l’audace d’un parti pris. M’intéresser aux profils si divers des auteur.e.s. mis à la Une est devenu la 4ème dimension de mon quotidien.

C’est aussi une forme de justification. Mon envie d’interaction se doit d’être plus forte que ce constat frustrant, surtout quand on aime voyager et rencontrer d’autres cultures. Il est difficile de se projeter avec un réel soucis de concrétisation et d’efficacité dans des échanges à distance qui nécessitent tant d’énergie et de temps passé sur un écran. Pourtant, je le vérifie chaque jour, il est possible de tisser dans la durée des relations de qualité et un réel intérêt réciproque.

Blogueur autodidacte du Cameroun, René Nkowa a rejoint Mondoblog en 2010. Cela a donné une nouvelle direction à ses choix, à sa vie. Il est aujourd’hui, avec l’équipe qui coordonne notre réseau dans les locaux de France Médias Monde, celui qui connaît le mieux ce que nous publions et la façon dont le projet global de cette plateforme francophone a évolué depuis sa création.

Billet web ou podcast, l’art de créer ses propres contenus

2020 a marqué pour René Nkowa un cap important. Celui de dix années d’exploration de centaines de blogs WordPress hébergés par RFI pour publier une infolettre à raison de deux diffusions par mois : les pépites de Mondoblog. Depuis cette date, Radio France Internationale relaye officiellement ce travail si utile. Le rythme des sélections qui s’était interrompu avec l’arrêt de la formation de lauréats a repris justement en 2020.

Trois nouvelles promotions de mondoblogueurs ont ainsi pu rejoindre le réseau, ce qui accroit considérablement la masse de billets produits sur les cinq continents. Est-ce un hasard si les candidats camerounais étaient les plus nombreux à participer au concours Mondoblog en 2021, suivi de près pas les Tchadiens et les Ivoiriens ?

Par son engagement bénévole les cinq premières années de la parution des pépites, René Nkowa a fortement contribué à nous rendre curieux, ouverts, à repérer dans le foisonnement de propositions et de sujets traités des signatures, des styles qui ont nourri notre manière d’écrire et de publier.

L’infolettre parait toujours tous les quinze jours le samedi matin. Elle est devenue une institution dans le réseau. René Nkowa est missionné depuis plusieurs années déjà pour en assurer le contenu et la mise en forme, c’est bien normal vu l’ampleur de la tâche. L’audience des pépites s’est très largement élargie avec le relais de RFI et une trouvaille que le réseau doit à une journaliste de cette radio francophone écoutée sur tous les continents : Mondoblog Audio.

Le podcast est un nouvel instrument de la boîte à outils numérique qui en plus du message permet de transmettre des émotions.

René Nkowa, Douala Stories, 3 aout 2022

René Nkowa sait créer des espaces pour progresser

René a trouvé le temps je ne sais où de contribuer avec d’autres au développement d’un réseau national de blogueurs et blogueuses dans son pays, ABC, de décrocher un Master à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, de créer sa propre entreprise, Douala Stories. Il faut bien penser à vivre de son talent. La transition numérique, le marketing éditorial, c’est aussi un business, avec de très gros enjeux.

René, en jeune leader africain qu’il est, a choisi de développer sa propre stratégie pour concilier toutes ses aspirations, en faisant profiter les autres autour de lui de ce qui le fait lui-même avancer.

En novembre 2021, René Nkowa à la tribune en tant que Président du Comité d’organisation du 3è Sommet des blogueurs du Cameroun – Crédit ABC

J’ai eu la chance de rencontrer René Nkowa lors de la 4ème formation Mondoblog, en décembre 2015, à Dakar. Je garde le souvenir d’un jeune homme posé, discret, souriant, prévenant et à l’écoute. Je n’ai ni sa patience, ni sa passion, pour l’aspect ultra-technique du blogging, mais nous avons en commun plus important : le goût des autres et une certaine propension à nous surpasser quand cela en vaut la peine.

J’ai un jour trouvé sans y être préparée ce commentaire sur Plan B dans l’une des fameuses infolettres que j’aime parcourir, pour ce que j’y trouve et parce que je suis incapable d’une telle concentration, d’une telle abnégation. Cela remonte à si loin que je ne peux plus affirmer de façon certaine que j’étais au Sahara. Mais je peux vous dire que cela m’a fait un choc, comme si je réalisais seulement que Plan B était effectivement suivi par des personnes qui apprécient ce que j’y propose.

