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    PLAN B
      Article : Ousmane Sy : aujourd’hui, le contemporain, c’est nous
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      29 décembre 2020

      Ousmane Sy : aujourd’hui, le contemporain, c’est nous

      Le 30 juin 2018, je me suis rendue au village de Saint-Antoine en Lanrivain (Bretagne) pour le festival Lieux mouvants. Je souhaitais rencontrer Ousmane Sy et voir en avant-première sa nouvelle création : Queen Blood, un spectacle dont il sera question pendant la Saison Africa 2020.

      Un créateur est celui qui sent avant tout le monde ce dont ont besoin nos imaginaires dans un monde en mutation, où ce qu’il convient de reconstruire sont nos valeurs et de nouveaux cadres de référence.

      Une vie consacrée à la danse, une philosophie des corps en mouvement

      Ce danseur talentueux allait prendre la direction du Musée de la Danse à Rennes en janvier 2019 et investir d’intéressants univers chorégraphiques. Comme il le fait avec cette troupe Hip hop 100% féminine : Paradox-Sal. Je ne voulais pas manquer cette chance unique de l’approcher plus facilement qu’à Paris. C’est là que je l’avais repéré grâce à la programmation du Festival Danse élargie.

      « Paradox-sal est un concentré de women’s power composé de danseuses aux parcours variés, tant dans leurs expériences artistiques que culturelles. Ousmane Sy, véritable ambassadeur de l’afro-house, a rassemblé ces danseuses de styles divers. Le vocabulaire des danses africaines se mélange subtilement avec le langage de la house dance. Etendards culturels et artistiques de la jeunesse plurielle hexagonale, Paradox-sal représentent LA french touch féminine du moment« , pouvait-on lire dans le programme de Lieux mouvants.

      Elles sont puissantes, elles sont femmes, elles rayonnent. Il y a une joie entre elles, une espèce de chose que je trouve très politique, cette espèce de force.

      Séverine Chavrier, jury, Danse élargie 2018

      Queen Blood est au programme de la Saison Africa 2020. La disparition subite d’Ousmane Sy à 40 ans le dimanche 27 décembre 2020 est une bien triste nouvelle. Pour le monde du spectacle vivant, mais aussi pour nous qui aimons cette Bretagne qui ose soutenir la création, bousculer les codes. Il n’aura pas eu le temps de porter à son sommet l’ambition qui l’animait avec le collectif Fair[e], en tant que responsable du Centre national chorégraphique de Rennes et de Bretagne.

      La beauté de Danse élargie, c’est le croisement des mondes. Si ce n’est pas à Danse élargie, il y a plein de propositions que je n’aurais pas vues ou que je n’irais pas voir. Y a pas mal de choses qui m’ont interpellé, notamment j’ai beaucoup aimé le travail sur le clitoris. Je ne m’attendais pas à ça.

      Ousmane Sy, Danse élargie 2018, le film
      Ousmane-Sy

      Une émotion largement partagée depuis dimanche

      C’est vraiment une année moche, infiniment moche. J’avais croisé Ousmane à plusieurs reprises depuis son arrivée en Bretagne. J’y avais contribué avec d’autres, dont mon ami Benoît Careil, maire-adjoint de Rennes.

      Jean-Michel Le Boulanger, 1er Vice-Président, Région Bretagne

      Un pied dans le club, l’autre dans le battle : c’est entre ces espaces d’expression qu’Ousmane Sy revendique son appartenance à la House. Jusqu’à en devenir un des ambassadeurs majeurs en France. En créant l’« Afro House Spirit », il s’intéresse à ce que la rythmique House porte d’histoires croisées et de filiations afro-descendantes.

      A chaque rencontre, il m’avait impressionné et il m’avait séduit. Voilà quelqu’un qui n’était pas étouffé par son égo. Une grande modestie, une réserve, comme une timidité. Et puis la conversation s’ouvrait, et l’on découvrait un univers, une culture, une philosophie, des références multiples et une grande curiosité. Un monde. Un appétit. Aucun tape à l’oeil. Juste une grande humanité.

      Jean-Michel Le Boulanger, 1er Vice-Président, Région Bretagne

      «One Music for every Dance, one House for every Culture» 

      Je retranscris ici pour tous les amoureux de la danse l’échange que j’ai eu avec Ousmane Sy, dans une grange à Saint-Antoine. La journée avait été particulièrement chaude et nous trainions à la fraiche un soir de Coupe du monde, histoire de ne pas rompre trop vite le charme de ces instants de culture au milieu d’une prairie semée de blocs de granit, en plein air.

      J’avais auparavant réalisé l’interview d’une danseuse kényane que je vous recommande d’écouter également, pour mieux comprendre les coulisses de ce métier exigeant et par la même occasion le travail qu’a accompli Ousmane Sy en choisissant d’y consacrer toute son énergie et sa créativité.

      Quant à Ousmane Sy, créateur du concept All 4 House, il était là en face de moi, grand, souriant, à l’écoute. J’avais attendu la mi-temps pour lui permettre de suivre tranquillement son match ! En écrivant cet article, je découvre que même le foot inspirait son regard de chorégraphe.

      Ousmane Sy, l’interview

      PB : Vous êtes à Lanrivain avec une équipe internationale féminine, alors on ne parle pas de foot-ball mais de danse, d’accord ?

      O.S : Exactement, une équipe gracieuse, vraiment passionnée et talentueuse, à mon goût. J’y vois la prolongation de ce qu’on appelle le All 4 House, une musique pour toutes les danses.

      PB : Vous avez participé les 16 et 17 juin à une compétition internationale et Queen Blood est revenu de Paris avec un 3ème prix et le prix de l’équipe Technique qui renforcent le rayonnement de votre travail actuel. Une surprise ?

      O.S : C’est clair que ça nous sort de notre zone de confort, nous ne sommes pas habitués à nous produire dans ce type d’événement. Que le jury Technique ait apprécié cet extrait de Queen Blood, ça me fait chaud au coeur. Ce sont des pros qui voient énormément de spectacles dans l’année, de toute nature. Ca veut dire que nous pouvons toucher tous les publics et aussi ceux qui font que les spectacles brillent. Je ne m’attendais pas non plus à ce 3ème prix. Être différent, c’est sûrement cela qui a joué, c’est ce sur quoi je mise dans mon travail de chorégraphe.

      PB : Ces danseuses viennent de très loin pour pouvoir vivre leur passion chez nous avec l’espoir de percer à l’international. Chacune évolue dans un style et des références qui lui sont propres. Comment s’est faite la rencontre entre l’Australie, l’Afrique, l’Amérique et vous, Ousmane ?

      Nadiah-Idris_Ousmane-Sy
      Nadiah Idris est australienne. Cette jeune artiste m’a bouleversée par son énergie, son charisme, comme si elle avait surgi d’une autre planète. Ousmane Sy a su réunir les meilleures.

      O.S : J’ai une réputation internationale dans mon domaine, la House Dance. Comme pour le skate board, chacun cherche à performer et à affiner un maximum sa technique. La France est l’un des pays le plus côté dans le monde pour le Hip Hop, c’est normal de venir y tenter sa chance quand on cherche à exceller dans cette discipline, au niveau scénique, technique, et dans le style « battle ».

      PB : Vous apportez à ces jeunes femmes la possibilité de se produire, d’apprendre à travailler ensemble et quoi d’autre ?

      O.S : Je leur transmets ma connaissance de la technique, de la danse que je pratique, tout en respectant leurs individualités et en les mettant au service d’un groupe. Car à la base, c’est un groupe, pas une compagnie. Ces filles se connaissent, dansent ensemble ailleurs que sur les scènes. Elles peuvent se retrouver dans des compétitions, dans des défilés, des expos, à la TV, en plein d’endroits différents, toujours en respectant ce concept All 4 House.

      PB : Tu as surtout dansé avec des hommes. Qu’est ce que cela t’apporte de travailler avec des femmes ?

      O.S : Oui, j’ai essentiellement dansé avec des hommes, ce que cela apporte, c’est un échange. Elles ont une perception de la danse différente de la mienne. Comme je cherche à modeler, ou plutôt à faire du sur-mesure, je suis obligé de comprendre dans leur psychologie, dans leur attente, dans leurs faiblesses, ce que je peux leur apporter en plus, sans m’accaparer la personne en tant que telle. Dans cet échange-là, j’apprends autant que je donne. C’est ce qui m’intéresse en fait.

      PB : Tu les sens motivées, elles sont prêtes à te suivre. Est-ce que ça t’aide à te remettre en question, à réfléchir aux orientations que pourrait prendre le Hip hop dans l’évolution du langage chorégraphique ?

      O.S : Ca m’amuse en fait. Car dans le Hip hop, on ne se pose pas la question du regard de l’homme ou de la femme, même si de l’extérieur on parle souvent de machisme, ou ce genre de chose. Ce qui importe, la seule question à se poser, c’est la qualité de celui ou celle qui danse. Souvent j’ai eu à faire avec des petites remarques, ça me fait rigoler et c’est pour ça que j’en parle. « C’est un groupe de filles, mais c’est un homme qui est derrière ». Qu’est-ce que ça veut dire?

      Ce sont des clichés que j’ai envie de casser, au niveau des institutions qui ont une vision contemporaine et classique, parce que ça vient de là. Aujourd’hui, le contemporain, c’est nous. Quand j’avais 7 ans, la lutte qui s’est mise en place avec la danse contemporaine, c’est la même que celle qui m’anime avec les danseurs Hip hop et House. Le fait qu’on essaie de se mettre dans le temps, de faire comprendre les choses, c’est exactement la même démarche que d’autres ont eu il y a 20 ans.

      J’ai la chance de pouvoir danser. J’espère être une motivation, peut-être pas un exemple, mais je veux montrer que c’est possible pour que le regard des gens change avec ceux qui arrivent après moi.

      PB : Tu vas bientôt diriger avec le Collectif Fair[e] le Musée de la Danse à Rennes. Quel message aimerais-tu passer pour nous inciter à venir te voir ?

      O.S : Le Musée de la Danse, c’est une scène nationale que Boris Charmatz a vraiment développé à son image, à ses couleurs. Franchement, respect pour le travail qu’il a pu faire. On va s’inscrire dans la continuité. On ne va pas chercher à casser les codes. Ce que je peux dire, c’est que ce ne sera pas forcément comme avant. C’est toujours bien de tenter la surprise. Si ce sera mieux ou pire, je ne sais pas, mais ce sera nous. Faudra venir voir et avant de porter tel ou tel jugement, laissez-vous porter par la curiosité plutôt que par des a priori.

      L’héritage laissé par Ousmane Sy vivra

      Traversé pendant une décennie par le geste artistique impulsé par Boris Charmatz, le C.C.N.R.B sous le nom du Musée de la danse, tel un manifeste, a su offrir au secteur chorégraphique une utopie poétique et politique. Le collectif Fair[e] en charge de sa direction, désormais sans Ousmane Sy, saura faire vivre l’esprit d’ouverture et d’engagement qu’il a su impulser en Bretagne et sur toutes les scènes.

      De nombreux hommages vont être rendus à cet artiste français d’origine malienne déja entré dans l’Histoire de la Danse par la seule puissance de ses convictions, sa personnalité et son sens aïgu de la transmission. La dynamique collective que nous portons en Bretagne depuis plus d’un an dans le cadre de la Saison Africa 2020 sera un vecteur utile pour continuer l’oeuvre d’Ousmane Sy.

      Salut Baba, si ça n’avait pas été toi, je ne serais pas allée à Lanrivain ce jour-là !

      Oui, 2020 est une année moche, vraiment moche.

      Ousmane SY à Rio avec Manu Dibango
      JO de Rio, août 2016, Ousmane Sy et Manu Dibango posent devant l’objectif avec des danseuses de Paradox-Sal. Tous deux nous ont quittés en 2020.

