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8 mars, 8 podcasts : hymne aux femmes libres et confiantes

Le 21 janvier 2020 naissait l’émission « Femmes de caractères » sur Radio Bro Gwened et une promesse : partager avec le plus grand nombre ces moments de confidence rares, échangés devant un micro avec une confiance, un lâcher prise de mes invitées qui me surprend à chaque nouvel enregistrement.

Où mieux que sur ce blog, Plan B, pourrais-je toucher une large audience internationale pour faire entendre ces voix de femmes inspirantes, repérées dans mon environnement immédiat, mais aussi au hasard de rencontres inespérées ou de prises de contact via nos outils réseaux ?

Voici donc, pour vous et vos ami.e.s, les huit premiers podcasts de l’émission diffusée chaque mardi sur une magnifique radio locale, à qui je dois de pouvoir créer un tel espace de liberté, dédié à la création sous toute ses formes, et de découvrir tant de références grâce aux choix de mes invitées : Radio Bro Gwened.

Le succès d’estime de l’émission contribue à faire connaître les auteures

En amont du 8 mars, qui marque à l’échelle de la planète l’importance du combat toujours aussi indispensable pour promouvoir les droits des femmes, je tiens à remercier Pontivy Journal et Femmes ici et ailleurs pour les focus publiés sur Femmes de caractères.

https://actu.fr/bretagne/pontivy_56178/pontivy-fait-entendre-voix-femmes-caracteres_31968374.html

https://www.femmesicietailleursblog.com/post/françoise-ramel

Faites votre choix et laissez-vous porter, inspirer, surprendre, au gré des univers que j’explore avec la complicité de huit femmes qui sont désormais de formidables ambassadrices de ce mag du mardi 100% inspirant produit à Pontivy.

A votre tour, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, contribuez à faire connaître ces femmes inspirantes en partageant un ou plusieurs podcasts. Vous pouvez même vous mettre dans la peau d’une invitée en vous demandant : « et moi, quels choix j’aurais faits avant d’entrer en studio ? » Il se peut que l’exercice se révèle un peu difficile, mais celles qui l’ont fait pour passer dans l’émission sont ravies.

Pascale Nouaille-Degorce, 43′, femme inspirante : Irène Frain

Anne Jordan, 49′, femme inspirante : Almodis de la Marche

Mary McGuckian, 39′, femme inspirante : Eileen Gray

Anne-Laure Nicolas, 50′, femme inspirante : Alexandra David-Neel

Johanne Gicquel, 52′, femme inspirante : Marlène Tissot

Stéphanie Detlof, 50′, femme inspirante : Marina Abramovic

Nathalie Truchot, 50′, femme inspirante : Blanche de Richemont

Yolande Jouanno, 50′, femme inspirante : Mona Ozouf

La prog musicale : une vraie place dans Femmes de caractères

Voici aussi la playlist de mes invitées, si vous voulez retrouver un.e artiste, un morceau qui vous a fait du bien ou a surpris vos oreilles, et le superbe générique « Survivor » signé Tschégué, mon gros coup de coeur 2018.

Morsgael Alan Stivell Michel Sardou

Dobranotch Marcabru La Bamboche

Milck K.D. Lang Alanis Morissette

Neil Young Hamon Martin Quartet Barba Loutig

Nina Simone Keni Arkana Saez

Serguei Prokofiev Thomas de Pourquery Leïla Martial, Baa Box et Emile Parisien

Glenmor Les ramoneurs de menhirs et Louise Ebrel Natacha Atlas

Et quelques morceaux choisis, en attendant vos commentaires ou suggestions via Plan B, pour vous associer à cette aventure originale, dont je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit d’une idée géniale, si j’en crois ces fabuleux retours que je reçois chaque jour !

Merci encore pour ta magnifique interview très réussie, tu sais poser à merveille les bonnes questions. Ta sensibilité artistique te rend  si sensible à celle des autres. Tu sais faire passer l’émotion.

Pascale Nouaille-Degorce

J’ai écouté attentivement et je peux déjà dire que tu as une très belle voix radiophonique. Tes questions sont variées, pertinentes et agréables pour la personne interrogée! Je me réjouis et espère être à la hauteur. BRAVO !

Anne Jordan

Je voulais te dire encore merci pour cette émission que je viens d’écouter et qui est magnifique. Je suis vraiment ravie.

Nathalie Truchot


Femmes de caractères, le mag du mardi 100% inspirant

Impromptu, version Femmes de caractères

Il y a des idées qui mettent du temps à s’affiner, à faire l’aller-retour entre subconscient et la page de papier arrachée au détour d’une discussion. Et il y a des fulgurances, des évidences qui s’imposent en court-circuitant tous les sas de sécurité, les points de contrôle, comme si vos neurones avaient décidé que leur patience était à bout et qu’ils pouvaient bien n’en faire qu’à leur tête.

Il y a aussi la colère, l’incompréhension, qui se manifestent au moment le plus improbable, pendant une assemblée générale d’écrivains, quand un relent de machisme vous met soudainement tous les sens en alerte.

Alors vous annoncez publiquement sur un fond sonore de grognements masculins réprobateurs, que vous lancerez en 2020 une émission de radio, où ils n’auront pas voix au chapitre. Voilà, c’est aussi drôle que ça en a l’air, et aussi futile. 

Bref, je pourrais vous raconter des salades, vous dire que j’ai mûrement réfléchi un concept sympa avant de lancer ma première émission de radio, il n’en est rien.

J’ai abdiqué face à l’intensité d’une pulsion électrique et je lui en suis reconnaissante, comme je suis reconnaissante à cette fraction de seconde e m’avoir décrassé les synapses.

Ainsi en fut décidé, presque malgré moi, le temps d’une estocade un peu puérile, je veux bien l’avouer, et surtout complètement incongrue dans ce genre de rassemblement aussi bien pensant que déserté par la majorité des auteurs de cette association.

Quelques semaines plus tard, la possibilité de me dédire étant exclue naturellement, me venait enfin le nom tout trouvé pour l’émission : « Femmes de caractères ».

Quand il s’agit juste de dire qui je suis

Depuis le 21 janvier 2020, Radio Bro Gwened, une radio associative bretonne où je suis bénévole depuis plusieurs décennies, diffuse un format hebdomadaire de 45 minutes où je m’entretiens avec une invitée qui se laisse aller à des confidences, parfois intimes, sur son histoire, son rapport au monde, à l’écriture, à ce qui nourrit son imaginaire et ses engagements.

La première diffusion n’avait pas encore eu lieu que mon carnet de rendez-vous était déjà rempli et l’émission « Femmes de caractères » assurée jusque fin février, sans autre forme de publicité que quelques « posts » sur les réseaux sociaux.

Chaque enregistrement est pour moi un moment intense d’écoute et d’émotion, une porte ouverte sur l’univers d’une auteure, ses drames intérieurs, ses convictions, ses voyages au pays des mots, des images.