Merci René

C’est une de mes formules préférées, « merci René » ! Ou merci le Panda, puisque fut un temps, c’est le surnom bien sympathique que nous lui connaissions. Avec cette formation lancée hier pour nous réunir régulièrement jusqu’en décembre, en présentiel et à distance, ce qui n’est pas si simple, je me sens à nouveau plus proche de ce jeune développeur camerounais et surtout je reconnais dans ses choix et son savoir-faire l’intelligence et l’impact original de son travail.

La prochaine session d’écoute aura lieu à la fin du mois dans le cadre du projet PodcastHub pour lequel René Knowa a sollicité le soutien technique de Cowork.Africa, une entreprise locale partenaire qui dispose d’un studio d’enregistrement avec à son actif, comme Douala Stories, une vraie culture de l’accompagnement de porteurs de projet.

René Nkowa, l’auteur inspiré des Pépites de Mondoblog et de la formation PodcastHub à Douala
Capture d'écran PodcastHub Douala
Crédit : Françoise Ramel

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Article : Magie d’espace-temps revisités avec le festival “Paysages” et … désolation !
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20 juillet 2022

Magie d’espace-temps revisités avec le festival “Paysages” et … désolation !

Je ne suis pas toujours inspirée. Quand une idée éclate à la surface de ma conscience comme une bulle de champagne, il arrive que cela soit juste pour me challenger et me bousculer. C’est ainsi qu’en pleine pandémie, j’ai fait le choix d’organiser quelques concerts en solidarité avec les artistes et de lancer la 1ère édition d’un festival régional non thématique autour du partage de savoirs. Il me fallait un nom. J’ai choisi « Paysages ».

Je n’ai pas toujours envie d’écrire. C’est le cas en ce moment même, où je tape sur le clavier pour revenir sur un week-end encore tout brûlant d’audace début juillet 2022, celui de la 2ème édition du festival « Paysages ». Grâce à un auteur de romans historiques, Jérôme Nédelec, et quelques rencontres tombées du ciel, j’avais déjà vu plus grand, plus loin qu’en 2021.

Entre le moment où j’ai tenté sans y parvenir de partager un projet positif pensé pour être vécu plus que raconté et cette fin de journée du 20 juillet où je reprends le métier à tisser sur lequel je n’avais pas fini de tendre la trame, il s’est passé un drame en Bretagne.

Il s’est passé en quelques heures une tragédie qui nous ramène justement à l’importance et à la fragilité d’un paysage. Dans les Monts d’Arrée, plus de 1700 hectares sont partis en fumée. Arrêt sur image.

J’ai déjà partagé avec son accord bien sûr des dessins d’Alain Goutal. Voici celui qu’il vient de publier. Je ne sais pas si de son atelier, ce grand dessinateur breton, amoureux du vivant, sent l’odeur de fumée. Alain habite dans les Monts d’Arrée.

Bretonnes et bretons en état de choc

A l’occasion d’un épisode caniculaire qui a fait couler beaucoup d’encre, comme si nous ne savions rien des dangers du dérèglement climatique, plus de 300 pompiers sont mobilisés depuis lundi après-midi. Impossible de prendre de vitesse la violence et la course des flammes sur la lande.

Le Télégramme titre sur le pic de chaleur, carte à l’appui, peu après les réseaux évoquent un début d’incendie et 300 hectares ravagés
Ce même lundi 18 juillet, Alain Goutal réagit à l’actualité climatique nationale. Il ne sait pas encore que près de chez lui la fin du monde s’annonce déjà dans un lieux appelé les portes de l’enfer.

A 10h sur les landes, nous n’irons plus ma belle

Dans cette zone du Parc régional d’Armorique, l’état des chemins agricoles ne facilite pas l’accès des camions-citernes. D’autres facteurs liés à la gestion d’espaces non cultivés ont sans doute pesé sur l’immensité des dégâts comme semble l’affirmer une agricultrice qui témoigne « à chaud » du sinistre auquel elle assiste impuissante après voir mis son bétail à l’abri. Cette vidéo a été partagée plus de 1000 fois depuis hier. Je vous invite à la regarder, ainsi que les autres images commentées en direct mises en ligne depuis par cette habitante révoltée.

Du festin des flammes, il ne reste rien, qu’une chapelle perchée sur son tertre face à l’étendue noire encore fumante, là où bruyères et genêts accueillaient encore les randonneurs le week-end dernier. C’est tristement et dramatiquement spectaculaire. Sur le site de l’office du tourisme, on peut désormais lire cette indication.