      B comme Bonus

      Je vous recommande ce portrait de Ousmane Sy, alias Babson ou Baba pour ses ami.e.s.

      https://www.danseaujourdhui.fr/ousmane-baba-sy-regard-posture-portrait-de-choregraphe/

      Début janvier, vous trouverez ici mon interview diffusée en podcast par Radio Bro Gwened, partenaire officiel de la Saison Africa 2020.

      Je vous souhaite un bon passage entre 2020 et 2021 avec l’envie de vous faire découvrir une autre planète.

      Pour contacter la compagnie Paradox-Sal, c’est ICI.

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      Article : Sahara Drask Eskemm, l’esprit Africa 2020 made in Breizh
      B comme Blues touareg
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      22 décembre 2020

      Sahara Drask Eskemm, l’esprit Africa 2020 made in Breizh

      La fin de l’année approche. Il est temps de vous parler d’un des projets bretons labellisés Africa 2020. J’y travaille depuis un an contre vents et marées, portée par l’énergie de toutes celles et ceux qui croient dans sa réussite : Sahara Drask Eskemm. C’est plus qu’une belle idée, plus qu’une graine d’utopie semée au hasard d’une envie pendant un fest-noz à Pontivy. C’est l’affirmation d’une volonté contre les travers d’une époque, le choix de la beauté singulière d’une rencontre à venir entre douze jeunes musiciens bretons et berbères. Cette rencontre s’accompagne de projets pédagogiques initiés dans plusieurs établissements, à Dinan, Rennes et Casablanca, mais aussi bientôt à Agadez.

      « Voir les facteurs qui fragmentent les sociétés humaines prendre le pas sur ceux qui les cimentent », est un risque majeur nous dit Amin Maalouf dans son dernier essai Le naufrage des civilisations paru aux Éditions Grasset.

      C’est là justement le désolant paradoxe de ce siècle : pour la première fois dans l’Histoire, nous avons les moyens de débarrasser l’espèce humaine de tous les fléaux qui l’assaillent, pour la conduire sereinement vers une ère de liberté, de progrès sans tâche, de solidarité planétaire et d’opulence partagée. Et nous voilà pourtant lancés, à toute allure, sur la voie opposée.

      Amin Maalouf, Le naufrage des civilisations – 2019
      Visuel Africa 2020
      Tout projet labellisé Africa 2020 comme Sahara Drask Eskemm se reconnaît à ce logo. La Saison Africa 2020 a commencé le 1er décembre 2020, après un report lié à la Covid-19.

      Être libre et le rester

      Je ne me résigne pas à ce naufrage, pas plus que je ne prends pour argent comptant ce verdict fataliste : c’est dur d’avoir 20 ans en 2020.

      J’aimerais que Sahara Drask Eskemm soit un appel citoyen, une adresse à la jeunesse. Comme se répandrait à la surface d’une réalité trop lisse une onde tranquille mais puissante contre le formatage à tous crins dont nous sommes tous les cibles, surtout en ce moment.

      Alors comment rester mobilisée pour faire qu’une intuition trouve le bon chemin jusqu’à sa réalisation ? Comment mettre un rêve éveillé sur ses rails ? Entretenir le goût du voyage quand plus rien ou presque ne bouge ? Cultiver l’art de l’invitation à défaut de pouvoir partager de vrais moments de scène, d’expositions, de débats ?

      Peut-être en me remémorant des instants magnifiques. Ceux que j’ai eu la chance de vivre au Sahara et la bonne idée d’archiver dans ce blog. Ou en souriant en remontant à mes amours de jeunesse. Plus punk et underground, aux accents British et citadins ! Rock in the kasbah ! Quand avoir 20 ans était le plus beau des cadeaux ?

      Les oiseaux connaissent le voyage, pas l’exil
      Ma rencontre avec Intidao (Tinariwen) a marqué mon premier séjour au Sahara, grâce à l’accueil des organisateurs du Festival Taragalte, M’hamid el Ghizlane.

      A l’origine de Sahara Drask Eskemm

      En décembre 2017, j’avais repris la route du Sahara sans savoir que je ne retournerai pas de sitôt à M’hamid el Ghizlane. Cette fois j’avais en tête un arrêt à Ouarzazate et une virée dans la vallée des Roses.

      Cette même année, j’avais vécu la riche expérience du tournage de mon premier documentaire, avec Laila Lahlou, journaliste de Casablanca. Une bretonne qui fait découvrir le Sahara à une marocaine pour l’aider à lancer une nouvelle série de reportages diffusés par Télé Maroc auprès d’un large auditoire arabophone, et pourquoi pas ?

      Ce film d’une heure, M’hamid el Ghizlane devait exister. L’absence de traduction empêche toujours sa valorisation comme support pédagogique près de chez moi. La Saison Africa 2020 permettra peut-être de lever cet obstacle. Mais je ne regrette absolument pas d’avoir voulu que ce documentaire soit tourné en darija.

      Il n’en reste pas moins que le royaume du Maroc compte une autre langue, le berbère toujours minorisée mais officialisée depuis quelques années.

      D’où ce court séjour à Ouarzazate pour rencontrer Tarwa N-Tiniri. Je savais qu’il me serait difficile de voir ces jeunes artistes d’origine nomade en concert. Covid ou pas, je voudrais me téléporter dans ce garage qui leur servait de lieu de répétition. Revivre ne serait-ce que quelques minutes ces moments si chaleureux, si joyeux. C’est dans ce garage qu’a été enregistré en 2019 leur premier album, « Azizdeg », grâce à deux jeunes canadiens, Simon Walls et Greg Bonnier.

      Tarwa N-Tiniri, le blues du chant amazigh

      Rencontre et retrouvailles

      Tarwa N-Tiniri doit son ascension rapide à la scène et aux festival marocains. Prix Révélation du carrefour international Visa for Music à Rabat en 2018, le groupe était en Bretagne en mai 2019. J’espère bien que nous parviendrons à les faire revenir pour la Saison Africa 2020.

      Ouarzazate-Nantes-Mellionnec, du nouveau pour Tarwa N-Tiniri

      Quand j’ai entendu les notes du groupe de Ouarzazate sur l’Ile de Nantes dans le cadre du Printemps des Nefs. Quelle émotion ! C’était magique. J’étais heureusement tombée par hasard sur l’annonce de ce concert improbable. L’obtention d’un visa au Maroc relève du parcours du combattant, j’en sais quelque chose.

      J’avais alors mis mes neurones et mon réseau local à contribution. Il fallait saisir cette unique chance de forcer le destin. Ce concert chez mon amie Anne-Laure Nicolas, dans la ferme bio du Bois du barde à Mellionnec, serait la promesse d’une possible route commune. La marque de fabrique de ce qui anime ce blog, Plan B.

      Et à votre avis, qui mérite justement qu’on donne son maximum ? Des jeunes qui montrent le meilleur d’eux-mêmes pour le seul plaisir de la rencontre, pour leur musique et leur culture.

      Avoir programmé ce concert dans une ferme bretonne, grâce à deux femmes, Britt Hansen d’Oslo, Anne-Laure Nicolas de Mellionnec, est une de mes fiertés, c’est aussi le point de départ de ce qui se concrétise avec Sahara Drask Eskemm

      Lors de ce déplacement éclair entre leur désert de sable et notre désert vert, ces artistes berbères n’ont pas eu le loisir de rencontrer d’autres musiciens. Impossible d’envisager une suite pour acter ce rapprochement entre la Bretagne et le Maroc, via l’expression de traditions en perdition mais bien vivantes grâce à nos langues, à la danse, à la musique.

      Drask, six jeunes bretonnants attendus au Sahara en 2021

      Six lycéens de Diwan décident en 2018 de participer au concours Inter-lycees. Drask est né, le groupe remporte la 2ème place du podium. Dans la foulée, il remporte le Kan ar Bobl, le césame de tous les artistes bretons.

      Poursuivre mes propres rêves en solitaire au gré des sollicitations venant d’Afrique aurait pu être une option. Ou me contenter de publier sur Music in Africa, Femmes ici et ailleurs, Unidivers, l’histoire de belles rencontres. C’est ma manière d’apporter mon soutien aux artistes, aux festivals, depuis de nombreuses années. Mais je suis toujours remuée en arrière-plan par ma vocation et mon expérience de pédagogue atypique.

      Sahara Drask Eskemm
      Le 13 mars en studio, avec Gweltas Rault et Iwan Audran, le jour du départ de Drask au Sahara. Ce jour-là, les frontières entre la France et le Maroc ont fermé. Les avions sont restés au sol.

      la façon dont j’ai toujours considéré l’enseignement en lien avec des projets concrets et des territoires en mouvement, sont venu spontanément m’apporter la réponse à une équation que je n’avais pas encore posée de manière consciente. Le jeu des circonstances a fait le reste.

      Je n’avais pas encore entendu parler de la Saison Africa 2020 que j’avais déjà tendu la perche à six jeunes musiciens bretonnants au Palais des congrès lors de la fête annuelle de Kerlenn Pondi qui a toujours lieu mi-novembre, sauf cette année comme toutes les autres manifestations culturelles rayées du calendrier.

      Drask me semble la meilleure option pour concrétiser cet esprit de coopération que nous cultivons à travers la Saison Africa 2020. Mais le contexte si particulier de l’année 2020 a contraint à revoir notre calendrier initial.

      La Culture pour ambassade

      Drask devait se produire sur la scène du Festival International des Nomades le 19 mars, Tarwa N-Tiniri était programmé par la Ville de Pontivy le 6 août, la veille de l’ouverture du Festival interceltique de Lorient. Ce n’est que partie remise. Mais il nous faut encore convaincre et trouver des financeurs, si nous voulons pouvoir organiser la résidence de création prévue au Sahara.

      Tous nomades ! Naître libre et le rester…
      Être libre et le rester, sous-titre de Sahara Drask Eskemm choisi par des enseignantes qui se sont inspirées de Plan B pour sensibiliser leurs classes aux cultures sahariennes

      Il nous faut aussi démarcher d’autres dates de concerts en Bretagne et ailleurs pour permettre à cette formation créée pour la Saison Africa 2020 de prendre son envol. Se produire dans les événements qui serviront de tremplin pour de futures tournées internationales est une condition. Ces 12 jeunes artistes doivent pouvoir vivre de leur talent, de leur travail, or cela semble compromis jusqu’à nouvel ordre.

      Archive sonore d’un faux départ

      L’institut culturel français du Maroc, sollicité via un appel à projet, n’a pas souhaité soutenir nos efforts pour maintenir à flot ce beau projet Africa 2020. Notre candidature se situait quelque part dans une pile de 200 dossiers !

      Nous ne pouvons que constater la volonté des artistes de maintenir une réelle démarche de création, malgré ces temps difficiles. Malheureusement, nous ne pouvons soutenir tous les projets.

      Institut culturel français, Ambassade de France, Rabat, 13/11/2020

      Je sais combien les territoires désertiques du Maroc souffrent de la situation actuelle, privés des revenus habituels que leur procure l’activité touristique, seule véritable économie permettant de lutter contre l’exode rural et la complète disparition des cultures nomades dans cette partie du continent africain.

      Une véritable ambition pédagogique

      Cette décision institutionnelle prise à Rabat par un organisme référent de la Saison Africa 2020 est la preuve que notre proposition vient remplir un vide. Avant que des projets de création puissent exister et rayonner loin des métropoles, encore faut-il leur permettre d’émerger.

      Avec Sahara Drask Eskemm, nous sommes sur ce parti pris. Les six musiciens de Drask ont fait faire leur passeport spécialement pour ce projet. Gweltas Rault, de Pontivy, n’avait pas 18 ans le jour du départ prévu pour Ouarzazate.

      Grâce à la musique, je propose à ces artistes bretons et berbères de jouer le rôle d’ambassadeurs auprès de lycéens et collégiens pour les intéresser aux cultures nomades, échanger avec eux sur les notions d’identité, de ruralité, de place de la jeunesse dans l’évolution des sociétés.