Chacune de ses Femmes de caractères donne le ton de l’émission, je ne fais qu’accompagner cette voix, sans fil conducteur établi, pour que le propos soit toujours au plus près de la personnalité qu’elle dévoile autour d’un texte lu, d’une musique qu’elle a souhaité mettre en avant.

En amont de notre rencontre en studio, je propose à chaque invitée de choisir également une femme inspirante dont nous abordons le parcours, la production. L’auteure de la semaine prête alors sa voix le temps d’une nouvelle lecture à cette autre femme de caractère. Et la magie opère. Ce moment en fin d’émission nous fait gagner en profondeur de vue et complète utilement l’auto-portrait esquissé tout au long de l’entretien, sans fausse pudeur.

Le sens d’une vie

Cette émission révèle au fil de ces voix féminines toutes les qualités qui font que l’écriture croise un jour notre route pour donner un sens différent à notre quotidien. Les retours que me font ces femmes pendant et après l’enregistrement montrent à quel point ma proposition touche un point sensible de leur histoire et s’inscrit dans un moment charnière pour elles.

Cela sera sans doute différent quand j’accueillerai en studio Irène Frain ou d’autres auteures reconnues, pourtant j’aimerais garder ce qui fait tout l’intérêt de ce mag du mardi 100% inspirant, son originalité : un niveau de confiance rare, un plaisir non feint à accepter la prise de risque. 

Mais j’en ai assez dit, j’espère, pour vous donner l’envie d’écouter les deux premiers podcasts de « Femmes de caractères ». Pascale Nouaille-Degorce et Anne Jordan habitent toutes les deux dans des communes rurales près de Pontivy, en pleine campagne. Plus que les invitées de la première heure d’une émission qui n’a pas fini de m’étonner, ce sont des amies à qui j’exprime ici toute ma gratitude d’être ce qu’elles sont.

Les prochaines diffusions auront lieu le 4/2 avec Mary Mc Guckian, réalisatrice irlandaise de A girl from Mogadishu, le 11/2 avec Anne-Laure Nicolas, créatrice de l’Eco-domaine Le Bois du barde à Mellionnec, le 18/2 avec Johanne Gicquel, auteure de la très belle collection « Bulles de vie », Saint Nicolas des Eaux.

Les podcast sont accessibles sur la page Facebook « Femmes de caractères » et sur le site Radio Breizh. J’envisage de les archiver aussi sur Plan B en publiant dès que possible une fiche auteure par invitée et des liens qui vous permettront d’aller plus loin sur les différents sujets évoqués dans l’émission, si tel ou tel entretien vous a ouvert l’appétit.

Anne Jordan, ma 2ème invitée, me conforte dans l’idée que « Femmes de caractères » devait exister, et de cette façon
Premier enregistrement avec Pascale Nouaille-Degorce dans les studios de Radio Bro Gwened, Pontivy, historique !

B comme Bonus

Quand le blog du magazine Femmes ici et ailleurs évoque mes belles rencontres dans le studio de Radio Bro Gwened.


Les somptueux trésors du Niger en 3D

Et si on commençait par le début ? Le début d’une idée, d’une envie ? D’un rêve peut-être ? Ou de la fin d’un cauchemar hanté par des scènes de violences et de haine ? Hanté par la peur de plus en plus tangible que l’horizon se rétrécit alors même que nos technologies les plus performantes portaient dans l’esprit de certains de leurs concepteurs l’idée d’un monde meilleur ?

Et si on imaginait simplement le début d’une relation ? Entre deux inconnus, deux continents.

Vous, le ou la sédentaire, et lui, le nomade ?

Rien de plus simple, si vous prenez d’abord le temps de lire ce billet et d’être à l’écoute de ce chant du désert porté par le vent à travers nos connexions numériques.

Merci énormément de pouvoir donner un coup de pouce dans mon projet combien important pour la sauvegarde, la valorisation de nos patrimoines culturels, archéologiques, et paléontologiques du Niger.

Cette exposition des sites et culture à travers le multimédia sera un précurseur pour stimuler, sensibiliser, les populations sur la nécessité de promouvoir notre riche patrimoine, mais aussi assurer la transmission pour les générations futures. C’est un pilier pour la cohésion sociale, l’unité autour d’un intérêt commun, l’identité des peuples. Et aux yeux du monde, c’est donner la chance d’avoir accès aussi aux patrimoines majestueux et à l’information. Mohamed Alhassane

Le désert en héritage

Mohamed Alhassane est un jeune chercheur de 34 ans, récemment diplômé d’un Master obtenu au Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Il vit dans la région d’Agadez après des études à Niamey qui l’ont conduit à se spécialiser en géologie, à enrichir ses connaissances et sa pratique du terrain en archéologie et paléontologie au contact de chercheurs étrangers.

C’est son environnement désertique et montagneux qui l’a amené à s’intéresser très tôt à la géologie. La compagnie d’un oncle, Ibrahima Abambacho, guide caravanier et fin connaisseur de sites à protéger, l’a poussé à prendre sa part dans la transmission d’un savoir hérité de sa culture nomade. Aujourd’hui, Mohamed prend la relève avec toute l’énergie et la force de conviction que lui confèrent sa mobilité internationale, son réseau, sa vision de l’engagement.

« J’ai grandi au désert avec cette conscience que notre patrimoine est un bien précieux, qu’il mérite tous nos égards, d’autant qu’il s’agit le plus souvent de sites fragiles, très éloignés des grands centres urbains. Le Niger est un grand pays, avec des accès parfois difficiles entre les différentes sous-régions. Les moyens pour y promouvoir la culture, le patrimoine, reste un vaste chantier sur lequel je veux pouvoir apporter mes compétences et celles des personnes qui m’accordent leur confiance. » Mohamed Alhassane

Collecter les fonds nécessaires au projet

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce jeune chercheur a de la suite dans les idées, comme en témoigne l’ambitieux projet qui nous a permis d’entrer en contact avec lui grâce au réalisateur du documentaire « Une oasis d’espoir », Nicolas Van Ingen.

Avec Marco Medici, Claude Garnier et Federico Ferrari, Nicolas fait partie de l’équipe d’experts qu’a su réunir Mohamed Alhassane pour mener à bien son expédition au Niger outillé de technologies, de méthodes de valorisation, qui sont le socle de la future exposition multimédia virtuelle « Les somptueux trésors du Niger en 3 D », que ce jeune chercheur Kel Tamasheq entend faire découvrir au monde d’ici 2021.

Il lui faut d’abord réussir d’ici quelques jours le pari d’une collecte de fonds qu’il a lancé sur le site Ulule, première vitrine internationale de cette ambition soutenue déjà par de nombreux partenaires institutionnels au Niger, comme à l’étranger.

Plan B vous invite vivement à vous intéresser à cette présentation du projet « Les trésors du Niger en 3 D » bien détaillée sur le site Ulule et à faire connaître cette initiative autour de vous.

Et si tu pouvais faire une thèse ?

Son Master désormais en poche, Mohamed Alhassane aimerait bien s’engager dans un doctorat. Il y travaille en multipliant les contacts, notamment à Paris où il séjourne actuellement avant de rentrer chez lui.