Office du tourisme Brasparts
Source : site web de l’office du tourisme de Brasparts

Pour croyants et non croyants, la chapelle sauvée est un symbole

Comme beaucoup, je ne sais que dire, que faire, à la fois hébétée comme si cela ne pouvait pas être réel, et consciente que pour les personnes au front sur place les images, les odeurs liées à ces journées et nuits d’enfer resteront un traumatisme. Quasi impuissants, les efforts des pompiers ont permis cependant de protéger un bijou du patrimoine religieux breton : la chapelle.

Poussée par le besoin d’exprimer ma solidarité, j’ai tout de même publié hier un post FB accompagné par deux photos paysagères du Mont-Saint-Michel de Brasparts. L’une montre un paysage panoramique en teintes ocres et vertes dominé au loin par une chapelle. L’autre prise d’un drône provoque un effet de plongée qui accentue la scène et donne à voir ce même paysage en cendres.

La chapelle au premier plan n’en paraît que plus miraculeusement indemne, comme protégée par sa propre force et présence spirituelle en ce lieu désert.

Avant l’incendie, la beauté d’un paysage breton appelé Les portes de l’Enfer
Incendie dans les Monts d’Arrée, un paysage dévasté, calciné, vision d’Enfer – Crédit photo Vincent Michel

Vincent Michel a tourné ces images historiques montées et diffusées ce mercredi 20 juillet par Ouest-France.

Quelque part à Paris, un de mes amis, dessinateur de presse, croque à sa façon une actualité très très chaude ! Car il n’y a pas qu’en Bretagne bien sûr que ça chauffe ! J’ai lu que dans la capitale, les voitures prennent feu toute seule. Des concerts ont dû être annulés pour cause d’air irrespirable. On se croirait dans une fiction catastrophe, mais c’est la réalité.

Ce dessinateur talentueux s’appelle Mario Montolivo, il est originaire du Chili. Vous pouvez le suivre via son blog Micmac Planet (voir bonus). J’adore son coup d’œil, voir ses dessins me fait vraiment du bien.

Crédit dessin : Mario Montolivo

Quand la réalité infernale dépasse la légende

Je ne connais pas suffisamment la force des imaginaires liés à ce coin réputé de Bretagne. Mais ce serait passer complètement à côté de l’esprit des lieux que de minimiser au nom du modernisme ou de je ne sais quelle autre vision du monde réduite à sa part visible, palpable, marchande, ce qui explique l’attachement aux Monts d’Arrée et l’élan de solidarité qui s’exprime et s’organise spontanément depuis avant-hier.

Comme on ne peut comprendre ces espaces associés à l’image de l’enfer dans la tradition populaire et ces paysages sans se soucier de leur lien étroit avec une langue ancestrale transmise à travers les siècles, à travers les cinq continents où des bretons voyageurs ont écrit son histoire et la nôtre : le breton.

« La culture, ça rentre aussi par les pieds, ça passe par le coeur, ça imprègne le cerveau droit, celui de la connaissance »

« La légendothérapie peut être un moyen de se recaler d’une façon durable dans son espace de vie »

Claude Le Lann, korriganologue et légendothérapeute

Les portes de l’enfer – LE YOUDIG

Flashback sur le festival « Paysages »

Je veux finir ce billet en remerciant encore Céline Kergonnan pour l’aide si précieuse qu’elle m’a apportée ces derniers mois bénévolement pour que nous réussissions ensemble un beau pari à l’occasion des 20 ans d’une association rurale, TIMILIN, moudre nos idées ensemble, dont je suis la présidente fondatrice.

C’est à Céline que nous devons la mise en forme très sympa de la présentation de cette 2è édition.

Puisque j’évoque plus haut le pouvoir de mondes qui échappent à notre entendement, sachez que je n’avais jamais vu d’hermine de ma vie. Ce petit animal gracieux est le symbole de la Bretagne.

La voilà la blanche hermine

Croyez-le ou non, une belle petite hermine peu farouche, petit cou bien blanc, minois charmant, tête haute, s’est invitée au festival en plein bourg. C’était justement pendant une discussion animée par Céline avec Jérôme Nédelec, notre invité d’honneur et quelques élus venus partager ce moment informel à la terrasse du bar « Le Saint-Aignan ». Magique et inoubliable !

Crédit : TIMILIN, moudre nos idées ensemble

Le festival « Paysages » est une œuvre collective à géographie variable qui repose uniquement sur l’engagement des participant.e.s, chercheurs, artistes, étudiants, habitants, élus, porteurs de projet en zone rurale. Il a lieu le premier week-end de juillet à Saint-Aignan, où se situe une forteresse bretonne du 8è siècle, support de fouilles archéologiques depuis 2020. Motten Morvan est une architecture de terre qui a traversé douze siècles d’Histoire de Bretagne. De quoi nous faire réfléchir, non ?

