
Un monde en héritage : invitation à voyager dans l’Histoire !
Qui n’a pas en tête de grandes épopées, le destin funeste d’explorateurs partis à la recherche de connaissances ou de conquêtes loin de leur foyer ? Qui n’a pas rêvé un jour de mettre les voiles pour tracer sa route vers des horizons inconnus ? Aujourd’hui encore, de jeunes migrants ballotés dans des filières peu recommandables s’identifient à la figure multi-millénaire de l’aventurier. Même si le sort de ces femmes, de ces hommes, de leurs enfants n’a rien d’enviable. La Bretagne est une terre de voyageurs, de voyageuses, par sa géographie comme par son histoire particulière aux portes de l’Europe face à l’Atlantique. Mais vous ne rêvez pas, c’est bien à l’intérieur de nos terres hospitalières que je vous invite sur Plan B à un sympathique voyage dans l’Histoire… du voyage ! A défaut de drakkar, goélette, galère, yawl et autres barquettes – petites barques. Ne pas confondre avec de délicieux gâteaux d’un ancien grand port breton, Nantes.
J’ai parfois du mal à comprendre pourquoi cette ouverture/aventure à l’autre semble encore poser problème pour certains dans une époque si connectée, si mondialisée. Comme si des siècles de voyages et de flux migratoires ne nous avaient rien appris de la vie, de nos différences, de nos ressemblances, de nos victoires, de nos souffrances, des bienfaits de la paix pour l’éducation, la culture, le commerce, le progrès de l’Humanité.
C’est avec d’autant plus de plaisir que j’accueille avec enthousiasme l’invitation lancée ce week-end par la Ville de Pontivy, belle cité médiévale et napoléonienne où j’ai pu vivre l’expérience de deux mandats d’élue locale avec passion et détermination. L’inauguration de la Biennale du livre d’Histoire a lieu ce soir. J’y serai.
Mais avant de nous embarquer, un petit clin d’œil musical a toute sa place ici, car le temps nous prend toujours trop de temps ! Merci Julien Clerc !
Si vous voulez connaître l’histoire de ce grand succès, voilà de quoi vous offrir un premier voyage de 5′ dans l’Histoire de la variété française grâce au podcast « Ces chansons qui font l’actu ».
On a toujours un bateau dans le coeur
Dans ce Centre-Bretagne qui m’est cher, l’Argoat (forêt), par opposition à l’Armor (mer), je participe en effet en tant que bénévole à un beau salon littéraire sur le stand de Timilin et sur le plateau Média de Radio Bro Gwened. Le thème de ces journées de rencontre entre en résonance directe avec mes centres d’intérêt variés, mon engagement pour la diversité, les paysages, le partage de savoirs, la liberté d’agir.
Je vous en livre ici quelques aperçus. « Partir, partir, on a tous un bateau dans le coeur » …
L’essentiel à retenir de ce billet, c’est que où que vous soyez, quelques soient vos empêchements, le point de départ du voyage n’est jamais plus loin qu’à l’endroit du cosmos, où votre imaginaire décide de s’emparer de la première occasion pour s’évader et construire ses propres divagations.
Mon admiration va à Erwan Seure-Le Bihan, dessinateur breton qui nous offre le plaisir de pouvoir associer cette édition 2023 à un magnifique visuel. Je salue aussi la performance de Jérôme Nédélec, auteur de romans historiques, recruté par la municipalité pour gérer l’événement avec une feuille de route à appliquer en quelques mois, là où deux années de travail et de réunions étaient la règle.
C’est toujours un progrès quand la Culture relève de choix collectifs soutenus par une volonté politique qui osent s’aventurer loin des sentiers battus.
Une Biennale pas banale
« Voyages dans l’Histoire » est le thème de la dixième édition organisée par la Ville de Pontivy du 31 mars au 2 avril. Auteurs, dessinateurs, scientifiques sont invités à venir échanger avec un public familial dans une ambiance favorisant la proximité, la discussion.