« Il me sera difficile de trouver un encadrant et financement au Niger. Mais il peut avoir une coopération en Bretagne, en France qui aimerait soutenir un étudiant touareg! J’ai eu la chance d’obtenir mon Master et j’espère avoir saisir une chance pour continuer sur une thèse. Mon projet d’expo suscite un grand intérêt, qui témoigne de la capacité que nous avons tous, en France et surtout au Niger, de faire un projet aussi important pour des zones désertiques. Ca fait chaud au cœur !!! » Alhassane Mohamed

Il est particulièrement difficile de trouver les soutiens nécessaires pour mettre sur les rails un projet de thèse, quand il ne s’agit pas de conforter les moyens en recherche-développement du secteur industriel. Ce l’est sans doute encore plus pour un jeune chercheur qui réside et travaille à l’étranger, dans une région en tension de surcroît, considérée comme Zone rouge par l’Etat français.

Pourtant c’est bien là, au cœur du Sahara, qu’il faut semer l’espoir, sans fléchir, et s’atteler à la tâche culturelle, éducative, scientifique, si nous voulons ouvrir la voie à d’autres belles vocations comme celle de Mohamed Ahlassane.

Soutenir ce projet et s’y intéresser, c’est enfin faire la démonstration que le savoir que nous voulons transmettre aux générations actuelles et futures relève bien d’une responsabilité partagée, qui n’a que faire des frontières et des guerres.

« Les somptueux trésors du Niger en 3 D », en voilà une bonne idée cadeau à ajouter à votre liste de Noël, non ?

https://fr.ulule.com/tresors-niger-3d/

D’ici là, soyez sûrs que Mohamed Ahlassane saura vous rendre au centuple l’aide, même minime, que vous lui aurez accordée, soit pour la collecte de fond, soit pour son projet de doctorat.

B comme bonus

Les membres de l’équipe de Mohamed Alhassane

Marco Medici est architecte, expert en modélisation 3D à l’université de Ferrara (Italie)

Federico Ferrari est architecte université de Ferrara

Claude Garnier, cinéaste, réalisatrice des films (France)

Nicolas Van INGEN, Photographe, réalisateur des documentaires (France)


Femmes ici et ailleurs, naissance d’un blog

Quand tu es mondoblogueuse, que tu t’intéresses aux droits des femmes, en France mais aussi partout sur le globe, tu trouves presque naturellement ce que tu cherches, à savoir des rencontres marquantes, des supports pertinents pour les partager.

A Dakar, en décembre 2015, invitée par le réseau Mondoblog-RFI, j’avais été vraiment surprise par la minorité que nous représentions, nous, les mondoblogueuses de cette sélection.

Photo souvenir de Dakar, décembre 2015, lors de la formation Mondoblog-RFI

Nous étions 13. Cela nous a rapprochées. Pour saluer ces femmes, ces militantes éparpillées sur la planète, de Washington au Sri Lanka, en passant par N’Djamena et Berlin, j’ai publié un article sur Plan B qui est le résultat et l’illustration de ce que peut apporter le travail en réseau.

Ce billet, je l’ai publié avec l’aide de ma fille, Lucine, alors âgée de 20 ans, parce que c’est aussi cela être femme.

Femmes, je vous aime

Un simple coup de fil

Trois ans plus tard, en 2019, une amie de longue date impliquée et reconnue professionnellement dans le combat de l’égalité Femmes-Hommes me contacte. Isabelle Gueguen est originaire de Plussulien, petite commune du Centre-Bretagne. Nous avions organisé au sein d’un même collectif d’associations de jeunes une rencontre internationale en zone rurale, il y a 30 ans. Depuis, Isabelle a suivi mes pérégrinations comme j’ai suivi les siennes, de loin. 

Elle qui était originaire du monde rural a fait sa vie en ville, d’où elle a tissé des liens précieux pour faire avancer la cause des femmes, notamment dans la sphère économique. Moi qui ne connaissais personne à mon arrivée en Centre-Bretagne, j’ai fait le choix de m’enraciner dans cette région en voie de désertification, d’y créer une famille, d’y travailler, avant de m’engager en tant qu’élue locale en 2008.

Isabelle m’appelle donc un jour pour me parler du Club Femmes ici et ailleurs.

Je découvre l’existence de ce magazine du Club FIA, qu’Isabelle souhaite me voir rejoindre et développer avec d’autres femmes en Bretagne. Je n’ai pas besoin d’arguments superflus, je vois déjà tout l’intérêt d’apprendre de ces femmes inspirantes, dont les récits font la ligne éditoriale de la revue papier, portée par une petite équipe salariée basée à Lyon. 

Femmes ici et ailleurs, c’est aussi un vaste réseau de bénévoles, sensibles comme moi aux vertus du dialogue interculturel, à l’engagement au sein de sociétés de plus en plus fragilisées par des violences, physiques, morales, économiques, culturelles, de toute nature. Il ne m’en faut pas plus pour saisir l’opportunité de rejoindre cette communauté agissante.

Je m’abonne pour 60 € à la revue dont j’adhère d’emblée aux valeurs, réitérant ainsi la démarche qui m’a conduite à rejoindre Mondoblog-RFI, puis Unidivers et Music in Africa. Encouragée par les retours de mes lecteurs, lectrices, sur ces différentes plateformes, je propose rapidement après lecture du magazine de pouvoir échanger en direct avec son créateur, Pierre-Yves Ginet, via les contacts d’Isabelle à Lyon.

Mi-octobre 2019, le hasard fait bien les choses, le réseau met en ligne son blog Femmes ici et ailleurs. Je vous le recommande fortement, si vous voulez élargir vos horizons et trouver des ressources dans ces parcours militants de femmes qui osent.

Quoi, un blog ? J’en suis !

Je ne pouvais pas rêver mieux que ce blog pour parler d’un film, que dis-je, du film, qui va marquer pour moi cette année 2019 : A girl from Mogadishu, et partager ma rencontre avec une jeune somalienne devenue citoyenne irlandaise, Ifrah Ahmed. Je dois cette découverte au directeur du Festival du film britannique de Dinard, à l’initiative de l’avant-première en France de cette fiction inspirée de faits réels.

Extrait de vidéo mise en ligne par l’Union européenne

Chanceuse comme je suis, je n’ai pas été seulement bouleversée par l’incroyable histoire de cette héroïne des temps modernes, ballotée par la vie, victimisée, souillée, avant d’en prendre les rênes. J’ai été transportée, littéralement, par ma rencontre avec la réalisatrice du film, irlandaise elle aussi, et sacrément volontaire pour se lancer dans pareille affaire. Cinq ans d’investissement, ce n’est pas rien. Cette femme inspirante et déterminée s’appelle Mary McGuckian.

Mary réside dans le sud de la France. Ces dernières semaines l’ont amenée à voyager aux USA, où A girl from Mogadishu rencontre un très vif succès.  Outre le récit inspiré de faits réels porté à l’écran, le casting y est certainement pour beaucoup. Avec Aja Naomi King dans le rôle-titre et Barkhad Abdi, révélé par Capitaine Philips, originaire de Mogadishu comme Ifrah Ahmed, la réalisatrice sait pouvoir compter sur deux atouts majeurs : leur notoriété grandissante, leur talent époustouflant. 