Les paysages sont des lieux vivants et habités

Combien d’animaux ont péri depuis lundi dans les flammes de l’enfer du Mont-Saint-Michel de Brasparts ? Je trouve étrange pour ma part de mesurer l’ampleur des dégâts à une surface équivalant dixit les journaux à 1600 terrains de foot. Est-ce parce que le monde vivant ne se mesure pas comme un rectangle de pelouse synthétique qu’une catastrophe écologique peut s’étaler à la Une comme un feu de broussailles spectaculaire un peu trop gourmand ?

Il y a quelque part en Bretagne des personnes qui pensent aux animaux rescapés, assoiffés, paniqués, blessés, et qui s’organisent pour leur venir en aide.

Et d’autres vont devoir établir l’origine criminelle de ces départs de feu et identifier les responsables. L’enquête est ouverte comme l’a annoncé par un communiqué ce mercredi 20 juillet le Parquet de Quimper.

Source : Le Monde, 20/07/22

2022 s’annonçait mieux que 2021 et 2020 plombées par une pandémie mondiale. C’était sans compter la folie des hommes et de leurs gouvernements face à l’urgence.

A l’inévitable, dont nous savons pertinemment le prix à payer, s’ajoute ce qui pourrait être évité avec plus de clairvoyance, plus de responsabilité individuelle et collective.

Samedi 23 juillet 2022, épilogue ?

Les feux qu’on croyait contenus mercredi soir ont repris à l’approche du week-end. Ce soir, je serai à Brasparts avec Céline Kergonnan, ma complice du festival Paysages qui vient de vivre une semaine apocalyptique comme tous les gens autour d’elle, dont la maire de Brasparts, Anne Rolland.

Voici l’affiche du festival qui se déroule dans cette commune de 1035 habitants, avec pour décor un paysage calciné sur des kilomètres à la ronde, où la vie va reprendre certes, mais à quel prix !

Visuel du festival qui porte le nom d’un paysage emblématique breton devenu la proie des flammes lundi

Et voici l’affiche du groupe Merzhin qui nous propulse au-delà de cette actualité brûlante dans un futur pas très désirable. Marche ou crève, marche ou rêve ?

Crédit photo : Merzhin

Paysage de l’hypocrisie et science-fiction

Il semble que la scénario catastrophe avec une centrale nucléaire toujours pas démantelée, réparée à coup de pansements depuis des années, ait été évité. Enfin, c’est ce que nous raconte la presse locale par la voie d’une chargée de communication.

Un documentaire réalisé par Brigitte Chevet s’intitule « Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s’éteindre ». Ce film a reçu le prix de l’enquête scientifique au festival du journalisme d’Angers en 2008. Je le recommande vivement, même si vous êtes au bout du monde.

Etrangement, l’incendie historique qui n’en finit pas de semer le désordre et la désolation depuis lundi dans les Monts d’Arrée, zone naturelle protégée, ne veut pas s’éteindre non plus.

Source Le Télégramme, samedi 23 juillet 2022, la guerre en Ukraine sert de prétexte à l’Etat français pour relancer usines à charbon, centrales nucléaires, alors qu’il n’arrive même pas à démanteler une des1ères centrales depuis 30 ans que ce processus est en cours. Cherchez l’erreur, même pas peur !

B comme Bonus

Pour voir d’autres dessins d’Alain Goutal sur son blog hébergé par Médiapart

Pour voir d’autres dessins de Mario Montolivo sur son blog hébergé par Médiapart

Pour télécharger le programme complet du festival 2022, cliquer sur ce lien de la Région Bretagne

Voici au choix d’autres informations relayées grâce au soutien des médias.

Paysages, un festival régional en zone rurale pour changer d’échelle et de perspectives – Eco-Bretons

Saint-Aignan : des Vikings, des concerts et un grain de folie | Pontivy Journal (actu.fr)

Emission de radio réalisée par Céline Kergonnan avec Victorien Leman

Saint-Aignan (56). Paysages, rencontres poétiques Motten Morvan (unidivers.fr)

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Article : Blablazik : ma petite distillerie plaisir avec les artistes
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17 juin 2022

Blablazik : ma petite distillerie plaisir avec les artistes

Blablazik est une émission de radio diffusée à l’antenne et en podcast sur Radio Breizh depuis mars 2020. Mars 2020 ? Tiens donc, ça ne vous rappelle rien ? Depuis un enregistrement avec le duo Morsgaël en amont d’un concert de St-Patrick qui n’a jamais eu lieu, je reçois régulièrement en studio, ou chez eux pour certains, des artistes qui me font vibrer le temps d’un échange improvisé. De Plan B à Blablazik, il est facile de faire le lien, de comprendre un mode de fabrique et une signature. Merci à Mondoblog et à Radio Bro Gwened d’être ces espaces où tout est possible.