      Nous allons présenter aux élèves des deux continents qui participent au projet, un documentaire en cours de montage au Canada. Les deux auteurs de ce film sur Tarwa N-Tiniri sont Greg et Simon, dont je vous parlais plus haut, deux amoureux du son. Vous allez vous aussi pouvoir vivre l’ambiance si particulière de ce garage devenu studio d’enregistrement de fortune. Le temps de produire en deux jours, ce qui nécessite pour la plupart des groupes, plusieurs semaines de travail.

      Je les laisse se présenter et vous invite à apprécier leur démarche originale. Pour l’heure, après le Sénégal, le Maroc, ils sont sur un projet en Arctique.

      Je remercie chaleureusement les enseignant.e.s qui donnent tous son sens à ce projet régional Africa 2020. Notamment Chloé Kiddem, du lycée la Fontaine des Eaux à Dinan, mais aussi Véronique Marjou, du lycée Coëtlogon à Rennes, et Thomas Robertson, École Française Internationale de Casablanca.

      Il est certain que le projet de création Sahara Drask Eskemm comme sa variable pédagogique porte l’ADN de deux peuples, qui ont su nourrir nos imaginaires par leur héritage culturel. Et tellement plus encore !

      Bienvenue à Aurore, Adiama, Swann et Fodé

      Au lycée de Coëtlogon, dans le cadre d’un stage in situ, quatre élèves stagiaires de terminale professionnelle Gestion Administration (TBGA2) se sont lancés dans le projet le 23 novembre, et le pilotent, en attendant que la classe dans son ensemble s’y engage.

      Fodé Tounkara est le coordonnateur du groupe. Il est appuyé par Adama Konaté, Swann Preschoux et Aurore Lebranchu. Une rencontre en visio a eu lieu entre les élèves des deux établissements, pour échanger sur les actions à mener collectivement. Les élèves de Dinan était par ailleurs déjà lancés depuis plus longtemps dans le projet.

      Lors de notre appel en décembre, le groupe a exprimé le souhait de se concentrer plus particulièrement sur le Niger. Quelle bonne surprise ! Je leur ai soumis des pistes de réflexion, des sources à consulter et donné des contacts pour envisager de collaborations à Niamey et Agadez.

      Fodé et ses collègues ont présenté leur projet au proviseur, puis au Conseiller Principal d’Éducation pour évoquer de possibles animations pédagogiques si les financements le permettent. Le concours de la documentaliste a aussi été sollicité avant le départ en vacances.

      Nous sommes contents de la confiance qui nous est accordée pour piloter ce projet particulièrement intéressant (…), avec notre double regard, africain et breton. 2021 sera pour nous l’année du bac et d’Africa 2020.

      Fodé, Adama, Swann et Aurore

      Grâce au choix en faveur du Niger fait par ces lycéens rennais, j’embarque avec moi dans l’aventure un chorégraphe, un slameur et un rappeur nigériens, ainsi qu’un jeune chercheur d’Agadez, passionné par le patrimoine de sa splendide région.

      Merci donc à Obaz, Sage Soldat, Joël Gandi et Mohamed Alhassane, enthousiastes à l’idée d’apporter leur contribution bénévole à Sahara Drask Eskemm.

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      Article : Africa 2020: dessine moi une chanson
      Bien vu, agenda de petits riens qui aiment la différence
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      15 novembre 2020

      Africa 2020: dessine moi une chanson

      Début décembre marque le coup d’envoi de la Saison Africa 2020, initiée par le président français Emmanuel Macron. Une multitude d’initiatives ont vu le jour depuis plus d’un an partout en France, pour mettre en avant les points de vue des diasporas des sociétés africaines récentes. En Bretagne, la dynamique régionale, avec l’appui d’associations mobilisées, est révélatrice de la créativité à l’œuvre en matière de coopération locale et internationale. Africa 2020, c’est aussi un répertoire à vocation pédagogique, que je vous invite à découvrir.

      Visuel Africa 2020
      Tout projet labellisé Africa 2020 se reconnaît à ce logo

      Apprendre à coopérer

      La ville de Pontivy, en Bretagne, est le point d’ancrage de cette dynamique régionale grâce à la réactivité d’acteurs éducatifs et culturels qui ont exprimé leur désir de travailler ensemble. Ils et elles vont cheminer sur la durée de cette saison hors norme, impliquant 15 établissements scolaires volontaires, ainsi que leurs partenaires africains.

      Contexte sanitaire oblige, le lancement officiel programmé par le rectorat les 5 et 6 décembre au Palais des congrès de cette petite ville de 15 000 habitants n’aura pas lieu. Mais depuis octobre, un groupe de travail régional a pris à bras le corps cette ambition collective et planche sur de nouvelles propositions.

      Agnès Brosset a crée à Pontivy l’Académie d’art vocal. Elle est un des piliers de notre travail sur le répertoire Africa 2020

      Au printemps 2020, le conservatoire intercommunal et l’Académie d’Art vocal se sont positionnés pour apporter leurs contributions. Ils ont été rejoint récemment par l’Atelier Chant du monde, créé par Enora de Parscau, dans la commune de Baud, aussi située en Bretagne. L’objectif ? S’intéresser au répertoire musical Africa 2020.

      Les 10 et 11 avril 2021, ce répertoire sera présenté au public sur une grande scène par différents ensembles vocaux et fera l’objet d’une captation pour vous permettre de profiter du spectacle.

      L’Afrique à chanter, un projet de Radio France

      Le 4 novembre, Radio France a publié une première série de partitions et d’outils pédagogiques dans la foulée de la conférence de presse organisée à la Cité des Sciences à Paris, pour rappeler les grands axes et l’esprit de la Saison Africa 2020.

      Un des projets qui portent encore notre marque de fabrique Mil Tamm

      De nombreux échanges en amont avec Radio France ont facilité la préparation des ensembles vocaux de notre territoire rural, pour garantir une prestation scénique de qualité, qui mettra en valeur ce répertoire Africa 2020. Cette envie de chanter ensemble et de travailler en réseau, de la façon la plus simple et immédiate possible, n’est pas nouvelle chez nous.

      Quand il est si motivant d’embarquer dans une aventure humaine et solidaire, ce serait dommage de s’en priver.

      Quand cette mobilisation spontanée se fait sur la seule base de la confiance réciproque, c’est encore plus porteur, plus prometteur.

      Plan B vous invite à découvrir les six artistes et groupes sélectionnés pour ouvrir nos oreilles à d’autres sonorités, d’autres rythmiques, d’autres langues, et pourquoi pas à chanter vous aussi ces mélodies qui enrichissent notre connaissance de l’Afrique.

      Artistes Africa 2020 Radio France
      Radio France et l’Education nationale présentent le répertoire Africa 2020

      D’Est en Ouest, un continent en chansons

      Alsarah and the Nubatones (Soudan), Fatoumata Diawara (Mali), Senny Camara (Sénégal), Oum (Maroc), Tubatsi Mpho Moloi (Afrique du Sud), Blick Bassy (Cameroun) … Autant de voix et d’univers pour faire voyager votre imaginaire, donner des ailes à vos envies de projets avec le continent africain.

      Pour Radio France, s’associer à ce projet c’est soutenir avec fierté la création d’où qu’elle soit, participer à son rayonnement et faciliter le dialogue des cultures – tout cela s’inscrit directement dans ce qui fait le cœur de notre métier de média de service public.

      Sybile Veil, Présidente-directrice générale de Radio France

      En novembre, Radio France a mis en ligne les premières partitions du répertoire Africa 2020. D’autres suivront en décembre.

      Africa 2020, les bonnes ondes

      En octobre, Radio Bro Gwened, média officiel de la Saison Africa 2020 en Bretagne, a diffusé une émission spéciale Africa 2020. Deux enseignantes de lycée, Chloé Kiddem, Dinan, et Gwenaël Grini, Pontivy, partagent leurs expériences respectives de l’engagement qu’elles ont pris avec certaines de leurs classes pour s’impliquer dans cette dynamique.

      J’ai tenu également à interviewer Enora de Parscau sur l’Atelier Chant du monde et sur l’intérêt pour une chanteuse traditionnelle bretonne de s’intéresser au répertoire Africa 2020.

      Dans son témoignage, Enora évoque son envie de saisir une telle opportunité pour découvrir un univers musical qu’elle connaît mal. Elle explique aussi pourquoi elle a choisi d’inviter un jeune réfugié somalien à rejoindre son groupe de chant pour proposer lors de la prestation scénique au Palais des congrès de Pontivy deux chants de son pays.

      Chanter aussi en somali, pari tenu

      Liban Douale, un jeune chamelier du Jubaland est arrivé à Pontivy en janvier 2018 après avoir traversé le Sahara et subi des conditions atroces de survie dans les geôles libyennes.

      Grâce à Africa 2020, Liban Douale a intégré le projet labellisé de caravane porté par l’association Sitala.

      La danse, la musique, le chant sont pour Liban une véritable thérapie. C’est aussi un extraordinaire prétexte à la rencontre, à l’ouverture culturelle.

      Voici les deux chants que Liban a proposé à Enora de Parscau. Le premier, je l’ai entendu dans sa bouche, un jour où il était particulièrement abattu en rentrant d’un rendez-vous avec sa conseillère sociale au CADA de Pontivy. Il était encore confronté à une longue et chaotique procédure de demande d’asile.

      Magool est une grande chanteuse somalienne décédée loin de chez elle en 2004. Ce chant à l’oiseau raconte le chagrin d’une femme, confrontée à l’incompréhension, à la solitude.

      Le 2ème chant est une complainte d’orphelins, dont vous pouvez suivre les paroles sur cette vidéo.

      Cette chanson en somali fait écho au texte écrit par Senny Camara pour Africa 2020 sur les enfants des rues, à Dakar.

      La Bretagne au rythme d’Africa 2020

      Vendredi 13 novembre, le groupe de travail régional piloté par le rectorat a validé la tenue de rencontres Africa 2020 en ligne le 2ème samedi de chaque mois et un temps fort les 10-11 avril 2021 au Palais des Congrès de Pontivy.

      La rencontre du 9 janvier aura pour thème la musique. Ce sera l’occasion de promouvoir les projets bretons Africa 2020 qui portent sur cette expression artistique avec une grande diversité d’approche et de mettre en avant le répertoire Africa 2020 proposé par Radio France.

      Comme Plan B doit beaucoup à mes rencontres au Sahara, je vous laisse avec ce formidable chant de Oum au cœur des dunes de M’hamid el Ghizlane. Je ne vois pas plus belle invitation à nous rejoindre pour que nos actions Africa 2020 et nos voix réunies portent le plus loin possible nos espoirs pour une humanité responsable et resplendissante.

      Hertme Festival, peut-être le plus beau rendez-vous en Europe pour les artistes de l’Afrique francophone grâce à des bénévoles néerlandais et un petit village pas comme les autres
      Africa 2020

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      Article : La musique qui accompagne le premier discours de Joe Biden
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      8 novembre 2020

      La musique qui accompagne le premier discours de Joe Biden

      Pendant quatre jours, nous sommes restés suspendus sur le fil de l’Histoire, redoutant pour ma part comme beaucoup d’autres la victoire de Donald Trump, président américain sortant. 70 millions d’américain.e.s voulaient le voir rester à la Maison blanche. Plutôt que de m’inspirer de l’actualité, j’ai voulu m’intéresser à la bande son du premier discours du 46e président américain.

      Magnifique travail de l’image et du corps, signé par l’australien Throttle, grand classique américain inspiré de l’écrivain breton Jack Kerouac

      Hit the road « nasty man »

      Cette nuit, un vent d’espoir a gonflé de nouveau la bannière étoilée des USA, après une campagne qui a déchiré les deux camps, démocrate et républicain. L’heure est à l’apaisement, au rassemblement, au respect du résultat d’un scrutin sans appel, tant la victoire du binôme Biden / Harris est nette.