Françoise Ramel
J’aime la dimension internationale que prend d’emblée ce rendez-vous rien qu’en lisant le programme de conférences et les animations proposées. J’aime aussi la façon dont les cadres sont posés, les liens tissés entre histoire du monde et notre propre histoire en tant que bretonnes et bretons.
J’apprécie que les femmes soient bien représentées dans le panel d’intervenants et pas sollicitées à la marge pour faire de la figuration, comme trop souvent encore sur certains événements, même si cela semble carrément anachronique.
Parmi les auteures de renom présentes, Irène Frain. J’ai son dernier roman sur ma table de chevet, après avoir lu les précédents, « Un crime sans importance », « Marie Curie prend un amant ». Mais il y a aussi Lucie Azéma, Blanche El Gammal, Laurence Moal …

Si vous voulez écouter Irène Frain parler de son travail d’écrivain, je vous invite à la retrouver dans mon émission Femmes de caractères. Je me souviens soudain que la toute première invitée de cette riche aventure radiophonique, créée justement pour la Biennale du Livre d’histoire en janvier 2020, quelques mois avant la fin de mon mandat, avait intitulé son recueil de poésie, Voyage en Celtie. Merci Pascale Nouaille-Degorce.
Je ne sais pas où est exactement la prochaine invitée de Femmes de caractères en ce moment, mais je sais qu’elle est sur le pont d’un vieux gréement suédois, sur lequel elle s’est embarquée cette semaine à Sète en tant que photographe.
Il s’agit d’Aurore Vinot , je vous invite vivement à suivre son travail sur son compte insta.

Irène Frain a été la première femme inspirante citée dans Femmes de caractères. Écrivaine, elle compte à son actif de nombreux romans et prix littéraires. Au micro de Françoise Ramel, Irène Frain partage son quotidien et son expérience. Elle aborde le rapport vital qu’elle entretient avec l’écriture et les vies sur lesquelles elle se documente pour construire un récit. Elle s’insurge contre une vision sacralisée de l’écrivain et nous invite dans les coulisses de sa propre vie de femme, fortement attachée à sa région d’origine : la Bretagne.
Radio Bro Gwened, texte du podcast Femmes de caractères (extrait)
Vous reprendrez bien un peu de Napoléon !
Des figures historiques dont Napoléon III et Eugénie s’invitent dans le décor de la Biennale. Le couple impérial défraye la chronique grâce à la sortie d’un ouvrage collectif au Presse Universitaire de Rennes.
Pas moins de 320 pages sont consacrées dans « La Bretagne de Napoléon III » à un voyage de quinze jours à travers lequel les spécialistes peuvent décrypter les mutations d’une société, rendre compte d’un contexte politique.
Entre relecture du passé et fantasmes, l’Histoire sert aussi d’approche révélatrice, à travers les objets qu’elle permet de mettre en lumière, des obsessions et cadres de références de notre époque contemporaine, dont le sujet traité, les faits historiques, les mentalités d’alors, sont par nature très éloignés.
Je ne suis pas de celles qui rêvent de crinolines, de poitrines pulpeuses jaillissant de torses compressés dans des corsets. Je ne suis pas non plus de celles qui applaudissent les revirements opportunistes au gré des changements de régimes à Paris.
Pontivy s’est appelée Napoléonville à plusieurs reprises et a failli s’appeler Bourbonville, après l’abdication de Napoléon 1er. De la vertu de la constance dans l’allégeance au pouvoir en place.
Mais le degré de délicatesse qui sied à la figure du neveu de Napoléon 1er pour parader en calèche au milieu de miséreux culs-terreux bretons avec d’aussi fines moustaches à de quoi capter le regard.
Où que vous soyez, quelques soient vos empêchements, le point de départ du voyage n’est jamais plus loin qu’à l’endroit du cosmos où votre imaginaire décide de s’emparer de la première occasion pour s’évader et construire ses propres divagations.
Françoise Ramel
Voyager dans le temps, oui mais dans quelle Histoire ?