Le concept de Blablazik est on ne peut plus simple. Du blabla et de la zik ! Pendant 45′, les invité.e.s ont tout loisir de nous faire partager leur univers. Je tire doucement sur les fils d’une histoire que je découvre dans l’instant. Il est question d’enfance, de relations, de racines, de références, de répertoires, d’instruments, de choix, de liberté, d’amitié. Je puise dans cette intimité éphémère ce qui donne toute sa saveur à l’émission. J’improvise et j’aime ça. Chaque morceau live apporte une respiration chargée d’émotion et (m’)ouvre à d’autres niveaux de conscience.

Passer de l’ambiance backstage au studio

J’ai créé Blablazik parce que j’ai écouté ce que m’ont dit les deux musiciens de Morsgaël sur l’intérêt d’un moment qu’ils venaient de partager avec moi. Nous ne nous connaissions pas. Le Covid aidant, je me suis lancée sans autre filet que mon plaisir de vivre ces instants à part. Comme une vraie chance. Dans une bulle de confiance et de liberté totale. Avec en prime ce privilège rare de ne rien avoir à gérer sur le plan technique. Radio Bro Gwened veille aussi bien à la prise de son qu’au montage. Quand je suis « on my own », je gère la prise de son avec mon téléphone portable et jusque là, ça le fait.

Offrir à un auditoire ce rendez-vous mensuel au gré des aléas sanitaires a été une façon simple et joyeuse d’exprimer ma solidarité avec une profession mise en péril par la pandémie. J’avais pris l’habitude des ambiances backstages à pas d’heure dans la nuit pour archiver des expressions d’artistes au gré de mes envies. Il y a du bon à s’inventer des Plan B, en toute circonstance.

Magnifique cadeau d’anniversaire, merci Blablazik

Deux ans plus tard, je mesure encore mieux la chance d’avoir su créer des conditions d’écoute pour partager un geste musical, un propos, dans un espace scénique réduit à l’essentiel. Quand le hasard s’en mêle, c’est parfois jackpot. Le jour de mon anniversaire en mars dernier, j’étais face à Sadam, le leader du groupe Imarhan, de retour en Bretagne après six ans d’absence. Vous qui avez lu certains billets sur Plan B, vous savez combien je suis complètement dingue de musique du désert.

Plutôt qu’épiloguer sur ces conversations qui m’ont apporté de vrais moments de bonheur, je vous suggère de piocher au hasard parmi les 14 podcasts déjà en ligne, selon vos propres centres d’intérêt ou envie de voyage.

Parfum d’Eden dans mon jardin monde

A sa façon, chacune de ces émissions est une invitation à croire au paradis sur terre. Elle est là la magie des artistes. Cette capacité à nous transporter loin d’un monde dont le curseur se résume parfois à trouver notre polarité quelque part entre le supportable et l’insupportable, le confort et l’inconfort, la beauté et la laideur, un trop plein d’amour ou la désespérance dans l’être humain.

Quand on apprend à distiller son plaisir à l’écoute du talent, le simple don de soi devient lui aussi un art subtil. C’est ce que je vis avec Blablazik : la sensation de créer une fragrance sonore qui explore et embaume l’espace d’un instant la profondeur de nos plus intimes capteurs. Délectation !

Accéder aux podcasts Blablazik en un clic

Vous n’avez plus qu’à vous laisser guider par une envie et si le voyage vous plaît, merci de penser à partager votre expérience d’écoute dans les commentaires. Je ferai suivre vos retours aux artistes et à la radio dont le nouveau site internet vient tout juste d’être mis en ligne.

Georges Breuil, violon, Dick Malicka, chant et guitare, forment le duo de musique irlandaise Morsgael

Pinc Floyd, Ronan et Arthur Pinc, violon et guitare, père et fils story !

Adeline Haudiquet et Doniphane, le duo intensément blues d’Akene bleu

Le trio Jinji a produit Floating world grâce à une collecte de fonds

Alexandre Guilloux, piano, Armel Le Dorze, ténor, donnent vie aux Zopioks.