      Mais la tâche du nouveau président américain et de son équipe à la Maison Blanche s’annonce ardue dès janvier 2021.

      Avec 70 millions de voix, Donald Trump est le président sortant qui enregistre le meilleur score dans l’histoire des élections américaines.

      Les caricaturistes le dessinent sous toutes les coutures, notamment comme un perdant peu désireux de s’en aller pour laisser la place à son adversaire. Il n’a toujours pas reconnu sa défaite et félicité Joe Biden.

      Merci à Cartooning for Peace de nous donner accès au regard des caricaturistes du continent africain, comme ici avec Zapiro, Afrique du Sud

      La (re)conquête de l’Ouest

      Et pourtant, malgré ce plébiscite pro Trump alarmant, que retiendra l’Histoire du mandat de ce milliardaire affairiste devenu président américain en 2016, sinon cette faculté d’user du langage comme d’un crachat ?

      « Quand la saleté sur cet homme retombera sur lui, que personne ne se préoccupera de ses tweets, il sera enfin obsolète pour toujours »

      Joan Baez, « Nasty man », avril 2017

      Peut-être oublierons-nous sous l’effet du zapping permanent jusqu’aux réponses en chanson qui ont émaillé ses frasques, ses raccourcis, entre injure et imposture.

      C’est aussi cela l’Amérique, à la fois un terreau fertile pour tous les populismes, et de sublimes voix pour porter les arguments de la résistance, du courage de dire non à la violence, sous toutes ses formes.

      « Nasty Man » de Joan Baez fait référence à l’expression « nasty woman » utilisée par Donald Trump contre Hillary Clinton en octobre 2016 lors d’un débat présidentiel.

      « Such a nasty woman », que l’on peut traduire en « une femme tellement méchante / désagréable » avait rapidement été repris par les Américains pour lui opposer sa misogynie.

      « Oui, j’ai eu peur de ce long dépouillement des votes, non parce que les USA sont une grande puissance et mériteraient plus d’égards que d’autres nations, mais parce que toute grande élection est un message envoyé par un peuple à ses propres gouvernants, et par voie de conséquence aux autres peuples, aux autres États qui les conduisent vers l’avenir ou la faillite. »

      Fanchon

      Plutôt que de m’inspirer des communiqués repris dans toute la presse mondiale aujourd’hui, ou partager une analyse de ce choix qui n’appartient qu’aux seuls ressortissants ayant exprimé leur volonté par un vote, j’ai voulu m’intéresser à la bande son du premier discours du 46e président américain.

      Ce que nous dit la chanson

      En 1954, Boris Vian signe une autre lettre devenue célèbre : Le Déserteur

      Tout commence par un concert de klaxon. Oui, c’est cela aussi l’Amérique, l’art du drive-in, pandémie oblige. Puis surgit la voix rocailleuse du grand Bruce Springsteen, artiste indissociable de cette grande nation multiculturelle, de ses rendez-vous historiques.

      Qui n’a pas dans la tête un air de l’album « Born in the USA », sorti en 1984 et récompensé par un Grammy Awards cette même année ? La génération actuelle peut-être, vous qui avez 20 ans en 2020 ?

      Si tu connais cette pochette d’album, c’est que tu as connu mieux que le XXIeme siècle, veinard, veinarde, sans connaître le pire du XXe

      Cette élection opposant deux visons, deux conceptions de la destinée collective de tout un peuple, permet de démentir celles et ceux qui croyaient impossible l’accession d’une femme, d’une afro-américaine qui plus est, au poste de vice-présidente des USA. C’est une des rares bonnes nouvelles de cette année noire.

      Kamala Harris, l’autre présidente

      Kamala Harris / crédit photo : Wikimedia commons

      Noire, Kamala l’est aussi. Elle est surtout encore jeune et porteuse d’espoir. Elle incarne symboliquement ce constat lucide, et pour le moins regrettable : si la démocratie n’offre pas la possibilité de tels parcours, de telles batailles pour l’émancipation, alors ce n’est pas vraiment la démocratie qui s’exerce. Seulement la victoire de schémas de pensées discriminatoires et passéistes sur l’utopie d’un monde capable de tirer partie de la diversité culturelle pour nous assurer un avenir meilleur.

      En fin de discours, la voix de Joe Biden laisse entendre celle de Tina Turner, autre grande figure de l’histoire musicale mondiale, autre symbole fort d’émancipation et de persévérance. Spéciale dédicace à Kamala !

      Je veux voir le monde de cette façon !

      You’re simply the best

      Le 26 novembre 2020, Tina Turner fêtera ses 81 ans. Bruce Springsteen a franchi le cap des 71 printemps en septembre. Leurs chansons, leurs tubes planétaires ont bercé mon adolescence. Ils ont forgé à leur façon celle dont je voulais voir le monde avec le peu de compréhension que j’en avais, à travers l’école, mes discussions, les progrès de la science et des droits humains, retransmis en couleur depuis quelques années déjà à la télévision.

      Ces notes d’intro très rock de We care of our own, 2012, dans l’album Wrecking ball, ont accompagné l’entrée triomphale de Joe Biden. Well done, welcome Mister Président !

      Oui, je l’avoue, je ne voulais pas voir Donald Trump sortir vainqueur de cette bataille présidentielle. J’ai suivi ce dépouillement avec intérêt, non pas parce que les USA sont une grande puissance et mériteraient plus d’égards qu’une autre nation, mais parce que toute grande élection est un message envoyé par un peuple à ses gouvernants, et par voie de conséquence aux autres peuples, aux États dont ils dépendent et qui les mènent vers un avenir désirable ou la faillite.

      Du sens du langage et de l’engagement

      Entendre les mots « empathie », « coopération », « rassemblement », « guérison », dans le discours d’un président américain tout juste élu sur fond de polémique entretenue par un candidat qui déteste perdre, qui le dit haut et fort, c’est déjà un message différent qu’il me plaît de relayer sur plan B.

      J’ai aimé aussi, plutôt que des poncifs sur l’éducation auxquels nous sommes tristement habitués en France, la façon dont Joe Biden s’est adressé directement aux éducateurs, aux éducatrices de son pays.

      Puisque j’évoque ici la BO de cette soirée historique et que la notion de respect a tant fait défaut à celui qui doit faire ses bagages d’ici janvier, je laisse la conclusion de ce billet à une autre grande artiste américaine, Aretha Franklin. Je vous invite au passage à découvrir l’histoire de cette chanson dans une courte vidéo de France Télévision.

      R.E.S.P.E.C.T

      Je fais confiance à Kamala Harris pour faire aussi fort qu’Aretha et lui rendre hommage par ses actes, par son audace. La vice présidente des USA et moi avions 3 ans en 1967, quand le titre phare de sa carrière devient un hymne mondial à la liberté. Musique !

      J’ai finalement opté pour ce titre plutôt que pour « Respect ». Ce live et cette femme, sur scène comme dans la chanson, sont un monument, une invitation à vivre pleinement tout ce qui fait sens dans nos choix, pourvu que nous, offensées par l’attitude d’un Trump ou de n’importe quel autre goujat, nous affirmions simplement, fermement, solidairement : nous sommes des êtres libres.

      B comme Bonus.

      Suivre une élection aussi importante pour des millions d’americain.e.s, c’est aussi s’intéresser à de jeunes talents plutôt que zapper d’un média à l’autre jusqu’à saturation.

      Je vous recommande les articles de Fabien Dabert, sur L’internaute, auteur en 2012 d’un ouvrage de 188 pages intitulé « Emergence de la nouvelle philosophie sur la scène médiatique française », paru aux Éditions universitaires européennes.

      Fabien Dabert
      Journaliste à L’Internaute, Fabien Dabert s’est d’abord formé en Bretagne.

      « Formé à Sciences-Po Rennes, à l’EHESS, mais aussi dans plusieurs rédactions, j’ai développé un certain plaisir à traiter l’info générale et politique. Ancien de la rubrique culture de Linternaute.com, j’ai un peu délaissé le cinéma et la littérature pour la politique. »

      Fabien Dabert

      Je vous recommande aussi bien sûr de découvrir les publications qu’a suscité cette victoire au sein de la communauté francophone Mondoblog.

      Voici un exemple hilarant, si la situation n’était pas si grave, signé par l’excellent Ecclésiaste Deudjui, camerounologue. J’adore !

      La démocratie camerounaise expliquée aux américains

      Pour vous intéresser à Jim Watson, c’est là.

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      Article : 14 juillet, 14 podcasts : libres et confiantes, Femmes inspirantes
      Femmes de caractères
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      13 juillet 2020

      14 juillet, 14 podcasts : libres et confiantes, Femmes inspirantes

      Ce billet fait suite à une précédente publication à l’occasion du 8 mars 2020. Bien sûr, pendant le confinement, j’ai cessé d’enregistrer l’émission Femmes de caractères, mais entre deux vagues d’urgence sanitaire, une élection municipale et un remaniement ministériel, j’ai rencontré des femmes qui ont accepté de partager leur expérience. Quelle chance !

      Ces femmes m’inspirent

      Je vous invite à découvrir ici les 6 nouveaux podcasts de Femmes de caractères et à partager les émissions qui vous auront le plus touché.e.

      Je réfléchis à la façon de rendre ces podcasts disponibles sur des événements littéraires. Vos idées, astuces techniques ou scenographiques, sont les bienvenues.

      Le Mag du mardi 100% inspirant reprend en septembre. D’ici là, je vous souhaite un bel été.

      Lâcher prise et persévérance

      Et comme Plan B est aussi le reflet d’une partie de mon expérience, voici ma contribution pendant le confinement à l’initiative de Sandrine Berthier, Bonheurs anonymes, qui m’a repérée grâce à Femmes de caractères.

      Et vous, quelle femme inspirante êtes-vous ?

      Benedicte Klene, plasticienne, Rennes

      Où il est question de dessin, de banquise, de petits riens ou autres friandises, et de … Bérangère Cournut

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=35059

      Carmen Tanguy, réflexologue, Melrand

      Où il est question de reconversion professionnelle, d’équilibre, de choix de vie en zone rurale et de … Marie-José Chombart de Lauwe

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=35857

      Nora Schweitzer, journaliste, Paris

      Où il est question du voyage, du Sahara, du temps qui se prend, qui s’entreprend et de … Odette du Puigaudeau

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=35912

      Julie Periane, globetrotteuse, Iffendic

      Où il est question de réaliser ses rêves, en solitaire, jusqu’au bout du monde et d’… Alexandra David Neel

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=35981

      Sandrine Berthier, développeuse, Vannes

      Où il est question d’oser, de changer ce qui peut l’être par la seule force de l’envie d’agir et de … Paule Laborie

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=36058

      Isabelle Moign, comédienne, poète, écrivain, Moelan sur Mer

      Où il est question de Bretagne, de culture, d’éducation populaire, de chemins qui se tracent hors des conventions et de … Maryse Condé

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=36131

      Des choix musicaux originaux

      Julie Periane, en photo plus haut et ma plus jeune invitée Jusqu’à présent, m’a fait découvrir le chant de ces enfants des rues

      Voici la playlist de mars à juin 2020, toujours avec le superbe générique « Survivor » signé Tschégué, mon gros coup de coeur 2018. Chaque semaine, je me régale avec la programmation musicale de mes invitées.

      Julien Birot, Walk for water

      Cora Laba, Adolescences boréales

      Lady Cairn, Archibald

      Joanna, Petasse

      M.I.A, Borders

      Yann Tiercen, Summer 78

      Aziz Sahmaoui, Lawah-Lawah

      Tinariwen, Emajer

      Debruit & Alsarah, Jibal Alnub

      Zaza kanto (The underground boys of

      Moriarty, Jimmy

      Tracy Chapman, Talkin’ about a révolution

      Killian Hamon, Mystical forest

      Ludovico Einaudi, Divenire

      China Moses, Watch out

      Aziliz Manrow, Petite valse bretonne

      Patti Smith, Because the night

      Alan Stivell, Brian Boru

      Pour vous dire au revoir en image comme en musique, je vous laisse avec cette belle réalisation vidéo sur un sujet éminemment grave, révélateur d’une guerre sans visage, mais pas sans responsables, contre notre humanité, contre la solidarité.