Sur le tapis rouge du festival de Dinard, Mary McGuckian et Ifrah Ahmed, rayonnantes – Crédit photo Jéremy Melloul

Voilà comment un film sur lequel vous trouverez très peu d’information en français se retrouve à la Une du tout nouveau blog du Club Femmes ici et ailleurs lors de son lancement, à ma plus grande joie. Lire le billet

Pour assurer à cette poignante histoire de femme une place au panthéon des films qui peuvent changer le monde par la seule force du regard posé sur des pratiques barbares héritées de sociétés privant les femmes de leur intégrité, de leur liberté, à vous de faire votre part du travail. Allez voir A girl from Mogadishu, quand il sortira officiellement au printemps 2020, et mieux encore, encouragez des salles et des festivals à le programmer en avant-première d’ici-là, près de chez vous.

En avant-première à Nairobi

Du 12 au 14 novembre, les Nations Unies organisent à Nairobi un grand sommet. Il y a vingt-cinq ans, 179 gouvernements adoptaient un programme d’action pour garantir la santé, ainsi que les droits des femmes et des filles. La question posée ? Que sont devenues les promesses ?

Programmé dans cet événement international, A girl from Mogadishu va bénéficier du rayonnement que ce film mérite et conforter les avancées acquises par toutes celles et tous ceux qui militent contre l’excision.

B comme Bonus

Site web de A girl from Mogadishu

Voici deux autres articles publiés dès mon retour du festival de Dinard


Vanessa Kanga, fondatrice du festival Afropolitain : « Nous créons des ponts entre les continents »

Vanessa Kanga est la fondatrice du festival Afropolitain nomade. A l’occasion de la sixième édition, à laquelle Mondoblog participe, elle a accepté de répondre à mes questions. Entretien. 

Vanessa Kanga – Photo officielle

Vous présentez Afropolitain comme un festival citoyen. Pourquoi ?

Afropolitain met en avant des artistes de la scène musicale et promeut des artistes visuels, mais nous mettons aussi des espaces de discussion et de création à disposition. Le festival est gratuit, accessible à tous. Ce qui nous intéresse à travers cette manifestation et la façon de l’installer dans le paysage de façon nomade dans les capitales africaines, c’est ce que les anglo-saxons appellent l’empowerment, à la fois des artistes et des populations. Nous abordons notamment la question de la mobilité des artistes, la place des femmes et d’autres enjeux forts pour la défense des droits culturels.

Vous vous appuyez sur de nombreux partenariats, publics et privés. Comment avez-vous réussi ce pari de faire reconnaître la portée d’un festival nomade en quelques années ?

C’est d’abord par la force de nos convictions et grâce à la façon dont nous avons construit ce concept d’événement culturel international itinérant. Cela n’a pas été facile, bien sûr, car cela donne l’impression que nous repartons à l’aventure chaque année. C’est pourquoi nous anticipons chaque édition deux ans à l’avance, avec des partenaires solides dans la capitale retenue, un label de musique, une agence de communication, des structures bien implantées au fait des messages que nous voulons faire passer. Nous nous sommes aussi appuyés sur la francophonie et un vaste réseau qui ne cesse de grandir. A chaque édition, nous gagnons en notoriété et nos partenaires sont désormais convaincus de l’impact positif d’Afropolitain. Nous sommes de vrais acteurs du changement. Nous créons des ponts entre les continents. Nous captons aussi de nouveaux publics et cela renforce la capacité d’engagement de chaque artiste, de chaque créateur, qu’il soit musicien, plasticien, blogueur.

Vous êtes vous-même artiste, africaine. Vous vivez au Québec. Est-ce un atout pour porter un tel projet sur le continent avec un autre regard, avec une expérience nourrie au contact de différentes cultures ?

Pour rencontrer la création africaine, en sentir toute la richesse et l’intelligence, c’est en Afrique qu’il faut aller. Or la scène africaine est parfois mieux défendue hors du continent par des acteurs culturels occidentaux. C’est un paradoxe.  Nous faisons la démonstration, en tant que jeunes africains de la diaspora, que les capitales africaines ont une place à occuper dans les tournées mondiales, qu’il est possible d’y organiser de beaux événements. Si je suis au Canada depuis 2001, c’est par un pur hasard de la vie. Pour moi, c’est juste une position géographique qui me permet de me déplacer plus facilement. C’est vrai que cela permet aussi de cultiver une vision hybride, sur la manière de percevoir des enjeux, de développer une sensibilité et des savoir-faire.

Afropolitain est un vrai tremplin pour une large majorité des artistes que vous programmez depuis 2012. Un mot sur ce qui fait la force de cette scène africaine émergente malgré les obstacles ?

La première de toutes ces forces en mouvement, c’est l’extraordinaire créativité qui se développe en Afrique et cette conscience que ces cultures nourricières que sont nos traditions, nos réalités, nos imaginaires, doivent s’exporter à travers le monde. Ces jeunes artistes qui aspirent à l’international ne rêvent pas leur avenir, ils et elles y travaillent chaque jour, avec beaucoup de talent, d’exigence et d’abnégation. Chacun, chacune se sent investi-e d’un rôle qui dépasse de loin le seul cadre de la scène pour agir à tous les niveaux de ce qui compte pour faire société.

B comme bonus

https://www.musicinafrica.net/fr/magazine/vanessa-kanga-jappartiens-cette-afrique-jeune-dynamique-et-fiere

Page FB du festival


Mondoblog aux premières loges du festival Afropolitain

Composite et cosmopolite, le Festival nomade Afropolitain est un rendez-vous incontournable dans le paysage des festivals d’art citoyens. Il prend naissance au Québec et fait le tour des capitales d’Afrique. Chaque année, il réussit le pari de créer des affinités, de susciter des projets pluridisciplinaires inédits et de rassembler les grands noms de la scène internationale, régionale et locale, devant un public jeune et dynamique. En 2019, à Abidjan, le réseau Mondoblog se joint à la fête. 

La 6ème édition du festival Afropolitain se déroule cette année à Abidjan, du 25 au 29 juin. L’équipe Mondoblog y a un stand et une dizaine de Mondoblogueurs couvre l’événement. Une rencontre très attendue, qui n’aurait pas eu lieu sans quelques bonnes volontés.

 

Des bénévoles du festival Afropolitain – ©Festival Afropolitain

 

Cap sur Abidjan : pourquoi Mondoblog participe ?

Revenons un peu sur l’origine de cette participation.

Avril 2018, nous sommes à Niamey où se passe la première édition du Forum Mondoblog Afrique au cœur du festival Sahel Hip Hop et Musiques du monde dans la belle salle Canal Olympia de la Blue Zone. L’idée est lancée de favoriser la rencontre entre artistes, médias et blogueurs, sur fond d’une vraie réflexion partagée pour soutenir la culture, le métissage, le dialogue au service de la paix et de l’émancipation.