Créateurs de Barok, Lomig Le Lu, Gwenvaël Le Moal, potes de maternelle

Un univers à part entière avec White Oak Standing

Ils ont tout pour vous faire aimer leur trip rock underground Shannons

Mali-Bretagne avec Yohann le Ferrand et la chanteuse Tina, Yeko cartonne

Ethiopie-Bretagne, Badume’s band, c’est une longue histoire d’amour

Cette histoire unique dépasse la fiction. Kristo a tenu promesse, la promesse d’une vie

Dourgan, quand l’âme du monde celte envahit le studio et change le monde en un solo

Anniversaire génial avec Imarhan pour inconditionnelle de musique du Sahara

B comme Bonus

Pouvoir parler de la génèse d’un projet de création bien avant sa sortie officielle, c’est aussi cela Blablazik. Et nourrir des liens d’amitié !
Je ne m’explique toujours pas ce qui me lie au blues du désert, mais je sais que Blablazik comme Plan B existent grâce à ce lien puissant
La musique, surtout chez moi en Bretagne, c’est aussi une énergie folle partagée dans une ronde de danseurs et danseuses, avec un vivier de création incroyable. Personne ne te demande si tu es pro ou amateur, tu joues quoi et tu prends ton pied.

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Article : Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?
B comme balises à babord pour moins baliser
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19 mai 2022

Journée UNESCO : le 21 mai dans un quartier urbain multiculturel en Bretagne, quesaco ?

Quatre associations du quartier de Villejean accompagnée par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble, officialisent à Rennes le lancement d’un projet artistique participatif à l’occasion de la journée mondiale de la diversité culturelle, ce samedi 21 mai 2022. Ce serait trop long à expliquer, mais cette action inédite et originale visant la promotion des valeurs défendues par l’UNESCO n’existerait pas sans Mondoblog-RFI et sans Plan B.

La démarche innovante mise sur pied depuis janvier 2022 par des femmes bénévoles de différentes générations et nationalités s’inscrit en soutien à un projet porté depuis cinq ans par une de ces associations, « Le Bougainvillier », avec une détermination exemplaire face aux difficultés rencontrées : « le Palmier câlin ». Innover, c’est accepter de ne pas rentrer dans des cases. Dans le système français tel qu’il s’applique le plus souvent à nos réalités sociales et culturelles, c’est très compliqué !

Il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel. En France, au lieu d’encourager le développement de l’initiative, voire l’innovation sociale, les cadres imposés par certaines collectivités pour promouvoir l’éducation, la culture, la créativité, sont parfois juste de parfaits outils pour entretenir des logiques discriminatoires et des jeux de pouvoir bien établis à toutes les échelles de prise de décision. Promouvoir la diversité culturelle impose un préalable : oser regarder en face les disfonctionnements et les hypocrisies sur lesquelles se sont construites nos institutions.

Françoise Ramel

Associer les habitants et des artistes

Ce que cherche à expérimenter les femmes du quartier de Villejean en prenant en main leur destin mérite qu’on oublie – le temps d’une chance donnée à l’intelligence collective et au lien social – ces cases faites pour et par des référentiels qui n’ont rien à voir avec d’autres modes de pensée et d’action, hérités des cultures et des sociétés africaines. Oui, il ne faut pas confondre dictature de la pensée et didacticiel.

Sous l’impulsion d’une chanteuse bretonne, Annaïg Ramel, le projet intitulé « Etre et renaître » associe cinq artistes du territoire qui seront présentes pour le lancement du projet ce samedi et deux artistes résidant à Bruxelles et Paris : Elisa de Angélis, dramaturge italienne de 36 ans, Tina Salimata Traoré, chanteuse malienne, jeune maman solo.

Le choix s’est porté assez spontanément sur 7 femmes artistes d’horizon divers qui ne se connaissent pas. Toutes ont adhéré d’emblée à la proposition et acceptent de se lancer dans une entreprise où l’inconnu prime sur le confort et les certitudes.

Lors d’une réunion de préparation de la Journée mondiale de l’UNESCO à la Maison de quartier de Villejean en mai, avec deux responsables d’associations partenaires et deux étudiantes. Cinq femmes, cinq nationalités, une même envie d’agir – Crédit photo Françoise Ramel

Ces créatrices se verront confier les textes écrits par les habitant.e.s d’ici le 1er juillet pour les mettre en scène à partir de leur propre vécu, leur expression singulière et croisée. Impossible de dire aujourd’hui ce qui sortira de l’alambic. C’est bien là tout l’art d’un projet participatif, collaboratif, solidaire, construit sur la confiance mutuelle a priori, le respect et l’écoute réciproque. Rien d’autre.