      Choix de Carmen Tanguy, merci Carmen !

      B comme Bonus

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      Article : Drôle année de la BD : les bretons mobilisés
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      1 juin 2020

      Drôle année de la BD : les bretons mobilisés

      Mais comment une simple BD a-t-elle pu créer un tel émoi en Bretagne ? Le sujet qu’elle traite n’est pas nouveau, au point que l’opinion publique comme des responsables politiques considèrent comme acquis et inéluctable la pollution des plages bretonnes, pourtant si splendides au naturel. Ainsi ni reportages, ni petitions, ni expertises scientifiques n’ont jusqu’à présent réussi à faire vaciller un système bien huilé, bien protégé, et en plein développement de surcroît, sur fond paradoxalement de crise écologique mondiale gravissime : l’agrobusiness.i

      11 mars 2020, l’incontournable Alain Goutal caricature l’actualité, la censure est de retour et c’est la goutte qui fait déborder la vase !
      http://goutal.over-blog.com/2020/03/l-invitation-d-ines-leraud-la-scenariste-d-algues-vertes-l-histoire-interdite-au-prochain-salon-du-livre-de-quintin-deplaisait-a-l-a

      L’ironie du timing fait que l’affaire, certains journaux semblent en découvrir tardivement la portée hautement politique, tombe en plein dans l’année de la BD, le ministre de la Culture français ayant considéré qu’il était temps que ce genre “mineur” soit d’avantage mis sous les projecteurs. Jackpot !

      Il n’avait pas prévu que cet objectif soit amplement atteint, et sans besoin de communication superflue, mazette, une aubaine, grâce à quelques planches dessinées vendues il est vrai à plus de 45 000 exemplaires. Comme quoi on peut être ministre, insignifiant et chanceux, mais juste en 2020, parce que la Culture mérite quand même mieux.

      «2020, année de la BD»… vraiment ?

      À l’initiative du ministère de la Culture, 2020 a été décrété «année de la BD». Une manifestation en forme de reconnaissance du neuvième art, mais sans grandes surprises.

      Christophe Lèvent, Le Parisien, 29/01/2020

      Sans grande surprise ? C’était sans compter qu’un tsunami médiatique allait déferler sur les côtes d’Armorique à propos d’une BD justement, signée Inès Léraud, invitée pourtant depuis la sortie en 2019 de “Algues vertes, l’histoire interdite” dans de grands médias parisiens. Pléonasme !

      Le storytelling ou l’histoire pas interdite

      Jusque là, pas trop de remous, alors qu’elle enquête depuis 2008 pour France Culture et France Inter, les investigations de la journaliste intéressent, interpellent, sans qu’il soit question de mobilisation, de revendication, au pays des irréductibles celtes.

      Vous vous rappelez ? L’ecotaxe et les Bonnets rouges, ou plus loin dans le rétroviseur : Plogoff ? Plus spectaculaire et plus frais dans nos mémoires : la ZAD (zone à défendre) de Notre Dame des Landes ?

      La mobilisation contre le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes restera dans l’Histoire, comme cette chanson du groupe Hamon Martin Quintet, enregistrée ici lors d’un Live sur une chaîne publique régionale, aussi célèbre que n’importe quel autre air traditionnel ayant traversé des siècles.

      Les Bretons, quand ils se mobilisent, c’est pas pour se la jouer ou pour l’année de la BD ! A chaque fois, ils revendiquent leur droit à être les acteurs de leur propre histoire, pas de celle qu’on leur impose.

      Dans le cochon, tout est bon…

      C’est très étrange, la Bretagne. J’ai l’impression d’être à l’autre bout du monde, dans une contrée qui m’est étrangère de par ses codes, et, en même temps, de m’être installée au cœur de la mondialisation, puisque nous sommes dans une des régions les plus industrialisées du monde, au niveau agroalimentaire. Sans cesse un sujet m’amène à rebondir vers un autre… J’ai le sentiment que ça pourrait ne jamais finir.

      Inès Léraud, Le Monde, 25 juillet 2016

      Inès Léraud est venue s’installer sur son terrain d’enquête, au milieu d’exploitations pensées sur un modèle agricole intensif, dit aussi productiviste, un système tentaculaire qui a révolutionné les campagnes bretonnes d’après-guerre, à grand renfort de propagande, ou pour parler le latin moderne, à ce qui s’apparente au nec plus ultra du storytelling.

      … sauf la désinformation ?

      La BD sortie en 2019 retrace ce long travail d’investigation journalistique, pour dénoncer des pratiques, des responsabilités clairement engagées et la loi du silence : l’omerta.

      L’omertà est un vocable sicilien propre au champ lexical de la mafia. On le traduit généralement par « loi du silence ». La loi du silence est la règle tacite imposée par les mafieux dans le cadre de leurs affaires criminelles : elle implique, entre autres, la non-dénonciation de crimes et le faux-témoignage.

      Wikipedia (mais vous pouvez aussi consulter un dictionnaire)

      Avant que cette histoire interdite ne soit racontée sous forme de BD, elle a eu un franc succès sous la forme d’un feuilleton radiophonique dans l’émission “ Les pieds sur Terre “ de Sonia Kronlund. Sauf que le documentaire a ici la vraie force d’une fiction sonore, avec ses protagonistes, ses tensions, sa portée dramatique, sa capacité à nous immerger dans l’enquête.

      La critique unanime sur un travail exemplaire

      Les huit volets de cette série produite par France Culture ont été mises en ligne par KUB, une agence média financée en grande partie par la Région Bretagne, aujourd’hui interpellée publiquement par des journalistes via une lettre dont je vous recommande la lecture.

      Le 25 mai dans l’Edito Média, France Inter relaye l’initiative des journalistes bretons. Le collectif Kelaouiñ, soutenu par plus de 250 professionnel·les de la presse, exhorte à « garantir une information et une parole publique libre sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne » et à « mettre fin à la loi du silence », peut-on lire sur Mediapart qui publie la lettre adressée à Loig Chesnais-Girard, Président de la Région Bretagne, et à trois vice-présidents.

      https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-m/l-edito-m-25-mai-2020

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/250520/lettre-la-presidence-de-la-region-bretagne-pour-le-respect-de-la-liberte-dinformer-sur

      Le Journal breton : du sur mesure face à la démesure

      Une Saison 1, puis une Saison 2 dans laquelle vous pourrez découvrir les épisodes qui préfigurent l’actualité Média du moment en Bretagne, l’émoi dont je parlais en introduction, constituent une archive historique pour les chercheurs et chercheuses de demain qui ne manqueront pas de réutiliser les données et témoignages récoltés par Inès Léraud dans ce « Journal breton », malgré pressions et intimidations diverses.

      La série La fabrique du silence a été sélectionnée en décembre 2017 par Télérama comme pépite de l’année radio 2017 en France.

      L’arme secrète des industriels : le chantage à l’emploi

      Dans cette archive de 2016, la journaliste parle d’une précédente enquête.

      Ce serait trop long pour le coup de vous raconter comment s’est organisé le branle-bas de combat avec et autour d’Ines Léraud. Mais c’est un fait : elle peut se féliciter d’avoir créé un vrai sursaut citoyen après des décennies de chape de plomb imposée aux bretonnes et aux bretons.

      Avec l’aval “naturellement” de leurs propres dirigeants élus, dont le plus célèbre, Jean-Yves Le Drian, longtemps ministre et président de Région, une exception française, est l’instigateur avec un nombre restreint de stratèges de l’arrivée au pouvoir le 7 mai 2017 d’un presqu’inconnu du grand public : Emmanuel Macron.

      Des algues vertes et des pas mûres

      Si j’osais, je vous suggèrerais de mener votre propre enquête, pour saisir tout l’intérêt de cette actualité et de ce remue-ménage/remue-meninges soudain autour d’un si vieux problème.

      Plan B vous met “industriellement” sur la voie, parce ce n’est pas compliqué, Inès Léraud ayant fait tout le boulot -cela devrait même relever d’une urgence sanitaire aussi prioritaire que la lutte contre la Covid-19. Les différents documents que j’ai sélectionnés pour vous valent vraiment le détour. Vous les trouverez dans les Bonus. Mais ne vous privez pas, si le sujet vous titille, d’autres informations utiles ou contradictoires à dénicher dans les mois à venir d’ici le procès auquel devra se présenter Inès Léraud en janvier 2021.

      Greenwashing, agribashing et tout le toutim

      En guise de conclusion, quoique je vous épargne l’effort de suivre une démonstration, de vérifier les paramètres de l’équation qui oblige des personnalités politiques à clarifier leur position et à prendre des engagements publics sur la liberté d’expression, je voudrais que vous remontiez le temps.

      Carnac plage en mode chacun se gare comme il veut, où il peut. Vous voyez la 4L ? Ce serait possible aujourd’hui en Bretagne? Non, mais il est possible de ruiner l’attractivité du plus beau trait de côte de l’Europe parce que le lobby de l’agrobusiness fait sa loi.

      Vous voyez là sur la plage ces joyeux bolides motorisés des années cinquante-soixante ? Oui, ça ne choquait personne et pourtant… Cette pollution visuelle, pestilentielle et mortelle que sont les algues vertes, pas seulement en Bretagne d’ailleurs, c’est autrement plus choquant et pourtant…

      L’écologie a permis de protéger les milieux littoraux, de prendre conscience de leur fragilité. Ces moissonneuses d’algues vertes dont la collecte est transportée en camion jusque chez moi, en Centre Bretagne, ne sont-elles pas la triste et terrible caricature du génie humain ?

      D’accord, ce n’est pas non plus vraiment une conclusion, mais c’est pour mieux illustrer mon propos sur des penseurs de pollution tellement forts au jeu de la fortune qu’ils nous font croire qu’ils sont les alchimistes des temps modernes.

      Sans eux, la planète ne pourrait pas se régaler avec des poulets nourris aux algues, ce qui permet de ne pas les bourrer d’antibiotiques ! Mais pourquoi le monde ne s’est-il pas inspiré des Shadoks plutôt que de servir de terrain de jeu à des apprentis sorciers pareils ?

      Pour le moment, c’est pas encore trop grave, seule la proche banlieue de la planète est contaminée, mais bientôt les espaces extérieurs avec leurs galaxies, leurs quasars, leurs trous noirs seraient attaqués et alors là, oui alors là, il arrivera quoi …

      Les Shadoks et la Tombologie

      Épilogue algorithmique

      Dans un passé pas si lointain, j’étais professeure dans l’enseignement agricole public. Petite-fille de paysan du bassin de Rennes, j’ai le souvenir des chevaux d’Armand Ramel qui tiraient leur charrette, il n’y a jamais eu de tracteur à la ferme, pas de voiture non plus.

      C’était une autre époque, assez semblable sur le plan technique à ce qu’avaient connu des générations de fermiers pendant plusieurs siècles, connectés au rythme des saisons et des cloches d’une église voisine. Des vies marquées par la sueur et le labeur, des déménagements à la Saint-Michel pour installer la famille sur une ferme plus grande, quelques hectares, avec de meilleurs terres ou un meilleur propriétaire.

      Quelques décennies ont suffi, les trente glorieuses, pour modifier profondément mentalités, pratiques, connaissances et paysages, repoussant toujours plus loin les limites du produire plus comme si l’humanité n’avait d’autre but que de se surpasser dans l’art de défier les lois de la nature.

      Le prix à payer pour s’être ainsi accaparé les ressources de la planète et avoir laissé des lobbies puissants prendre les commandes de notre alimentation, de notre santé, de la qualité environnementale, ne semble pas encore avoir suffisamment imprimé les esprits pour envisager de ne pas persévérer dans l’erreur.