Juin 2019, un an plus tard, l’idée a germé et porte ses premiers fruits. L’une des chevilles ouvrières de cette rencontre est la fondatrice du festival Afropolitain, Vanessa Kanga. Cette artiste, basée au Canada, a saisi au bond la proposition d’organiser une rencontre de Mondoblogueurs au cœur de la manifestation.

A Paris, le message est entendu. Camille Deloche, journaliste à RFI et responsable de Mondoblog, rejoint l’aventure. C’était la garantie supplémentaire que nous pouvions espérer créer un événement fort. 

Mondoblog et Afropolitain partagent déjà cette même volonté de créer du lien et du sens au sein d’une vaste communauté francophone, fière de sa créativité, riche de sa diversité.

A lire aussi : l’interview de Vanessa Kanga

Kajeem pour Network Africa en 2010 – ©CJ

Que voir, que faire au festival ?

Gardez un œil sur les réseaux sociaux des Mondoblogueurs. Vous pourrez sûrement y apercevoir l’artiste reggae Kajeem, invité d’honneur de cette sixième édition du festival. Il y aura aussi l’Ivoirienne Jahelle Bonee, Sage Soldat venu du Niger ou encore Mariusca du Congo.

En plus des concerts et des spectacles, le festival offre des ateliers et des conférences avec des thèmes d’actualité. Cette année, il y aura entre autres une conférence sur la place des femmes dans l’art et la culture, et une autre sur les origines du Hip Hop en Afrique. 

Retrouvez le programme complet ici.

Bienvenue au village numérique

Mondoblog, partenaire d'Afropolitain
Le programme du village numérique – ©Festival Afropolitain

Alors que commence l’événement, l’effervescence redouble pour que tout soit prêt. Vanessa Kanga vient d’arriver à Abidjan, Camille la rejoindra sous peu. L’excitation monte chez les Mondoblogueurs et Mondoblogueuses, sans lesquels tout cela ne serait encore qu’une simple invitation à rêver cette rencontre et à remettre au lendemain ce que nous pouvons faire aujourd’hui.

Il faut les remercier. Cela fait du beau monde déjà pour participer aux animations du village numérique, en partenariat avec TV5 Monde, et pour couvrir tous les temps forts d’Afropolitain. Mondoblog est dans la place.

Ce qui est sûr à cette heure c’est que nous sommes tous contents de nous retrouver, que la bonne humeur sera au rendez-vous, et que nous partagerons ces bons moments avec tout Mondoblog grâce aux réseaux sociaux. Il y aura donc des rires, des photos, et bien plus encore à découvrir, à partager !

Joignez vous à la fête en laissant vos commentaires sur les billets qui seront publiés, en interagissant sur les réseaux sociaux et venez nous rencontrer sur le stand Mondoblog !

B comme bonus

https://www.musicinafrica.net/fr/magazine/vanessa-kanga-jappartiens-cette-afrique-jeune-dynamique-et-fiere

Page FB du festival

Merci à Elisabeth LALIE, Jean-Paul SORO, Aly COULIBALY, Aubin KRAH, Odilon DOUNDEMBI, Jean-Christ N’Guessan KOFFI, Karidja TRAORE, Stella ATTIOGBE, Mariam SANOGO, Magloire ZORO, Luc KOUADE, Yacouba SANGARE, Stéphane Agnini TANO, Jean-Claude KOUADIO, Ruben BONI, Jean-François AMAN, Mathyas KOUADIO, Raissa YAO, Georges KOUAMÉ, Richard Konan KOUASSI, Mamadou KONE, ainsi qu’à vous toutes et tous qui soutenez par votre curiosité ces créateurs de blog.

 


Ouarzazate-Nantes-Mellionnec, du nouveau pour Tarwa N-Tiniri

Le blues de Ouarzazate à l’honneur ce week-end avec Tarwa N-Tiniri, une première en France !

Tarwa N-Tiniri doit son ascension à la scène et aux festivals marocains. Prix Révélation du carrefour international Visa for Music à Rabat en 2018, le groupe arrive en France ce week-end avec une forte détermination à poursuivre cette belle aventure artistique en se faisant connaître à l’international. Les six jeunes nomades de Tarwa N-Tiniri s’apprêtent à vivre deux concerts mémorables à la rencontre de nouveaux publics, loin du Sahara qui nourrit leur répertoire. La bienvenue, comme on dit au Maroc.

Vendredi 24 mai, le groupe de Ouarzazate est attendu sur l’Ile de Nantes dans le cadre du Printemps des Nefs, où il assure la première partie de Mokoomba, la formation la plus en vue du Zimbabwé. Le samedi 25, vous les trouverez au cœur de la Bretagne, à Mellionnec, où ils sont la tête d’affiche de la grande soirée des Rencontres régionales Permaculture et Transition organisées au Bois du Barde du 24 au 26 mai.

« Nos chansons captent, expriment, les différences sociales et la situation des peuples nomades dans le désert comme dans les régions montagneuses. Nous chantons dans notre langue, le berbère. Nous soignons la dimension poétique et symbolique de nos textes. Montrer au monde notre culture, partager la joie et cet esprit vivant de la fête que nous ont transmis les aînés malgré des conditions de vie difficile, voilà ce qui nous pousse à être musiciens et à aller au bout de nos convictions. »

Hamid, le chanteur de Tarwa N-Tiniri, rencontré avec les autres membres du groupe en décembre 2017, à Ouarzazate

Témoins d’une époque comme tout artiste en prise avec son temps, Youssef, Smail, Mohamed, Mokhtar, Moustapha et Hamid sont les ambassadeurs d’une nouvelle génération emportée par un courant mondial qui bouscule codes et repères, au risque de rendre irréversible un processus de déracinement, de perte de mémoire. Leur travail de collectage et de création s’inscrit dans une réelle urgence, ils en ont conscience.

Adulés à Ouarzazate, et désormais plus loin de chez eux jusqu’en Norvège, ils n’en perdent pas pour autant le sens de leur engagement depuis leur première scène en 2013. Leur présence au pied levé à Mellionnec, petit village du Centre-Bretagne, en dit long sur leur envie de parcourir des kilomètres, à l’inconnu, pour croiser d’autres cultures, d’autres bâtisseurs d’oasis.

Pour mieux s’immerger dans cette invitation au désert, et parce que Mellionnec est aussi la capitale bretonne du documentaire, vous pourrez profiter à 18h d’une projection du film de Nicolas Van Ingen et Jean-Baptiste Pouchain « Une oasis d’espoir », Grand Prix du Documentaire au Green Awards Festival de Deauville 2018, réalisé au sud de Ouarzazate dans la Vallée du Drâa et les dunes du Sahara.