Ces jeunes artistes sont aussi pour certaines d’entre elles des mamans solo confrontées à des problèmes de garde de leurs enfants, tout comme les femmes du quartier de Villejean qui cherchent à développer leur potentiel, à se créer des opportunités rares dans un contexte souvent peu encourageant en matière d’expression et d’émancipation.

Liberté d’agir

Cette approche collective est volontairement autonome et autogérée, sans la tutelle d’une structure sociale ou culturelle. Notre totale liberté sur la gouvernance comme sur les modalités d’action donne toute sa force au projet. Mais il laisse la place à toutes les structures de type public qui le souhaitent d’être dans leur mission : faciliter.

Accompagner sans détruire ce qui fait l’originalité d’un propos, sa substance, sa raison d’être, au nom d’une expertise ou d’une expérience jugée supérieure à celle des premiers concernés, les habitants, n’est pas si simple. Surtout dans une époque un peu-beaucoup troublée, gonflée à bloc de surcroît par les discours de compétition, de réussite. Parce que reconnue par des diplômes ou je ne sais quel présupposé donnant autorité à celui (ou celle) qui a le pouvoir de vous empêcher d’agir s’il en a envie, quelle expertise peut se prévaloir sur une autre en matière d’innovation sociale et d’action culturelle ?

L’ambition partagée avec les femmes du quartier de Villejean se fonde non pas sur le statut, l’origine, la langue parlée, l’âge, ou tout autre critère discriminatoire dans une société française ultra-formatée, peu encline à voir une richesse dans la différence, un progrès dans la coopération. Ce qui nous interpelle et nous intéresse, ce sont des potentiels spécifiques à développer, à combiner quand c’est plus efficace, et les freins rencontrés par toute femme sur son parcours, juste parce qu’elle est née femme.

A fortiori quand elle appartient à cette catégorie de population victime d’un terme barbare inventé par les chercheurs : l’intersectionnalité.

L’ intersectionnalité (de l’anglais intersectionality) ou intersectionnalisme est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.

Wikipédia

Paroles de femmes

La parole de femmes engagées sera mise en avant samedi matin afin d’évoquer leurs ambitions, leurs stratégies pour concilier responsabilité familiale et vie professionnelle, ainsi que l’apport interculturel de ces quartiers populaires, assez souvent marginalisés, voire décriés dans la métropole rennaise.

Dramatiquement, des faits renforcent parfois cette image de quartier défavorisé. C’est le cas du féminicide survenu le mois dernier à Villejean. Bien sûr, nulle d’entre nous n’avait envisagé ce cas de figure au moment de réfléchir à la façon de travailler ensemble, parce que nous en avions juste envie. Parce que nous en avions l’audace.

Un format s’est peu ou prou dégagé de nos échanges informels, quand à partir d’une idée de départ, monter un festival de femmes, nous avons su dégager les points forts d’un vrai projet pertinent, susceptible de fédérer d’autres énergies bénévoles en plus de la nôtre. Un projet surtout plus léger dans sa mise en oeuvre que l’organisation d’un événement musical festif, aussi séduisante cette projection soit-elle.

Nous ne savions qu’une seule chose : il ne faudrait compter que sur nos énergies pour définir ce projet sorti de nulle part sinon de nos utopies, lui donner une forme attractive, la plus pro et sympa possible. Et ce, sans un centime de financement public avant d’officialiser les premiers temps forts programmés d’ici l’été.

Etre et renaître

La dynamique impulsée à travers l’appel à textes « Etre et renaître » donne carte blanche aux habitant.e.s avec un parti pris original : considérer la valeur de cette expression multiple, multiforme, multilangues, en misant sur un process de création artistique confié à des femmes qui se sentent concernées par des problématiques similaires dans leur vie personnelle et leur vie d’artiste.

Les réponses spécifiques à apporter en local aux besoins des mères en s’appuyant sur leur propre capacité collective à prendre en main leur destin, nécessitent de leur donner accès à un accompagnement adéquat, bienveillant, non condescendant ou autocentré sur des référentiels culturels déconnectés du vécu de ces quartiers cosmopolites, territoires vivants et créatifs, en interaction avec d’autres territoires du local à l’international.

L’appel à textes s’accompagne d’un appel à tissus. Les artistes sur scène après l’été pour présenter aux habitant.e.s le résultat de leur travail dans le cadre d’une résidence de création de trois jours seront habillées par les stylistes pro ou amateurs du quartier. Ce choix illustre l’esprit de créativité et la démarche proactive de valorisation des talents locaux au sein du concept innovant « Palmier câlin ».