      Il est pourtant plus qu’urgent de revoir nos calculs comme nos capacités à produire, pour soi-disant nourrir le monde, argument éculé mais toujours d’actualité. Si l’algorithme est si juteux qu’il fait du blé avec du lisier, et toujours plus de lisiers pour empocher plus de blé, il est possible de rentrer enfin dans l’équation mathématique le coût humain et écologique de cette industrie si peu respectueuse de notre bien commun.

      B comme BD, Bonus

      https://www.lepoint.fr/societe/ces-algues-vertes-qui-empoisonnent-la-bretagne-depuis-1971–09-07-2019-2323540_23.php

      Documentaire de Thalassa à voir absolument

      La diffusion de ce documentaire a suscité de très vives réactions, mais rien n’a été fait pour solutionner le problème à sa source, malgré l’ambition affichée de reconquête de la qualité de l’eau en Bretagne

      Inès Léraud sur les ondes de Radio Bro Gwened, Pontivy

      http://www.radiobreizh.bzh/bzh/episode.php?epid=35687

      https://www.challenges.fr/entreprise/sante/olmix-la-success-story-qui-carbure-aux-algues_65396?fbclid=IwAR1dAoTg2VH11fgCpEP4Y7Q6xjuMBFCDFjvmlVBOPaEo-TTZ6apPAUcnmw8

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      Article : Mensonges et trahisons, ce que nous dit Vincent Lindon
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      8 mai 2020

      Mensonges et trahisons, ce que nous dit Vincent Lindon

      Le 6 mai 2020, Mediapart a publié un article et une vidéo repris depuis en boucle sur les réseaux et aujourd’hui dans les journaux, à commencer par Le Figaro, dont le parti pris pour le néolibéralisme et le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron ne fait mystère pour personne. Mensonges et trahisons, Vincent Lindon ne se contente pas d’énumérer des constats, de lister des incohérences et des crimes de lèse-majesté dont le peuple français est la cible (le concept de lèse-Peuple reste à inventer).

      Alain Goutal est un de nos plus brillants dessinateurs bretons. Son regard sur l’actu, son esprit vif à croquer les travers de notre société sont aussi incisifs que son coup de crayon

      Comment en sommes-nous arrivés là ?

      Le comédien a confié à Mediapart une longue réflexion, lue face caméra chez lui, sur ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). Un texte puissamment politique, avec un objectif: ne pas en rester là.

      Fabrice Arfi, Mediapart

      Dans cet article, Fabrice Arfi publie la retranscription de l’intégralité du texte lu par Vincent Lindon et c’est utile. La démarche rompt d’emblée avec d’anciennes habitudes peut-être trop facilement prises en France, selon un casting, une répartition des rôles et des postures qui ne créent plus guère de surprise. C’est un moindre mal. Elles nous privent surtout d’une ressource essentielle dans toute démocratie : notre capacité à nourrir une pensée politique.

      Car c’est bien connu, et somme toute logique. Après des décennies forgées au culte de la pensée unique, drôle de façon d’introduire le débat démocratique et citoyen au passage, pourquoi faudrait-il se fatiguer à réfléchir puisque des experts de la Nation et du bien commun le font si bien pour nous ? Des experts au-dessus de tout soupçon ? Si ce fut le cas en d’autres temps, ça ne l’est plus.

      2010, Cesar du meilleur acteur dans Welcome
      2015, Prix d’interpretation masculine à Cannes pour la Loi du Marché, film dans lequel il est le seul acteur pro comme dans En guerre du même réalisateur, Vincent Lindon incarne des récits forts et sensibles, au plus près des fractures qu’ils mettent en scène dans une recherche toujours poussée au paroxysme

      Dans une lettre lue, le comédien revient de façon critique sur les trois années de présidence Macron et la gestion de la crise sanitaire. Il propose des solutions pour rétablir une certaine équité entre privilégiés et démunis.

      Le Figaro, 6 mai 2020

      Flagrant délire

      Je note que « Le coup de gueule de Vincent Lindon », titre donné par la rédaction du Figaro, complété par cette citation, «déjà insupportables, les inégalités explosent avec la pandémie», est étrangement publié dans la rubrique Cinéma des pages Culture du quotidien. Rôles et postures disais-je !

      Est-ce à dire que lorsqu’un comédien aussi apprécié que Vincent Lindon parle à hauteur de citoyen, pour reprendre l’expression de Fabrice Arfi, il ne peut prétendre à la rubrique « Politique » quand son propos l’est éminemment ?

      Lisez donc plutôt cette courte interview intéressante de Vincent Lindon qui pose clairement les raisons politiques de ses choix, de son engagement professionnel, publiée dans L’Humanité en 2015.

      Où ai-je lu déjà que la presse obéit au diktat des puissants ? Mais oui bien sûr hier dans le texte de Vincent Lindon !

      Quant au pouvoir judiciaire, son indépendance n’est que théorique, tant il est simple de le contrôler par le jeu des nominations et des promotions. Depuis Montesquieu, qui a théorisé la séparation des pouvoirs (il n’en connaissait que trois, lui), un quatrième s’est imposé : la presse.

      Problème : neuf milliardaires en possèdent l’immense majorité, on ne s’étonnera donc pas que l’intérêt des puissants soit ménagé dans le traitement de l’information. Impuissante politiquement, la contestation s’exprime là où elle le peut encore, dans la rue et dans les sondages d’opinion.

      Vincent Lindon

      Solidarité fiscale ? Tu me prends pour un Bisounours ?

      Laissons donc là Le Figaro qui ne nous apprend rien, sinon qu’une rédaction nationale aussi réputée dans certains milieux d’affaires peut se contenter de publier et de paraphraser une parole citoyenne sans la mettre en perspective, ni en tirer la moindre leçon. Bonjour l’information !

      La stratégie de l’Express me semble plus appropriée puisqu’elle ne réduit pas cette parole libre et bien construite à un pugilat du Président Macron, préférant mettre en avant une des propositions qui font sens avec la réflexion que partage le comédien pour ne pas en rester là. « Avec sa taxe « Jean Valjean », Vincent Lindon veut que les riches aident les plus précaires », titre l’hebdomadaire qui ambitionne officiellement depuis janvier 2020 d’être l’équivalent français de The Economist.

      Car l’intervention de Vincent Lindon pose bien en toile de fond toutes les questions qui font débat sur l’après pandémie. Elle interroge directement notre capacité collective à réformer en profondeur un système plus prompt à nous imposer des restrictions de nos libertés et ses incohérences qu’à remettre en cause les erreurs commises au nom de l’idéologie qui le sous-tend, d’en assumer les conséquences.

      Pendant que nos voisins allemands se mettent en ordre de bataille, le gouvernement français peaufine sa communication. Une seule stratégie, mentir.

      En termes de gestion et de communication de crise, je ne sais pas qui aurait pu faire mieux, mais je ne vois pas qui aurait pu faire pire.

      En mettant au jour ses insuffisances, cette crise pourrait-elle être l’occasion d’une refonte radicale de notre démocratie ?

      Si l’on s’accorde pour ne pas changer de système, alors il faut changer LE système.

      VIncent Lindon

      Fiskal* bazar

      Ironie ou hoquet de l’Histoire de France, la seule candidate à la présidentielle à s’être aventurée par exemple sur l’épineux/scandaleux dossier des paradis fiscaux, Eva Joly, juriste spécialiste de la question, a recueilli le fabuleux/scandaleux score de 2,31% en 2012.

      Cette archive presse de 2016 est réservée aux abonnés, mais vous pouvez prendre connaissance de sa teneur partielle, puis si besoin vous connecter et accéder aux contenus mis en ligne par le Monde diplomatique depuis 1954 pendant 5 jours sans abonnement. Voici l’introduction de cet éclairage pour en finir avec l’impunité fiscale apporté par Eva Joly.

      La succession des révélations sur l’évitement de l’impôt à l’échelle internationale fait apparaître l’ampleur de l’impunité fiscale dont jouissent les plus puissants et les plus malins. Loin d’être fatale, celle-ci résulte de choix politiques. En particulier en France, où le verrou du ministère des finances sur les enquêtes, la baisse des effectifs et la culture de la conciliation favorisent la triche. Lutter efficacement contre l’évasion des capitaux supposerait aussi de s’en donner les moyens judiciaires.

      Eva Joly

      Dans cette vidéo de Mediapart devenue virale en quelques heures, Vincent Lindon dénonce tout aussi fermement la tranquillité avec laquelle les plus riches peuvent cacher leurs activités ou leurs avoirs, et se soustraire à toute solidarité nationale, avec la complicité tacite de notre gouvernement.

      Distanciation sociale, oui, justice sociale, non, fin de l’évasion fiscale ?
      Dur dur pour les plus fragiles

      Ce même gouvernement confronté à son absence d’anticipation et aux logiques de ses propres politiques appelle pourtant sans complexe chacun d’entre nous à être solidaire, à nous protéger pour mieux protéger les autres. Dans une parfaite cacophonie, également pointée du doigt par Vincent Lindon.

      Dessine moi un mouton Lindon

      Mais pourquoi inviter cet instant politique et citoyen sur Plan B ? Parce que des milliers de françaises et de français se sont mis à la couture de façon solidaire, bénévole, pour fabriquer en nombre des masques, visant à protéger prioritairement les soignant.e.s, les responsables de caisses dans les supermarchés ? Parce que ces masques sont subitement désormais disponibles en masse dans ces mêmes grandes surfaces ?

      Dans le 44, Pat Nas de l’association Farafina-Ton fabrique de très beaux masques avec des tissus africains

      Pour évoquer justement cette notion des rôles et postures au regard de la place prise par les artistes dans une société donnée, ou place qui leur est confiée.

      A Niamey, grâce au Forum Mondoblog Afrique, j’ai découvert comment les artistes africains exercent une véritable fonction sociale et citoyenne, notamment en cas de pandémie.

      Ils sont pourtant peu accompagnés par les institutions, loin s’en faut, par rapport aux artistes en France, protégés par un statut, soutenus par un maillage conséquent de lieux culturels, de festivals, par des politiques d’éducation artistique et de médiation culturelle qui leur permettent de diversifier interventions et publics, de la maternelle à … la prison.


      Systématiquement la voix des artistes africains est utilisée parce qu’elle reste le meilleur vecteur pour faire passer des messages comme celui des gestes barrières face au Covid-19. C’était déjà le cas pour lutter contre le SIDA, contre Ebola ou pour évoquer des sujets de société, selon les contextes, auprès de populations parfois analphabètes et n’ayant pas accès majoritairement à une multitude de canaux d’information.

      Je sais, et je leur rends hommage, que de nombreux artistes africains exercent aussi leur parole politique, portent des revendications citoyennes, dénoncent certains abus ou défaillances des pouvoirs étatiques, la spoliation des richesses du continent par des intérêts étrangers,  les relents malsains de discours post coloniaux qui continuent à polluer nos schémas de pensée, nos cultures et nos vécus de coopération Nord-Sud.

       
       « Vous et vos services de renseignement avez dû voir le reportage de la CNN sur la vente aux enchères en tant qu’esclaves de vos ressortissants en captivités en Libye à ce moment même, où je vous parle. Qu’est ce que vous attendez pour réagir et intervenir ? », S’interroge Alpha Blondy, en novembre 2017


      Chez nous, pour ce que j’en sais pour être née dans les années soixante et avoir grandi pendant “les 30 glorieuses”, la place de l’artiste et son rôle se sont accommodés  globalement d’un certain confort, je crois.

      Mensonges et trahisons

      Un formatage plus ou moins conscient s’est opéré sur la base de ce qui caractérise désormais notre époque de ce côté-ci du monde : la société de consommation, la société du spectacle, le fossé grandissant entre les réalités vécues par la majorité agissante et les discours d’une certaine classe politique.