Ce documentaire primé depuis dans d’autres festivals en France et au Maroc porte à l’écran un beau projet de permaculture au cœur des dunes, dans l’oasis d’Ergsmar. Tahar El-Ammari raconte dans un témoignage poignant comment l’idée lui est venue de sauver une oasis de l’abandon pour lutter contre le réchauffement climatique et agir là où sont ses racines d’éleveur nomade devenu maraîcher bio.
Concert à Nantes : 24 mai, 20h30, Les Machines de l’Ile, 20h30, gratuit
Concert à Mellionnec : 25 mai, 20h, organisation Voix du Sahara/Le Bois du Barde
Projection Une oasis d’espoir, 25 mai, 18h, Le Bois du Barde
Accès au site 5 euros

Site du groupe Tarwa N-Tiniri

En savoir +
https://dernierbaiser.mondoblog.org/2017/12/04/tarwa-n-tiniri-blues-chant-amazigh/
https://dernierbaiser.mondoblog.org/2019/01/12/uneoasisdespoir/


Mektoub, chanson triste pour Khalifa Balla, musicien nomade

30 avril 2019, Pontivy

Cher Khalifa,

Je ne t’écris plus, ni de chansons, ni de messages sur Facebook ou WhatsApp. Où t’écrire ? Et pour te dire quoi ? Sinon l’injustice qui nous prive de toi. Un an déjà !
J’ai publié sur mon blog, tu sais, quelques textes de chansons. Celle-ci je l’ai écrite pour toi, en mars 2016, à Chegaga, où tu gardais seul un campement désert. J’ignore d’où me sont venues ces paroles. Je ne me rappelle même pas les avoir écrites. Ou alors était-ce cette nuit de pleine lune quand la pluie m’a cueillie au matin ?
Oui, je m’en souviens maintenant, c’est d’ailleurs sans importance.

Chegaga, avant la pluie – Crédit photo Françoise Ramel

Cette chanson sans mélodie existe et elle résonne étrangement à mon oreille aujourd’hui.

Je la partage ici pour ce qu’elle exprime de tristesse, alors que j’ignorais que j’aurai à l’éprouver un jour, tous les jours, en pensant à toi, loin de Chegaga.

Khalifa Balla, musicien du Sahara
Crédit photo Rosanna Garreffa

Il y a un an, sous le choc de la nouvelle, j’ai su trouver les mots je crois, les voilà envolés avec toi comme des compagnons de voyage. J’ai tout le temps à présent pour le silence, cette fleur du désert que j’arrose consciencieusement pour me convier en ta présence.
Je suis heureuse de t’avoir tout dit quand cela était encore possible. J’ose croire que tu m’as entendue. Je chéris toutes ces ambiances complices qui ont scellé notre amitié et je voudrais encore te dire combien ta compagnie m’est précieuse.

Je garde en moi chaque instant où grâce à toi je me suis sentie si vivante, si paisible, si confiante.

Au festival des nomades, mars 2015, chez lui, Khalifa jubile et chante dans le public Crédit photo Françoise Ramel

MEKTOUB

Moi jeune nomade, je me perds dans la lune
Pour oublier le chagrin que tu laisses derrière toi
J’ai quitté le village pour retrouver le sable des dunes
Je parle aux étoiles, mes amies
Mon esprit voyage avec les nuages
Il te suivrait n’importe où pour te plaire
L’oued se remplit de mes larmes
Le vent chante ton nom
Presque malgré moi mon pas danse en silence
Je cherche dans la lumière du soir qui s’en va vers le jour
Ton sourire, la beauté de tes yeux,
La vérité d’un amour puissant
Mon cœur en tremble encore
Mes lèvres sont en feu du désir de nos baisers
Ma gorge est sèche de s’être trop serrée
Moi jeune nomade, je me demande
Où porte ton regard dans cette ville immense
Qui t’arrache au désert, qui t’arrache à moi

Cette machine où les rêves se vendent

Quand ici mon rêve n’a pas de prix
Il s’appelle liberté et je ne sais
Quel mauvais esprit préfère m’en priver
Plutôt que me laisser veiller sur le désert
comme sur mon troupeau, loin de tout,
surtout loin de la folie des hommes
Ton pas danse au milieu de cette folie
Pas de vent pour chanter mon nom
Pas de soif pour serrer ta gorge
Pas de silence pour prendre ton envol
Et faire exploser ton cœur sous la force du désir

J’ignorais que l’amour perdait ses ailes
Même l’amour le plus sincère, le plus profond
Quand la vie décide de séparer ceux qui s’aiment.

Crédit photo Françoise Ramel

Khalifa, ta voix n’est pas souvenir, elle nous accompagne

Les apparitions à l’écran de Khalifa Balla sont rares. Ces images tournées en mars 2017 par Laila Lahlou pour Télé Maroc sont les seules où il s’exprime sur la musique et sa culture.

Khalifa, à partir de 38′, avec Brahim et Mohamed, Auberge La Palmeraie, documentaire « M’hamid el Ghizlane », mars 2017

مدينة وذاكرة يشد الرحال إلى "محاميد الغزلان" آخر واحة في وادي درعة (بث مباشر)

Publiée par Télé Maroc sur Jeudi 19 octobre 2017

 

B comme Bonus

Khalifa et Mohamed de retour au village, l’Europe dans les bagages

Noël, c’est pas toujours dimanche.

Le Sahara inaccessible ? Heureusement non !

 


L’insolente poésie du fer à béton à l’oeuvre avec Francis Beninca

Mettre en scène l’indolence légère du fer à béton, c’est l’intention surprenante du travail artistique dont je veux vous parler dans ce nouveau billet sur Plan B.

Francis Beninca est un artiste dont vous ne trouverez pas l’atelier dans un joli quartier parisien ou nantais. Il vous faudra venir le rencontrer dans mon cœur de Bretagne, à quelques kilomètres de Pontivy, dans la pointe occidentale de la France.

https://www.youtube.com/watch?v=O1YOaGIsf0I

Une métamorphose étonnante

Arrivé à Guern, petite bourgade tranquille et vieillissante comme beaucoup d’autres en Bretagne intérieure, impossible de manquer votre destination. L’atelier se trouve en plein centre, à quelques pas de l’église. Une pompe à essence rappelle encore l’usage antérieur de l’ancien garage abandonné pendant de longues décennies avant d’être racheté par Francis Beninca. Une esplanade aux belles dimensions accueille de grandes sculptures prêtes à la livraison.
L’artiste a fait preuve de patience, il a rêvé pendant dix ans de ces hauts volumes qui accueillent désormais ses sculptures monumentales avant qu’elles s’égaillent dans la nature, là où Francis est sollicité pour son génie du mouvement qui redessine l’espace et l’environnement.
C’est la magie du monde rural qui est d’abord à l’origine de cette transformation réussie d’un atelier de mécanique, dont on imagine aisément l’importance et la vie qu’il abritait quand les campagnes étaient encore pleines d’agriculteurs et de familles vivant de leur travail sur place.
Les chants d’oiseaux envahissent le lieu là où le moteur autrefois était roi, ça sent la peinture, la lumière naturelle coule à flot à travers de grandes baies. Francis m’accueille et s’assoie pour répondre posément à mes questions. Il n’a pas encore évoqué son travail, les grandes structures métalliques qui servent de décor à notre entretien, qu’il me parle déjà de Thérèse, l’ancienne propriétaire du garage.