Avant-goût de cette Journée UNESCO sous le signe de la création

Programme des tables rondes de 10h à 12h – Samedi 21 mai – Maison de quartier de Villejean

1ère partie : « Etre et renaître » un projet interculturel autogéré ancré au local, sur mesure (10h-11h)

Lancement officiel de l’appel à texte / Présentation de l’équipe projet bénévole interculturelle

Table ronde avec les artistes locales sollicitées pour travailler à partir des textes recueillis d’ici l’été

Présentation des étudiantes associées à la dynamique projet dans le cadre de leurs études ou par simple désir de participer (Lannion, Rouen, Amiens, Rennes …)

2ème partie : Journée mondiale de la diversité culturelle (11h-12h)

1/ Interview de Martine Doua, directrice de l’association Le Bougainvillier

Rappel des fondamentaux liés à ce projet porté par les habitant.e.s en réponse à leurs propres définitions de leurs besoins : lieu d’accueil, compétences d’accompagnement, stratégie de développement du potentiel de  chacun.e à travers une ambition collective, un résultat partagé et une autre approche de la parentalité

Etat d’avancement du projet « Palmier câlin » : quels progrès actés grâce à une expérimentation programmée en 2022 par le Comité de pilotage ?

2 / Questions posées par Françoise Ramel, présidente de TIMILIN, à Régine Komokoli, Collectif Kuné, et Maguy Ndjali Eteno, présidente de Solidarité partage des Savoir-faire

Quelle interculturalité citoyenne à Villejean et Beauregard ? Utopie réaliste et changement à l’œuvre

Identité visuelle du projet

Le visuel qui accompagne le lancement officiel du projet « Etre et renaître » a été réalisé à titre bénévole par une étudiante infirmière, Katty Bardouil, qui sera diplômée cette année. Katty est d’origine bretonne et béninoise. D’autres étudiantes ont rejoint comme elle, la dynamique et apportent leur savoir-faire à la réussite de cette proposition au carrefour de tant de regards, tant de langues et de cultures.

Une véritable aventure humaine, avant d’être une aventure de femmes !

Crédit graphisme : Katty Bardouil

L’appel à textes

L’association Le Bougainvillier et le Collectif Kuné invitent les habitants de Villejean-Beauregard à participer à un projet artistique en soutien au projet Le palmier câlin.

Chacun, chacune, peut s’emparer du thème avec ses propres mots.

« Être et renaître »


Vous pouvez écrire un texte à titre individuel ou collectif sous la forme et dans la langue de votre choix.

Clôture de l’appel à texte le 1er juillet 2022


Ce projet de quartier et votre participation sont le support de plusieurs rencontres.

Journée mondiale de la Diversité culturelle, UNESCO, samedi 21 mai

Journée nationale du Patrimoine de Pays et des Moulins, samedi 25 juin

Des scènes ouvertes au Parquet d’bal suivies d’une résidence avec 7 femmes artistes après l’été.

Les textes signés permettront de vous inviter à ces événements.

Vous pouvez choisir de rester anonyme.


Pour participer, c’est simple !

Vous déposez vos textes dans les « paniers câlins ».

Où ? Maison de quartier de Villejean, Arbre à palabre, Ferme de la Harpe

OU vous partagez votre production sous forme numérique.

 document (word, pdf, jpeg, png), fichier son, courte vidéo

Une seule adresse d’envoi : etreetrenaitre.villejean@gmail.com

Cette initiative a pour partenaires Solidarité et partage des savoir-faire, Educ-Ustawi, la Maison de quartier de Villejean, la Ferme de la Harpe, l’Association Trois regards.

Projet coopératif impulsé et accompagné par l’association Timilin, moudre nos idées ensemble

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1001 façons de ré-enchanter le quotidien

Auteur·e

L'auteur: fanchon
Passionnée de rencontres, engagée sur de beaux projets qui me tiennent à coeur là où j'ai décidé de vivre, au coeur de la Bretagne, j'ai cette chance de pouvoir virevolter avec les mots, leur musique, j'aime me laisser porter par toutes ces images qui n'ont besoin d'aucun moyen technique pour nous faire voyager, ressentir des émotions profondes. confronter nos convictions, faire naître un souffle qui réveille chez celle ou celui qui s'embarque dans le récit l'envie de passer un bon moment en cette compagnie sans paillettes ni chichi.

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