      En prenant la parole comme il le fait, en partageant sa réflexion politique et en ciblant ouvertement des responsables du fiasco, Vincent Lindon bouscule sciemment l’ordre établi, les arrangements admis pour préserver une tranquille et subtile combinaison d’intérêts réciproques.

      Cela doit, peut, nous interpeler, chacun à notre niveau et dans nos champs d’actions respectifs. « Comment ce pays si riche… » cumule déjà depuis hier plus de 2 millions de vues. Certes c’est moins qu’un clip américain mettant en scène deux célébrités du dance floor presque nues dans des positions suggestives, mais c’est tout sauf anodin.

      Alors saluons par notre regard, notre propre niveau de réflexion politique et nos marges d’action, l’incroyable talent suggestif de Vincent Lindon. Sans autre impératif que sa propre conscience citoyenne, cet immense acteur français signe dans cette vidéo Mediapart, aussi bien qu’à l’écran dans les personnages qu’il incarne toujours avec tact, retenue et vérité, le plus beau rôle de sa vie.

      A nous d’écrire le scénario !

      « En même temps », comme dirait le roi des gaulois, si vous préférez mes navets, c’est vous qui voyez. Entre nous, les gens, je ne suis quand même pas si mauvais ? Roi, c’est un vrai métier, ça rigole pas. Si Lindon s’en mêle, où on va là ?

      Est-ce que j’emmerde le monde avec mon cinéma, MOI !

      Signé Manu 1er, Roi de France, Liberté, Égalité, Fraternité

      Je vous laisse avec Vincent Lindon, mais avec une autre vidéo. Celle de Mediapart, vous la trouverez tout seul. Au fait, entre l’aurore où j’ai commencé à écrire ce billet et ce soir, où il va être temps de m’en séparer, le compteur YouTube approche des 3 millions de vues. Mais comme dirait Vincent lui-même dans son texte : Pschitt…



      Si vous lisez cette dernière ligne, c’est que vous êtes de vrais accros, soit de l’info, soit de Plan B, FISKAL !

      * Fiskal, c’est du breton. Je pourrais traduire cette expression par super, génial ou c’est tout bon.

      Fanchon, la reine des Plan B

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      Article : C’est pas que j’m’ennuie #2
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      4 mai 2020

      C’est pas que j’m’ennuie #2

      Retrouver les sensations oubliées, enfouies sous des tonnes de tourbe, où se fossilisent jour après jour nos amours, nos échecs, espoirs et malentendus, joies et chagrins du quotidien. C’est pas que j’m’ennuie !

      Oublier de sortir, ne serait-ce que pour faire quelques courses. Finir par avoir plus peur de l’après-confinement que des files de migrants plus chanceux que d’autres, qui n’en peuvent plus de s’enfermer chez eux, asphyxiés par leur propre délire de métropole.

      Jackpot

      La Bretagne a amorcé depuis plusieurs semaines la baisse de ses courbes dans la guerre des chiffres que le gouvernement et les médias nous assènent sans relâche dès fois que nous soyons un peu sourds d’oreille ou analphabètes.

      Pour la Bretagne, cela donne 39 morts par millions d’habitants au 13 avril, pour 38 en Allemagne, où l’on annonce déjà la fin du confinement. Rien à voir donc avec le taux de 382 décès par million d’habitants enregistré pour la région Grand-Est, ou encore avec les 391 décès par million d’habitants en Espagne.

      Christian Caoudal

      Sur les réseaux, la carte de France circule, à chacun sa couleur, vert, orange, rouge, selon son département. Fidèle à elle-même, prairies généreuses et algues vertes, la presqu’île armoricaine affiche l’espérance sur fond bleu marine, à l’exception de la Loire-Atlantique. D’autres cartes font leur apparition avec de larges cercles pour identifier le nouveau périmètre de nos envies coupables d’évasion : 100 kilomètres.

      ©Thomas Biet – Radio France
      Ou l’art de faire des ronds dans l’eau

      À Brest, c’est un rayon qui englobe plus d’océan que de terre ferme. À Pontivy, nous voici soudain des confinés privilégiés grâce à notre position centrale. Des maires sur nos côtes se battent pour réouvrir l’accès au littoral, soutenus par un président de Région et des bretons de plus en plus remontés contre les décisions prises à Paris.

      Le Peuple breton
      Le Peuple breton est un journal d’opinion crée en 1964. Son slogan :
      « aujourd’hui, être libre c’est être informé »

      Flippant

      Gestion de crise déplorable, troubles du langage des décideurs, après l’appel à la responsabilité, à la solidarité, après l’onde de choc et la nécessité de répondre à l’urgence, des voix discordantes montent à l’assaut des tribunes nationales pour alerter l’opinion.

      La crise sanitaire n’a pas miraculeusement effacé les fractures et la perversité d’un système à court de stratagèmes pour nous asservir d’avantage, elle les révèle au grand jour, les exacerbe

      Mon coup de cœur Confinement, un texte si juste signé par une jeune artiste kenyane au talent dévastateur, servi par un clip excellent

      Alors je trouve mon salut dans les mots postés aujourd’hui sur les réseaux sociaux par Ousmane Makaveli, jeune mondoblogueur malien. Mon extra ball. J’ai besoin de sortir mon cerveau de l’étau. Que toutes ces infos qui se télescopent arrêtent de me prendre pour un flipper !

      J’en perds la boule.

      J’en suis à un point où plus rien ici ne m’intéresse. Je vis ici comme dans un scaphandre dans la plus totale des indifférences. Hermétique à vos débats saugrenus, les querelles de bambins, vos pseudos engagements, vos générosités intéressées, vos ambitions égoïstes.

      Ousmane Makaveli, Bamako

      Extra ball

      Je laisse aux analystes les analyses, aux soignants les malades, aux éboueurs les poubelles, aux gendarmes à vélo ma rue déserte de petite ville si tranquille.

      Je laisse à demain ce que j’aurais voulu faire hier et que je ne ferai pas aujourd’hui. Je suis occupée, si occupée.

      C’est pas que j’m’ennuie.

      J’aime cette façon dont le simple état de confinement fait remonter à la surface des miasmes de squelettes, aussi frais que s’ils dansaient là, les bougres, sous mes yeux happés par l’infinité de mondes intérieurs.

      Je suis en compagnie de joyeux drilles dénués de leurs artifices, princesse ou fille de rien, évêque, soldat, paysan, voleur ou mendiant. « Après vous, puissant seigneur », susurre la mort dans son rictus. Aussi vrais et turbulents que sur les fresques de nos chapelles médiévales, ils dansent leur folle sarabande à l’abri des curieux.

      « Iskuit » ou quand la danse contemporaine revisite d’ancestrales danses macabres avec la Compagnie bretonne Legendanse, Lanvollon

      Ce n’est pas seulement le rapport à la mort qui peut changer, c’est aussi le rapport à la vie et au monde. Je n’entrerai pas dans le débat sur l’opportunité sanitaire du confinement général de la population, cependant cette période de mise à l’écart et au repos peut être l’occasion de réfléchir. Le confinement n’interdit pas de penser. Il est intéressant de relever que la peste de Justinien eut lieu sous le règne du dernier grand empereur romain, et correspondit à la fin de la Rome antique. La pandémie de coronavirus va-t-elle contribuer à changer les structures de la société ?

      Bernard Rio, extrait d’interview pour Le Poher, 21/04/2020

      En d’autres temps, des sociétés entières ont basculé et se sont reconstruites dans les ornières creusées par des tombereaux chargés de cadavres, soudainement égaux après que leurs propriétaires aient épuisé leurs dernières forces dans une ultime négociation avec la vie.

      Non, c’est pas que j’m’ennuie.

      Fourchette

      J’ai fouillé mes placards pour retrouver une boîte cartonnée de purée de tomate oubliée. Deux œufs durs, piètre pitance, non que j’y sois contrainte mais par goût de cette vie monastique au doux parfum de lilas et autres senteurs fragiles réveillées par un silence inhabituel, ces œufs donc m’ont adressé un message subliminal.

      Pour égayer tes heures de confinement, essaie un peu pour voir le message subliminal. Laisse-toi surprendre par le tacle d’un bonheur farceur. Pour moi, tu vois, c’est parti de la blancheur de ces œufs dans l’assiette, foudroyés par la fulgurance d’un souvenir dont je n’avais pas souvenance, mais alors rien, pas une trace, une bribe, un lambeau, une pichenette : le goût de la purée de tomate de Maman.

      Mais les goûts et les couleurs, comme on dit. Cette sauce tomate industrielle n’a pas plus de saveur qu’un texte déroulant sur un téléscripteur, où s’afficherait le signal urgent d’une anomalie devenue insupportable dans ma vie, précisément à cet instant, alors que l’idée même de recouvrir des œufs d’un délicieux coulis ne m’a jamais plus traversé l’esprit depuis l’enfance.

      Game over ?

      C’est cela le confinement. Se repasser un film en oubliant la psychologie des personnages, les techniques d’écriture trop visibles à l’écran, la beauté des décors, pour ne s’arrêter que sur les erreurs de montage, les anomalies. Et dans ce jeu de miroir en mode arrêt sur image, passer au tamis tout un tas d’impressions, de sensations, pour y trouver les pépites de ma propre histoire.

      Je chéris ces semaines qui me poussent dans mes derniers retranchements et le masochisme évident d’une vie sédentaire quand je ne rêve que de me fondre dans une vague subversive qui me déposerait sur un rivage lointain.

      Car mes rêves nocturnes ont cette puissance que mes jours n’ont pas. J’y prends souvent plaisir à avoir peur, à courir ou nager, c’est selon, sans savoir où aller, poussée à bout de force par un danger imminent, invisible. Le pire ne va plus tarder. Je ne peux pas rester là à ne rien faire. Fuir, mais où ?

      Puis la peur laisse subitement la place systématiquement à une forme d’émerveillement, une onde de plaisir qui se répand dans chacun de mes muscles au repos.

      Je pourrais appeler cette sensation « soulagement », mais c’est plus profond et plus transcendant à la fois. Je sens que c’est autre chose, de l’ordre d’une respiration préhistorique, chamanique diraient certains.

      Ce flux bienveillant me remplit, m’inonde, me transforme et prend les commandes. Comme si la paix ne pouvait subvenir que dans cette lassitude immense, où tout effort est superflu, où la volonté lâche prise.

      C’est pas que j’m’ennuie

      Oublier de sortir, ne pas faire les courses et se régaler d’une purée de tomates … faite maison, par la seule rémanence de souvenirs enfouis.

      Conakryvirus, du rap et du bon à s’inoculer

      L’auteur de ce beau visuel est Chakal Design, un jeune guinéen

      Je vous laisse avec Queen Rima, confinée à Conakry. Il y a deux ans, nous rentrions ensemble d’Agadez pour rejoindre via Niamey nos contrées et nos vies respectives.

      Quelle chance inouïe d’avoir d’aussi belles énergies à porter de clic pour tromper les heures qui s’enfilent comme des perles de culture. Pensez-y quand vous aurez trop envie de vous éclater dans la folle ambiance d’un festival, d’un concert, et que ce sera tout simplement IMPOSSIBLE.

      Visuel annulation festivals
      #Soutienauxartistes
      https://m.youtube.com/watch?v=4kVKfeRLW3Q&fbclid=IwAR3jg3Rcvb-1lNoIsQZBfmoywvhjVTnoiGItQtjVA6AYsJHsBwGBAh-WFEw

      B comme Bonus

      C’est pas que j’m’ennuie, un premier billet à lire ou relire dans les pépites de Mondoblog.

      Parmi mes plus beaux souvenirs, mes plus belles réussites, ce temps fort du 1er Forum Mondoblog Afrique, la conférence de presse de Sahel Hip Hop et Musiques du Monde, salle Canal Olympia à Niamey, en avril 2018. Je ne connaissais pas encore Queen Rima, mais je suis tombée sous le charme direct ce jour-là en l’entendant slamer.