Parmi les conférences que j’ai envie de suivre, celle qui retient le plus mon attention est celle proposée par Jean-Charles Ducene, directeur d’études à Bruxelles, au sein de l’Ecole pratique de Hautes Etudes. Pour trois raisons simples :
- il sera question de géographie et de Moyen-Âge
- il sera question de la Bretagne
- il sera question de savoirs produits dans le monde arabe
C’est exactement pour remettre en perspective connaissances et représentations qu’une Biennale comme celle proposée par la Ville de Pontivy est un moment trop rare et d’une grande valeur.
À moins de considérer que le monde va si bien qu’il est vraiment inutile de vouloir ne serait-ce que requestionner un regard autocentré depuis des siècles au service d’une certaine vision de l’Histoire, soumise à des enjeux liés à des rapports de domination économique, culturelle, politique.
Napoléon à Pontivy, Anne de Bretagne à Blois
La Ville de Pontivy n’a pas souhaité mettre de moyens pour créer un site web dédié pour l’événement malgré ce dixième anniversaire. A l’heure des réseaux sociaux, c’est quasi une contre-performance et très surprenant, d’autant que cette Biennale est le premier rayonnement culturel notoire au calendrier depuis que la cité peut se prévaloir du label Pays d’Art et d’Histoire.
Comme je disais plus haut, peut-être de façon erronée, maladroite : l’Histoire sert aussi d’approche révélatrice, à travers les objets qu’elle permet de mettre en lumière, des obsessions et cadres de références d’une époque contemporaine, dont le sujet traité, les faits historiques, les mentalités d’alors, sont de fait éloignés.
Les célèbres Rendez-vous de l’Histoire fêtent leurs 25 ans en octobre 2023. Avec une Biennale comme celle de ce week-end, seul rendez-vous de référence dans ce domaine à l’Ouest de l’hexagone, nous avons une chance énorme. D’autant que les auteurs ne se font pas priés pour répondre à l’invitation. Ils et elles adorent la Bretagne !
Il faut bien reconnaître que les moyens alloués à son grand salon littéraire par Blois, ville royale, sont sans commune mesure avec les moyens limités d’une sous-préfecture de 15 000 habitants, seule ville de Bretagne à pouvoir s’honorer d’avoir hérité dans son plan urbain d’une ville médiévale et d’une ville nouvelle au siècle des Lumières.
Pour vous qui aimez les escapades culturelles, voici un blog au nom évocateur, Envies d’ailleurs, géré par Anne-Laure Faubert, créatrice à Paris de Bulles de Culture. Vous y trouverez un article évoquant les projets de Napoléon pour « sa » ville. Un plan choisi pour illustrer le propos porte le nom de Napoléonville.
Une de mes réussites en tant qu’élue locale a été de faire inscrire dans l’Agenda 21 de la Ville de Pontivy une bourse de recherche pour les étudiants qui voudraient œuvrer à la sauvegarde du patrimoine. A ma connaissance, je crois que ce principe d’aider au développement de la connaissance n’a jamais été activé et valorisé. C’est le sens même de la notion de « choix politiques ».
Mais demain deux étudiants en Master 2 « Médiation du patrimoine », Emma Nouvel et Arthur Ruaux, seront bénévolement présents sur le stand de Timilin.

Crédit Françoise Ramel
Garder intact l’attrait pour le savoir et l’inconnu
Du siècle qui a connu une révolution et la Déclaration universelles des Droits de l’Homme et du citoyen, ainsi que la loi du 16 pluviôse an II actant en théorie l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies françaises, il reste des trésors conservés précieusement à Pontivy, dont un exemplaire original de la série complète de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

N’est-ce pas troublant de penser qu’une certaine forme d’urgence et de nécessité a commandé la réalisation d’un tel travail de collectage, de documentation et d’archivage de la connaissance ?
J’ai eu la chance de voir cette collection impressionnante après deux mandats d’élue locale, parce que j’ai voulu que naisse à Pontivy une bande dessinée qui retrace un voyage, un très long voyage, celui d’un jeune chamelier somalien.
A ma manière, j’ai ressenti l’urgence et la nécessité d’archiver un savoir utile et précieux pour mon époque. Paradoxalement, le savoir qui a voyagé jusqu’à Pontivy avec l’exil involontaire de Liban Doualé ne s’est jamais écrit ailleurs que dans une chaîne de transmission orale, et pendant dix siècles.
Il aura fallu cette forme de voyage contemporain, cet arrachement, pour qu’il s’imprime, sinon dans nos esprits, au moins sur du papier.
Mais au moins, l’Histoire se souviendra…
Brendan, de Pontivy au grand large
Et si pour finir ce billet, nous embarquions ensemble pour de vrai dans un voyage ? Celui d’un jeune pontivyen qui décide de monter un équipage dans une école d’ingénieur à Strasbourg pour prendre la mer à bord d’un catamaran en cale sèche ! Cela vous tente ?

Rien de plus simple, sortez vos cirés jaunes, vos marinières et vos plus belles lunettes de soleil. Un casque sur les oreilles, je vous laisse le choix de la météo, mer calme ou grand vent, et c’est parti ! Cap sur l’Audioblog d’Arte Radio, Ma parole ! avec Brendan Gau.
Où il est question d’avoir un bateau dans le coeur, sur mer … et à vendre.
B comme bonus
Si l’envie vous prend de prolonger ce voyage dans l’Histoire, au gré du vent et de vos courants, voici quelques ressources. A vous de définir un cap et de choisir vos escales !
La pression régionale en parle
Les Rendez-vous de l’histoire (rdv-histoire.com)
Biennale du Livre d’Histoire 2023 – Ville de Pontivy (ville-pontivy.bzh)
Représentations et cartes du monde/Histoire de la carte — Wikiversité (wikiversity.org)
Lexique : termes les types de bateaux – Chasse Marée (chasse-maree.com)