Francis Beninca
« Avoir ce lieu change ma façon de travailler. » – Crédit photo : Françoise Ramel

« J’ai été si bien accueilli en Centre-Bretagne il y a une quinzaine d’années que l’envie d’en repartir ne s’est pas vraiment posée. Avoir un lieu comme celui-ci change ma façon de travailler. Je suis très heureux de pouvoir m’inscrire dans le centre-bourg de Guern, duquel les commerces ont progressivement disparu. C’est une manière de ré-habiter, d’amener de la vie dans ce lieu qui est central. Je sens qu’il y a de l’adhésion de la part des gens du quartier et de la municipalité. »

Francis Beninca

Je connais Francis, et depuis longtemps. J’allais boire des coups dans son café aux Anges, à Quelven, célèbre hameau de la commune de Guern. Il avait le même sourire qu’aujourd’hui, la même voix douce, le regard droit et profond de celui qui sait qu’il a misé sur l’essentiel : se rendre disponible, être à l’écoute, préférer l’audace à l’esquive et autres faux fuyants quand le quotidien ne trouve plus meilleure excuse à sa routine.

Un jeu de lignes courbes

Il y a plus de dix ans, Francis a troqué sa vie de programmateur culturel inspiré derrière sa tireuse à bière pour donner du sens et du rythme à l’exercice qui l’amène à se frotter à la matière, à la lumière, aux courbes qu’il jette comme un oiseau moqueur vers le ciel pour se jouer de la pesanteur et des échelles de grandeur. Il en résulte des pièces uniques qui traduisent le goût du geste dont fait preuve Francis, de soudure en soudure, avec délicatesse et justesse.

Francis Béninca aurait pu choisir le dessin, la photo ou tout autre langage pour exprimer sa passion des formes et de l’espace, mais c’est avec du fer à béton qu’il joue à défier l’élasticité des lois physiques et la plastique d’un matériau industriel voué initialement à disparaître dans une coulée de béton.

Sculpture signée Francis Beninca
Les œuvres monumentales signées par Francis Beninca s’inspirent souvent du végétal – Crédit photo Françoise Ramel

« J’ai découvert en m’y confrontant jour après jour ce matériau qui pour beaucoup est un matériau dur, froid, dans lequel il faut entrer avec violence. On peut se blesser, ça fait du bruit quand on le travaille. Tout ça demande d’y mettre de la force. Mais j’ai découvert avec le temps que ce matériau est extrêmement ductile. On peut le déformer à loisir sans qu’il ne se casse. Sa dureté apparente finalement laisse place, quand on le prend avec les bons outils, en y mettant la bonne énergie au bon endroit, à une matière très souple, très plastique. Cela m’intéresse d’en étirer la résistance, de repousser ce fer à béton dans ses retranchements, dans ce qu’il a à offrir de contraste et de complémentarité entre rigidité structurelle et légèreté. »

Francis Beninca

Francis Beninca ne se positionne pas sur une approche conceptuelle de l’art, il fabrique ses formes courbes et ses volumes sans y adjoindre de discours ou de mode d’emploi. Ces architectures transparentes, ces sculptures monumentales ne cherchent pas à nous perdre, bien au contraire. En attirant le regard, en invitant à nous poser avec elles dans un lieu, elles nous reconnectent avec simplicité à ce qui fait sens et histoire dans cet espace, naturel ou habité : un ciel, une végétation, un rire d’enfant, un autre rapport au temps.

Je vous invite à écouter cette interview de Francis Beninca et à prendre le temps de l’imaginer en plein travail. Il est perché quelque part à l’intersection de deux lignes qui se dessinent au-dessus de sa tête sur le ciel.
Que son travail soit remarqué jusqu’à Londres, où une de ses créations à venir prendra place en 2020 dans un festival international prestigieux dédié au jardin, le Royal Horticultural Show, est une invitation supplémentaire à vous laisser surprendre. D’ici là et plus près de chez nous, vous pouvez vous offrir une escapade dans le très beau domaine de la Roche Jagu, sur la commune de Ploëzal, pour voir du 11 mai 2019 au 6 octobre 2019 l’exposition estivale « Arte botanica : regards d’artistes contemporains », coordonnée par mon amie Nolwenn Herry. Vous y retrouverez Francis ou du moins plusieurs de ses œuvres.

Pour aller plus loin dans la rencontre avec cet artiste, voici un extrait de son site internet, où Francis nous décrit sa démarche artistique.

 

Francis Beninca au travail
Photo extraite du site web de Francis Beninca Crédit photo Francis Beninca

« La double courbure est au cœur de mon travail de sculpture

J’observe que la nature cherche constamment à obtenir la plus grande résistance possible avec le moins de matière possible, et qu’elle trouve dans la courbe la clé de cette quête. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les coquillages, les structures végétales ou une simple coquille d’oeuf. Leur résistance est fondée sur leur forme courbe, doublement courbe, et non pas sur la masse de matière utilisée.
C’est le contraire pour la plupart des structures construites par l’homme…
La nature place la matière précisément là où elle est nécessaire, c’est à dire sur ses lignes de rupture potentielle. A partir de l’observation de ces phénomènes de rupture, on parvient alors à construire des édifices extrêmement résistants, avec un minimum de matériau.

J’aime l’idée qu’on puisse ressentir devant mes sculptures le même émerveillement, le même moment de suspens que devant la nature elle-même bâtisseuse.

Avant tout, je veux construire en trois dimensions, travailler dans l’espace, et proposer ce dialogue avec un lieu, avec un contexte et les énergies humaines qui y interviennent. Je cherche à organiser la matière en structures aériennes, à la fois imposantes et légères.

Les volumes déployés peuvent être impressionnants, mais on voit toujours le ciel au travers, et ils restent presque impalpables. Leur âme structurelle, puissante et graphique vient jouer tout en harmonie ou en contraste avec les éléments en présence (bâtiments, arbres, mobilier urbain, chemins), révélant ainsi de nouvelles perceptions du site d’implantation aux gens qui le parcourent.

Je revendique mon besoin irrépressible de bâtir. Toute la filiation des maçons italiens qui m’ont précédé et qui ont beaucoup bâti passe à travers moi.

Cependant, c’est dans le dépouillement que j’ai choisi de construire. Plus de pierres taillées, de béton, ni de poids : seulement des lignes épurées, les structures minimales dans toute leur force et leur légèreté, comme des traits de crayon dans l’espace qui dessinent des formes à la fois stables et en mouvement.

Je travaille l’acier notamment sous la forme du fer à béton. Il s’agit d’un matériau considéré comme « ingrat ». Il est généralement plongé et dissimulé dans le béton pour lui donner sa résistance : en le cintrant, en le tissant, en le tressant, j’ai plaisir à montrer qu’il est possible d’en faire des choses plus délicates et poétiques. »

B comme Bonus

https://www.francisbeninca.com/

 


L’Europe par le menu au Festival de géopolitique de Grenoble

Du 13 au 16 mars, publics et conférenciers se donnent rendez-vous au Festival de géopolitique de Grenoble. Ce colloque international francophone permet à chacun d’accéder au savoir et de cultiver son esprit critique sur le monde contemporain, quelque soit le point où il se trouve sur le globe – pour peu qu’il ait accès à une connexion. Sympa, non ? Et c’est gratuit.