      Queen Rima, la rapeuse au chapeau sur cette photo historique

      Pour une dose adéquate de Conakryvirus, je vous conseille ce clip d’avant confinement Me no fear, Même pas peur !

      Même pas peur

      Pour apprécier la créativité, la force du verbe, le beat si puissant et l’engagement de Muthoni Drummer Queen, voici son dernier clip découvert sur la page anglophone de Music in Africa

      A découvrir en français ici

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      Article : See you in FB, merci Lucie pour ton Plan B
      B comme balises à babord pour moins baliser
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      10 avril 2020

      See you in FB, merci Lucie pour ton Plan B

      Vous êtes confinés, trop ou pas assez ? Et si on prenait une pause pour sortir de l’overdose, là, s’intéresser aux bonnes idées qui surgissent comme des bouffées d’oxygène pour nous aider à tenir, alors que nous savons déjà que nous n’avons pas le choix. Ça va durer. N’ajoutons pas au luxe du confinement le luxe de la déprime, référence à un bel article à la Une de Mondoblog, que je découvre ce matin parmi tant d’autres sur le Covid-19, et son corollaire, le bien nommé Poche vide 19.

      D’un ton sarcastique, il m’a répondu que le confinement est un luxe que seuls les riches peuvent s’offrir. Oui la santé coûte chère et les pauvres, qui vivent au jour le jour, ne peuvent pas arrêter leurs activités. Des milliers de Maliens, des petits commerçants, travaillent au jour le jour pour assurer leurs victuailles. Extrait de « La vie ici a un goût de chloroquine », Ousmane Makaveli, Mali

      Dessine moi un festival

      Vous savez quoi ? J’ai un plan B pour aujourd’hui et tout le week-end. Ça vous dit un festival ? See you in LA, alias Lucie Marmiesse, nous a concocté un truc de ouf en deux trois mouvements. Genre, ça sonne à la porte, surprise, les voisins ou les copains s’invitent, et toi, t’as juste une douzaine d’oeufs pour passer à table, mais tu fais avec et t’inventes.

      Parce qu’une envie subite de s’inviter pour l’apéro, en ce moment, c’est limite vital. Sauf qu’on avait oublié. Zap, tous ces petits bonheurs, ces presque rien, zap, la tape amicale sur l’épaule, les verres qui trinquent. Les rires defouloirs du quotidien mesquin. Merci au passage aux amis qui nous organisent des réunions en bandes organisées, déjantées, via les réseaux sociaux, comme l’Esperanz’apero du mercredi soir qui en est déjà à sa 4ème édition. Esperanza est un chouette festival solidaire à Lorient. Je vous le recommande.

      Ce que nous ne savons pas, c’est comment gérer nos trésoreries qui virent au rouge et quand nous pourrons décider de maintenir ou d’annuler nos concerts et festivals de l’été. Maintenant que tous les amis qui avaient bossé pour mettre en place à grand renfort d’équipes bénévoles ce qui leur sert aussi pour certains de gagne-pain ont été dans l’obligation d’annuler tournées internationales et festivals prévus au printemps 2020.

      Quand ce lipdub est sorti, je ne m’en lassais pas. Il prend aujourd’hui une saveur inestimable et je suis heureuse de vous le faire découvrir

      Le spectacle vivant, première victime du Covid-19

      Le Festival Afropolitain Nomades qui devait se dérouler à Kigali début juillet, en tout début de la Saison Africa 2020, aura lieu en mars 2021. Nous ignorons sur la base de quel nouveau calendrier cette Saison Africa 2020 sera finalement inaugurée par Emmanuel Macron qui en est l’initiateur.

      Problématique pour nous tous qui nous sommes engagés depuis plusieurs mois avec des partenaires sur des projets de coopération artistique et culturelle. Mais surtout pour toutes les petites associations qui ont réussi à créer de l’emploi, ici et en Afrique, sur la base de belles expériences créatives et solidaires, au mépris de 1001 galères, pour réenchanter le monde.

      Cette crise sanitaire et la fermeture des frontières, cumulées à une crise économique mondiale désormais inévitable, posent clairement la question de leur survie et risquent de mettre fin brutalement à des dynamiques à la fois courageuses et innovantes, porteuses d’espoir, de valeurs humanistes, actrices d’un vrai changement social et culturel.

      J’attends et je redoute comme ces associations le moment d’annoncer la nouvelle prévisible du report de la venue à Pontivy pour leur concert Africa 2020 avec le groupe Drask de Tarwa N-Tiniri, Ouarzazate, selon la décision que prendra Lisardo Lombardio, directeur du Festival interceltique de Lorient. Une 50eme édition qui devait être encore plus folle et grandiose. NOTRE année de la Bretagne. Si Lisardo fonce, je fonce. Dans cette période où tout semble irrationnel, c’est le moyen que j’ai trouvé pour garder le cap et ne pas baisser les bras trop vite devant la fatalité.

      Aux origines du rock français, toute ma jeunesse. J’ai 15 ans, Téléphone sort son album Crache ton venin (1979) et le monde va déjà beaucoup mieux, grâce cette musique qui nous réunit dans une même euphorie.

      Volontaires et solidaires

      Il y a deux ans, presque jour pour jour, je prenais l’avion à Casablanca, après un festival exemplaire à Merzouga, Mama Africa, pour partager mes convictions, mes interrogations, grâce à Canal + International, Sahel Hip Hop et Music in Africa.

      Quelques lignes en fin d’un article publié par Africa News le 26 avril 2018 me rappellent ces mois de travail bénévole dans mon salon à Pontivy pour vivre cette expérience incroyable de co-direction d’un festival africain et d’organisation d’une caravane culturelle pour la paix, la raison d’être même d’une telle utopie réaliste. « L’édition 2018 a été marquée par l’organisation d’un forum dénommé Mondoblog Afrique visant à promouvoir des initiatives réseaux et le rôle des artistes dans les sociétés africaines. »

      En juin 2019, toujours dans mon salon, je suivais les publications des Mondoblogueuses et mondoblogueurs que j’avais mobilisés et invités à s’associer au village numérique du Festival Afropolitain Nomade pour promouvoir à Abidjan notre réseau mondial.

      J’espérais surtout qu’ils et elles se forment ensemble à cette occasion et mesurent mieux toute l’importance du travail que font dans l’ombre ces organisateurs de festivals, qui mettent les artistes dans la lumière, les bichonnent en backstage, engagent leur responsabilité face aux normes de sécurité de plus en plus draconiennes, quand nous sommes juste heureux de faire la fête et de profiter de l’instant présent, portés par la foule, par l’ambiance.

      Plus que jamais, saisissons l’occasion d’exprimer à tous ces professionnels et bénévoles du spectacle vivant notre reconnaissance, notre gratitude. Soutenons leurs initiatives, soyons à leurs côtés.

      Confinée à Paris, Lucie en profite pour activer son réseau et faire ce qu’elle n’a jamais le temps de faire : créer sa propre programmation

      Stay Rock Stay Home, rock’n roll attitude

      Mais je ne vous ai rien dit sur mon Plan B du week-end, ou plutôt celui de Lucie, attachée de presse à Paris, auto-entrepreneuse de la scène musicale française depuis qu’elle a créé en 2016 sa propre agence artistique, See you in LA. C’est parce que tout est déjà en substance dans un article que j’ai publié dans Unidivers pour annoncer l’événement ou dans cet autre interview de L’oreille à l’envers. Très chouette.

      Nous avons fait connaissance avec Lucie Marmiesse au téléphone dimanche dernier grâce à Fanch, un pontivyen confiné à Toulouse, dont je prenais des nouvelles et qui me dit au détour de la discussion qu’il prépare un festival en ligne avec une quarantaine d’artistes.

      Fanch est le créateur du webzine Rock Fanch et je salue au passage l’excellent travail de recherche qu’il avait fait, quand il était étudiant, sur l’histoire des festivals bretons. C’est dire si vous avez à faire à deux passionnés qui travaillent ensemble depuis un an sans s’être jamais rencontrés.

      Je découvre au bout du fil une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux et qui s’active pour que ce temps subitement disponible soit mis au service d’une initiative solidaire, pour faire du bien aux artistes et à toutes celles et ceux qui vont se connecter du 10 au 13 avril pour découvrir la programmation de Stay Rock Stay Home.

      Je l’entends encore me dire, et j’ai trouvé cela touchant pour une attachée de presse. « Merci, je n’ai pas vraiment l’habitude de donner des interviews ».

      Bravo à mon ami Fanch et à Lucie pour cette programmation 2.0 à découvrir et à partager sans modération sur leur page FB

      Voici la playlist du festival

      La page FB de l’événement

      Bon festival Stay Rock Stay Home, rendez-vous à 17h.

      Et je monte le son !

      Comme le port du masque est recommandé et que j’adore le nom de ce groupe à l’affiche du festival de Fanch et Lucie, je vous quitte en image. Originally nowhere, c’est un peu où nous en sommes. A méditer pour le monde d’après, un monde en mieux, si ça s’peut !

      B comme Bonus

      Contact de Lucie : lucie@seeyouinla.com

      Contact de Fanch : rockfanch@gmail.com

      Pour me solliciter pour promouvoir vos initiatives ?

      Contact de Fanchon (Françoise Ramel) : planb.fanchon@gmail.com

      Programmation du vendredi 10 avril 2020

      – 17h : BEACH SCVM (Diffusé sur la page Rockfanch)
      – 17h30 : Joe Cheap & His Ubiks (Diffusé sur la page See you in L.A.)
      – 18h : Terre-Neuve (Rockfanch)
      – 18h30 : Nicolas Woilet & Lucho (See You in L.A)
      – 19h : HOLY LOUIS (Rockfanch)
      – 19h30 : BLOWSOM 
      – 20h : Marty Went Back (Rockfanch)
      – 20h30 : FRANCŒUR (See You in L.A)
      – 21h : Denuit (Rockfanch)
      – 21h30 : Albe (See You in L.A) 
      – 22h : Carte Blanche à Shogg Maze Records – Grincheux de Atchoum & Grincheux [DJ Set] (Rockfanch)

      6000 festivaliers connectés dès ce premier soir. Bravo !

      Programmation du samedi 11 avril 2020

      17h30 Fat’N’Mean
      18h Facteur Zèbre – groupe
      18h30 CLOUD
      19h Bambou The Band
      19h30 Damantra
      20h Bazar Bellamy
      20h30 Coralie Royer
      21h Normcore
      21h30 Cheap Teen (Enzo Henriques)
      22h PLOUM

      Programmation du dimanche 12 avril 2020

      👉 17 h Sweet Monsters
      👉 17h30 Skøpitone Siskø
      👉 18h SUN
      👉 18h30 Arbas
      👉 19h DARTA La
      👉 19h30 Loud . Anonymity
      👉 20h MESS
      👉 20h30 Underground Therapy
      👉 21h Katcross
      👉 21h30 Bandit Bandit
      👉 22h KasbaH

      Programmation du lundi 13 avril 2020

      17h Sarah Mikovski

      17h30 Jerry Kent

      18h LA VAGUE // Music 
      18h30 La pietà

      19h Rovski

      19h30 Charlotte Fever

      20h DUSK TOTEM

      20h30 Mandala Man (Dätcha Mandala)
      
21h Originally Nowhere

      21h30 PiXiT
      22h Obsimo

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      1001 façons de ré-enchanter le quotidien

      Auteur·e

      L'auteur: fanchon
      Passionnée de rencontres, engagée sur de beaux projets qui me tiennent à coeur là où j'ai décidé de vivre, au coeur de la Bretagne, j'ai cette chance de pouvoir virevolter avec les mots, leur musique, j'aime me laisser porter par toutes ces images qui n'ont besoin d'aucun moyen technique pour nous faire voyager, ressentir des émotions profondes. confronter nos convictions, faire naître un souffle qui réveille chez celle ou celui qui s'embarque dans le récit l'envie de passer un bon moment en cette compagnie sans paillettes ni chichi.

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