Et si la météo nous annonçait des jours meilleurs ?
La France se prépare à une grande vague de froid. Au Ministère de l’Ecologie, les présentateurs météo ont eu droit ce lundi 16 janvier à quelques messages ciblés. L’enjeu ? La réduction de la facture énergétique… et les intérêts d’EDF.
Ségolène Royal a invité ce lundi après-midi les présentateurs météo de télévision au ministère de l’Ecologie, rapporte Le Parisien. Elle leur a demandé de profiter de leurs bulletins météo pour présenter quelques gestes pratiques pour économiser l’électricité en période de grand froid.
Ces petites attentions permettraient notamment à EDF de limiter les pertes. Le froid qui a frappé la France au début du mois a déjà coûté au groupe près de 10 millions d’euros. Et les températures à venir dans les prochains jours, pouvant aller jusqu’à -15 degrés Celsius, risquent de ne pas arranger les affaires d’EDF.
Je me demande bien comment d’autres pays arrivent à s’en sortir avec leurs propres factures énergétiques. Ont-ils déjà tous des bulletins météo reconvertis en bande-annonce pour gestes responsables et citoyens ?
Bien au chaud dans mon salon, je repense à la COP 22 et je me demande comment mes amis nomades font avec leurs propres expériences de pénurie. Je me demande si leur voix s’est faite entendre à Marrakech. Si l’urgence et leurs doléances avaient un pouvoir de nuisance aussi puissant que certains résultats d’élections, peut-être qu’il y aurait des débats et des solutions pour s’intéresser à ce vaste désert, autrement que comme zone de conflits.
Le cas du Maroc
Le Sahara est le plus grand désert du monde, c’est un désert habité. Au Maroc, les derniers recensements permettent de mesurer l’ampleur du déplacement des populations. Le constat d’une population divisée par trois en une seule décennie est un drame à plusieurs titres.
D’abord parce que le départ des populations rend plus problématique la gestion des milieux, notamment le développement durable des oasis, qui est une réponse concrète au réchauffement climatique mais aussi au devenir économique de la région (par une agriculture et un tourisme responsables).
Parce que le dépeuplement se traduit, de fait, par l’abandon total ou partiel d’un patrimoine bâti remarquable qui est aujourd’hui menacé par l’avancée du sable. Avec ce patrimoine, au Maroc par exemple,c’est tout un pan de l’histoire qui est menacé de disparition, aussi sûrement que les palmiers sont menacés par la maladie, parce que les jeunes générations n’ont pas su cultiver les oasis avec la même diversité d’espèces que leurs parents.
Parce que le choix que font les habitants de quitter leur terre n’en est pas un. Comme les réfugiés qui fuient les conflits, en Syrie, au Nord-Mali, il ne s’agit pas d’un exil volontaire.
J’imagine alors un plaidoyer, comme il en existe pour plein d’autres causes : le droit des femmes, la culture, les minorités, et pour coller à l’actualité, les bulletins météos éco-responsables…
Plaidoyer virtuel pour les générations (nomades) futures
Cette allocution n’a jamais été prononcée à la COP 22 de Marrakech, c’est une fiction. Celui ou celle qui s’exprime ici le fait en tant qu’héritier, héritière d’une culture ancestrale. C’est le regard d’un-e nomade qui interroge aux portes du désert (M’Hamid el Ghizlane) l’impact du réchauffement climatique sur le maintien des populations au Sahara. Une parole pour les hommes et les femmes qui vivent dans les territoires désertiques depuis des millénaires sur la base de modes de vie sobres, adaptés à la dureté et à la dangerosité de leur environnement, là où les experts parleraient du désert en tant qu’écosystème et régulateur dans les équilibres climatiques mondiaux.
https://www.nomadsfestival.org/