Autre atout de ces rencontres annuelles, elles sont portées par Grenoble Ecole de Management. Les étudiants sont fortement impliqués dans l’organisation de chaque nouvelle édition. Dix promos de jeunes bénévoles se sont déjà frottés à l’exercice. Cette année, après des thématiques toutes aussi passionnantes les unes que les autres, l’Europe est au cœur des débats. Le festival enregistre pour cette 11ème édition une hausse de 50% d’inscription  par rapport à 2018 qui était déjà un très bon cru avec près de 20 000 visiteurs.


[DES]UNION EUROPEENNE ?

Les élections européennes auront lieu le dimanche 26 mai dans un contexte qui illustre l’accroissement de tensions autour de questions centrales : fragilité de nos démocraties, défiance vis-à-vis des responsables politiques, montée des extrêmes et des populismes, craintes exacerbées face aux réfugiés ballotés d’un pays à l’autre.

Le Brexit est une des nouvelles données qui doit nous interroger sur cette Europe, génératrice de défiance des peuples envers les classes dirigeantes accusées, entre autres, de jouer le jeu des lobbies présents dans les couloirs de Bruxelles. La question du centralisme face au régionalisme au sein d’une Europe fédérale en est une autre.

Entre fantasmes et réalités, il est souhaitable avant de se rendre aux urnes de prendre le recul nécessaire pour mieux peser les forces et les faiblesses d’une création historique qui s’est éloignée dans la force des courants et contre-courants des valeurs initiales du projet européen pour offrir un nouveau cadre d’action concertée entre les 28 Etats signataires. Les choix d’hier qui ont permis d’instaurer la paix ne sont plus des garants suffisants semble-t-il pour gouverner sur la base du consensus au service de nos intérêts communs.

Pour bénéficier des éclairages de spécialistes et initier le débat citoyen, le Festival de géopolitique de Grenoble invite du 13 mars au 16 mars 2019 à prendre le temps d’échanger sur des questions qui agitent l’opinion publique, au-delà du seul clivage « Pro-européens / Euro-sceptiques ».

Carte des points de connexion
Chaque année, le festival de géopolitique édite une carte des points de connexion. Voici celle de 2018, pour les 10 ans de l’événement

Une cinquantaine de conférences, une librairie éphémère, des ateliers, des projections sont programmés, soit plus de 90 animations proposées dans six lieux pendant quatre jours dédiés à l’ambition d’une expertise partageable, partagée. Voici quelques intitulés de débat pour vous mettre l’eau à la bouche et les réflexions qu’a confiées à Plan B le créateur de cette remarquable initiative collective : Jean-Marc Huissoud, enseignant-chercheur, Directeur du Centre d’Etudes en Géopolitique et Gouvernance.

Un vivier de ressources accessible à tous

Pour tout savoir sur le Festival de géopolitique de Grenoble, c’est simple. Tout est sur le site, y compris les inscriptions en ligne. Vous pouvez suivre les conférences à distance, en direct ou en podcast, selon les thématiques qui retiennent le plus votre attention et votre disponibilité. Les vidéos archivées sont une mine de ressources. Ne vous privez pas du plaisir. Et dites-vous bien que, ce faisant, vous êtes dans une démarche volontaire, citoyenne que des inconnus à l’autre bout du monde apprécient de pouvoir faire aussi, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

Jean-Marc Huissoud, Directeur du Centre d’Etudes en Géopolitique et Gouvernance  Crédit photo : Festival de géopolitique de Grenoble

« L’anglais recule. Quand il ne recule pas, il s’appauvrit. La France a la chance d’avoir une audience francophone partout dans le monde, même si localement le nombre de locuteurs n’est pas toujours important. On ne s’exprime bien que dans une langue qu’on maitrise, or notre festival vise avant tout le facteur qualitatif. S’exprimer dans un anglais international parfois pauvre au niveau conceptuel, et d’ailleurs moins bien parlé qu’on ne le prétend, s’est réduire de fait le champ de la pensée. Les questions linguistiques et culturelles sont à ce titre essentielles et ont plus d’importance qu’on ne le pense. Nous ne sommes pas un festival en français, dans un contexte majoritairement anglophone, par facilité. C’est notre volonté d’affirmer qu’il y a une pensée francophone sur les questions internationales. Cela répond aussi à un vrai enjeu de transparence du discours. Aujourd’hui, il est demandé aux Universités et à la Recherche de s’expliquer aupres de la société civile, de diffuser son savoir. Nous inscrivons nos éditions dans cette (r)évolution des pratiques. »

Jean-Marc Huissoud

Cette semaine, le menu concocté a de quoi mettre en appétit et vous donner matière à mieux équiper votre boîte à outils personnelle. Aperçu

L’Europe protège-t-elle les riches ? Le défi de l’évasion fiscale

L’Europe agricole : déclin ou puissance ?

L’Europe face à l’islamisme radical

Les nationalismes régionaux, un défi pour l’Europe

Cloud computing : la souveraineté numérique de l’UE en jeu ?

Migration : crise humanitaire, morale et politique

Le repli identitaire européen génère ce qu’il veut éviter.

Europe et environnement : un leadership, vraiment ?

Fidèle à ses objectifs, le Festival de géopolitique de Grenoble n’occulte aucun sujet sensible, au contraire, car pour comprendre la transformation d’un monde contemporain animé de nouvelles forces, de nouvelles identités et réseaux, il faut définitivement rompre avec des décennies qui ont formaté les esprits à la pensée unique et aux visions binaires. Bienvenue dans un siècle où l’approche de la complexité est la nouvelle clé de lecture d’une planète qui s’invite aussi dans les débats, notamment à travers l’enjeu du climat.

J’aurai la chance samedi 16 mars d’interviewer Pierre Larrouturou, agronome et économiste en pointe sur cette problématique, ainsi que deux autres intervenants : Marie Gaborit, Nantes, impliquée auprès de grandes entreprises dans leur démarche RSE et Plan Climat avec une start up, Toovalu, dont elle est la co-fondatrice,  et Yann Mongaburu, élu local en charge de la mobilité sur l’agglomération grenobloise.

C’est une belle opportunité pour l’ensemble du réseau francophone Mondoblog-RFI de s’intéresser à cette grande manifestation internationale, à l’esprit citoyen.

B comme Bonus

https://www.festivalgeopolitique.com/

https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/un-appel-pour-un-pacte-finance-climat-europeen-lance-a-l-unesco-145569.html

https://www.pacte-climat.net/fr/

Article de Plan B sur l’édition 2017

Article de Plan B sur l’édition 2016

Plaidoyer virtuel pour les générations (nomades) futures

Radio Climat, la COP 22 vue par nous, pour nous